DOUBLET, FRANÇOIS, apothicaire, armateur, né en 1619 ou 1620 à Honfleur (Normandie), de François Doublet, marchand, et de Marguerite Auber, décédé avant 1678.
François Doublet s’occupait de commerce maritime et on le trouve, vers 1659, associé à un armateur de Dieppe, Pierre Gellée, dans le trafic de marchandises importées du Canada, notamment la morue, l’huile de baleine et les peaux d’ours et de castor. En 1662, il décida de devenir lui-même armateur et de s’orienter vers le Canada. La Compagnie de la Nouvelle-France lui concédait, le 19 janvier 1663, les îles de la Madeleine, de Saint-Jean (aujourd’hui île du Prince-Édouard), des Oiseaux et Brion afin qu’il y développât la colonisation et les pêcheries. Or, dix ans plus tôt, ces îles avaient été concédées à Nicolas Denys et, par ailleurs, un groupe de Basques venait tout juste de s’installer dans les îles de la Madeleine.
Après avoir obtenu en Hollande un navire de 300 tonneaux qui fut dénommé le Saint-Michel, François Doublet se procura deux autres petits navires. Avant le départ, il forma, le 23 avril 1663, une association pour l’exploitation des îles de la Madeleine avec Philippe Gaignard. On se mit en mer vers la fin d’avril 1663 avec, en plus des équipages, 25 hommes qui devaient devenir les premiers colons des îles. La traversée fut assez longue et marquée de divers incidents. C’est ainsi qu’une fois en haute mer, on découvrit à bord de l’un des navires un jeune garçon de sept ans, le fils de François Doublet, Jean-François, qui deviendrait plus tard un corsaire de quelque réputation. La plupart des détails connus sur ce premier voyage de François Doublet proviennent d’ailleurs du récit qu’en fit son fils.
Vers la mi-mai, l’expédition atteignît l’île Brion, où on découvrit une vingtaine de Basques installés dans une maison de bois. Pendant le reste de l’été, on bâtit des logements et un magasin, et on se livra à la chasse et à la pêche. Doublet rentra en France à l’automne tandis qu’une vingtaine de ses hommes devaient hiverner dans les îles. Le printemps suivant, il trouva l’île complètement abandonnée par ses associés et les établissements commencés l’été précédent déjà en ruines. Doublet dut donc retourner en France, rompre l’association qu’il avait conclue l’hiver précédent et vendre ses navires.
François Doublet organise son retour en Nouvelle-France. La même année, il s’embarque au Havre sur un navire qui fait route vers Québec où il débarque le 2 octobre 1664. Cette fois-ci, il vient en qualité de commissaire chargé de « creuser une mine de plomb que l’on avait découverte depuis peu dans les côtes de Gaspé ». Cette nouvelle aventure n’a pas beaucoup plus de succès puisqu’à la fin de l’été 1665, la quantité totale de minerai de plomb obtenu ne dépasse pas quatre ou cinq tonnes. Doublet s’en revient alors à Québec où son fils, Jean-François, se trouve aux études chez les Jésuites. Le 21 juillet de la même année, en tant que commis général à Gaspé de la Compagnie des Indes occidentales, il obtint du marquis de Tracy [V. Prouville] la permission « de faire la traitte des pelleteries pour et au proffit de Mrs de la dite Compagnie le long des costes du Canada, Acadie, Terre-Neufve et autres lieux ». Il passe, semble-t-il, deux autres années en Nouvelle-France et on le signale, en 1665 et en 1666, au fort Richelieu.
En 1668, Doublet était revenu à Honfleur et il semble avoir passé le reste de sa carrière au service d’une société de marchands qui faisaient le commerce sur les côtes d’Afrique. Il semble être mort avant 1678.
François Doublet s’était marié le 1er février 1643 avec Madeleine Fontaine, fille de Jacques Fontaine, qui lui donna 16 enfants, dont le plus connu, Jean-François, « corsaire et lieutenant de frégate [...] tient une place distinguée dans l’histoire maritime de la Normandie ».
D’aucuns ont soutenu que les îles de la Madeleine doivent leur nom à François Doublet, qui les aurait baptisées du nom de sa femme. Il est toutefois plus probable que le nom de ces îles provienne du nom de « La Magdelene », donné par Champlain, sur sa carte de 1632, à l’île Amherst.
BM, Add. MS 14 034, f.66 (concession des îles de la Madeleine, 1663).— Correspondance de Talon, RAPQ, 1930–31 : 22.— [Jean Doublet], Journal du corsaire Jean Doublet de Honfleur, lieutenant de frégate sous Louis XIV, éd. Charles Bréard (Paris, 1884), 5–7, 27, 281–283.— Mémoires des commissaires, I : 154 ; II : 521, 524–527 ; et Memorials of the English and French commissaries, I : 208s., 736, 739.— Ord. comm. (P.-G. Roy), I : 24s.— P.-G. Roy, Inv. concessions, II : 94.— Charles Bréard, Le vieux Honfleur et ses marins : biographies et récits maritimes (Rouen, 1897), 86–92.— Les disparus: Jean-François Doublet, BRH, XXXIII (1927): 206.— La Morandière, Rist. de la Pêche française de la morue : I : 373.
F. Grenier, « DOUBLET, FRANÇOIS », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 1, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 28 nov. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/doublet_francois_1F.html.
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Auteur de l'article: | F. Grenier |
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Titre de la publication: | Dictionnaire biographique du Canada, vol. 1 |
Éditeur: | Université Laval/University of Toronto |
Année de la publication: | 1966 |
Année de la révision: | 1986 |
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