EBY, BENJAMIN, fermier, ministre mennonite, évêque, éducateur et auteur, né le 2 mai 1785 dans une ferme près du ruisseau Hammer, Pennsylvanie, fils de Christian Eby et de Catharine Bricker ; le 25 février 1807, il épousa Mary Brubacher (décédée en 1834), et ils eurent huit fils et trois filles, puis Magdalena Erb, veuve d’Abraham Erb*, et le couple n’eut pas d’enfants ; décédé le 28 juin 1853 à Berlin (Kitchener, Ontario).

Benjamin Eby, sixième fils et onzième enfant de parents mennonites de langue allemande, « reçut une assez bonne éducation dans une école élémentaire publique » tout en travaillant à la ferme et à la tonnellerie de son père. Plus tard, il fit partie d’un petit groupe de mennonites de la Pennsylvanie mécontents de devoir se soumettre au nouveau régime instauré à la suite de la guerre d’Indépendance américaine. En 1806, il partit pour le Haut-Canada afin d’inspecter les terres que les mennonites Daniel Erb et Samuel Bricker avaient achetées de Richard Beasley* dans le canton de Waterloo, au nom de la German Company. Après avoir revendiqué les titres du lot 2 de la Beasley Tract, il rentra chez lui pour s’y marier, puis repartit pour le Haut-Canada en compagnie d’autres colons, gagnant sa terre le 21 juin 1807. L’endroit où ils s’installèrent prit le nom d’Ebytown, ou Ben Eby’s, ce qui témoigne du rôle de fondateur et de chef de file qu’Eby joua dans la communauté.

Bien que l’agriculture ait toujours été son principal gagne-pain, Eby s’engagea dans les affaires de sa localité peu de temps après s’être installé au pays. Choisi comme ministre, puis ordonné le 27 novembre 1809, il devint évêque le 11 octobre 1812 ; les deux cérémonies furent présidées par son frère Peter, évêque en Pennsylvanie. En 1813, il contribua à l’érection du premier temple du village et, deux ans plus tard, à celle du bâtiment contigu, qu’on avait construit en bois, et qui devait servir d’école. L’église Ben Eby, ainsi nommée du temps de son épiscopat, compta d’abord 150 fidèles. Au fil des ans, l’évêque fit don de terres qui lui appartenaient afin d’accroître les biens de son église, la dotant, entre autres, de son premier cimetière. En tant qu’évêque, Eby laissa son empreinte non seulement sur le village, mais sur le comté tout entier, où il avait la charge de toutes les communautés mennonites. Il joua un rôle de premier plan dans les assemblées ecclésiastiques qui virent le jour dans la province au cours de sa vie. Enfin, Eby eut la tâche de présider l’élection des nouveaux évêques des districts de Markham et de Niagara lorsque leurs sièges épiscopaux devinrent vacants, et d’officier à leur ordination. Eby semble avoir donné créance à une tradition familiale voulant que ses parents aient décidé qu’il deviendrait instituteur, en embrassant, au cours de l’hiver de 1818–1819, une carrière dans l’enseignement, laquelle allait se poursuivre presque sans interruption jusqu’au début des années 1840.

Les ouvrages publiés par Eby furent pour beaucoup dans le rayonnement de l’Église mennonite et la sauvegarde de l’enseignement en langue allemande à travers la province. En 1836, afin de favoriser le culte et la vie religieuse dans la communauté, tout en respectant les diverses traditions de ses fidèles, il compila des cantiques dans un livre intitulé Die Gemeinschaftliche Liedersammlung [...], qui fut réimprimé plusieurs fois au Canada et aux États-Unis, et dont on se servit jusqu’à la fin du siècle. En 1839, il publia un abécédaire, Neues Buchstabir- und Lesebuch [...], son premier travail original. Puis suivirent un certain nombre d’ouvrages à caractère éducatif et religieux, dont sa plus importante contribution, Kurzgefasste Kirchen Geschichte [...], une étude sur l’histoire et la doctrine de l’Église mennonite parue en 1841.

Non seulement Eby fut père de famille, fermier, prédicateur et éducateur, mais il se fit aussi l’argent défenseur du bien commun. On fit souvent appel à lui comme conseiller, et il lui arriva de trancher certains litiges survenus dans la communauté. Il s’intéressa aussi au monde des affaires en donnant de ses terres à deux artisans désireux de fonder une fabrique de meubles et en soutenant généreusement l’imprimeur Heinrich Wilhelm Peterson. De même, en 1833, il vendit un terrain à Friedrich Gaukel afin que ce dernier y construise une auberge ; ce contrat fut l’un des premiers documents dans lequel figure l’appellation de Berlin pour le village, changement de nom que la tradition attribua à l’évêque.

Outre ses activités dans sa communauté, Benjamin Eby trouva le temps d’entretenir une correspondance avec divers chefs religieux d’Europe et d’Amérique, nouant ainsi des liens durables à l’échelle internationale. Son plus grand apport reste cependant ce qu’il fit pour sa communauté. Il éleva une nombreuse famille (son fils Christian lui succéda comme ministre), se fit le promoteur d’une économie diversifiée, répandit largement le culte mennonite, établit l’enseignement primaire et inaugura une tradition littéraire dont devaient profiter plusieurs générations.

Frank H. Epp

L’œuvre d’éducateur et de pasteur de Benjamin Eby se traduit dans ses publications. Il a écrit Neues Buchstabir- und Lesebuch [...] (1re éd., Berlin [Kitchener], Ontario, 1839) ; un alphabet intitulé Fibel zu den ersten Lese-Uebungen (Berlin, [1839]), dont une deuxième édition a été publiée en 1843 ; Kurzgefasste Kirchen Geschichte und Glaubenslehre der Taufgesinnten-Christen oder Mennonisten (Berlin, 1841) ; et un deuxième abécédaire, A B C- Buchstabir- und Lesebuch, zum Gebrauch fuer Deutsche Schulen in Canada (2° éd., Berlin, 1842). En plus de compiler Die Gemeinschaftliche Liedersammlung [...] (1re éd., Berlin, 1836), il a publié une édition d’un catéchisme allemand mennonite populaire, [Gerhard Roosen], Christliches Gemüths Gesprâch [...] (Berlin, 1839). Il a pris par la suite des dispositions pour faire publier la première édition anglaise de cet ouvrage qui porte le titre de Christian spiritual conversation on saving faith [...] (Lancaster, Pa., 1857) ; c’est possible qu’il en ait fait lui-même la traduction. Sa correspondance avec des ecclésiastiques de l’étranger a conduit à la publication de certaines lettres qu’ils lui adressèrent dans Briefe an die Mennonisten Gemeine, in Ober Canada, mit einer Zugabe (Berlin, 1840) et dans Zweyter Brief aus Dünemark an die Mennonisten Gemeine in Canada (Berlin, 1841).  [f. h. e.]

AO, RG 22, sér. 211, Benjamin Eby.— Guelph Advertiser (Guelph, Ontario), 7 juill. 1853.— E. E. Eby et J. B. Snyder, A biographical history of early settlers and their descendants in Waterloo Township, et Supplement, E. D. Weber, édit. (Kitchener, 1971).— The Mennonite encyclopedia : a comprehensive reference work on the Anabaptist-Mennonite movement (4 vol., Hillsboro, Kans., 1955–1959).— F. H. Epp, Mennonites in Canada, 1786–1920 : the history of a separate people (Toronto, 1974).— J. B. Cressman, « Bishop Benjamin Eby », Waterloo Hist. Soc., Annual report, 1941 : 152–158 ; « History of the First Mennonite Church of Kitchener, Ontario », Mennonite Quarterly Rev. (Goshen, Ind.), 13 (1939) : 159–186.— Daily Telegraph (Berlin), 19 mai 1906 : 1–2.— M. [L.] Gingerich, « Mennonite leaders of North America : Benjamin Eby (1785–1853) », Gospel Herald (Scottsdale, Pa.), 58 (1965) : 178.— I. D. Landis, « Bishop Peter Eby of Pequea, 1765–1843 », Mennonite Quarterly Rev., 14 (1940) : 41–51.

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Frank H. Epp, « EBY, BENJAMIN », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 8, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 28 nov. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/eby_benjamin_8F.html.

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