FERRIER, JAMES, marchand, homme politique, promoteur de chemins de fer et capitaliste, né le 22 octobre 1800 dans la région de Fife, Écosse ; il épousa Mary Todd, et ils eurent au moins deux fils et deux filles ; décédé à Montréal le 30 mai 1888.

James Ferrier émigra d’Écosse à Montréal en 1821, après avoir été plusieurs années à l’emploi d’une maison de commerce de Perth. Pendant 18 mois, il travailla pour un marchand de Montréal ; puis il ouvrit le premier magasin de la rue Notre-Dame, lieu résidentiel qui sera bientôt intégré au centre commercial de la ville. En 1836, au moment où il se retira du commerce à temps plein, Ferrier avait amassé une fortune appréciable, non seulement grâce à son magasin, mais aussi grâce aux nombreuses propriétés immobilières dont il avait fait l’acquisition dans la ville. Il fut considéré, avec Joseph Masson* et Harrison Stephens, comme l’un des Montréalais les plus riches du milieu du xixe siècle.

Les capitaux qu’il avait accumulés dans les débuts de sa carrière permirent à Ferrier de se lancer dans des entreprises financières de plus grande envergure. Il fit partie, avec Augustin Cuvillier*, Albert Furniss et William Edmonstone, du conseil d’administration montréalais de la Banque de l’Amérique septentrionale britannique. Cette banque, dont le siège social était en Grande-Bretagne, commença ses opérations dans le Haut et le Bas-Canada, en vertu d’une charte royale, au printemps de 1837, avec un capital nominal de £1 000 000. Avec d’autres hommes d’affaires montréalais, dont William Molson*, Ferrier figura parmi les fondateurs de la Banque Molson, juridiquement incorporée en 1855 ; il fut aussi actionnaire de plusieurs autres banques canadiennes. L’un des promoteurs de la Nouvelle Compagnie du gaz de la cité de Montréal créée en 1847, il fit longtemps partie du conseil d’administration de cette compagnie ; il œuvra aussi au sein de la Compagnie d’assurance de Montréal contre les accidents du feu, dont il occupa le poste de président pendant six ans. En 1871, avec Hugh Allan, il compta parmi ceux qui obtinrent la constitution juridique de la Compagnie de crédit de Montréal ; plus tard, il fut membre du conseil d’administration de deux autres compagnies d’assurances, la Compagnie de garantie de l’Amérique du Nord et la Compagnie d’assurance de l’Amérique du Nord contre les accidents.

Dès 1847, Ferrier avait placé des fonds assez considérables dans l’entreprise de quincaillerie de son fils James, connue sous le nom de Bryson and Ferrier. Cette société fut dissoute en 1851, et George Davies Ferrier s’associa avec son frère, James fils, pour former une entreprise de quincaillerie en gros et au détail, la Ferrier and Company. La R. G. Dun and Company, de New York (maison déterminant la cote de crédit des compagnies), affirmait, dans un rapport de 1856, que ces jeunes gens avaient « reçu une bonne formation et maîtris[aient] bien leur entreprise ». « Cette compagnie, ajoutait-elle, fait de grandes affaires, tant à cause de la bonne réputation et de la capacité des associés que de la croyance que, s’il survenait des difficultés, leur père protégerait leurs engagements. » On a rapporté que James Ferrier père avait avancé de $30 000 à $35 000 à ses fils ; et il laissa de l’argent – dont le montant n’a pas été révélé – dans l’entreprise, au moins jusqu’au moment où celle-ci commença de connaître des difficultés financières, au milieu des années 1870. Ferrier continua d’aider son fils James en versant $25 000 pour qu’il devînt l’un des associés de la Horse Nail Works d’Ausable Chasm, New York, et $31 000 pour qu’il devînt associé de la Horse Nail Works de Pointe-Saint-Charles (maintenant partie de Montréal). À partir du moment où, au cours des années subséquentes, son fils commença de diversifier ses intérêts, il devient de plus en plus difficile de distinguer ce qui revient au père et ce qui revient au fils.

Se lançant dans le développement industriel du Bas-Canada, Ferrier loua et exploita les forges du Saint-Maurice de 1847 à 1851 ; il fut aussi le promoteur et le président de la Compagnie de Montréal pour l’exploitation des mines. Il n’est pas surprenant que ses liens nombreux avec le monde des affaires, de la finance et de l’industrie l’aient amené à s’intéresser activement aux deux plus importantes entreprises ferroviaires de Montréal, le chemin à rails de Montréal et de Lachine, et le Grand Tronc. Le premier, qui reçut sa charte en 1846, constitua la première ligne de chemin de fer de l’île de Montréal, et Ferrier en fut élu président. Sous sa direction, on recueillit £75 000 en capital-actions ; à la mi-novembre 1847, la voie ferrée, de sept milles de long, était en opération. Le chemin à rails de Montréal et de Lachine marqua le point de départ d’un ambitieux programme visant à l’expansion des chemins de fer : le chemin de fer de jonction du Saint-Laurent et de l’Outaouais (jamais construit), qui, à partir de Lachine, se serait dirigé vers le nord-ouest, dans l’arrière-pays du fleuve Saint-Laurent et de la rivière des Outaouais, et le chemin de fer du lac Saint-Louis et de la ligne provinciale, fusionné en 1850 avec le chemin à rails de Montréal et de Lachine pour former le chemin de fer de Montréal et New York, qui, en direction sud, se serait rendu jusqu’à New York, en passant par Plattsburgh. Après une série de batailles coûteuses et sans résultats déterminants avec les compagnies ferroviaires rivales, le chemin de fer de Montréal et New York fut incorporé au chemin à lisses de Champlain et du Saint-Laurent pour former le chemin de fer de Montréal et Champlain en 1857, lequel, à son tour, fut bientôt absorbé par le Grand Tronc. Bien qu’il eût démissionné, en 1851, comme président du chemin à rails de Montréal et de Lachine et de ses embranchements, peut-être à cause des difficultés financières croissantes de cette compagnie, Ferrier fut jusqu’à sa mort président du conseil d’administration canadien du Grand Tronc, de même que l’un des administrateurs de la Compagnie du pont international, une entreprise du Grand Tronc. Il s’intéressa aussi à d’autres projets, dans le domaine du transport, tels la Compagnie des steamers de la malle royale du Canada et des Antilles et la Compagnie du chemin de fer de Waterloo, Magog et Stanstead. Selon Ferrier et d’autres hommes d’affaires montréalais de son temps, les chemins de fer constituaient une source de pouvoir et de profits pour leurs promoteurs et pour les sociétés financières qu’ils représentaient, de même que pour la communauté montréalaise en général.

Ferrier joua un rôle important dans la vie politique de Montréal au cours des années 1840. Il fut d’abord nommé conseiller municipal en 1841. Une fois les postes au conseil devenus électifs, il représenta le Quartier-Est comme échevin en 1844. Il devint maire de la ville en 1845 ; pendant son mandat, il organisa des secours pour les citoyens du faubourg Saint-Roch, à Québec, qui avaient été éprouvés par un désastreux incendie. Le 27 mai 1847, Ferrier fut nommé au Conseil législatif, au sein duquel il demeura jusqu’à la Confédération. En 1867, il devint membre du sénat canadien, en plus de représenter la division de Victoria au sein du Conseil législatif de Québec. Il conserva ces deux postes jusqu’à sa mort et se montra particulièrement actif au sein des comités du conseil sur les projets de loi privés et les chemins de fer. À l’instar de beaucoup d’autres hommes d’affaires en vue de l’époque, Ferrier remplit les fonctions de juge de paix, en plus de détenir un poste – celui de lieutenant-colonel – dans la milice locale.

Ferrier participa activement, aussi, à des entreprises religieuses et philanthropiques. Plusieurs fois porté à la présidence de la Société Saint-André de Montréal, il joua également un rôle de premier plan au McGill College, à titre de membre, de 1845 à sa mort, et de président, de 1845 à 1852, de l’Institution royale pour l’avancement des sciences, qui, au cours de cette dernière année, allait devenir l’organisme directeur du collège. Le redressement et la mise en ordre des affaires de celui-ci, à la suite d’une période de grandes difficultés et d’incertitude, au cours des années 1840, ont été largement attribués à ses efforts personnels. Il fut, en septembre 1884, nommé chancelier de McGill. Ferrier avait beaucoup voyagé en Europe, en Afrique et en Asie, et les souvenirs rapportés de ses voyages furent donnés à la Société d’histoire naturelle de Montréal et à McGill. D’abord fidèle de l’église presbytérienne St Gabriel Street, ses associations nombreuses avec John Torrance* et sa sympathie pour les méthodistes l’amenèrent à devenir un fidèle de l’église méthodiste St James Street, qu’il fréquentait dévotement, en plus d’y tenir régulièrement une classe à l’école du dimanche. En outre, il fit progresser la cause du méthodisme dans toute la ville en contribuant généreusement à la construction d’églises à Griffintown (maintenant partie de Montréal) et dans plusieurs faubourgs. Ferrier occupa presque tous les postes accessibles à un laïc, et il fut souvent délégué aux nombreuses conférences de l’Église, où il parla avec force en faveur de l’union de toutes les églises méthodistes. Il s’intéressa au Wesleyan Theological College de Montréal ; il fut membre du « sénat » du Victoria College, à Cobourg, Ontario, président de la Montreal Auxiliary Bible Society, et officier de la Sabbath School Association of Canada et de la Société missionnaire canadienne-française. Il fut actif, de même, au sein de la Maison protestante d’industrie et de refuge de Montréal et au sein de plusieurs sociétés prônant la tempérance et la prohibition, et occupa la présidence de la Quebec Temperance and Prohibitory League.

Ferrier mourut à Montréal après une brève maladie ; lui survivaient son fils James et une fille, Margaret Watson, qui épousa John, fils de David Torrance*. Dans un sermon prononcé à ses funérailles, on souligna que Ferrier avait réussi dans le commerce « grâce à sa diligence et à son esprit d’entreprise, joints à une très grande honnêteté, à une intelligence lucide, [et] à un jugement bien équilibré », ainsi qu’à « une promptitude d’action doublée de ténacité ». « Il avait modelé sa vie sur ses convictions profondes et ses principes chrétiens solides. »

Gerald J. J. Tulchinsky

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Gerald J. J. Tulchinsky, « FERRIER, JAMES », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 11, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 28 nov. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/ferrier_james_11F.html.

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Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 11
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1982
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