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RENAUD D’AVÈNE DES MÉLOIZES, NICOLAS-MARIE, officier dans les troupes de la Marine, seigneur, né à Québec le 21 janvier 1696, fils de François-Marie Renaud d’Avène* de Desmeloizes et de Françoise-Thérèse Dupont de Neuville, décédé à Québec le 4 juillet 1743.
Le père de Nicolas-Marie Renaud d’Avène Des Méloizes, qui était venu en Nouvelle-France en 1685, appartenait à une éminente famille d’épée du Nivernais, en France. Sa mère était la fille aînée de Nicolas Dupont* de Neuville, seigneur et conseiller. C’est d’elle que Nicolas-Marie hérita de la seigneurie de Neuville, près de Montréal ; dans les années 1760, son fils Nicolas* la vendra pour la somme de 45 000#. De plus, c’est son grand-père, Dupont, qui l’aida à entreprendre sa carrière militaire en 1714, en demandant au gouverneur Rigaud* de Vaudreuil de lui accorder un poste dans les troupes de la Marine. Le 1er juillet 1715, il reçut une expectative d’enseigne et, le 27 avril 1716, il devint enseigne en pied. Son mariage, le 19 avril 1722, à Angélique, fille de René-Louis Chartier* de Lotbinière et veuve de Jean-François Martin* de Lino, aida à consolider sa position dans l’élite coloniale. Il utilisa en outre son poste pour obtenir des gouverneurs de la colonie les congés qui lui permettraient de se rendre à la cour de France en quête de plus grands honneurs. En 1724, il revint de l’une de ces quasi-promenades avec le rang de lieutenant, et après avoir porté les dépêches du Canada en France en 1732, il fut promu capitaine le 1er avril 1733.
Durant ce dernier séjour en France, Des Méloizes commença à s’intéresser à la fabrication de tuiles de toiture. Il considérait qu’un matériau ininflammable serait d’une grande utilité pour remplacer les bardeaux de cèdre normalement utilisés pour les toits dans les villes de la Nouvelle-France, où le feu constituait une menace constante. Il savait probablement aussi qu’on avait récemment tenté de résoudre le problème en exploitant une carrière d’ardoise à Grand-Étang en Gaspésie, mais que cette entreprise avait échoué lamentablement [V. Michel Sarrazin*]. En 1732, il présenta au ministre de la Marine, Maurepas, un mémoire où il soutenait que la tuile serait idéale en remplacement de l’ardoise pour des raisons à la fois techniques et économiques. Il offrait de commencer à fabriquer des tuiles, moyennant un prêt de 6 000ª du roi. Se souvenant peut-être qu’un autre officier, Gaspard Adhémar de Lantagnac, avait construit un four à tuiles à une lieue en bas de Québec en 1728, pour l’abandonner un an plus tard, Maurepas refusa d’impliquer le roi, jusqu’à ce que l’entreprise ait démontré un certain succès initial. Lorsque le gouverneur Beauharnois et l’intendant Hocquart* prirent connaissance du projet, cependant, ils réservèrent à Des Méloizes un appui enthousiaste. De fait, Hocquart prit l’initiative peu commune de le recommander à un siège au Conseil supérieur, soulignant qu’il possédait des talents exceptionnels pour les affaires. Maurepas refusa de nommer un officier militaire au conseil mais, le 27 avril 1734, il autorisa Hocquart à lui avancer les 6 000# en monnaie de cartes.
Même avec l’aide de ce prêt, Des Méloizes faisait face à de formidables obstacles. Comme il ne se trouvait pas d’ouvriers spécialisés dans la production de tuiles en Nouvelle-France, il dut s’organiser en 1733 pour en faire venir plusieurs de France pour l’année suivante. Ceux-ci n’arrivant pas, il conclut une entente avec Jean Le Brun, un fabricant de tuiles de Dieppe, pour que celui-ci vienne au pays à bord d’un navire marchand en 1735. Le Brun n’arrivant pas non plus, il décida d’utiliser l’un des engagés qui arrivèrent à Québec en 1735, comme responsable de la cuisson au four. Deux années s’étaient écoulées et il n’avait toujours pas la main-d’œuvre spécialisée dont il avait besoin.
En 1735, Hocquart réussit à placer 3 500 des 4 000 tuiles produites au cours de l’année sur un entrepôt du roi, afin d’y faire un essai de deux ans sur la durabilité des tuiles durant la saison d’hiver. Il rapporta que Des Méloizes avait emprunté seulement 2 500# de la somme autorisée, parce qu’il ne voulait pas encourir les frais qu’occasionnerait la remise en état du four de Lantagnac avant de connaître les résultats de l’essai. Une inspection effectuée en 1736 révélait qu’un p.cent seulement des tuiles étaient avariées et que cette situation était apparemment due à une minime erreur de cuisson. En 1737 cependant, la glace avait détruit plus de 200 tuiles et Des Méloizes, profondément découragé, offrit de rembourser son prêt et d’abandonner l’entreprise. Hocquart soutint que le problème venait du mortier utilisé pour poser les tuiles et qu’il pourrait être résolu en utilisant plutôt des clous, ce qui convainquit finalement Des Méloizes d’entreprendre un second essai de deux ans. Même si ce nouvel essai fut un succès, Des Méloizes avait entre-temps perdu tout enthousiasme. Après avoir obtenu une extension de trois ans pour le remboursement de son prêt en 1740, il se retira de l’affaire. La production de tuiles fut reprise en 1741 par Barthélemy Cotton*, receveur de la Compagnie des Indes, mais ce dernier fut forcé de fermer la manufacture durant la mauvaise récolte de 1743. L’emprunt de Des Méloizes était encore impayé à sa mort, le 4 juillet 1743.
Sous plusieurs aspects, l’échec de Des Méloizes représente les problèmes types reliés à l’établissement des entreprises industrielles en Nouvelle-France. Il n’était sûrement pas de la classe bourgeoise, manquant à la fois des ressources financières et de l’esprit spéculatif nécessaires à la mise sur pied d’une ambitieuse entreprise industrielle. Cependant, plus important encore était le fait que la colonie manquait du capital, de la main-d’œuvre et des conditions techniques et climatiques nécessaires au fonctionnement rentable d’une telle industrie. La perspective d’un important marché local, l’assistance financière du roi, la coopération des fonctionnaires de la colonie et ses propres liens avec la communauté de marchands ne suffirent même pas à compenser ces lacunes fondamentales. Finalement, le nom de Des Méloizes reste connu dans l’histoire du Canada non pour son esprit entreprenant, mais parce que sa fille, Angélique*, qui épousa Michel-Jean-Hugues Péan* le 3 janvier 1746, devint la maîtresse de François Bigot*.
AN, Col., D2C, 222/2 ; Col., E, 126.— ANQ, Greffe de Jacques Barbel, 18 avril 1722.— Documents relatifs à la monnaie sous le régime français (Shortt), I : 680, 682, 684, 686.— RAC, 1886, cxv, cxxv, cxxvii ; 1904, app. K, passim.— Le Jeune, Dictionnaire.— P.-G. Roy, Inv. concessions, II : 24–27 ; Inv. jug. et délib., 1717–1760, passim.— J.-N. Fauteux, Essai sur l’industrie, I : 160–169.— Nish, Les bourgeois-gentilshommes.— P.-É. Renaud, Les origines économiques du Canada ; l’œuvre de la France (Mamers, 1928), 187.— P.-G. Roy, La famille Renaud d’Avène des Méloizes, BRH, XIII (1907) : 171–178.
Donald J. Horton, « RENAUD D’AVÈNE DES MÉLOIZES, NICOLAS-MARIE », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 3, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 28 nov. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/renaud_d_avene_des_meloizes_nicolas_marie_3F.html.
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Auteur de l'article: | Donald J. Horton |
Titre de l'article: | RENAUD D’AVÈNE DES MÉLOIZES, NICOLAS-MARIE |
Titre de la publication: | Dictionnaire biographique du Canada, vol. 3 |
Éditeur: | Université Laval/University of Toronto |
Année de la publication: | 1974 |
Année de la révision: | 1974 |
Date de consultation: | 28 novembre 2024 |