ELWYN, THOMAS, fonctionnaire, né en 1837 ou 1838 en Irlande, fils aîné du lieutenant Thomas Elwyn (plus tard lieutenant général) du Royal Regiment of Artillery, décédé le 11 septembre 1888 à Victoria.

Thomas Elwyn était issu d’une famille de militaires et de marins et il servit lui-même en qualité de lieutenant du 30e d’infanterie au cours de la guerre de Crimée. En 1858, il quitta l’Angleterre « à tout hasard », à destination de la colonie aurifère de la Colombie-Britannique nouvellement inaugurée. Il fit le trajet en passant par Panama et arriva à Victoria, Île-de-Vancouver, le jour de Noël. Muni « de bonnes recommandations de la métropole », il fut bientôt attaché par le gouverneur James Douglas* au corps de police sous les ordres de l’inspecteur Chartres Brew*. Elwyn passa cinq mois à titre de constable en chef à Yale avant d’être nommé, le 8 juin 1859, commissaire adjoint de l’or et magistrat « stipendiaire » pour la région de Lillooet [V. John Carmichael Haynes]. Il y demeura jusqu’au printemps de 1861 ; il reçut alors le commandement de l’escorte des chargements d’or provenant des mines de la région de Cariboo, Douglas le considérant « particulièrement apte à accomplir la tâche » en raison de sa connaissance du pays et de son expérience militaire antérieure. Lorsque les mineurs rejetèrent l’escorte, parce que le gouvernement ne pouvait pas garantir la livraison des chargements d’or, Elwyn fut affecté à la région de Cariboo, le 21 avril 1862, à titre de commissaire de l’or. Le 30 octobre, cependant, il donna sa démission à cause d’un conflit d’intérêts ; il possédait en effet une part dans une concession minière au ruisseau Williams, qui avait alors « pris tellement de valeur, disait-il, qu[‘il] ne [pouvait] pas, en toute justice envers [lui]-même, la céder ». Le gouverneur exprima sa « haute satisfaction [...] pour la manière dont [Elwyn avait] assumé les responsabilités qui [lui] avaient été confiées » et regretta la perte de son « expérience et [de sa] compétence ».

Lorsqu’en 1863 on remit temporairement en service l’escorte des chargements d’or, Elwyn assuma le commandement en second sous Philip Henry Nind et transporta le trésor sans encombre à New Westminster. L’année suivante, il commandait en second le groupe recruté à New Westminster par Brew pour former une expédition destinée à capturer les Chilcotins qui avaient tué au fond de l’inlet de Bute les membres de l’équipe d’Alfred Penderell Waddington*, chargée de la construction d’une route [V. Klatsassin*]. Pendant la saison d’exploitation minière de 1865, Elwyn travailla au ruisseau White Horse, dans la région de Kootenay, et, le printemps suivant, en qualité de représentant du gouvernement, il accompagna l’expédition de la Western Union Telegraph pendant qu’elle prolongeait la ligne télégraphique au nord de Quesnel. Lorsqu’on suspendit les travaux pour l’hiver, il demeura à la direction d’un groupe de mineurs qui exploraient la rivière Stikine mais, au printemps de 1867, on abandonna le projet de ligne télégraphique et Elwyn revint à la civilisation. En 1868, il fut nommé au Conseil législatif, jouant (pendant cette session seulement) le rôle de magistrat dans la région de Cariboo où il semble s’être encore lancé dans l’aventure de l’exploitation minière durant les quelques années ultérieures. En 1871, il eut la charge d’un troupeau de bétail qu’on menait de Barkerville à Tête Jaune Cache, Colombie-Britannique, où il devait servir à approvisionner durant l’hiver l’équipe d’arpentage du chemin de fer canadien du Pacifique. On dit qu’il fut, par la suite, « au service [de la Hudson’s Bay Company] sur le vapeur Otter et sur d’autres navires » ; il agit sans aucun doute à titre de commissaire à bord de l’Otter de 1873 à 1876. Finalement, le 7 novembre 1877, il fut nommé sous-secrétaire de la province et il donna grandement satisfaction, à ce poste, jusqu’à sa mort.

Elwyn compta parmi les premiers adhérents à la Pioneer Society of British Columbia, y remplissant les fonctions de président en 1878 et en 1879. Le 4 octobre 1879, il épousa Rebecca, fille du capitaine William Henry McNeill*, et de ce mariage naquirent deux filles, dont une mourut en bas âge. Elwyn lui-même mourut de « consomption » en 1888, après une maladie de plus d’un an.

Une fois toutes les dettes payées, les biens d’Elwyn s’élevaient à moins de $100. Ses amis pleurèrent celui qu’ils considéraient comme un homme « toujours courtois, prévenant et généreux », « d’une compassion et d’une charité sans limites », « noble sur toute la ligne », qui était avec les femmes « d’une courtoisie chevaleresque constante, détestant les manières désinvoltes du jour ». Et cependant, dans sa poursuite de la richesse lors des fièvres de l’or successives en Colombie-Britannique, il avait emprunté de l’argent à des amis et à des parents des deux sexes « pour lui permettre de réussir à survivre ». Nind, qui quitta la colonie en 1866, critiqua peu après, dans des lettres personnelles, les « péchés de jeunesse » d’Elwyn comme magistrat dans la région de Cariboo et affirma carrément à son sujet que « la preuve avait été faite qu’il était une fripouille ». D’un autre côté, bien qu’Elwyn ait démissionné comme commissaire de l’or en 1862, le gouvernement continua de l’employer dans des postes de confiance ; et les dix années passées en qualité de sous-secrétaire de la province confirmèrent aux yeux de tous sa renommée « d’homme fin et perspicace », très compétent dans le travail de direction et possédant une réputation sans tache de « probité, de sincérité et de virilité ».

Dorothy Blakey Smith

PABC, Add. mss 218 ; 412 ; B.C., Colonial Secretary, Coin. outward, 1859–1867 (copies) ; Colonial corr., M. B. Begbie corr. ; Chartres Brew corr. ; Thomas Elwyn coll., corr. outward, 1865 ; O’Reilly coll., Peter O’Reilly diary, 1865.— Supreme Court of British Columbia in Probate, Victoria Registry, Elwyn estate papers (copie aux PABC).— [A. T. Bushby], « The journal of Arthur Thomas Bushby, 1858–1859 », Dorothy Blakey Smith, édit., BCHQ, 21 (1957–1958) : 83–160.— C.-B., Blue book, 1859–1862 ; Legislative Council, Journals, 1868.— British Columbian (New Westminster, C.-B.), 27 oct. 1866.— Cariboo Sentinel, 19 août 1871.— Daily Colonist, 5 juin 1863, 17 avril 1866, oct. 1873–oct. 1876, 12, 14 sept., 7 oct. 1888.— Hart’s army list, 1858.

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Dorothy Blakey Smith, « ELWYN, THOMAS », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 11, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 28 nov. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/elwyn_thomas_11F.html.

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Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 11
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1982
Année de la révision:    1982
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