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DOUGLAS, GEORGE, ministre méthodiste et éducateur, né le 14 octobre 1825 à Ashkirk, Écosse, cadet des trois fils de John Douglas et de Mary Hood ; le 28 novembre 1855, il épousa à Toronto Maria Bolton Pearson, et ils eurent quatre filles dont l’une mourut enfant ; décédé le 10 février 1894 à Montréal.
George Douglas arriva à Montréal en juillet 1832 en compagnie de sa mère et de ses deux frères aînés. Ils venaient rejoindre John Douglas, qui avait immigré l’année précédente parce qu’il avait du mal à joindre les deux bouts avec son métier de meunier en Écosse. George étudia à l’établissement montréalais de la Société d’école anglaise et canadienne, puis dans une école privée de Laprairie (La Prairie), après quoi il occupa un poste de commis dans une librairie montréalaise. Dans l’espoir de devenir mécanicien de marine, il entra à la fonderie de la Sutherland and Burnett et prit des cours de dessin technique le soir. Mais sa santé l’obligea par la suite à renoncer à son ambition.
Bien que presbytériens par tradition, les Douglas finirent par fréquenter la chapelle méthodiste St James Street. C’est au cours d’une série de revivals tenus à cet endroit en 1843 que George se convertit. Malgré son tempérament effacé, il accepta la charge de class leader ; selon un contemporain, il montrait une « éloquence extraordinaire et [un] rare talent dans l’exposé des Écritures, en plus d’une grande intuition spirituelle ». En 1847, il devint prédicateur ; l’année suivante, l’Église méthodiste wesleyenne le prit à l’essai à titre de ministre. Décidé à parfaire sa formation, plutôt rudimentaire, il partit pour l’Angleterre en décembre 1849 afin de s’inscrire à la Wesleyan Theological Institution de Richmond (Londres). Cependant, à peine était-il arrivé qu’on l’affecta au travail missionnaire ; le 1er mars 1850, avant de s’embarquer pour les Bermudes, il reçut l’ordination sur autorisation spéciale. Atteint de malaria, il dut mettre prématurément fin à son séjour là-bas et rentra à Montréal au printemps de 1851. Pendant sa convalescence, il assista à des conférences de médecine au McGill College, et il reprit son ministère l’année suivante.
À compter de 1854, Douglas reçut des affectations successives de trois ans dans le Haut-Canada, soit à Kingston, à Toronto et à Hamilton. En 1863, un accès de malaria l’obligea à prendre un an de congé. Les nerfs et les muscles de ses mains s’atrophièrent tellement que par la suite il fut incapable d’écrire sans l’aide d’un dispositif mécanique. Sa vue se détériora aussi ; à compter de 1877, sa femme et ses filles durent lui faire la lecture. Malgré ces handicaps, il recommença à exercer son ministère à temps plein à Montréal en 1864 et devint l’un des pasteurs les plus connus et les plus respectés du pays. Le McGill College lui décerna en 1870 un doctorat honorifique en droit et, en 1883, le Victoria College de Cobourg, un autre en théologie. En 1876, on nomma en son honneur une église de l’extrémité ouest de l’île de Montréal.
Douglas n’avait jamais fait d’études supérieures mais, grâce à sa mémoire phénoménale et à force d’application constante, il avait réussi à acquérir de vastes connaissances qui faisaient sa renommée. Lorsque d’influents méthodistes de Montréal, dont James Ferrier*, obtinrent en 1872 l’approbation de fonder un collège de théologie dans la ville, Douglas en fut nommé directeur et professeur de théologie. Le Wesleyan Theological College ouvrit ses portes à l’automne de 1873 ; situé au sous-sol de l’église méthodiste Dominion Square, il comptait six étudiants. Sous la direction de Douglas, l’établissement s’affilia à McGill et fut autorisé à décerner des diplômes ; en 1894, on y trouvait 72 étudiants et 4 professeurs. Comme nombre de protestants dévots de son époque [V. sir John William Dawson], Douglas craignait que les nouveaux courants philosophiques et scientifiques « ne bouleversent tous les systèmes de pensée ». Les établissements méthodistes de haut savoir, croyait-il, pouvaient protéger la société contre le scepticisme troublant en y envoyant des « fils de l’Église, armés d’une interprétation chrétienne de la culture et de la science ». Ils relèveraient le défi que représentait le « grand vingtième siècle électrique qui émerge[ait] [...] tel un puissant colosse, avec sa démarche oscillante, son pas retentissant, son regard d’aigle inquisiteur et sa formidable énergie ». En préparant ses étudiants au ministère, Douglas s’efforçait de maintenir l’équilibre entre la nécessité de leur dispenser un savoir de plus en plus spécialisé et celle d’aborder les problèmes contemporains sans renoncer à la simplicité et à l’enthousiasme évangéliques.
Qualifié par lord Dufferin [Blackwood*] de « Bismarck du méthodisme canadien », Douglas était un ardent porte-parole du mouvement qui, dans la seconde moitié du xixe siècle, tentait d’en réunir les diverses branches. Il se réjouissait de voir que le méthodisme progressait par rapport aux autres confessions protestantes, mais il estimait que l’Église ne pouvait pas se permettre de se reposer sur ses lauriers, car les besoins des communautés urbaines et pionnières taxaient de plus en plus lourdement ses ressources spirituelles et financières.
Reconnu pour ses talents de chef de file et d’administrateur, Douglas fut en 1877 président de la Conférence de Montréal de l’Église méthodiste du Canada ainsi que vice-président, en 1874, et président, en 1878, de la conférence générale. Sa participation à la Young Men’s Christian Association, à l’Evangelical Alliance, à l’Epworth League et aux conférences méthodistes œcuméniques en fit un orateur de réputation internationale.
C’était d’ailleurs à titre de « Chrysostome du Canada » que Douglas était le plus apprécié. Ses sermons se caractérisaient par la puissance de l’argumentation, une imagerie frappante et une grande éloquence. Il incarnait ce mélange de théologie traditionnelle et de souci d’une vie sainte qui constituait un élément important du méthodisme canadien au xixe siècle. Douglas était d’une piété aussi totale que celle d’un prophète de l’Ancien Testament, et le révérend Hugh Johnston rappelait que « ses réprimandes étaient cuisantes comme une flamme et tombaient comme des éclairs brûlants sur les malhonnêtes et les corrompus ». Il était particulièrement direct pour condamner le théâtre, les romans modernes, le commerce de l’alcool, la corruption politique et le divorce.
Dans les années 1890, sa préoccupation de la pureté des mœurs amena Douglas à devenir un grand porte-parole du mouvement White Cross, qui visait à « protéger l’intégrité et la vertu de la famille ». Comme bien des réformateurs de l’époque, il avait une grande foi dans « le pouvoir toujours croissant de la femme de faire le bien ». Il reconnaissait que l’Église méthodiste devait une partie de sa force au rôle actif que les femmes avaient souvent joué dans les activités pastorales. Tout en condamnant absolument la limitation des naissances, il défendait l’accès des femmes aux études supérieures et aux professions libérales afin qu’elles puissent acquérir « une indépendance égale » à celle des hommes. « Donnez-lui seulement du temps, affirmait-il, donnez-lui le droit de vote, donnez-lui la reconnaissance qui arrive à grands pas, et la femme [...] régénérera et purgera la vie politique, et mettra l’empreinte de sa pureté, de son élévation, sur tout ce qui se rapporte à la reconquête du monde pour Dieu. »
En outre, selon Douglas, le progrès spirituel de la nation était gravement menacé par « les subtiles agressions de Rome ». Il utilisait les locaux du Wesleyan Theological College et du French Methodist Institute, qu’il aida à fonder à Montréal en 1880, pour former des missionnaires qui convertiraient les Canadiens français. Alarmé par les liens étroits qui existaient entre le gouvernement d’Honoré Mercier et la hiérarchie catholique, il considéra l’adoption de l’Acte relatif au règlement de la question des biens des jésuites, en juillet 1888, comme un signe avant-coureur du triomphe de l’ultramontanisme. Par un discours passionné, il contribua à persuader la Conférence de Montréal de l’Église méthodiste de protester à la fois contre la loi et contre le refus du gouvernement fédéral de lui retirer sa reconnaissance. En juillet 1889, il joua un rôle de premier plan dans la fondation d’une branche montréalaise de l’Equal Rights Association [V. D’Alton McCarthy], mise sur pied le mois précédent à Toronto pour orchestrer une campagne contre la loi et ses conséquences. Deux ans plus tard, il attira l’attention de tout le pays en déclarant que sir John Sparrow David Thompson était une « création du clergé » de connivence avec les jésuites, et donc indigne de succéder à sir John Alexander Macdonald au poste de premier ministre du Canada. Bien des méthodistes connus applaudirent Douglas et l’imitèrent lorsqu’il dénonça la loi sur les biens des jésuites et appuya le Manitoba School Act de 1890 ; cependant, son attaque très personnelle contre la moralité de Thompson fut moins bien accueillie.
George Douglas mourut d’une pneumonie le 10 février 1894 ; on l’inhuma au cimetière du Mont-Royal après un service modeste. Par son franc-parler, il avait soulevé pas mal de controverses, mais peu de gens pouvaient s’empêcher d’admirer le courage avec lequel il supportait ses handicaps physiques et la constance avec laquelle il prônait la vertu.
George Douglas est l’auteur de : Memorial of Rev. George McDougall, Indian missionary to the Saskatchewan, with his last two letters [...] (Montréal, 1876) ; Discourses and addresses (Toronto, 1894) ; Thou art the man ! (Toronto, 1895) ; et, avec William Morley Punshon*, A sermon in memory of the late Rev. Robert Watson Ferrier, M.A. [...] together with an obituary notice and a minute of the Montreal District meeting (Montréal, 1870).
On trouve des portraits de Douglas dans Discourses and addresses ; Dent, Canadian portrait gallery ; Montreal Daily Star, 12 févr. 1894 ; et Cornish, Cyclopœdia of Methodism.
ANQ-M, CE1-109, 13 févr. 1894.— GRO (Édimbourg), Ashkirk, reg. of births and baptisms, 25 nov. 1825.— UCC, Montreal-Ottawa Conference Arch. (Lennoxville, Québec), M/50/1.— UCC-C, Biog. files.— French Methodist Institute, Annual report (Montréal), 3 (1883).— Methodist Church (Canada, Newfoundland, Bermude), General Conference, Journal of proc. (Toronto), 1890 ; Montreal Conference, Minutes (Toronto), 1889 : 11.— Methodist Church of Canada, General Conference, Journal of proc. (Toronto), 1878.— W. I. Shaw, « Memories of the Rev. Dr. Douglas », Methodist Magazine (Toronto et Halifax), 39 (janv.–juin 1894) : 336–339.— W. H. Withrow, « Death of Dr. Douglas », Methodist Magazine, 39 : 305–307.— Christian Guardian, 4 déc. 1855, 13 mars, 12, 17, 19 juin 1889, 14, 21 févr. 1894, 3 févr. 1904, 12 sept. 1906, 18 mars 1914.— Gazette (Montréal), 6 juill. 1889.— Montreal Daily Witness, 24 déc. 1892, 12 févr., 13 mars 1894.— Appletons’ cyclopædia (Wilson et al.), 2.— Wallace, Macmillan dict.— Frost, McGill Univ.— N. H. Mair, The people of St James, Montreal, 1803–1984 ([Montréal, 1984]).— J. R. Miller, Equal rights : the Jesuits’ Estates Act controversy (Montréal, 1979).— Waite, Man from Halifax.
Katherine Ridout, « DOUGLAS, GEORGE », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 12, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 28 nov. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/douglas_george_12F.html.
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Auteur de l'article: | Katherine Ridout |
Titre de l'article: | DOUGLAS, GEORGE |
Titre de la publication: | Dictionnaire biographique du Canada, vol. 12 |
Éditeur: | Université Laval/University of Toronto |
Année de la publication: | 1990 |
Année de la révision: | 1990 |
Date de consultation: | 28 novembre 2024 |