DAMOURS (d’Amours) DE CHAUFFOURS, LOUIS, seigneur en Acadie, trafiquant de fourrures et soldat, aîné des fils de Mathieu Damours* de Chauffours et de Marie Marsolet qui parvinrent à l’âge adulte, baptisé à Québec le 16 mai 1655, inhumé le 9 mai 1708 à Port-Royal (Annapolis Royal, N.-É.).
Le 20 septembre 1684, Louis Damours reçut une seigneurie en Acadie sur la rivière Richibouctou où il avait construit un poste fortifié et une habitation deux ans plus tôt. Le 1er octobre 1686, à Québec, il épousa Marguerite Guyon, fille de Simon Guyon et sœur de Louise*, laquelle épousa la même année Mathieu* Damours de Freneuse. Trois enfants naquirent de ce mariage. Le 7 octobre 1686, il obtint les concessions qui avaient auparavant appartenu à Pierre de Joybert* de Soulanges près des forts Jemseg et Naxouat (Nashwaak), sur la rivière Saint-Jean. Il s’y installa avec sa famille, sans doute pour se rapprocher de ses frères, René (Damours de Clignancour) et Mathieu, qui étaient déjà établis sur les rives de la rivière Saint-Jean.
On sait que quelques années plus tard il exploitait un commerce et cultivait ses terres tout en continuant de faire la traite avec les Indiens. Le gouverneur Robinau* de Villebon critiquait abondamment les trois frères Damours, affirmant qu’ils étaient de mauvaise réputation, qu’ils avaient pour l’eau-de-vie un goût immodéré et qu’ils négligeaient de mettre leurs biens en valeur. Villebon avait porté des accusations à peu près semblables contre des fonctionnaires et d’autres colons ; il semble certain que les intrigues, les querelles et la discorde entretenaient un climat malsain engendré peut-être par la conduite de Villebon lui-même, qui faisait illégalement la traite des fourrures. Quoi qu’il en fût, le ministre Pontchartrain réprimanda Villebon pour sa conduite envers les frères Damours.
En 1695, Louis Damours acheta John Gyles*, qui était prisonnier des Indiens malécites. Celui-ci publia plus tard une relation de ses expériences qui contient une foule de renseignements sur la région de Saint-Jean à l’époque. En août 1696, Damours participa à l’attaque du fort William Henry à Pemaquid (Nouvelle-Angleterre), par des troupes alliées françaises et indiennes, sous la conduite de Pierre Le Moyne d’Iberville et Jean-Vincent d’Abbadie de Saint-Castin. Damours commandait son propre navire dans cette expédition et, après la prise de Pemaquid, il emmena la garnison à Boston. En octobre de la même année, un détachement de la Nouvelle-Angleterre sous les ordres de Hathorne fit un raid le long de la rivière Saint-Jean. Bien que Damours se trouvât en France à ce moment-là, sa demeure et les dépendances, ses récoltes et son bétails – en somme, ce qui constituait peut-être la plus grosse ferme de la région à l’époques – furent épargnés grâce à une note que Gyles adressa au commandant. Plus tard, Damours affranchit Gyles pour son geste de loyauté.
La décision du gouverneur de Brouillan [Monbeton] d’abandonner 14 défense de la rivière Saint-Jean et les dommages causés à sa propriété par l’inondation de 1701 décidèrent Damours à déménager à Port-Royal. Brouillan fit appel à la générosité du roi en faveur de Damours qui avait de graves soucis financiers. Mme Damours mourut à peu près à cette époque. La guerre entre les Français et les Anglais ayant repris de nouveau en Acadie, Damours s’engagea dans les troupes françaises et fut fait prisonnier en 1703. Il fut incarcéré pendant un peu plus de deux ans à Boston, puis retourna à Port-Royal en 1706 où il mourut deux ans plus tard. Durant les années qu’il avait passées à sa seigneurie sur la rivière Saint-Jean, Brouillan avait dit de lui avec beaucoup de justesse : « Monsieur De Chaufour [...] soutenoit les habitans et les Sauvages ».
AN, Col., B, 16, ff.41s. ; 19, f.37 ; Col., C11D 2 ff.244, 244v., 246, 277, 278 ; 3, ff.18, 157v. ; 4, ff.62 : 144v., 214v., 323v. ; 5, ff.112, 282v. ; Section Outre-Mer, Dépôt des fortifications des colonies, carton 2, n° 56.— Coll. de manuscrits relatifs à la N.-F., I : 386 ; II : 96, 183, 190, 215, 302, 389s., 408, 455, 463.— [John Gyles], Memoirs of odd adventures, strange déliverances, &c, in the captivity of John Gyles, esq., commander of the garrison on Saint George river in the district of Maine (Boston, 1736 ; Cincinnati, 1869).— Jug. et délib., III : 399, 547, 555, 562, 783.— A. Roy, Inv. greffes not., VII : 37.— P.-G. Roy, Inv. concessions, IV : 2s., 57 ; Inv. contrats de mariage, II : 120.— Webster, Acadia.— Tanguay, Dictionnaire, I, III.— Azarie Couillard-Després, Histoire des seigneurs de la Rivière-du-Sud et leurs alliés canadiens et acadiens (Saint-Hyacinthe, Qué., 1912), 108–111.— W. O. Raymond, The River St. John, its physical features, legends and history from 1604 to 1784, J. C. Webster, édit. (Sackville, N.-B., 1943).— Ganong, Historic sites in New Brunswick, MSRC, V (1899), sect. ii.— P.-G. Roy, Mathieu Damours de Chauffours, BRH, XXXII (1926) : 385–392.
George MacBeath, « DAMOURS (d’Amours) DE CHAUFFOURS, LOUIS », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 2, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 28 nov. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/damours_de_chauffours_louis_2F.html.
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Titre de la publication: | Dictionnaire biographique du Canada, vol. 2 |
Éditeur: | Université Laval/University of Toronto |
Année de la publication: | 1969 |
Année de la révision: | 1991 |
Date de consultation: | 28 novembre 2024 |