CUDLIP, JOHN WATERBURY, marchand et homme politique, né probablement en 1815 à Saint-Jean, Nouveau-Brunswick, fils de John Cudlip, officier de marine britannique à la retraite, et de Rebecca Waterbury ; en 1852, il épousa Emily Allison, et ils eurent sept enfants ; décédé à Saint-Jean le 22 novembre 1885.

John Waterbury Cudlip fréquenta l’école dans sa ville natale et peut-être en Angleterre. Encore adolescent, il occupa divers emplois chez John Robertson*, homme d’affaires en vue de Saint-Jean qui avait un vaste champ d’activité. Il devint encanteur autorisé et, en 1850, il était associé à George E. Snyder, qui se spécialisait dans l’expédition, le commerce avec les Antilles et le commerce de gros.

Cudlip manifesta assez tôt de l’intérêt pour les affaires publiques. Créé citoyen d’honneur de Saint-Jean en 1836 et officier de milice de la Saint John City Light Infantry l’année précédente, il apporta sa principale contribution à titre de chef de la « fameuse [compagnie volontaire] no 5 » des pompes à incendie qui combattit courageusement dans la ville toute une série de grands feux au cours des décennies 1830 et 1840. Cudlip joua également un rôle actif au sein de l’institut des artisans et de la chambre de commerce, deux organismes fort importants dans la ville de Saint-Jean à cette époque. À la fin des années 1840, il faisait partie d’un groupe d’hommes d’affaires et de gens de profession entreprenants qui connaissaient le succès ; on comptait dans leurs rangs Robert Jardine*, Samuel Leonard Tilley* et John Hamilton Gray, qui firent de Saint-Jean une ville commerçante dynamique. Cudlip fut membre de la Rail-Way League de 1849 et par la suite, au cours de cette même année, il devint secrétaire de l’organisme qui la remplaça, la New Brunswick Colonial Association. Les deux sociétés firent des pressions dans le but d’obtenir la construction d’un chemin de fer entre Saint-Jean et Shédiac, et préconisèrent des réformes dans le gouvernement, notamment une autonomie coloniale accrue, l’union de l’Amérique du Nord britannique et de nombreux changements internes, telle une plus grande voix pour les hommes d’affaires de Saint-Jean au chapitre des questions provinciales.

Cudlip, qui se mêla de politique tout au long des décennies 1850 et 1860, fut élu à titre de réformiste « convaincu » au conseil municipal de Saint-Jean en mai 1852. Il avait déjà travaillé pour des candidats présentés par la New Brunswick Colonial Association aux élections générales de 1850 et ses six candidats furent tous élus à Saint-Jean. Organisateur de premier ordre, il contribua à faire élire le gouvernement réformiste de Charles Fisher* aux élections de 1854, et en 1855 il se porta lui-même candidat lors d’une élection partielle dans Saint-Jean. Sa campagne infructueuse reçut l’appui de Tilley, alors secrétaire de la province et auteur de la loi prohibitionniste de 1855, en dépit du fait que Cudlip fît le commerce de gros de l’alcool. Défait encore une fois aux élections de 1856, Cudlip réussit à se faire élire sous la bannière libérale en 1857 et remporta facilement la victoire aux élections générales de 1861 et de 1865. À l’Assemblée, ses discours n’étaient jamais longs, mais témoignaient ordinairement de sa brusquerie et de son fort esprit d’indépendance. Ainsi que l’on pouvait s’attendre de la part d’un vice-président de la chambre de commerce, Cudlip était un partisan inconditionnel de Tilley à Saint-Jean, et celui-ci en vint à s’en remettre à lui tant dans les affaires concernant la ville que dans les questions de commerce, d’industrie et d’unité monétaire. La Suède et la Norvège profitèrent également de son expérience en le nommant vice-consul, poste qu’il occupa de 1864 à 1876.

Les négociations entre le Nouveau-Brunswick, la province du Canada et le gouvernement impérial à propos de l’Intercolonial en 1862 et en 1863 inquiétèrent Cudlip. Il voulait que le chemin de fer suivît une route orientée davantage vers l’ouest pour favoriser le commerce de Saint-Jean avec les États-Unis plutôt qu’une route passant par le nord du Nouveau-Brunswick que prônaient les Britanniques pour des raisons de défense. La question du chemin de fer contraignit Cudlip à rompre avec Tilley et les libéraux. « Si le gouvernement britannique veut une route militaire, qu’il s’en construise une », déclara-t-il en 1863. Il se révéla l’un des principaux critiques de la politique du gouvernement, surtout après que Tilley eut réuni, en 1864, la construction de l’Intercolonial et l’entrée du Nouveau-Brunswick dans la confédération dans son grand projet d’avenir pour la province. Aux élections de 1865, il se présenta en tant qu’adversaire de la confédération et recueillit plus de votes que tout autre candidat dans la province. Tilley et son gouvernement furent défaits, et en 1866 Cudlip entra au Conseil exécutif du premier ministre Albert James Smith.

On dut procéder à de nouvelles élections à propos de la confédération en 1866, et les adversaires du projet, y compris Cudlip, subirent une cuisante défaite. Après la réorganisation des gouvernements fédéral et provincial en 1867, plusieurs vacances se produisirent à la législature du Nouveau-Brunswick et, en mars 1868, Cudlip fut élu sans opposition dans une élection partielle à Saint-Jean, même s’il réclamait dans son programme l’abrogation de l’Acte de l’Amérique du Nord britannique et l’annexion du Nouveau-Brunswick aux États-Unis. Un an plus tard, il heurta la susceptibilité des Loyalistes par cette proposition : que le Nouveau-Brunswick fasse « ce que nos gens font à titre individuel et demande aux États-Unis de nous admettre dans l’union selon des conditions honnêtes et équitables ». Cudlip fut qualifié de « traître et déloyal », et l’on ne permit pas que sa proposition fût inscrite, au journal des débats. Sa carrière politique avait pris fin.

Quelle que fût la disgrâce que Cudlip encourut en recommandant l’annexion, il conserva sa popularité à Saint-Jean et poursuivit avec succès une carrière dans les affaires. En 1869, il était président de la chambre de commerce et l’un des administrateurs de l’infortunée Maritime Bank of the Dominion of Canada, inaugurée à Saint-Jean en 1872. Lorsque le parti libéral fédéral prit le pouvoir en 1873, le premier ministre Alexander Mackenzie* choisit deux des amis de Cudlip, Smith et Isaac Burpee, comme membres de son cabinet. Burpee, à titre de ministre des Douanes, nomma par la suite Cudlip au poste d’inspecteur des douanes pour le Nouveau-Brunswick et l’Île-du-Prince-Édouard. La défaite des libéraux en 1878 aurait dû entraîner le renvoi de Cudlip, mais Tilley, devenu ministre des Finances dans le nouveau gouvernement de sir John Alexander Macdonald*, usa de son influence pour lui permettre de conserver son poste, où il se maintint jusqu’en 1885.

Cudlip mourut le 22 novembre 1885 des suites de blessures qu’il avait subies la veille dans un incendie survenu dans sa demeure. Les notices nécrologiques parues dans les journaux de Saint-Jean firent état de l’appui constant qu’il avait apporté aux intérêts de la ville et affirmèrent que, bien qu’il ait été « impulsif et direct », il mourut « sans aucun ennemi sur terre ».

C. M. Wallace

APC, MG 27, 1, D15.— APNB, « N. B. political biog. » (H. B. et J. C. Graves).— Musée du N.-B., Saint John, Register of voters, 1785–1869 (spécialement 1836) ; Tilley family papers, Corr.— Trinity (Anglican) Church (Saint-Jean, N.-B.), Baptismal and marriage registers (copies au Musée du N.-B.).— N.-B., House of Assembly, Reports of the debates, 1865.— Daily Sun, 23 nov. 1885.— Head Quarters (Fredericton), 12 mars 1856.— Morning News (Saint-Jean), 1849–1850.— Morning Telegraph (Saint-Jean), 14 mars 1868.— New Brunswick Courier (Saint-Jean), 1849–1850.— New Brunswick Reporter and Fredericton Advertiser, 18 mars 1869.— Saint John Globe, 23 nov. 1885.— Weekly Telegraph (Saint-Jean), 25 nov. 1885.— CPC, 1868.— Dominion annual register, 1885.— New-Brunswick almanac, 1851, 1856, 1865.— Saint John directory (Saint-Jean), 1863.— MacNutt, New Brunswick.— C. M. Wallace, « Saint John boosters and the railroads in mid-nineteenth century », Acadiensis, 6 (1976–1977), no 1 : 71–91.— I. R. H. Wilbur, « The stormy history of the Maritime Bank (1872) to 1886 », N.B. Hist. Soc., Coll. (Saint-Jean), no 19 (1966) : 69–76.

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C. M. Wallace, « CUDLIP, JOHN WATERBURY », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 11, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 2 déc. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/cudlip_john_waterbury_11F.html.

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Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1982
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