COUILLARD DE LESPINAY, GUILLAUME, charpentier, matelot et calfat, originaire de Saint-Malo ou de la paroisse de Saint-Landry de Paris, né vers 1591, fils de Guillaume Couillard et d’Élisabeth de Vesins, décédé à Québec en 1663.

Guillaume Couillard de Lespinay épousa à Québec, le 26 août 1621, Guillemette, fille de Louis Hébert. Il en eut dix enfants, dont la nombreuse descendance le fait figurer dans la généalogie de presque toutes les vieilles familles canadiennes-françaises.

Il était venu au Canada vers 1613, selon Champlain, qui, en 1628, parle de lui avec éloges. Couillard fut un des premiers habitants établis à demeure dans la colonie. Louis Hébert, le premier cultivateur, n’arriva à Québec qu’en 1617. Après sa mort, en 1627, Couillard le releva dans la culture de ses terres, ayant hérité, par sa femme, de la moitié du patrimoine. D’ailleurs, la même année 1627, Champlain accordait encore à Couillard, à titre personnel, « cent arpents de terre pour déserter et ensemencer » aux abords de la rivière Saint-Charles. Ce colon avait près de 20 arpents en culture dès 1632 et un moulin à farine en 1639. Cette même année, le 8 juillet, Huault de Montmagny le nomma « commis pour la visite des terres ensemencées et victuailles des habitants » de Québec. Il avait été le premier à utiliser la charrue, au printemps de 1628. En 1643, il fabriquait de la chaux pour la Compagnie des Cent-Associés.

En fin de juin 1628, alarmé par l’approche des Anglais et la menace d’une famine à Québec, Champlain voulut envoyer quelqu’un à Tadoussac pour radouber et ramener une barque, en vue d’évacuer vers Gaspé les bouches superflues. Couillard, qui était le seul homme en mesure de faire ces opérations, s’y refusa obstinément, contrairement à ses habitudes de serviabilité. Redoutant que les Amérindiens ne l’assomment, « il craignoit sa peau, & ne vouloit abandonner sa femme, pour la conserver ».

À la prise de Québec, en 1629, la famille de Guillaume Couillard fut une des rares familles qui consentirent à demeurer avec les occupants et Champlain lui confia deux jeunes Amérindiennes, Charité et Espérance, qu’il avait adoptées. Après le retour des Français, en 1632, Couillard continua à se dévouer pour la colonie et à jouir de l’estime générale ; il participa à la défense contre les Iroquois, dirigea fréquemment des barques entre Québec et Tadoussac, devint marguillier de la paroisse, après avoir donné une partie de son terrain pour la reconstruction de l’église. Ne sachant pas écrire, il signait d’un petit dessin fort original, qu’on retrouve sur plusieurs documents d’archives.

Sous l’administration du gouverneur Jean de Lauson, il fut anobli par le roi, au mois de décembre 1654, « en faveur des services rendus au païs du Canada ». Selon des papiers de famille, le blason de Guillaume Couillard était dazur à la colombe dor aux ailes déployées, portant en son bec un rameau dolivier, avec la devise : Dieu Aide Au Premier Colon.

Guillaume Couillard mourut en sa maison, le 4 mars 1663, et fut inhumé le lendemain dans la chapelle de l’Hôtel-Dieu, en reconnaissance de donations faites par lui à cette institution. Trois ans après, sa veuve vendait sa maison et une bonne partie de son terrain à Mgr de Laval* pour l’établissement du séminaire de Québec. L’emplacement de la maison est aujourd’hui marqué d’un cairn, dans une cour intérieure du séminaire, et Guillaume Couillard a sa statue, oeuvre du sculpteur Alfred Laliberté, près de celle de Louis Hébert, dans le parc Montmorency à Québec.

Honorius Provost

ASQ, Documents Faribault, 20.— Champlain, Œuvres (Laverdière), passim.JJ (Laverdière et Casgrain), passim.JR (Thwaites), passim.— Couillard-Després, La Première Famille française au Canada.

Bibliographie de la version révisée :
Des recherches menées au tournant du xxie siècle indiquent que Guillaume Couillard de Lespinay serait né et baptisé le 11 octobre 1588 à Saint-Servan (Saint-Malo), en France, et serait le fils dAndré Couillart et de Janne Basset. Labsence des noms de ses parents sur son acte de mariage ne nous permet cependant pas de confirmer la filiation.

Arch. départementales d’Ille-et-Vilaine (Rennes, France), « Reg. paroissiaux et état civil », Saint-Servan, 1588 : archives-en-ligne.ille-et-vilaine.fr/thot_internet/FrmSommaireFrame.asp (consulté le 25 août 2015).— Bibliothèque et Arch. nationales du Québec, Centre d’arch. de Québec, CE301-S1, 26 août 1621, 5 mars 1663.— Marcel Fournier, les Bretons en Amérique française, 15042004 (Rennes, 2005).— Michel Josseaume, « les Origines de Guillaume Couillard », Soc. de généal. de Québec, lAncêtre (Sainte-Foy [Québec]), 25 (1998-1999) : 125-126.

Comment écrire la référence bibliographique de cette biographie

Honorius Provost, « COUILLARD DE LESPINAY, GUILLAUME », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 1, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 28 nov. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/couillard_de_lespinay_guillaume_1F.html.

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Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 1
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1966
Année de la révision:    2015
Date de consultation:    28 novembre 2024