McCHESNEY, SARAH (Hayward), institutrice, née le 16 novembre 1839 à Londres, fille de John McChesney ; le 14 mars 1862, elle épousa Charles Hayward, et ils eurent neuf enfants, parmi lesquels trois lui survécurent ; décédée le 30 juillet 1901 à Victoria.

Sarah McChesney reçut sa formation d’institutrice en Angleterre et obtint son brevet de maîtresse d’école en décembre 1859. Elle enseigna à la West Ham and Stratford Girls’ British School jusqu’en juillet 1862. En septembre, elle s’embarqua pour rejoindre son mari, Charles Hayward, qui avait émigré à Victoria au printemps. Arrivée le 10 janvier 1863, elle fonda, probablement l’année suivante, une école pour jeunes filles, la Fort Street Academy, dont elle était directrice. Cette école, qui annonçait « une solide instruction pratique, fondée sur le régime officiel d’enseignement en vigueur dans les écoles modèles d’Angleterre », demeura ouverte jusqu’en 1871. Pendant cette période, Sarah Hayward enseigna aussi à l’école anglicane, l’Angela College. En août 1872, elle devint directrice de la section féminine de l’école publique de Victoria.

En 1880, Sarah Hayward se trouva au centre d’une controverse découlant de l’adoption, l’année précédente, d’une nouvelle version du Public School Act, qui concentrait le pouvoir entre les mains du surintendant de l’Éducation. La première grande décision du nouveau surintendant, Colin Campbell McKenzie, fut de révoquer tous les brevets d’enseignement et d’exiger que, pour être certifiés à nouveau, les ex-titulaires passent des examens. Les instituteurs qui avaient détenu un brevet de première classe furent particulièrement furieux de voir que, en vertu des règles du surintendant, les diplômés d’université obtiendraient automatiquement un brevet de ce genre même s’ils n’avaient jamais enseigné.

Le mécontentement s’accrut, notamment à cause d’un rapport dans lequel McKenzie, qui avait déjà enseigné à Victoria, critiquait les instituteurs et notait en particulier une résistance à ses exigences. En outre, il accusait l’ancien bureau d’Éducation d’avoir fait preuve de favoritisme dans la délivrance des permis d’enseignement. En réponse aux protestations, le Parlement de la Colombie-Britannique confia l’examen de la situation à un comité spécial. Dans son témoignage, McKenzie fit savoir que Sarah Hayward figurait parmi les quatre instituteurs qui s’étaient plaints à son sujet en écrivant au secrétaire de la province, Thomas Basil Humphreys*, et il releva des irrégularités dans ses rapports scolaires. Mme Hayward répliqua qu’il n’était guère diplomate ni compréhensif avec les enseignants. La controverse durait toujours lorsque, le 5 juillet, Sarah Hayward et les autres instituteurs de Victoria et de New Westminster commencèrent leurs examens. Le 30 juillet, avant la divulgation des résultats, Charles Hayward croisa l’un des examinateurs dans la rue et lui demanda comment le candidat no 49 s’en était tiré. L’examinateur lui répondit que « le no 49 a[vait] réussi ». Le lendemain, Sarah Hayward fut convoquée par écrit au bureau du surintendant. Là, on lui dit qu’elle s’en était « remarquablement bien sortie », mais on lui demanda de refaire deux problèmes parce qu’elle y avait répondu de manière « non concluante ». Elle refusa, croyant que son examen serait accepté tel quel. Comme elle le précisa, elle ne voulait « aucune faveur et pré[férait] être traitée comme les autres candidats ». Au début d’août, on afficha la liste des candidats reçus ; son nom n’y figurait pas.

Au moment de l’annonce des affectations des instituteurs nouvellement certifiés, on constata que les administrateurs scolaires avaient réassigné des postes : plusieurs enseignants de longue date se voyaient remplacés par de plus jeunes dont certains n’avaient qu’un brevet de troisième classe ou un brevet temporaire. Dans un cas, on confiait à une femme une classe composée uniquement de garçons. La tendance générale était de promouvoir les jeunes enseignants aux dépens des plus âgés, surtout les femmes. Les instituteurs à l’ancienne mode faisaient face à un mouvement de professionnalisation. Il semble que Colin Campbell McKenzie voyait en eux, des obstacles à son projet de modernisation du système provincial d’enseignement.

Le 5 octobre, au nom de Sarah et de Charles Hayward, Theodore Davie* obtint de la Cour suprême de la Colombie-Britannique une injonction commandant aux fonctionnaires scolaires de délivrer un brevet à Mme Hayward. Les fonctionnaires durent ensuite démontrer pourquoi elle ne devait pas en avoir un. En décembre, les parties s’affrontèrent devant le tribunal réuni au grand complet. Les fonctionnaires déclarèrent que Sarah Hayward avait reçu de l’assistance à ses examens. Toutefois, ils n’en fournirent aucune preuve et insistèrent plutôt sur la question de savoir si le tribunal était habilité à toucher au pouvoir discrétionnaire des examinateurs. La décision fut rendue à propos de ce dernier argument : le juge John Hamilton Gray* conclut en faveur des Hayward, le juge Henry Pering Pellew Crease et le juge en chef Matthew Baillie Begbie* se prononcèrent en faveur des fonctionnaires.

Sarah Hayward avait eu son heure de gloire au procès, mais ce dernier mit un terme à sa carrière d’enseignante. Elle refusa de redemander un brevet l’année suivante et se consacra plutôt à sa famille et à des œuvres de bienfaisance. De 1864 à 1880, elle avait mis au monde neuf enfants, dont les premiers triplets recensés en Colombie-Britannique. Pendant sa carrière, elle avait joué son double rôle ; à partir d’un certain moment, elle avait enseigné par choix, non par nécessité.

En outre, au fil des ans, Sarah McChesney Hayward fut associée de près, parfois en tant que fondatrice, à presque tous les organismes de bienfaisance qui virent le jour à Victoria à la fin du xixe siècle. On peut mentionner par exemple la Friendly Help Society, le comité féminin du British Columbia Protestant Orphans’ Home, l’Union chrétienne de tempérance des femmes, le Local Council of Women of Victoria and Vancouver Island, les dames auxiliaires du Royal Jubilee Hospital et le comité des Homes for Aged and Infirm Women. À sa mort, le Victoria Daily Times rappela à ses lectrices et lecteurs que Mme Hayward s’était vouée « durant quarante ans aux œuvres religieuses, philanthropiques, sociales et éducatives de la ville ».

Kathryn A. Bridge

BCARS, Add. mss 503 ; GR 148 ; GR 450 ; GR 526 ; GR 1052, box 21, no 3044 ; GR 1304, file 1901/2445 ; GR 1445 ; GR 1465, 1880 ; GR 1467 ; GR 1468 ; GR 1727, vol. 701, 731, 762.— C.-B., Ministry of Health (Victoria), Vital statistics, death certificate.— City of Victoria Arch., 98212-23 (Hayward family coll.).— Daily Colonist (Victoria), mars, déc. 1864, juill. 1865, févr. 1869, mars–juin 1879, mars–déc. 1880, juin 1881, mars 1882, juill. 1901.— Victoria Daily Times, 2 août 1901.— C.-B., Education Office, Annual report of the public schools (Victoria), 1877–1881.— Elizabeth Forbes, Wild roses at their feet : pioneer women of Vancouver Island ([Victoria], 1971), 42.— E. I. Watts, « Attitudes of parents toward the development of public schooling in Victoria, B.C., during the colonial period » (thèse de m.a., Simon Fraser Univ., Burnaby, C.-B., 1986).

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Kathryn A. Bridge, « McCHESNEY, SARAH (Hayward) », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 13, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 28 nov. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/mcchesney_sarah_13F.html.

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Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 13
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1994
Année de la révision:    1994
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