COTTON (Couton), BARTHÉLEMY, chapelier, receveur et inspecteur des pelleteries pour la Compagnie des Indes, baptisé à Québec le 2 juillet 1692, fils de Barthélemy Couton et de Jeanne Le Rouge, décédé à Québec le 27 mai 1780.
Le père de Barthélemy Cotton était un soldat du Dauphiné qui après avoir été licencié des troupes de la Marine travailla comme chapelier et vécut à Saint-Jérôme de l’Auvergne, dans la paroisse de Charlesbourg. Tout comme l’aîné de la famille, le jeune Barthélemy paraît avoir appris de son père la chapellerie et l’agriculture. En juillet 1712, ses parents lui vendirent une ferme située dans la seigneurie de Notre-Dame-des-Anges, mais ils voulurent en reprendre possession après qu’il eut payé les dettes grevant la concession. Fils respectueux, Cotton déclara officiellement, en 1714, qu’il y consentirait, parce qu’il « se [voulait] Conserver Leur amitié, procurer Leur Repos, Et se Conserver Leurs successions », tout en protestant contre la perte qu’il encourait. Plus tard, il s’occupa de ses parents âgés et leur prêta de l’argent. Cotton posséda une ferme à Charlesbourg depuis les années 1720 jusqu’à sa mort, mais là n’était point son premier intérêt.
À partir de 1718, il travailla à diverses époques comme boucher, chapelier et employé de la Compagnie des Indes à Québec, à titre de receveur et inspecteur des pelleteries au bureau principal de la compagnie. Peut-être dut-il son poste à sa connaissance de la fourrure de castor, acquise dans la chapellerie depuis 1719, ou même plus tôt, et à un voyage en France dont il revint avec son frère en 1724. Ses instructions étaient contenues dans une dépêche venue de France et datée de mai 1725 : Cotton devait recevoir, trier les peaux de castor et les emballer par paquets de 120 livres en mettant sur chacun une marque appropriée ; les trafiquants étaient obligés de lui livrer leurs pelleteries, en vertu du monopole que détenait la compagnie sur l’exportation des peaux de castor. Il travaillait sous la direction de l’agent de la compagnie, avec un contrôleur qui tenait les comptes.
En partie peut-être à cause de son nouvel emploi – bien que celui-ci ne représentât probablement qu’une occupation saisonnière prenant fin avec le départ annuel des navires pour la France – Cotton avait peu de temps à consacrer à la fabrication de chapeaux dans l’atelier situé au rez-de-chaussée de sa maison, rue Saint-Jean, près du collège des jésuites. En 1730 et 1731, il partagea son atelier et la teinturerie, derrière la maison, avec son apprenti Joseph Huppé, dit Lagroix. En 1731, un autre chapelier, Jean Létourneau, assuma les tâches de Cotton. Huppé et Létourneau devaient tous deux payer un loyer à Cotton mais, une mésentente s’étant apparemment produite entre Cotton et son apprenti, ce dernier omit de le faire et, par la suite, déménagea à Montréal. Un second malheur s’abattit sur Cotton quand, en septembre 1736, le Conseil de Marine interdit la fabrication de chapeaux au Canada, parce que, en produisant, vendant et exportant des chapeaux de castor, les artisans de la colonie portaient atteinte au monopole de la Compagnie des Indes. À la fermeture de l’atelier de Cotton, par ordre du roi, ce même mois, l’équipement de chapellerie confisqué fut évalué à 590#. Selon l’estimation des fonctionnaires, les revenus annuels provenant de l’entreprise de Cotton étaient de 400# seulement.
Toujours à l’emploi de la Compagnie des Indes, Cotton continua de vivre à l’aise, en dépit de cette épreuve. Le 13 novembre 1741, il épousa Marie Willis, une veuve de 12 ans son aînée, qui avait été enlevée en Nouvelle-Angleterre par les Abénaquis alors qu’elle était enfant, et amenée au Canada. Il acquit, la même année, une tuilerie de Nicolas-Marie Renaud* d’Avène Des Méloizes – peut-être grâce à la dot de sa femme. Les fours ne fonctionnèrent pas à partir de 1743, année de mauvaise récolte. Cette dernière entreprise, l’atelier de chapeaux et le fait que Cotton et sa femme avaient en 1744 un serviteur sont autant d’indices que Cotton possédait de l’argent, mais il montra peu d’enthousiasme pour les affaires.
Sans enfant, Barthélemy Cotton fit cinq testaments différents pour léguer ses biens à ses plus proches parents par le sang. Au début, il avantageait sa sœur Marguerite, qui était couturière, et ses frères Jean-François et Michel* qui, entre autres choses, étaient orfèvres. Des trois, seul Michel était marié, et ses enfants furent les principaux bénéficiaires des testaments subséquents de Barthélemy. Dans son premier testament, rédigé en 1752, Cotton montrait les tendances charitables d’un homme dévot : il faisait des legs aux pauvres, aux paroisses de Québec et de Charlesbourg, et à diverses maisons religieuses. Il faisait, en particulier, la part belle à l’Hôpital Général de Québec, dont il avait été le syndic dans les années 1720 et où trois de ses nièces étaient religieuses. En 1771, Cotton fit un legs spécial à une religieuse de l’Hôpital Général. Son dernier testament est daté du 10 décembre 1773. Les fréquentes révisions étaient rendues nécessaires par la mort de parents ou par leur départ pour la France après la Conquête, de même que par la diminution de sa fortune, d’autant qu’il semble n’avoir pas trouvé à se replacer après la perte de son poste à la Compagnie des Indes, lors de la Conquête. La femme de Cotton mourut en 1776 ; il s’éteignit quatre ans plus tard, à l’âge de 87 ans.
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Peter N. Moogk, « COTTON (Couton), BARTHÉLEMY », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 4, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 28 nov. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/cotton_barthelemy_4F.html.
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Titre de la publication: | Dictionnaire biographique du Canada, vol. 4 |
Éditeur: | Université Laval/University of Toronto |
Année de la publication: | 1980 |
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