COTTON, CHARLES CALEB, prêtre de l’Église d’Angleterre et fermier, né le 31 juillet 1775 à Eton, Angleterre, aîné des 13 enfants de Caleb Cotton et d’Ann Lemoine ; le 22 juin 1814, il épousa Drusilla Pettis, et ils eurent sept enfants dont trois leur survécurent ; décédé le 9 octobre 1848 à Cowansville, Bas-Canada.

Le père de Charles Caleb Cotton était maître d’école, et sa mère la fille d’un Suisse qui enseignait le français à l’Eton College. Après avoir fréquenté cet établissement, Cotton obtint une licence ès arts de l’Oriel College, à l’University of Oxford, en 1797. C’est l’évêque de Lincoln, George Pretyman, qui l’ordonna diacre le 31 décembre de cette année-là, puis le nomma vicaire à Wexham. En novembre 1798, il s’embarqua pour les États-Unis. L’année suivante, il devint professeur au Charleston College, à Charleston, en Caroline du Sud, mais comme le salaire lui paraissait insuffisant il démissionna. De 1800 à 1804, il fit successivement du ministère à New York, à New Brunswick, dans le New Jersey, et près de Philadelphie.

Muni de bonnes références, Cotton se présenta en août 1804 à l’évêque de Québec, Jacob Mountain*, ami intime de l’évêque de Lincoln, et il fut ordonné prêtre le 9 septembre. Il était le premier à recevoir les ordres à la nouvelle cathédrale Holy Trinity. On le nomma ensuite à la baie Missisquoi, dans la seigneurie Saint-Armand. Mountain le recommanda à la Society for the Propagation of the Gospel in Foreign Parts en disant qu’il « conv[enait] tout particulièrement à la situation, [car il avait] une grande simplicité, des manières dignes, de bonnes capacités, beaucoup de facilité à communiquer ses idées et, [grâce à] son séjour aux États-Unis, [il était] assez familier avec les manières de [ces] nouveaux colons, lesquelles [étaient] si susceptibles d’inspirer du dégoût à un Anglais ». Même si deux missionnaires de la société, Robert Quirk Short* et James Marmaduke Tunstall, l’avaient précédé à la baie Missisquoi, il se rendit compte qu’ils avaient eu bien peu de succès auprès de ces rudes pionniers. Pendant quatre ans, sans église ni presbytère, et malgré l’ennui d’avoir à vivre dans une pension rudimentaire, il exerça son ministère auprès des habitants de Saint-Armand et, dans une certaine mesure, auprès de ceux qui étaient installés tout près, à Caldwell’s Manor. C’était la première fois que ces gens bénéficiaient des secours de l’Église d’une façon continue. Toutefois, en décembre 1806, Mountain nota que Cotton était découragé de ses paroissiens, « dont un bon nombre [...] gard[aient] l’habitude de tenir des propos impies et [avaient] des mœurs dissolues ». Dans une lettre à l’évêque de Lincoln, Mountain admettait que Cotton était « un homme très valeureux, très pieux et très sensé », mais il ajoutait : « son mauvais état de santé le rend incapable de tout effort important ou constant : il semble n’avoir aucune force de caractère ; la perversité le décourage et les difficultés le dépriment ».

En 1807, Mountain envoya Charles James Stewart à Saint-Armand pour alléger la tâche de Cotton. L’évêque croyait que ce dernier irait s’installer beaucoup plus loin, mais il se fixa à quelques milles seulement, dans le canton de Dunham, et s’attira ainsi un léger reproche de la part de l’évêque qui, tout en lui rappelant que le clergé « n’était pas ordonné en vue des commodités et du confort personnel », lui permit d’y demeurer. Les premières années que Cotton passa dans ce canton furent tout sauf confortables. Il n’eut pas seulement à lutter contre l’indifférence des gens et leur ignorance des coutumes anglicanes, mais aussi contre les missionnaires itinérants baptistes et méthodistes. Il finit de plus par connaître personnellement tous les problèmes auxquels avaient à faire face les colons qu’il desservait. Il partagea une cabane de deux pièces avec huit personnes pendant presque deux ans, et il défricha et cultiva trois fermes, l’une après l’autre, et chacune lui coûta cher en temps, en argent et en efforts physiques. En 1812, Mountain proposa d’envoyer Cotton à York (Toronto), mais Isaac Brock*, alors administrateur du Haut-Canada, s’y opposa et réussit à faire nommer John Strachan*.

Cotton dut célébrer les offices dans des écoles et des maisons privées jusqu’à ce qu’on construise une église à Dunham Flats (Dunham) en 1821. La paroisse fut érigée officiellement la même année par lettres patentes qui émanaient de la province et Cotton en devint rector mais, à cause d’une certaine « irrégularité », on dut reprendre la cérémonie d’installation en 1829. La première église à porter le nom d’All Saints – un vaste bâtiment de bois de style assez lourd – demeura en service jusqu’en 1846 ; on la démolit alors pour faire place à un édifice de pierre.

Cotton ne possédait pas de dons remarquables et, selon les dires d’un observateur, était « aussi dépourvu d’aptitudes pour monter à cheval qu’il était [...] inégalable [...] pour ses talents de marcheur ». Il ne pouvait donc rendre autant de services dans la mission que Stewart, ni couvrir le même territoire. Son ministère ne fut d’ailleurs pas exempt de difficultés. Homme simple, épris de solitude, il était excentrique à certains égards, et son habitude de dire ce qu’il pensait sans ménagement était de nature à blesser. En 1823, Stewart dut régler un différend qui opposait Cotton à ses paroissiens : ces derniers prétendaient qu’il négligeait ses devoirs de pasteur et qu’il avait refusé d’enterrer une jeune femme parce qu’un ministre non conformiste l’avait baptisée. Stewart avait plus d’une fois perdu patience avec Cotton mais, dans ce cas, il semble avoir réglé le litige avec des conseils et des avertissements amicaux.

Néanmoins, dans l’ensemble, les longues années pendant lesquelles Charles Caleb Cotton exerça son ministère dans le canton de Dunham s’écoulèrent dans le calme. Même si une mauvaise santé l’affligea durant ses dernières années, il s’acquitta normalement de ses fonctions pastorales : il célébra 617 baptêmes, 656 mariages, 187 sépultures et prépara 226 candidats à la confirmation. Comme il convenait au fils d’un instituteur, il fit le catéchisme aux enfants, fonda une école du dimanche en 1824 et aida à préparer pour leur ordination deux étudiants en théologie, Micajah Townsend et James Reid. Il observait rigoureusement les rubriques du Book of Common Prayer. Cotton, qui comptait déjà parmi les rares membres du clergé à recevoir du gouvernement britannique un traitement de £100, se vit accorder par la Society for the Propagation of the Gospel un supplément de £100 après 1814. Les paroissiens ne contribuèrent au salaire de leur rector qu’à partir de 1834, lorsque Stewart, alors évêque de Québec, préconisa l’autofinancement des congrégations. « Priest Cotton », comme on l’appelait familièrement, mourut en 1848 après 40 années de service dans le canton de Dunham.

Thomas R. Millman

Les descendants de la famille Cotton possèdent une vaste correspondance qui contient beaucoup de renseignements sur Charles Caleb Cotton et sa famille. En 1932, on a fait une transcription dactylographiée de quelque 325 pages tirées de cette correspondance ; les EEC, General Synod Arch. (Toronto) ont fait une photocopie et un microfilm de cette transcription.

All Saints (Anglican) Church (Dunham, Québec), Reg. of baptisms, marriages, and burials, 30 avril 1815, 13 oct. 1848.— EEC, Diocese of Montreal Arch., file C-18.— EEC-Q, 50.— RHL, USPG Arch., C/CAN/folders 362, 410 (mfm aux APC) ; journal of SPG, 29–43.— Trinity Church (Anglican) (Frelighsburg, Québec), Reg. of baptisms, marriages, and burials, 22 juin 1814.— Ernest Hawkins, Annals of the diocese of Quebec (Londres, 1849), 39–41.— [G. J. Mountain], A journal of visitation in a portion of the diocese of Quebec by the lord bishop of Montreal in 1846 (Londres, 1847), 61–62 ; A journal of visitation to a part of the diocese of Quebec by the lord bishop of Montreal in the spring of 1843 (3e éd., Londres, 1846), 37–38.— SPG, [Annual report] (Londres), 1830 : 129–130.— Church, 2 nov. 1848. T. R. Millman, A short history of the parish of Dunham, Quebec (Granby, Québec, 1946) ; Jacob Mountain, first lord bishop of Quebec ; a study in church and state, 1793–1825 (Toronto, 1947) ; The life of the Right Reverend, the Honourable Charles James StewartD.D., Oxon., second Anglican bishop of Quebec (London, Ontario, 1953).— Cyrus Thomas, Contributions to the history of the Eastern Townships [...] (Montréal, 1866), 137–143.— « A brief history of the parish of Dunham », Church Chronicle for the Diocese of Montreal (Montréal), 1 (1860–1861) : 4–7, 39–41.— « Historical notes », Missisquoi County Hist. Soc., Report (Saint-Jean-sur-Richelieu, Québec), 3 (1908) : 70–81.

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Thomas R. Millman, « COTTON, CHARLES CALEB », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 7, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 28 nov. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/cotton_charles_caleb_7F.html.

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Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 7
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1988
Année de la révision:    1988
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