DUCHARME, LAURENT, trafiquant de fourrures, baptisé le 10 août 1723 à Montréal, fils de Louis Ducharme et de Marie Picard ; il épousa le 26 novembre 1753, à Montréal, Marguerite Métivier et ils eurent au moins trois enfants ; décédé après 1787.
Laurent Ducharme naquit dans une famille montréalaise qui avait une vaste expérience de la traite des fourrures dans l’Ouest ; en 1754, lui-même se lança dans une modeste carrière de trafiquant de fourrures dans la région des Grands Lacs les plus à l’ouest. En 1758, Ducharme avait installé sa femme auprès de lui dans le petit village fortifié, tout centré sur la traite des fourrures, de Michillimakinac (Mackinaw City, Michigan). Sa famille habitait une maison sise rue du Diable, et une esclave, Madeleine, aidait aux travaux domestiques.
En 1761, des soldats britanniques vinrent tenir garnison à Michillimakinac, mais ils ne se gagnèrent jamais l’amitié des Sauteux des environs. Au printemps de 1763, Ducharme eut vent de l’intention de ces Indiens d’attaquer la garnison de Michillimakinac ; quand il en avertit le commandant, le capitaine George Etherington, celui-ci le réprimanda vertement et menaça d’emprisonner à Détroit la première personne qui répéterait une telle histoire. Le 2 juin 1763, Ducharme, horrifié, vit les Sauteux, ralliés par Minweweh*, surprendre la garnison et tuer ou faire prisonniers tous les soldats. Ducharme et les autres Français ne subirent aucun mal.
De ce soulèvement résulta une grave désorganisation du commerce dans la région des lacs Supérieur, Michigan et Huron ; quand la paix fut restaurée, Ducharme reprit son rôle actif dans ce commerce. À la fin des années 1760 et au début des années 1770, il reçut un permis l’autorisant à porter à l’intérieur des marchandises de traite de Montréal. Ses affaires étaient surtout concentrées à Michillimakinac, mais, en 1769, il trafiqua à Milouaqui (Milwaukee, Wisconsin) et, en 1772, à La Baye (Green Bay, Wisconsin) et à Milouaqui.
Quand la Révolution américaine commença à perturber la situation sur les lacs Huron, Michigan et Supérieur, en 1777, Ducharme servit d’informateur, à Milouaqui, pour le capitaine Arent Schuyler De Peyster, l’officier commandant à Michillimakinac. Le 15 mai, il envoya un message alarmant : les Espagnols tentaient d’obtenir du chef potéouatami, Siginakee (appelé Letourneau ou Blackbird), qu’il incitât les Indiens de la vallée supérieure du Mississippi à se tourner contre les Britanniques. C’est là la seule trace que l’on ait de la participation de Ducharme à cette guerre.
Inquiet des « blasphèmes et [de l’]impiété » qui avaient cours à Michillimakinac en ces temps troublés, Ducharme se joignit à plusieurs autres marchands, en 1778, pour adresser une pétition au gouverneur sir Guy Carleton* et demander l’envoi d’un missionnaire à Michillimakinac. Aucun missionnaire n’y avait résidé régulièrement depuis près de dix ans. Plusieurs marchands promirent leur aide financière. Ducharme s’engagea à verser, pour sa part, £18 par année – somme modeste, qui laisse croire qu’il n’était pas parmi les trafiquants les plus riches.
Les conditions économiques étaient également instables. Face à l’incertitude, quelques marchands, dont Étienne-Charles Campion et Ducharme lui-même, mirent leurs ressources en commun et, en 1779, établirent, pour une année, un « magasin général » à Michillimakinac. La mise de Ducharme consista en un demichargement de canot, d’une valeur de £7 500 – une somme relativement modeste, encore une fois. À ce moment-là, Ducharme apparaissait aux registres comme résidant de Montréal. Selon les apparences, il n’y demeurait qu’une partie de l’année, et, comme bien d’autres petits trafiquants, il hivernait parmi les Indiens en vue d’acquérir les fourrures à meilleur prix. L’un de ses postes était situé sur la rivière Fond du Lac, dans le Wisconsin, où il trafiquait avec les Puants.
En 1787, Ducharme signa comme témoin lors d’une élection de marguilliers à l’église Sainte-Anne de Michillimakinac, laquelle avait été déménagée, de même que le fort et la petite ville, à l’île de Mackinac, en 1780. C’est la dernière mention de Laurent Ducharme. On ignore le lieu et la date de sa mort.
BL, Add. mss 21 758, ff.33–35, 37s.— Clements Library, Thomas Gage papers, supplementary accounts, A state of houses and lands at Michilimackinac.— Wis., State Hist. Soc. (Madison), Canadian archives, Abstracts of Indian trade licences in Canadian archives, 1767–1776, 27 juill. 1769, 17 mai, 12 juill. 1770, 13 mai 1773, 17 juill. 1774.— Augustin Grignon, Seventy-two years’ recollections of Wisconsin, Wis., State Hist. Soc., Coll., III (1857) : 233, 250s.— Henry, Travels and adventures (Bain).— Langlade papers.— 1737–1800, Wis., State Hist. Soc., Coll., VIII (1879) : 217–219.— Langlade’s movements in 1777, Wis., State Hist. Soc., Coll., VII (1876) : 406.— Michigan Pioneer Coll., IX (1886) : 658 ; X (1886) : 275s., 286–290, 305, 307 ; XIII (1888) : 69s.— Godbout, Nos ancêtres, ANQ Rapport, 1951–1953, 471.— Massicotte, Répertoire des engagements pour l’Ouest, ANQ Rapport, 1931–1932, 277, 281–283, 351, 356–358 ; 1932–1933, 285, 287–289, 291, 294–299, 301s.— Tanguay, Dictionnaire, III : 491s.— L. P. Kellogg, The British regime in Wisconsin and the northwest (Madison, Wis., 1935), 47, 95, 146 ; The French regime in Wisconsin and the northwest (Madison, 1925 ; réimpr., New York, 1968), 295.— R. G. Carroon, Milwaukee and the American revolution, Milwaukee County Hist. Soc., Hist. Messenger (Milwaukee, Wis.), XXIX (1973), no 4 : 118–144.— Charles Lart, Fur trade returns, 1767, CHR, III (1922) : 351–358.
David A. Armour, « DUCHARME, LAURENT », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 4, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 28 nov. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/ducharme_laurent_4F.html.
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Auteur de l'article: | David A. Armour |
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Titre de la publication: | Dictionnaire biographique du Canada, vol. 4 |
Éditeur: | Université Laval/University of Toronto |
Année de la publication: | 1980 |
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