DAVIE, THEODORE, avocat, homme politique et juge, né le 22 mars 1852 à Brixton (Londres), fils de John Chapman Davie et d’Anne Collard Waldron ; le 28 juin 1874, il épousa à Saanich, Colombie-Britannique, Blanche Baker, âgée de 14 ans (décédée en 1876), puis en janvier 1884, à Victoria, Mary Alice Yorke, et ils eurent quatre fils et trois filles ; décédé le 7 mars 1898 dans cette ville.

Theodore Davie partit en mer très jeune, mais déçu de cette expérience il vint à Victoria en 1867 rejoindre son père, qui s’y était installé cinq ans auparavant. Comme son frère Alexander Edmund Batson Davie*, Theodore étudia le droit au cabinet de Robert Bishop. Après s’être qualifié comme solicitor en 1873, il pratiqua dans le district de Cassiar à l’époque de la ruée vers l’or. Admis au barreau en 1877, il exerça durant une courte période à Nanaimo et retourna ensuite à Victoria où il acquit rapidement une réputation d’avocat redoutable, surtout dans les causes criminelles. Déjà à cette époque, il montrait les qualités qui allaient marquer sa carrière politique ultérieure : détermination farouche, énergie sans borne et intelligence. Jamais ces traits ne furent aussi évidents que dans la cause célèbre qu’il défendit en 1886, celle de Robert Sproule, inculpé du meurtre d’un rival pour la propriété d’une riche concession minière. La finesse et la persistance déployées par Davie, quoique sans succès, l’opposèrent violemment au juge en chef, sir Matthew Baillie Begbie.

Les talents de Davie le destinaient inévitablement à la politique. Élu d’abord à l’Assemblée législative de la Colombie-Britannique en 1882, il représenta Victoria et appuya le gouvernement de William Smithe*. Il accorda ensuite son soutien à son frère Alexander Edmund Batson, qui fut premier ministre de 1887 à 1889. Puis il devint procureur général dans le cabinet de John Robson, à qui il succéda comme premier ministre en 1892. Grâce à son projet de loi de 1894 sur le remaniement de la carte électorale, il fit augmenter la représentation du continent à l’Assemblée ; par la suite, afin de stimuler la croissance économique, il offrit des avantages financiers controversés aux compagnies ferroviaires. La réalisation la plus remarquable de Davie durant son mandat, qui dura presque trois ans, fut sa décision (très critiquée d’ailleurs par les députés continentaux) de construire les superbes édifices du Parlement à Victoria [V. Francis Mawson Rattenbury*]. Même s’il avait un net penchant conservateur, sa carrière politique s’inscrivit dans une époque où les gouvernements de la Colombie-Britannique n’avaient pas une base purement idéologique mais étaient plutôt formés de partisans regroupés autour d’un chef fort.

Même premier ministre, Theodore Davie continua de pratiquer le droit, avec apparemment la même énergie indomptable ; toutefois, en 1895, il devint évident que cette double carrière avait compromis sa santé. Il démissionna le 2 mars pour prendre la relève de Begbie à titre de juge en chef de la Colombie-Britannique, malgré l’intense concurrence du juge Henry Pering Pellew Crease*. En soulignant la nomination de Davie, le Vancouver World fit valoir son « étonnante capacité de travail, son attention soutenue pour les détails et ses talents remarquables ». Assermenté le 11 mars, il occupa sa charge durant un peu moins de trois ans, jusqu’à son décès survenu en 1898 à la suite de la maladie cardiaque dont il souffrait depuis son retrait de la vie politique. Ses jugements, toujours promptement rendus, étaient remarquables de concision et de pertinence, mais toujours dépourvus d’humour ou d’ironie. Cependant, on l’avait aussi nommé juge d’un tribunal maritime, et les quelques jugements qu’il rendit sont plus vivants. Par ailleurs, sa plus grande contribution à la jurisprudence fut sans doute la première refonte des lois de la Colombie-Britannique (réalisation dont il tirait beaucoup de fierté), qui entra en vigueur moins d’une semaine avant son décès. Dans sa notice nécrologique, le Daily Colonist de Victoria le désigna comme « l’homme d’État le plus énergique, le plus pratique que la Colombie-Britannique ait jamais produit ».

David Ricardo Williams

Les causes les plus importantes de la carrière d’avocat de Theodore Davie sont contenues dans : The British Columbia reports, being reports of cases determined in the Court of Appeal, supreme and county courts, and in admiralty [...] (Victoria), 1 (1867–1889)–2 (1887–1893) ; ses jugements se trouvent dans 3 (1893–1895)–6 (1897–1899). L’un de ses discours politiques, Facts and figures : a mass meeting addressed by the premier at New Westminster [...], a été publié (s.l., [1893]), tout comme des compte rendus de deux autres : A rousing meeting [...] ([Victoria, 1889]), paru à l’origine dans le Daily Colonist (Victoria), 13 août 1889 et Opposition slanders refuted [...] (s.l., [1894]).

PABC, Theodore Davie, diary of legal matters, 1890–1891 ; diary of daily events, 1894–1896 (mfm).— St Andrew’s Cathedral (Roman Catholic) (Victoria), St Andrew’s Church, reg. of marriages, 14 janv. 1884.— « Electors ! look at this ! » (in-plano, [1894] ; copie aux PABC).— Daily Colonist, 25 mars 1867, 8, 12 mars 1898.— Vancouver World, 22 févr. 1895.— Canadian men and women of the time (Morgan ; 1898).— CPC, 1891.— Kerr, Biog. dict. of British Columbians.— Wallace, Macmillan dict.— S. W. Jackman, Portraits of the premiers : an informal history of British Columbia (Sidney, C.-B., 1969).— Ormsby, British Columbia.— E. O. S. Scholefield et F. W. Howay, British Columbia from the earliest times to the present (4 vol., Vancouver, 1914), 2 : 189–194.— Alfred Watts, « The Honourable Mr. Justice Theodore Davie [...] », Advocate (Vancouver), 26 (1968) : 8–9.

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David Ricardo Williams, « DAVIE, THEODORE », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 12, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 28 nov. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/davie_theodore_12F.html.

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Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1990
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