COOPER, JAMES, employé au service de la Hudson’s Bay Company, capitaine au long cours, homme politique et fonctionnaire, né en 1821 à Bilston, Wolverhampton, Staffordshire, Angleterre ; date et lieu de décès inconnus.
James Cooper entra au service de la Hudson’s Bay Company en août 1844 et fut affecté en 1845, avec le grade de premier officier, sur le Vancouver, qui appartenait au service de transport maritime du département de Columbia. En 1846 on lui confia le commandement d’un navire et, en 1847, il conduisit au fort Victoria le Mary Dare qui devait servir au commerce dans le nord du Pacifique. Il transporta une cargaison de farine et de bois aux îles Sandwich et fut impressionné par les possibilités qu’offrait le commerce du Pacifique alors en pleine expansion. En 1848, il fut nommé capitaine du Columbia, ravitailleur qui allait une fois par an à Fort Vancouver. Lors de son premier voyage, il viola les règlements de la compagnie en transportant des marchandises qu’il vendit à son propre compte à Honolulu.
Lors d’un passage au fort Victoria le 16 octobre 1849, Cooper décida de quitter la compagnie et émigra comme « franc-tenancier » dans l’Île-de-Vancouver, nouvelle colonie où la compagnie avait des droits de propriété. Il réussit à être nommé agent de la maison anglaise Lloyds mais ne put réunir des fonds pour financer l’établissement d’une scierie dans l’île. Accompagné de sa femme, de quatre enfants et d’ouvriers, Cooper s’embarqua sur le Tory comme subrécargue et arriva à Victoria le 9 mai 1851 ; c’est à bord qu’il rencontra Thomas Blinkhorn, qui devait diriger sa ferme par la suite.
Colon entreprenant, Cooper connut d’abord la prospérité mais des malheurs, dont il rendit responsables la compagnie et James Douglas, s’abattirent sur lui. La ferme de 385 acres qu’il avait à Metchosin et pour laquelle il avait versé des arrhes à la compagnie était à neuf milles du fort Victoria par voie d’eau, et l’un de ses griefs était qu’il n’y avait pas de route. Il utilisa son capital pour acheter deux propriétés à Esquimalt et devenir copropriétaire d’une taverne à Victoria. En 1852, l’Alice, goélette cuirassée de 45 tonneaux dont il avait apporté avec lui les profilés sur le Tory, commença à transporter des pommes de terre et des canneberges à San Francisco. Au début Douglas encouragea Cooper mais se montra moins compréhensif lorsqu’il apprit que Cooper n’avait pas payé les pommes de terre du fort Langley et qu’il se procurait les canneberges auprès des Indiens du delta du fleuve Fraser, violant ainsi le monopole que la compagnie détenait sur le continent.
En dépit de tout cela, Cooper réussit à gagner la confiance du premier gouverneur de l’île, Richard Blanshard*, et fut désigné, le 27 août 1851, ainsi que Douglas et John Tod*, pour faire partie du conseil qui gouvernait l’île. Au moment d’abandonner ses fonctions, Blanshard présenta une pétition signée par Cooper et les autres colons indépendants pour s’opposer à la nomination de Douglas au poste de gouverneur, qu’il laissait vacant, mais ce fut en vain. Lorsqu’en 1853 Douglas et le conseil décidèrent d’imposer l’achat d’un permis aux débitants de boissons et que Douglas interdit aux membres du conseil de vendre de l’alcool, Cooper, qui était « d’un caractère irascible et grognon », se plaignit amèrement. Ses affaires ayant été touchées et son transport maritime réduit, Cooper décida d’attaquer Douglas.
Il prit le prétexte de la nomination par Douglas de David Cameron, beau-frère de ce dernier, le 2 décembre 1853, comme juge à la Cour des plaids communs. Avec l’appui de l’aumônier de la compagnie, le révérend Robert John Staines*, et du capitaine Edward Edwards Langford*, régisseur mécontent de la Puget’s Sound Agricultural Company, Cooper poussa les colons à adresser une pétition à Londres afin d’enlever la concession à la compagnie et de placer la colonie sous la surveillance du gouvernement impérial. Deux autres pétitions furent présentées aux deux chambres du parlement en mars 1854.
En juin 1856, Cooper, « qui avait des embarras [financiers] », retourna en Angleterre et s’établit marchand à Bilston. La déposition qu’il fit en 1857 devant le comité de la chambre des Communes chargé d’enquêter sur l’administration de la compagnie corrobora les témoignages de Blanshard, du contre-amiral Fairfax Moresby et du député Charles William Wentworth-Fitzwilliam. Leurs témoignages étaient si destructifs que la concession qu’avait la compagnie à l’île de Vancouver fut révoquée en 1859.
Cooper était encore en Angleterre en août 1858 quand Douglas fut nommé gouverneur de la nouvelle colonie de la Colombie-Britannique. Mais le 25 décembre 1858, Cooper revint à Victoria, ayant été désigné par sir Edward Bulwer-Lytton pour exercer les fonctions de capitaine de port à Esquimalt « essentiellement pour les besoins de la Colombie-Britannique ». Douglas protesta en déclarant : « L’emploi de M. Cooper est une sinécure car il n’a vraiment rien à faire. » Cooper fit encore preuve d’énergie dans le domaine politique. Il s’allia avec Amor De Cosmos* et, bien qu’étant fonctionnaire, brigua les suffrages à deux reprises pour remporter un siège à l’Assemblée de l’Île-de-Vancouver. Il fut élu le 12 janvier 1860 sous l’étiquette « réformiste » dans le district d’Esquimalt et de Metchosin. Le ministère des Colonies intervint en lui ordonnant, le 17 mars 1860, de résider à New Westminster, capitale de la Colombie-Britannique. Cooper renonça à son siège en octobre.
Douglas et Cooper se disputèrent âprement en 1861 car Cooper avait employé un patron sans en avoir demandé l’autorisation. Cooper continua de procéder à des nominations et d’engager des dépenses sans autorisation officielle et d’empiéter sur les attributions du receveur des douanes. Il fit également partie de ceux qui demandèrent instamment la révocation de Douglas de son poste de gouverneur et réclamèrent un gouvernement représentatif pour la colonie de l’or.
Après le départ de Douglas en 1864, Cooper fut moins étroitement surveillé, même si le secrétaire colonial le soupçonnait à l’occasion d’être peu honnête. Tandis qu’était réalisée l’union des colonies de la côte du Pacifique, Cooper retourna à Victoria en 1867 et exerça de nouveau les fonctions de capitaine de port à Victoria et à Esquimalt, pour les résigner le 27 janvier 1869, comptant sur la promesse qu’il recevrait un traitement pendant encore 18 mois. Il devint ensuite hôtelier et négociant en vins à Victoria. En 1870, il se lança pendant quel que temps dans la pêche au saumon dans le fleuve Fraser, à six milles en aval de New Westminster.
La Colombie-Britannique entra dans la Confédération en 1871 et, le 17 octobre 1872, Cooper fut nommé représentant fédéral du ministère de la Marine et de la Pêche, contrôleur des phares et inspecteur des navires à vapeur. En 1876, une commission royale d’enquête chercha à vérifier la validité de l’accusation selon laquelle Cooper avait escroqué de l’argent dans l’exercice de ses fonctions publiques. Elle rendit un verdict de non-lieu faute de preuves et, en décembre 1878, Cooper gagna un procès en diffamation contre un gardien de phare qui l’avait traité de « m... vieux voleur ». Cependant un arrêté en conseil du 25 juin 1879 annula sa nomination car il avait été trouvé coupable de manœuvres frauduleuses. En octobre, il fut accusé à Victoria d’avoir escroqué $95 le 29 juin 1876, alors qu’il exerçait ses fonctions de représentant fédéral. Cooper s’abstint de comparaître devant un tribunal supérieur. La cour toucha le cautionnement qu’il avait versé pour sa mise en liberté provisoire et émit contre lui un mandat d’arrêt. Cooper disparut alors et se serait réfugié en Californie bien qu’il n’y ait aucune preuve à cette affirmation.
Cooper fut le premier agitateur politique de la Colombie-Britannique et le premier chef d’une faction politique. Certes, son attitude s’explique en partie par ses ambitions politiques et sociales déçues ainsi que par ses difficultés financières, mais il faut reconnaître qu’il était par conviction profondément opposé à l’autocratie et aux privilèges. Mieux encore que les administrateurs de la compagnie, il vit les possibilités commerciales qu’offrait la découverte de l’or en Californie et il était prêt à contester le monopole de la compagnie.
Bancroft Library, University of California (Berkeley), James Cooper, Maritime matters on the northwest coast and other affairs of the Hudson’s Bay Company in early times (photocopie aux PABC).— HBC Arch. B.226/b, B.226/c, B.239/k.— PABC, Edgar Crow Baker diary, 1879 ; British Columbia, Governor Frederick Seymour, Dispatches to London, 1864–1869 ; David Cameron papers ; James Cooper papers ; Henry Pering Pellew Crease, Correspondence inward, 1869 ; James Douglas, A confidential report upon the character and qualifications of the principal officers of this government, Douglas au duc de Newcastle, 18 juin 1863 ; Governor James Douglas, Correspondence inward, 1830–1868 ; Governor James Douglas, Dispatches to London, 1851–1855, 1855–1859 (copies de lettres) ; Fort Vancouver, Correspondence outward (copies de lettres) ; Fort Victoria, Correspondence outward to HBC, 1850–1855, 1855–1859 (copies de lettres) ; Vancouver Island, Governors Richard Blanshard and James Douglas, Correspondence outward, 22 juin 1850–5 mars 1859 (copies de lettres) ; Vancouver Island, Governor James Douglas, Correspondence outward, 27 mai 1859–9 janv. 1864 (copies de lettres).— PRO, CO 60 ; CO 305.— HBRS, XXII (Rich).— Minutes of the Council of Vancouver Island, commencing August 30th, 1851, and terminating [...] February 6th, 1861, E. O. S. Scholefield, édit. (Archives of British Columbia, Memoir no 2, Victoria, 1918).— Miscellaneous papers relating to Vancouver Island, 1848–1863 [...] (G. B., Parl., House of Commons paper, 1863, XXXVIII, 507, pp.487–540).— Report from the select committee on the Hudson’s Bay Company ; together with the proceedings of the committee, minutes of evidence, appendix and index (G. B., Parl., House of Commons paper, 1857, Session ii, XV, 224, 260).— Sessional papers of Canada, 1880, 6, no 9.— Colonist (Victoria), en particulier 8 juin 1859–10 janv. 1860 ; 19 déc. 1878–15 oct. 1879.— First Victoria Directory [...] 1874, Edward Mallandaine, compil. (Victoria, 1874).— Walbran, B.C. coast names.— H. H. Bancroft, History of British Columbia, 1792–1887 (San Francisco, 1890).— Morton, History of the Canadian west.— Ormsby, British Columbia.— The diary of Robert Melrose, W. K. Lamb, édit., BCHQ, VII (1943) : 119–134, 199–218, 283–295.— J. S. Helmcken, Reminiscences (manuscrit dactylographié, 5 vol., 1892 ; copie aux PABC), II.— Journal of Arthur Thomas Bushby (Blakey Smith).— W. K. Lamb, Early lumbering on Vancouver Island. Part I : 1844–1855, BCHQ, II (1938) : 31–53 ; The governorship of Richard Blanshard, BCHQ, XIV (1950) : 1–41.— S. G. Pettit, The trials and tribulations of Edward Edwards Langford, BCHQ, XVII (1953) : 5–40.— G. H. Slater, Rev. Robert John Staines : pioneer priest, pedagogue, and political agitator, BCHQ, XIV (1950) : 187–240.
Margaret A. Ormsby, « COOPER, JAMES », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 10, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 28 nov. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/cooper_james_10F.html.
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Auteur de l'article: | Margaret A. Ormsby |
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Titre de la publication: | Dictionnaire biographique du Canada, vol. 10 |
Éditeur: | Université Laval/University of Toronto |
Année de la publication: | 1972 |
Année de la révision: | 1972 |
Date de consultation: | 28 novembre 2024 |