ELDER, WILLIAM, ministre baptiste, ministre de l’Église d’Angleterre et auteur, né le 15 décembre 1784 à Falmouth, Nouvelle-Écosse, deuxième des onze enfants de Matthew Elder et de Rebecca Jenkins ; probablement entre 1811 au 1813, il épousa à Chester, Nouvelle-Écosse, Elizabeth Fraile, et ils eurent sept enfants ; décédé le 10 novembre 1848 à Sydney Mines, Nouvelle-Écosse.
Le xixe siècle fut témoin d’une étonnante controverse au sujet du mode d’administration du baptême et nulle part elle ne fut plus venimeuse et hargneuse qu’en Nouvelle-Écosse. On publia des douzaines de livres et de brochures et, comme le dit l’historien méthodiste Thomas Watson Smith, « des hommes de talent usèrent quantité de plumes dans ce débat ». C’est dans l’opuscule que publia William Elder en 1823, Infant sprinkling, weighed in the balance of the sanctuary, and found wanting [...], qu’il faut chercher l’origine de cette querelle en Nouvelle-Écosse. Même si certains ouvrages sur le sujet étaient parus dès 1811 dans la province, celui d’Elder fut le premier à réfuter un autre auteur et il déclencha la marée d’écrits qui allaient inonder la presse religieuse des Maritimes pendant un demi-siècle.
Le père d’Elder, un presbytérien du comté de Donegal (république d’Irlande), avait immigré en Nouvelle-Écosse avant 1780 ; établi à Falmouth, il était devenu un fermier prospère. Avec les deux générations suivantes, la famille acquit une notoriété certaine. John, le frère de William, devint magistrat puis député ; l’une de ses sœurs fut la mère de David Allison, second président du Mount Allison Wesleyan College ; un neveu, prénommé également William, devint professeur de sciences naturelles à l’Acadia University. Mais comme Elder l’écrivit en 1841, ses « jeunes années ne se passèrent pas dans les pépinières académiques » et il dut parfaire sa formation scolaire en s’astreignant à l’étude et à la lecture. Ses écrits, il est certain, témoignent d’une profonde connaissance des ouvrages théologiques tant modernes que classiques.
Elder était tout jeune homme lorsqu’il quitta la maison paternelle pour Halifax. Il obtint un poste important au chantier naval et commença à fréquenter l’église baptiste du révérend John Burton, qui exerça sur lui une profonde influence. C’est sous sa direction qu’il devint aspirant à un pastorat baptiste. Le nombre des baptistes n’avait cessé d’augmenter depuis 1800, année où l’évêque anglican Charles Inglis* avait noté dans la province « une grande rage d’immersion ». Un groupe de prédicateurs remarquables, dont la conviction et la ferveur compensaient les lacunes de leur formation, dirigeaient le mouvement. Joseph Dimock, Harris Harding* et Edward Manning* faisaient partie de ce groupe, auquel Elder se joignit le 4 janvier 1820. C’est à l’église de Dimock, à Chester, en présence d’une assistance nombreuse, qu’il devint un « élu ». Le révérend David Nutter y prononça le sermon d’ordination, qui dura plus de trois heures et demie. Selon Ingraham Ebenezer Bill*, « un silence de mort régnait dans la grave assemblée, et personne ne se plaignit de la longueur du discours ».
Elder se lança immédiatement dans l’évangélisation et s’installa à Granville en 1821 où il commença par desservir une congrégation de 12 membres. Il œuvra au sein de la Nova Scotia Baptist Association à titre de secrétaire et, à quatre reprises, il en fut le président. Il se fit un devoir de visiter les établissements de l’arrière-pays ; son nom est surtout associé à l’ordination de ministres et à la fondation de nouvelles congrégations. En 1823, il avait quitté Granville pour un nouvel établissement bientôt désigné sous le nom de Bridgetown [V. John Crosskill*] et il arrondissait son maigre revenu de ministre en fabriquant des haches et en ferrant des chevaux. En 1828, il participa à la fondation et devint l’un des administrateurs de la Nova Scotia Baptist Education Society, embryon de la Horton Academy puis, finalement, de l’Acadia University. Avec le révérend Richard W. Cunningham, Elder fit en 1833 une grande tournée missionnaire à l’île du Cap-Breton, dont le compte rendu parut dans le Baptist Missionary Magazine of Nova-Scotia and New-Brunswick. C’est la dernière tâche qu’il accomplit en qualité de ministre baptiste.
L’opuscule d’Elder paru en 1823 était une réplique à l’écrit du méthodiste George Jackson, publié l’année précédente pour justifier la légitimité du baptême des enfants par aspersion. La critique d’Elder était gentille et respectueuse, mais Jackson, le ministre presbytérien Duncan Ross* et d’autres la réfutèrent habilement à leur tour. Ce débat marqua pour Elder le début d’une période de torture morale dont le point culminant fut la publication en 1834 d’un opuscule où il se rétractait. C’est le seul cas connu où ce grand débat ait vraiment provoqué un changement d’opinion. Dans Reasons for relinquishing the principles of adult baptism [...], Elder suppliait son Église de se montrer tolérante et de reconnaître la légitimité des autres points de vue. La réaction baptiste ne se fit pas attendre : un conseil presbytéral convoqué la même année décida de l’exclure de toutes les organisations baptistes, malgré le plaidoyer touchant qu’il leur avait présenté. Dès lors, le déluge d’écrits s’amorça pour de bon par une critique interminable d’Edmund Albern Crawley*, suivie d’une réponse virulente de Thomas Taylor pour la défense d’Elder.
Pendant ce temps, après avoir assumé la charge de la communauté congrégationaliste de Liverpool pendant un an, Elder devint diacre de l’Église d’Angleterre. On le nomma premier rector de l’église Trinity à Sydney Mines en 1841. La même année, il publia un court ouvrage qui expliquait son adhésion à l’Église établie. C’est l’évêque John Inglis qui l’ordonna à Sydney, le 23 juillet 1843. Son fils Samuel évoque en des termes révélateurs, dans un éloge qu’il lui fit en 1848, son ministère à Sydney Mines. Lui-même ministre baptiste, Samuel écrivit alors, à l’occasion de la première visite qu’il faisait à son père en sept ans : « Dimanche matin, j’ai assisté dans la petite église à un office que célébrait mon père. J’ai éprouvé un sentiment étrange à la vue de mon vénérable père dans ses vêtements sacerdotaux qui, d’une certaine manière, ne semblaient pas lui convenir. L’épiscopal est ce que l’on voyait en surface, mais le non-conformiste transparaît encore [...] Je ne puis voir en mon père autre chose qu’un ministre baptiste, un évêque comme les aimait Paul. »
William Elder mourut subitement le 10 novembre 1848. La grande controverse au sujet du baptême allait continuer encore pendant de nombreuses années. Elder se distingue de certains autres qui s’y engagèrent, car il sut opposer la tolérance au dogmatisme du temps et le sens du compromis à l’inflexibilité très générale des sectes.
En plus de ses écrits dans les rapports de la Nova Scotia Baptist Association et dans des périodiques religieux, William Elder est l’auteur de : Infant sprinkling, weighed in the balance of the sanctuary, and found wanting, in five letters, addressed to the Rev. George Jackson [...] (Halifax, 1823) ; Reasons for relinquishing the principles of adult baptism, and embracing those of infant baptism [...] (Halifax, 1834) ; et The claims of the established Church of England to the favorable consideration and affectionate support of British Christians [...] (Halifax, 1841).
Entre 1823 et 1845, 13 livres et brochures qui traitent de la théologie d’Elder furent publiés ; les plus importants sont: Alexander Crawford, Believer immersion, as opposed to unbeliever sprinkling ; in two essays […] to which are added three letters to Mr. Ross of Pictou, containing strictures on his first letter to Mr. Elder of Annapolis (Charlottetown, 1827) ; E. A. Crawley, A treatise on baptism, as appointed by our Lord Jesus Christ [...] containing a reply, to Mr. Elder’s letters on infant baptism, and a solemn appeal, in favor of a spiritual church (Halifax, 1835) ; George Jackson, A further attempt to substantiate the legitimacy of infant baptism and of sprinkling, as a mode of administering that ordinance, in a series of letters addressed to the Rev. William Elder [...] (Halifax, [1823]) ; Matthew Richey, A short and scriptural method with Antipedobaptists ; containing strictures on the Rev. E. A. Crawley’s treatise on baptism, in reply to the Rev. W. Elder’s letters on that subject (Halifax, 1835) ; James Robertson, A treatise on infant baptism [...] (Halifax, 1836) ; Duncan Ross, Baptism considered in its subjects and mode : in three letters, to the Reverend William Elder [...] (Pictou, N.-É., 1825) ; et Thomas Taylor, The Baptist commentator reviewed ; two letters to the Rev. William Jackson, on Christian baptism [...] (Halifax, 1835).
Annapolis Valley Regional Library, Bridgetown Branch (Bridgetown, N.-É.), « Book of Bridgetown pictures », E. R. Coward, compil. (album de photos, 4 vol., plus un cahier de coupures de journaux, 1958), 1 : 22–23.— Atlantic Baptist Hist. Coll., Acadia Univ. (Wolfville, N.-É.), Samuel Elder, diary.— PANS, MG 100, 138, n° 9 (copie dactylographiée).— Baptist Missionary Magazine of Nova-Scotia and New-Brunswick (Saint-Jean ; Halifax), 1 (1827–1829) : 256, 380 ; nouv. sér., 1 (1834) : 73, 126.— Joseph Dimock, The diary and related writings of the Reverend Joseph Dimock (1768–1846), G. E. Levy, édit. (Hantsport, N.-É., 1979).— [John Inglis], A journal of visitation in Nova Scotia, Cape Breton, and along the eastern shore of New Brunswick, by the lord bishop of Nova Scotia, in the summer and autumn of 1843 (3e éd., Londres, 1846), 32–35.— George Jackson, An humble attempt to substantiate the legitimacy of infant baptism, and of sprinkling, as a scriptural mode of administering that ordinance [...] (Halifax, 1822).— N.B. and N.S. Baptist Assoc., Minutes (Saint-Jean), 1820–1821.— N.S. Baptist Assoc., Minutes (Halifax), 1822–1835.— Morning Courier : Parliamentary Reporter and Literary Gazette (Halifax), 14 nov. 1848.— J. V. Duncanson, Falmouth – a New England township in Nova Scotia, 1760–1965 (Windsor, Ontario, 1965 ; réimpr. avec suppl., Belleville, Ontario, 1983).— Bill, Fifty years with Baptist ministers.— A. W. H. Eaton, The history of Kings County, Nova Scotia [...] (Salem, Mass., 1910 ; réimpr., Belleville, 1972).— E. E. Jackson, Windows on the past, North Sydney, Nova Scotia (Windsor, N.-É., 1974), 95.— Levy, Baptists of Maritime prov. ; With the pioneer Baptists in Nova Scotia ; a sketch of the life of David Nutter (Wolfville, 1929), 55.— Elizabeth Ruggles Coward, Bridgetown, Nova Scotia : its history to 1900 ([Bridgetown, 1955]), 69–70.— Saunders, Hist. of Baptists.— Smith, Hist. of Methodist Church, 2.
Franklyn H. Hicks, « ELDER, WILLIAM (1784-1848) », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 7, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 28 nov. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/elder_william_1784_1848_7F.html.
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Auteur de l'article: | Franklyn H. Hicks |
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Titre de la publication: | Dictionnaire biographique du Canada, vol. 7 |
Éditeur: | Université Laval/University of Toronto |
Année de la publication: | 1988 |
Année de la révision: | 1988 |
Date de consultation: | 28 novembre 2024 |