FOLEY, CHRISTOPHER, mineur, organisateur syndical et militant politique, né probablement en 1848 à Toronto ; décédé en 1903 ou après.

On dit que Christopher Foley quitta Toronto avec ses parents en 1853 pour s’établir à Paris, dans le Haut-Canada, et qu’il travailla à la ferme familiale jusqu’à l’âge de 14 ans. Après avoir quitté la maison, il passa quelques années à parcourir le sud des États-Unis. Parti pour l’Ouest en 1866 afin de travailler comme prospecteur et mineur, il exerça ces métiers durant 20 ans dans la cordillère du Pacifique, du Mexique à la Colombie-Britannique. Il acquit la citoyenneté américaine au cours de cette période, mais par la suite, il reprit le statut de sujet britannique. En 1886, il s’établit à Vancouver, ville nouvelle, et se fit entrepreneur. Il acheta bon nombre de propriétés immobilières, mais perdit la plus grande partie de ses biens durant le ralentissement économique de 1893. En 1895, il partit pour la région de Kootenay afin de travailler à nouveau dans les mines.

Quelques mois après son arrivée à Rossland, Foley s’inscrivit au syndicat des mineurs, section 38 de la Western Federation of Miners. Ce syndicat américain représentait la quasi-totalité des mineurs de roche dure de l’Ouest canadien ainsi qu’un bon nombre des mineurs de charbon. Foley s’occupait des affaires courantes de la section et accéda en 1900 au conseil exécutif du syndicat à Denver, au Colorado, à titre de représentant canadien. À la même époque, il commença à participer à la vie politique de la province. En prévision des élections fédérales de 1900, un congrès de délégués syndicaux tenu à Nelson le choisit comme candidat « ouvrier indépendant » de la circonscription de Yale-Cariboo. Cette décision reflétait la déception que bon nombre de syndiqués éprouvaient à l’égard des députés libéraux et conservateurs. Trois candidats se présentaient dans Yale-Cariboo : Foley, un libéral et un conservateur. Un stratège libéral alla jusqu’à dire que son candidat, William Alfred Galliher, devait se retirer en faveur de Foley car, à cause de celui-ci, « homme pas mal compétent – et libéral, en fait », les suffrages se diviseraient, ce qui nuirait au libéral. Au moins un journal de Kootenay reprocha à Foley de s’être déclaré « tout aussi bon libéral que M. Galliher ». Finalement, le candidat libéral remporta la victoire avec une faible majorité sur Foley.

Moins d’une quinzaine de jours plus tard, le gouvernement de sir Wilfrid Laurier* nomma Foley à la commission royale d’enquête sur l’immigration chinoise et japonaise en Colombie-Britannique, qui siégea au printemps et au début de l’été de 1901. Le représentant ouvrier aurait dû être Ralph Smith*, mais il avait remporté un siège aux élections fédérales. Foley et les deux autres commissaires recommandèrent d’interdire le plus tôt possible l’immigration des travailleurs chinois et, entre-temps, de porter à 500 $ le droit d’entrée de chaque immigrant chinois. Le Parlement fédéral mit cette deuxième proposition en œuvre en 1903.

Le congrès de Kamloops, assemblée de délégués ouvriers et gauchistes qui se tint au printemps de 1902, après le congrès annuel des sections canadiennes de la Western Federation of Miners, fut l’occasion pour Foley de jouer à nouveau un rôle public important. Il y prôna la modération. Le Provincial Progressive Party, créé par le congrès, l’élut à la présidence. Ce parti, qui fut éphémère, n’était certainement pas radical ; selon le Fernie Free Press, il se transformerait probablement en une « alliance libérale-ouvrière ». On ignore si, après le congrès, Foley resta affilié au syndicat des mineurs ; James A. Baker l’avait remplacé au conseil exécutif en 1901. Il retourna à Vancouver et milita au Builders’ Laborers Union. Au cours de l’été et de l’automne de 1902, il discuta le pour et le contre du mouvement « ouvrier indépendant » avec les leaders socialistes de la ville, qui soutenaient que l’action modérée dont il se faisait le défenseur était de plus en plus discréditée.

La mort du député libéral de Burrard, George Ritchie Maxwell, en novembre 1902, amena Foley à briguer les suffrages une seconde fois dans une circonscription fédérale. Maxwell avait été un porte-parole des ouvriers, et « un comité influent » convainquit Foley de se porter candidat à l’élection complémentaire de février 1903. Il affrontait un libéral, Robert George Macpherson, et un libéral indépendant, l’ancien lieutenant-gouverneur Thomas Robert McInnes. L’élection suscita de l’aigreur parmi les organisations ouvrières de Vancouver. La campagne de Foley ne reçut pas un appui sans réserve de la part des syndicats de la ville. Il y en eut même qui critiquèrent publiquement sa candidature. Essentiellement, son programme dénonçait le favoritisme et la corruption des libéraux. Le discours antichinois, fort à la mode chez les hommes politiques de la province, n’en était pas absent. Macpherson l’emporta par une faible majorité et lui-même se classa deuxième.

Dans les mois qui suivirent le scrutin, Vancouver connut des tensions de classes et des conflits ouvriers plus intenses que jamais auparavant. Les employés de chemin de fer en grève reçurent un appui considérable de la part d’autres syndiqués. Le meurtre d’un populaire leader socialiste et syndical, Frank Rogers, jeta de l’huile sur le feu. En pareil contexte, les efforts de Foley devaient sembler particulièrement vains. Pourtant, il continuait de défendre ses positions dans des articles et des courriers de lecteurs.

En juin 1903, Christopher Foley comparut devant la commission royale sur les conflits industriels en Colombie-Britannique. Au cours d’un vif débat avec le secrétaire de la commission, William Lyon Mackenzie King*, il déclara croire en la justice intrinsèque de la cause des travailleurs. Il savait bien que n’importe quel syndicat pouvait être « écrasé si le capital [était] prêt à y mettre le prix » et adhérait à une bonne partie du « programme socialiste », mais il croyait toujours aux « méthodes progressives pour y arriver ». « La coopération et l’égalité sociale de tous, voilà ce à quoi je tiens », expliqua-t-il. Pareille position était impopulaire dans le lourd climat qui régnait alors en Colombie-Britannique, et Foley fut incapable de conserver son ascendant dans les milieux ouvriers de la province. À l’automne de 1903, il soutenait encore des polémiques contre les socialistes, qui étaient de plus en plus influents. Après, il ne semble plus avoir joué de rôle important en politique ni dans le mouvement syndical.

Jeremy Mouat

Une photographie de Christopher Foley se trouve sur la première page du journal ouvrier de Vancouver, l’Independent, 31 janv. 1903.

AN, MG 26, G : 50142.— Daily Colonist (Victoria), 9 oct. 1900.— Fernie Free Press (Fernie, C.-B.), 26 avril 1902.— Independent (Vancouver), 10 nov. 1900, 19 avril, 28 juin 1902, 18 avril, 10 oct. 1903.— Vancouver Daily Province, 18 déc. 1900, 8, 10 juill. 1903.— Vancouver Daily World, 23 nov., 7 déc. 1900, 12 janv. 1903.— Canada, Parl., Doc. de la session, 1902, n° 54 ; 1904, n° 36a : 670–683.— Craig Heron, « Labourism and the Canadian working class », le Travail, 13 (1984) : 45–75.— R. A. Johnson, « No compromise – no political trading : the Marxian socialist tradition in British Columbia » (thèse de ph.d., Univ. of B.C., Vancouver, 1975).— Loosmore, « B.C. labor movement ».— McCormack, Reformers, rebels, and revolutionaries.— Jeremy Mouat, « The genesis of western exceptionalism : British Columbia’s hard-rock miners, 1895–1903 », CHR, 71 (1990) : 317–345.— P. A. Phillips, No power greater : a century of labour in British Columbia (Vancouver, 1967).— Robin, Radical politics and Canadian labour.— W. P. Ward, White Canada forever : popular attitudes and public policy towards Orientals in British Columbia (Montréal, 1978).

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Jeremy Mouat, « FOLEY, CHRISTOPHER », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 13, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 28 nov. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/foley_christopher_13F.html.

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Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1994
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