FISHER, JOHN CHARLTON, imprimeur, éditeur, journaliste, fonctionnaire et auteur, né le 23 octobre 1794 à Carlisle, Angleterre ; avant son arrivée au Bas-Canada, il épousa Elinor Isabella Auchmuty, et ils eurent une fille ; décédé le 10 août 1849 à bord du navire Sarah Sands, au retour d’un voyage en Angleterre.

John Charlton Fisher fit de brillantes études et obtint un doctorat en droit. Il quitta par la suite son Angleterre natale pour aller s’établir à New York. En 1822, en compagnie de John Sherren Bartlett, il devenait l’un des éditeurs fondateurs de l’Albion, journal de la métropole américaine. Au cours de l’été de 1823, Fisher décidait d’accepter l’offre que les autorités du Bas-Canada lui faisaient de venir à Québec afin d’y occuper le poste d’éditeur de la Gazette de Québec. Le gouverneur lord Dalhousie [Ramsay] déplorait l’apathie à l’égard des intérêts de la couronne dont faisaient preuve les éditeurs de la Gazette, John Neilson et son fils Samuel (ce dernier avait pris la direction de l’entreprise en 1822), et voulait ainsi s’assurer du contenu du journal. De la fin d’août au début d’octobre 1823, de longs pourparlers entre Fisher et Samuel Neilson au sujet du partage des responsabilités et des revenus menèrent à une impasse. Le 10 octobre, mécontent de cette situation, le gouverneur retira à Samuel Neilson sa charge d’imprimeur du roi pour la confier à Fisher. Ce dernier reçut quelques jours plus tard l’autorisation de faire paraître la Gazette de Québec, publiée par autorité/Quebec Gazette, published by authority. Les Neilson, aigris par la tournure des événements, protestèrent, en vain, contre l’usurpation du nom de leur journal et, durant de nombreuses années, deux Gazette de Québec furent donc publiées simultanément. Le nouveau journal que dirigeait Fisher fut imprimé dès décembre 1823 à la Nouvelle Imprimerie de Pierre-Édouard Desbarats* et de Thomas Cary* fils. Fisher s’était aussi engagé par acte notarié à confier en exclusivité à cette imprimerie les contrats d’impression des documents officiels dont il devait surveiller l’exécution en sa qualité d’imprimeur du roi. On renouvela cette entente en décembre 1826, lorsque William Kemble, nouvel imprimeur du roi nommé conjointement avec Fisher le 2 novembre, s’associa avec Desbarats et Cary à la direction de la Nouvelle Imprimerie.

Au cours des années 1830, Fisher continua de cumuler les fonctions d’imprimeur conjoint du roi et d’éditeur de la Gazette de Québec, publiée par autorité. Il travailla aussi à titre de journaliste au Quebec Mercury, publié par la Nouvelle Imprimerie. Il siégea dès 1838 à titre de greffier, puis de secrétaire de la commission d’enquête sur les pertes subies pendant la rébellion de 1837–1838. En 1840, il cessa d’occuper le poste d’éditeur de la Gazette de Québec, publiée par autorité, et décida de lancer en 1841, mais sans succès, son propre journal hebdomadaire, le Conservative. La même année, sous le nouveau gouvernement de la province du Canada, la ville de Québec perdit son titre de capitale au bénéfice de Kingston puis, en 1844, de Montréal. On nomma alors Stewart Derbishire* et George-Paschal Desbarats* imprimeurs conjoints de la reine dans ces deux villes. Tout en voyant l’importance de ses fonctions diminuer grandement, Fisher n’en conserva pas moins jusqu’à sa mort la charge d’imprimeur de la reine dans la ville de Québec. Son bureau était alors situé dans la rue de la Montagne (côte de la Montagne).

Tout au long du deuxième quart du xixe siècle, Fisher compta parmi les figures marquantes du milieu culturel anglophone de Québec. Ancien membre de la Literary and Historical Society of New York, il fut l’instigateur d’une association similaire à Québec, avec l’assentiment de lord Dalhousie, qui avait déjà songé à sa création. La Société littéraire et historique de Québec vit le jour en janvier 1824 et Fisher en occupa le premier les postes de trésorier et de secrétaire correspondant. En 1846, on le nomma président de cette société, et vice-président l’année suivante. Le développement des bibliothèques de la ville lui tenait à cœur. Au début des années 1830, il exerça les fonctions de secrétaire et de bibliothécaire de la Garrison Library. Il s’engagea aussi dans l’administration de l’Association de la bibliothèque de Québec dont il assuma la présidence en 1847. Membre de l’Église d’Angleterre, il joua longtemps un rôle actif au sein de la Société de St George de Québec. Fisher s’intéressait à l’histoire de sa ville d’adoption et il collabora de près à la compilation des données et à la rédaction de l’ouvrage d’Alfred Hawkins*, Hawkins’s picture of Quebec [...], paru en 1834. Durant les années 1840, le docteur Fisher, comme le désignaient ses contemporains, fut l’un des conférenciers les plus en vogue à Québec. Il prononçait ses conférences devant les membres de la Société littéraire et historique de Québec, de l’Association de la bibliothèque de Québec et de l’Institut des artisans (Québec), et il puisait ses sujets dans l’histoire de l’Angleterre ainsi que dans l’antiquité grecque et égyptienne. En 1842, à l’occasion du passage de Charles Dickens à Québec, Fisher eut l’honneur d’être l’hôte du célèbre écrivain anglais.

À la fin de l’été ou au cours de l’automne de 1848, John Charlton Fisher se rendit en Angleterre. À la toute fin du mois d’août 1849, plusieurs journaux de Québec publiaient la nouvelle de sa mort, survenue en mer le 10 août à bord du navire à vapeur Sarah Sands, sur lequel il s’était embarqué à Liverpool trois jours plus tôt afin de revenir à Québec. Dans leurs notices nécrologiques, ils rapportaient qu’on avait gardé de Fisher l’image d’un véritable gentilhomme et d’un érudit passionné par l’histoire. Ses talents de journaliste et d’écrivain, « l’élégance et la pureté » de son style y étaient aussi évoqués. Néanmoins, de tout l’œuvre de Fisher, seule une phrase, composée en hommage à James Wolfe* et à Louis-Joseph de Montcalm*, a su résister à l’épreuve du temps : « Mortem virtus communem / Famam historia / Monumentum posteritas dedit » (Leur courage leur a donné même mort / L’histoire, même renommée / La postérité, même monument). Cette inscription rédigée par Fisher, devenue de beaucoup plus célèbre que son auteur, subsiste toujours, gravée dans la pierre sur le socle du fameux monument érigé selon la volonté de lord Dalhousie à la mémoire des deux commandants de la bataille des plaines d’Abraham et inauguré le 8 septembre 1828 dans le jardin des Gouverneurs, à Québec, à quelques pas de l’emplacement occupé alors par le château Saint-Louis et aujourd’hui par le château Frontenac.

Jean-Marie Lebel

Outre ses articles rédigés pour les journaux qu’il a dirigés, John Charlton Fisher a écrit « Notes on the ancient English and Anglo-Saxon language », qui parut dans Literary and Hist. Soc. of Québec, Trans., 3 (1832–1837) : 285–291. Il a de plus composé un long poème qui fut lu à l’occasion de la réouverture de la salle de théâtre du Masonic Hall, à Québec, en 1831. Pierre-Georges Roy* a retranscrit ce poème dans un article intitulé « le Théâtre du Marché à foin, à Québec », BRH, 43 (1937) : 38–40. Les textes de plusieurs de ses conférences sont conservés sous forme de manuscrits aux ANQ-Q, dans le fonds John Charlton Fisher, sous la cote P-78.

ANQ-Q, CE1-61, 27 déc. 1824, 26 juill. 1848 ; CE1-79, 25 janv. 1860 ; CN1-253, 5 déc. 1823, 13 avril, 23 juill., 11 déc. 1824, 7 juin 1825, 8 déc. 1826, 27 janv., 23 févr. 1827, 18 sept. 1828, 6 août 1829, 19 juin 1832.— APC, MG 24, B1, papers concerning the relations of the proprietors of the Quebec Gazette with the government, 24 août, 4, 6, 24 sept., 2–3, 10 oct. 1823.— AVQ, I, 1, 1828–1830.— The centenary volume of the Literary and Historical Society of Quebec, 1824–1924, Henry Ievers, édit. (Québec, 1924), 18, 42, 97.— James Douglas, « Opening address », Literary and Hist. Soc. of Quebec, Trans., nouv. sér., 4 (1865–1866) : 5–18.— Le Journal de Québec, 1er sept. 1849.— Quebec Gazette, 30 août 1849.— Quebec Mercury, 30 août 1849.— Almanach de Québec, 1824–1841.— Beaulieu et Hamelin, la Presse québécoise, 1 : 3, 118.— H. J. Morgan, Bibliotheca Canadensis, 124–125 ; Sketches of celebrated Canadians, 308–309.— Quebec directory, 1847–1849.— Wallace, Macmillan dict. Ginette Bernatchez, « la Société littéraire et historique de Québec (the Literary and Historical Society of Quebec), 1824–1890 » (thèse de m.a., univ. Laval, 1979), 3, 9, 20, 46, 48, 138–139, 143–145.— George Gale, Historic tales of old Quebec (Québec, 1923), 56, 167.— Alfred Hawkins, Hawkins’s picture of Quebec ; with historical recollections (Québec, 1834), 277, 279.— J. M. LeMoine, Picturesque Quebec : a sequel to Quebec past and present (Montréal, 1882), 5, 298.— F. L. Mott, A history of American magazines, 1741–1850 (Cambridge, Mass., 1966), 131.— F.-J. Audet, « John Neilson », SRC Mémoires, 3e sér., 22 (1928), sect. i : 81–97.— Bernard Dufebvre [Émile Castonguay], « la Presse anglaise en 1837–38 : Adam Thom, John Neilson, John Fisher », Rev. de l’univ. Laval, 8 (1953–1954) : 267–274.— Ægidius Fauteux, « l’Inscription du monument Wolfe et Montcalm », BRH, 30 (1924) : 235–236.— Claude Galarneau, « les Métiers du livre à Québec (1764–1859) », Cahiers des Dix, 43 (1983) : 143–165 ; « la Presse périodique au Québec de 1764 à 1859 », SRC Mémoires, 4e sér., 22 (1984) : 163.— Ignotus [Thomas Chapais], « le Monument Wolfe et Montcalm à Québec », BRH, 5 (1899) : 305–309.— J.-M. Lebel, « John C. Fisher, hôte de Charles Dickens », Cap-aux-Diamants (Québec), 2 (1986–1987), n° 3 : 29–31.

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Jean-Marie Lebel, « FISHER, JOHN CHARLTON », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 7, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 28 nov. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/fisher_john_charlton_7F.html.

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Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 7
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1988
Année de la révision:    1988
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