ENSLIN, CHRISTIAN (Emanuel Christian Gottlieb), relieur, libraire, journaliste, éditeur, notaire et fonctionnaire, né le 14 février 1800 dans le Wurtemberg (République fédérale d’Allemagne) ; il épousa une prénommée Julia, et ils eurent un enfant ; décédé le 29 mars 1856 à Berlin (Kitchener, Ontario.

Vers 1830, Christian Enslin quitta le Wurtemberg pour l’Amérique du Nord. L’un des premiers immigrants allemands de la région de Waterloo, il arriva à Berlin entre 1830 et 1833, transportant tous ses biens dans un sac de voyage. Il subvint d’abord à ses besoins en travaillant comme journalier, puis commença peu après à exercer son métier de relieur, allant de maison en maison, jusqu’au moment où il put ouvrir un petit atelier de reliure. Il compta alors parmi ses clients l’évêque Benjamin Eby et Heinrich Wilhelm Peterson. Un peu plus tard, Enslin agrandit son commerce afin d’y inclure une librairie, où il vendait non seulement des livres, mais aussi des spécialités pharmaceutiques, des lorgnons, des fournitures scolaires et autres articles spécialisés.

En décembre 1837, Enslin commença à s’intéresser activement au journalisme et travailla presque un an comme rédacteur en chef adjoint au Canada Museum, und Allgemeine Zeitung, publié par Peterson. Quand ce dernier décida de cesser la publication du journal, en décembre 1840, Enslin et Heinrich Eby, fils de l’évêque Eby et ancien apprenti typographe au Canada Museum, se portèrent acquéreurs de l’imprimerie. Un mois plus tard, les deux ex-employés de Peterson fondèrent le Deutsche Canadier und Neuigkeitsbote. Après la disparition en septembre 1841 du Morgenstern, hebdomadaire de langue allemande publié à Waterloo et qui n’eut qu’une brève carrière, Enslin et Eby acquirent de son éditeur, Benjamin Burkholder, une liste d’abonnés et peut-être aussi du matériel d’imprimerie. Le Deutsche Canadier, seul journal de langue allemande publié en Amérique du Nord britannique de 1841 à 1848, obtint plus de succès que son ancien concurrent, le Morgenstern, et parut jusqu’en janvier 1865.

Enslin, qui fut rédacteur en chef du Deutsche Canadier depuis la parution du premier numéro jusqu’au moment où il fut remplacé par Johann Jakob Ernst en janvier 1850, se glorifiait du fait que son journal réformiste était « un solide défenseur du gouvernement responsable et constitutionnel ». Le journal s’intéressait peu aux nouvelles locales, mais il préconisait l’enseignement en langue allemande dans les écoles de comté. Enslin publiait surtout des comptes rendus faisant état de l’agitation politique qui perturbait l’Europe et reproduisait des extraits d’œuvres littéraires parues dans divers journaux européens. Cependant, malgré sa popularité, le Deutsche Canadier ne fut jamais tout à fait à l’abri d’une faillite. Pince-sans-rire, Enslin communiqua cet avis à ses lecteurs au début de 1844 : « étant donné que la fin du monde doit survenir le 22 mars, selon la prophétie de Miller, nous prions respectueusement nos abonnés qui sont en retard dans leur paiement de bien vouloir acquitter leur dû sans tarder, sinon ils passeront un mauvais quart d’heure au Jugement dernier ».

Converti aux croyances religieuses d’Emanuel Swedenborg, Enslin joua un rôle de premier plan dans la formation d’une congrégation swedenborgienne à Berlin. Cette assemblée de fidèles prit plus tard le nom d’Église de la Nouvelle Jérusalem ou Nouvelle Église. Pendant un certain temps, jusqu’à ce que l’église Free, qui devait servir au culte de différentes confessions, ouvre ses portes le 25 décembre 1842, le groupe d’Enslin se réunissait, l’été, dans le verger de ce dernier et, l’hiver, dans son atelier de reliure pour y célébrer les offices religieux. À cette époque, la librairie d’Enslin était le centre d’activité d’une bibliothèque de prêt de livres religieux, swedenborgiens pour la plupart, qui fonctionnait sous les auspices de la New Church Society of Berlin. Enfin, Enslin fut l’un de ceux qui mirent sur pied la deuxième école mennonite du dimanche fondée dans le comté en avril 1841.

Au cours de sa carrière, Christian Enslin occupa un certain nombre de postes comme fonctionnaire. En tant que notaire connaissant l’allemand et l’anglais, il aida beaucoup de fermiers allemands dans la vente ou l’achat de terres et, selon une notice nécrologique du Berlin Chronicle and Provincial Reformers’ Gazette, « il rédigea plus de documents publics que tout autre homme au Canada ». Nommé commissaire à la Cour du banc de la reine, Enslin fut chargé de recevoir les déclarations sous serment qui devaient être présentées au tribunal local et, de 1853 à 1855, il exerça les fonctions de premier greffier de la Cour de surrogate du comté de Waterloo. Enfin, il devint second trésorier du comté quelques mois avant son décès survenu le 29 mars 1856, des suites d’une consomption pulmonaire.

Tom Eadie

AO, RG 1, A-I-6 : 23046–23048 ; RG 22, sér. 155, testament de Christian Enslin.— APC, RG 31, A1, 1851, Waterloo Township, part. 4 : 180–181.— New Jerusalem Magazine (Boston), 28 (1856) : 623–624.— Berlin Chronicle and Provincial Reformers’ Gazette (Berlin [Kitchener, Ontario]), 2 avril 1856.— Canada Museum, und Allgemeine Zeitung (Berlin).— Der Deutsche Canadier und Neuigkeitsbote (Berlin), 1er janv. 1841-déc. 1849.— Der Morgenstern (Waterloo, Ontario), 8 juin 1839–16 sept. 1841.— M. B. Block, The New Church in the new world : a study of Swedenborgianism in America (New York, 1932 ; réimpr., 1968).— A. E. Byerly, The beginning of things in Wellington and Waterloo counties [...] (Guelph, Ontario, 1935).— H. K. Kalbfleisch, The history of the pioneer German language press of Ontario, Canada, 1835–1918 (London, Ontario, et Münster, République fédérale d’Allemagne, 1968).— Gottlieb Leibbrant, Little paradise : the saga of the German Canadians of Waterloo County, Ontario, 1800–1975 (Kitchener, 1980).— W. V. Uttley, A history of Kitchener, Ontario (Kitchener, 1937 ; réimpr., [Waterloo, 1975]).— La Waterloo Hist. Soc. a publié un bon nombre d’articles concernant la vie de Christian Enslip dans ses Annual report, dont : Salome Bauman, « First Mennonite Church, 1813–1963 », 1963 : 19–26 ; Michael Bird, « The Swedenborgian community in Waterloo County : two religious approaches to culture », 1975 : 69–74 ; W. H. Breithaupt, « [Address at the dedication of the Waterloo County Pioneers’ Memorial Tower, 28 August 1926] », 1926 : 220–225 ; « Some German settlers of Waterloo County », 1913 : 11–15 ; et « Waterloo County newspapers », 1921 : 152–160 ; A. E. Byerly, « Henry William Peterson », 1931 : 250–262 ; D. Johnson, « The Church of the Good Shepherd », 1943 : 39–43 ; D. N. Panabaker, « President’s report », 1932 : 298–308 ; et Jacob Stroh, « Reminiscences of Berlin (now Kitchener) », 1930 : 175–207 ; 1931 : 274–284.— « Minutes of the meeting of the Association of the New Church in Canada », New Jerusalem Magazine, 36 (1864) : 210–211 (il s’agit d’un résumé de la vie d’Enslin publié quelques années après sa mort).

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Tom Eadie, « ENSLIN, CHRISTIAN (Emanuel Christian Gottlieb) », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 8, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 28 nov. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/enslin_christian_8F.html.

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Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1985
Année de la révision:    1985
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