COMINGO (Comingoe), BRUIN ROMKES (il prit le nom de Comingo après son arrivée en Nouvelle-Écosse ; connu aussi sous le nom de Brown), pêcheur et ministre de l’Église allemande réformée, né le 21 octobre 1723, probablement dans le Groningue, Pays-Bas ; il épousa une prénommée Ebjen (Eljen ; connue peut-être aussi sous le prénom de Fruche), puis le 4 septembre 1753, à Lunenburg, Nouvelle-Écosse, Renée Des Camps, et finalement, en 1783, au même endroit, Catherine Margaret Bailly ; décédé à Lunenburg le 6 janvier 1820.
Bruin Romkes Comingo, qui exerçait le métier de peigneur de laine, vivait dans la province hollandaise de Groningue quand il partit pour Halifax, en mai 1751, avec sa femme, Ebjen, et quatre enfants. Il était associé à un projet conçu par les Britanniques, qui espéraient peupler la colonie de « protestants étrangers », de façon à contrebalancer les catholiques de langue française et leurs alliés indiens, qui avaient la supériorité du nombre. Incapable de payer le passage de sa famille, Comingo, à l’instar de ses compagnons d’émigration, voyagea à titre de redemptioner du gouvernement. À son arrivée à Halifax, il dut travailler pendant un certain temps aux travaux publics avant d’être envoyé, en juin 1753, avec le gros des protestants étrangers pour fonder ce qui est maintenant la ville de Lunenburg. On lui concéda une terre à cet endroit, et il se fit pêcheur. À un moment quelconque, dans les années 1760, il paraît s’être installé à Chester. Mais la vie du colon ordinaire ne devait pas être son lot, puisqu’en 1770 il fut ordonné ministre de l’Église allemande réformée.
En dépit du fait que le gouvernement britannique n’eut rien accordé pour les besoins religieux des nouveaux colons de la Nouvelle-Écosse, Halifax avait eu, dès ses débuts en 1749, une congrégation non anglicane, composée surtout de congrégationalistes de la Nouvelle-Angleterre et de presbytériens du nord de l’Irlande. À Lunenburg, toutefois, il se passa plusieurs années avant que les protestants étrangers ne pussent avoir les services religieux de leurs propres églises. Un ancien prêtre catholique, le révérend Jean-Baptiste Moreau*, y était arrivé avec les colons en 1753 et avait créé la paroisse anglicane St John, assurant le ministère auprès de paroissiens appartenant à une variété de dénominations protestantes. Moreau s’acquitta de cette tâche avec ardeur jusqu’à sa mort en 1770, mais, alors, la séparation des diverses confessions religieuses était déjà commencée. En 1769, trois ans avant que les colons luthériens n’obtinssent de l’Allemagne un ministre bien à eux, 60 familles de l’Église allemande réformée quittèrent l’église St John pour se donner une église distincte. N’ayant pu trouver, ni en Europe ni dans les colonies du Sud, un ministre qui leur convînt, ils choisirent parmi eux Comingo, un homme qui n’avait pas la formation classique et théologique habituellement requise, mais qu’on respectait pour sa piété et son intégrité.
Les églises presbytérienne et congrégationaliste partageaient le même credo que l’Église allemande réformée, et les liens qui les unissaient permirent au clergé local de se déclarer consistoire ad hoc - premier, du genre au Canada - aux fins de conférer l’ordination. La cérémonie se déroula en grande pompe, le 3 juillet 1770, à l’église Mather (St Matthew) de Halifax, en présence du gouverneur, lord William Campbell*, de membres du Conseil de la Nouvelle-Écosse et de représentants d’autres dénominations. Dans son sermon, le révérend John Seccombe*, ministre congrégationaliste de Chester, affirma que la grâce devait être préférée, dans un homme, aux qualités que confère l’instruction, et que Dieu avait donné à Comingo la « langue des savants ». Les trois autres ministres présents - les presbytériens James Murdoch, de Horton, et James Lyon*, d’Onslow, et le congrégationaliste Benejah Phelps, de Cornwallis - participèrent activement aussi à l’événement : Murdoch, en justifiant l’ordination d’un homme sans formation théologique régulière, cita des précédents dans les églises britanniques, en pareilles circonstances ; Lyon fit l’exhortation ; et Phelps offrit, dans une courte adresse, la « main droite de l’amitié ».
Les renseignements sur le ministère de Bruin Romkes Comingo sont rares, mais on sait que sa congrégation fut florissante et qu’elle contribua, par ses dons en nature, à l’entretien de son pasteur. Quand, en 1818, celui-ci prit sa retraite et abandonna le ministère à plein temps - il avait alors 95 ans –, ses ouailles de Lunenburg s’assurèrent les services d’un ministre européen de langue allemande, Johann Adam Moschell*.
Lunenburg County Registry of Deeds (Chester, N.-É.) (mfm aux PANS).— PANS, MG 1, 742, no vi ; MG 4, 91, 13 juill. 1783 ; 94 ; 96 ; MG 100, 125, no 14a (photocopie) ; Places, Lunenburg County, Winthrop Bell, Reg. of Lunenburg families, 171 (mfm).— PRO, CO 217/11 : f.114 ; 217/14 : ff.117, 133.— St Andrew’s Presbyterian Church (Lunenburg, N.-É.), Dutch Reformed Church records, 1770–1870 (mfm aux PANS).— St John’s Anglican Church (Lunenburg), Reg. of births and marriages, 1752–1770, 4 sept. [1753] fm aux PANS).— St Paul’s Anglican Church (Halifax), Reg. of baptisms, marriages, and burials, 7 nov. 1751, 4 sept. 1753, 17 août 1754 (mfm aux PANS).— John Seccombe, A sermon preached at Halifax, July 3d, 1770, at the ordination of the Rev. Bruin Romcas Comingo to the Dutch Calvanistic Presbyterian congregation at Lunenburg (Halifax, 1770).— Acadian Recorder, 22 janv. 1820.— Bell, Foreign Protestants.— M. B. DesBrisay, History of the county of Lunenburg (2e éd., Toronto, 1895).— I. F. Mackinnon, Settlements and churches in Nova Scotia 1749–1776 ([Montréal, 1930]).— W. C. Murray, « History of St. Matthew’s Church, Halifax, N.S. », N.S. Hist. Soc., Coll., 16 (1912) : 137–170.— Juw fon Wearinga, « Ds. Bran Romkes (Camminga?), 1723–1820 », It Beaken (Assen, Pays-Bas), 19 (1957) : 216–233 ; « The first Protestant ordination in Canada ; the story of Brún Romkes Comingo, 1723–1820 », United Church of Canada, Committee on Arch., Bull. (Toronto), 11 (1958) : 19–32.
Ronald Rompkey, « COMINGO (Comingoe), BRUIN ROMKES (Brown) », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 5, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 28 nov. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/comingo_bruin_romkes_5F.html.
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Titre de la publication: | Dictionnaire biographique du Canada, vol. 5 |
Éditeur: | Université Laval/University of Toronto |
Année de la publication: | 1983 |
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