CRAIG, JOHN, artisan, artiste, propriétaire d’une galerie d’art et homme politique, né en 1804 en Irlande ; il épousa une prénommée Charlotte, et ils eurent une fille, Mathilda (née en 1847) ; décédé le 25 mars 1854 à Toronto.

On sait peu de chose des premières années de John Craig. Il arriva probablement à York (Toronto) au début de 1828 et, dès juillet de la même année, il offrait ses services dans le Colonial Advocate comme portraitiste et peintre d’enseignes de fantaisie et de blasons. Contraint par les conditions économiques d’élargir son champ d’activité, il ne tarda pas à devenir aussi peintre de carrosses, d’écriteaux et de bâtiments. Sa commande la plus importante fut le dessin des verrières placées derrière l’autel de la deuxième église St James érigée de 1831 à 1833 [V. Thomas Rogers]. Exécutées par William Schofield, vitrier et peintre d’enseignes, ces verrières furent l’objet de maints éloges de la part de la population locale. Cependant, plus raffinée que ses concitoyens, Anna Brownell Jameson [Murphy] jugea qu’elles étaient « sans valeur et de mauvais goût ». Malheureusement, cette œuvre, une des premières de Craig en art religieux, fut détruite par un incendie en 1839.

La carrière de Craig, qui atteignit son sommet dans les années 1840, progressa au rythme de la croissance de Toronto dans le domaine de l’architecture. Par le rôle qu’il joua comme maître artisan, Craig peut être associé à la plupart des principaux édifices publics construits à cette époque. Par exemple, il participa fréquemment à divers aspects de la décoration intérieure de nombreux immeubles dessinés par John George Howard*, tels que la Christ Church (Tyendinaga, 1843) et la Banque de l’Amérique septentrionale britannique (Toronto, 1845). Avec Edward Claxton Bull, Craig exécuta des vitraux pour l’église St George the Martyr (Toronto, 1844), œuvre de l’architecte Henry Bowyer Joseph Lane*. C’est aussi lui qui fut chargé de l’ornementation et des décors de scène du Royal Lyceum Theatre conçu par John Ritchey et qui ouvrit ses portes au public torontois en 1848. En outre, il surveilla le travail de peinture effectué à l’intérieur de la cathédrale St Michael de Toronto, construite de 1845 à 1848, d’après les plans de William Thomas. Craig dessina également les armoiries de plusieurs palais de justice de la province, ainsi que des bannières commandées par de nombreuses loges orangistes et maçonniques de la région, et par des « sociétés nationales » de Toronto, telles les associations de bienfaisance St Andrew, St George et St Patrick.

Craig, qui fut l’un des premiers marchands de tableaux de la ville reine, avait sa galerie au 229 de la rue King au début des années 1830. Il fut membre de la première société artistique de Toronto, l’éphémère Society of Artists and Amateurs. Cependant, il n’exposa aucune de ses œuvres lors de la seule et unique exposition que tint ce groupe d’artistes dans les édifices du Parlement en juillet 1834. Plus tard, il fit partie de la Toronto Society of Arts et présenta des travaux aux deux expositions de cette société, en 1847 et 1848. Son dessin d’un modèle de roue hydraulique fut montré à l’exposition organisée en 1848 par l’institut des artisans de Toronto.

D’allégeance tory, Craig fut élu conseiller municipal du quartier St George en 1834, année où Toronto fut érigé en municipalité, ce qui pourrait expliquer l’absence de ses œuvres à l’exposition de 1834. Peu après, Craig et deux autres conseillers, George Gurnett* et John Doel*, formèrent un comité chargé de surveiller la création du dessin du sceau de la ville. Selon toute vraisemblance, Craig dessina lui-même le cachet officiel, tandis que le travail de gravure fut confié pour la somme de £10 à un artiste local, William Connell, graveur et étameur d’origine irlandaise. Grâce peut-être à l’influence de Craig, les gravures de Connell furent présentées à l’exposition de 1834. Selon des articles parus dans le Patriot, le choix du graveur par le comité avait été l’objet d’une certaine opposition de la part du maire William Lyon Mackenzie* qui aurait souhaité que la commande soit donnée à quelqu’un d’autre qu’à un Irlandais catholique.

Comme homme politique, Craig semble être resté dans l’ombre, préférant le rôle de médiateur à celui d’instigateur. Pendant son long mandat de conseiller municipal, de 1834 à 1849, il vota fidèlement avec Gurnett, son collègue tory. Craig et Gurnett, avec l’appui de John Ritchey, conseiller lui aussi, jouèrent un rôle prépondérant dans la nomination de John George Howard au poste d’arpenteur de la ville en mai 1843. Enfin, Craig fut aussi un des premiers membres de la St Patrick’s Benevolent Society et de l’Emigrant Society of Upper Canada.

Souffrant de la goutte, John Craig mourut en 1854. Peu après sa mort, sa veuve demanda une remise de taxes au conseil municipal. Cette démarche et le fait que les frais d’inhumation de son mari ne furent pas payés laissent supposer qu’à sa mort Craig était lourdement endetté. Bien que ses réalisations semblent modestes quand on les compare à celles d’un bon nombre de ses contemporains, Craig apporta manifestement une importante contribution à l’art, à l’architecture et à la politique de la région. Une notice nécrologique parue dans le Globe le décrit comme un « citoyen âgé et respecté ».

Carol Lowrey

On peut retracer la carrière artistique de John Craig à travers des critiques et des annonces de ses dessins dans les journaux de Toronto. Son nom apparaît régulièrement dans les papiers de John George Howard (MTL) pour différents dessins de vitraux, d’armoiries et d’intérieurs peints, créés pour les maisons de Howard. On peut trouver des commentaires sur les verrières qu’il réalisa pour la deuxième église St James dans Murphy, Winter studies and summer rambles, 1 : 274. La participation de Craig aux premières sociétés d’art de Toronto est rapportée dans Soc. of Artists & Amateurs of Toronto, Catalogue of the first exhibition [...] (Toronto, 1834 ; [éd. rév., 1848]), et dans Toronto Society of Arts : first exhibition, 1847 [...] et second exhibition, 1848 [...], probablement publiés à Toronto en 1847 et 1848. Les impressions de William Connell sur le sceau de la ville sont mentionnées dans des comptes rendus de l’exposition de 1834 qui ont paru dans le Patriot (Toronto), 11 juill. 1834. Pour plus de détails, voir aussi : CTA, Information file, city seal.

On sait que deux exemples de l’œuvre de Craig sont parvenus jusqu’à nous. Trois des quatre vitraux créés pour la maison de Duncan Campbell (aujourd’hui le Lynnwood Arts Centre) à Simcoe, Ontario, lui ont été attribués (voir British Colonist (Toronto), 4 nov. 1851, pour une description de l’époque). On trouve une description d’une autre de ses œuvres, les armes de George IV dans la Middlesex County Court-house (London, Ontario), dans MacRae et Adamson, Cornerstones of order, 98.

Les sources de renseignements les plus utiles concernant la carrière politique de Craig sont les City Council minutes, CTA, RG 1, A, spécialement 8 avril, 2 oct., 22 nov. 1834, 16 avril 1849, 18 avril, 1er mai 1854 ; B. D. Dyster, « Toronto, 1840–1860 : making it in a British Protestant town » (1 vol. en 2, thèse de ph.d., Univ. of Toronto, 1970) ; et les journaux locaux.  [c. l.]

ÉÉC-T, Little Trinity Church (Toronto), reg. of baptisms, 1844–1861, no 173.— MTL, Carfrae papers, scrapbook ; Toronto, Mechanics Institute papers, D25 (Exhibitions, 1847–1849 : accounts and exhibits).— St James’ Cemetery and Crematorium (Toronto), Record of burials, 28 mars 1854.— British Colonist (Toronto), 27 juin 1845, 29 déc. 1848.— Colonial Advocate, 5–17 juill. 1828, 30 janv., 13 févr.–27 mars 1834.— Correspondent and Advocate (Toronto), 11 déc. 1834.— Courier of Upper Canada (Toronto), 5 mai 1835.— Globe, 30 déc. 1848, 30 mars 1854.— Loyalist (York [Toronto]), 6–27 déc. 1828.— Toronto Patriot, 24 mai 1833, 5 mars 1841.— Toronto. Star, 20 nov. 1844.— Harper, Early painters and engravers.— Toronto directory, 1837–1851.— W.[G.] Colgate, Canadian art ; its origin & development (Toronto, 1943 ; réimpr., 1967).— MacRae et al., Hallowed walls, 148.— Robertson’s landmarks of Toronto, 1 : 336.— Scadding, Toronto of old (1873).— C. D. Lowrey, « The Society of Artists & Amateurs, 1834 : Toronto’s first art exhibition and its antecedents », RACAR (Montréal), 8 (1981) : 99–118.

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Carol Lowrey, « CRAIG, JOHN », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 8, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 28 nov. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/craig_john_8F.html.

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Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1985
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