DAZEMARD (Dassemat, Dazmard, Dazmat) DE LUSIGNAN, PAUL-LOUIS, capitaine dans les troupes de la Marine, commandant, né à Champlain (Québec) le 19 novembre 1691, fils unique de Paul-Louis Dazemard de Lusignan et de Jeanne Babie, décédé à Québec le 2 septembre 1764.

La carrière militaire de Paul-Louis Dazemard de Lusignan suivit la filière traditionnelle : il fut successivement cadet en 1705, enseigne en 1712, sous-lieutenant en 1721, lieutenant en 1734 et capitaine en 1744. En 1734, Lusignan était aide-major au fort Niagara (près de Youngstown, N.Y.). L’année suivante, il fut nommé commandant du fort Saint-Joseph (probablement à Niles, Mich.), poste qu’il détint jusqu’en 1743. D’après ses états de service, compilés en 1766 à la demande de sa femme qui voulait obtenir une pension, il se peut qu’il ait participé, en 1736, aux négociations qui amenèrent la paix définitive avec les Sauks et les Renards et mirent fin à une guerre ruineuse. De 1743 à 1747, Lusignan commanda à Baie-des-Puants (Green Bay, Wisc.). Le commandement le plus important qu’il se vit confier fut celui du fort Saint-Frédéric (Crown Point, N.Y.), qu’il occupa de 1749 (officiellement à partir de 1751) à 1758. Pendant la période des hostilités de 1755 à 1760, Lusignan servit à différents endroits, à Saint-Frédéric, Carillon (Ticonderoga, N.Y.), l’île aux Noix, Saint-Jean et, en dernier lieu, à Chambly, en 1760, mais, semble-t-il, il ne prit part à aucun engagement important, agissant plutôt en qualité de commandant de garnison chargé de pourvoir les combattants de renforts et de munitions.

Sa longue carrière de 53 ans comme officier ne constitue pas un cas unique. Cependant, Lusignan était plus compétent que la moyenne si l’on en juge par les remarques de ses supérieurs. En 1732, l’intendant Gilles Hocquart*, parla de lui favorablement le décrivant comme un « homme sage, aimant son devoir et qui est en état de faire honneur au service ». L’année suivante, Hocquart prit la défense de Lusignan lorsqu’on accusa ce dernier de se livrer au trafic pour son compte personnel, faisant remarquer que cela était permis « en ce pays cy aux gentilshommes », conformément à l’édit de 1685. Il est probable qu’à ce moment, Lusignan, à l’instar des autres commandants de postes, arrondissait sa maigre solde en trafiquant à titre privé avec les Indiens, tout en surveillant de près le commerce licite ou illicite des autres trafiquants qui passaient par son poste. Ainsi, en 1744, il mérita les félicitations du gouverneur, Charles de Beauharnois, pour s’être occupé des « désordres » qui marquaient le commerce à la baie des Puants. (Green Bay, lac Michigan).

Lusignan sollicita, en 1749, la charge de commandant à Saint-Frédéric, lequel était à l’époque l’avant-poste le plus éloigné sur le lac Champlain. Le gouverneur La Jonquière [Taffanel] et l’intendant François Bigot* le recommandèrent tous deux chaudement ; ce dernier fit remarquer que Lusignan pourrait fonder une communauté agricole autour du poste, ce qui aurait pour avantage d’alléger le fardeau que constituait son ravitaillement. La fonction normale du fort Saint-Frédéric, fonction que le gouvernement français jugeait d’une grande importance, était d’empêcher ou, à tout le moins, de diminuer la contrebande entre la Nouvelle-France et Albany. Le poste comportait donc de très grandes responsabilités et le choix de Lusignan se prête à au moins deux interprétations. La première, plus charitable, prétend que Lusignan, officier d’expérience et d’une probité reconnue, se soit vu accorder le poste en guise de sinécure pour son âge mûr. La seconde, inspirée du fait que Bigot le recommanda chaudement, voudrait que Lusignan ait été un agent de la Grande Société, tout disposé à fermer les yeux sur la contrebande qui s’exerçait ; toutefois, cette seconde interprétation demeure une présomption.

En juillet 1749, Lusignan accueillit au fort Saint-Frédéric Pehr Kalm*, éminent naturaliste suédois qui arrivait d’Albany, en route pour Montréal et Québec. Kalm décrit son hôte comme un homme « d’environ cinquante ans, bien au fait des belles-lettres et [qui] avait fait dans le pays plusieurs voyages qui lui avaient permis d’acquérir une connaissance exacte des choses de ce pays ». D’autres commentaires permettent de conclure que l’éminent savant avait constaté que l’officier, canadien de naissance et d’éducation, était un homme d’une certaine distinction.

En reconnaissance de ses longs et fidèles services, Lusignan fut créé chevalier de Saint-Louis en 1752. Une indisposition grave l’empêcha de partir pour la France avec les troupes en 1760. Il resta en convalescence au Canada jusqu’en 1764, mais le 2 septembre, au moment de s’embarquer, il fut terrassé par une maladie subite qui l’emporta. Sa femme rentra en France. Lusignan avait épousé à Montréal, le 8 janvier 1722, Madeleine-Marguerite, fille de François-Marie Bouat*. Dix enfants naquirent de ce mariage ; l’aîné, Louis-Antoine*, eut une carrière militaire distinguée.

J. R. Turnbull

AN, Col., D2C, 222/4, f.136 ; 59, f.21 ; Marine, C7, 190.— Pehr Kalm, The America of 1750 ; Peter Kalms Travels in North America : the English version of 1770, A. B. Benson, édit. (2 vol., New York, 1966), II : 4.— Fauteux, Les chevaliers de Saint-Louis, 152.— Le Jeune, Dictionnaire.— Tanguay, Dictionnaire.— P.-G. Roy, La famille Dazemard de Lusignan, BRH, XXXVII (1931) : 579585 ; Les commandants du fort Saint-Frédéric, BRH, LI (1945) : 330.

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J. R. Turnbull, « DAZEMARD (Dassemat, Dazmard, Dazmat) DE LUSIGNAN, PAUL-LOUIS », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 3, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 28 nov. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/dazemard_de_lusignan_paul_louis_3F.html.

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Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 3
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1974
Année de la révision:    1974
Date de consultation:    28 novembre 2024