COCHRANE, WILLIAM, ministre presbytérien, instituteur, administrateur scolaire et auteur, né le 9 février 1831 à Paisley, Écosse, fils de William Cochrane, horloger, et de Mary McMillan ; le 24 juillet 1860, il épousa Mary Neilson Houstoun, de Paisley, et ils eurent un fils et une fille, puis le 2 octobre 1873 Jeannette Elizabeth Balmer, d’Oakville, Ontario, et de ce mariage naquirent deux fils jumeaux ; décédé le 15 octobre 1898 à Brantford, Ontario.
William Cochrane quitta l’école à l’âge de 12 ans pour travailler comme messager dans une librairie de Paisley où, en quelques années, il accéda au poste de gérant. De foi presbytérienne, il œuvra au sein de l’Église libre d’Écosse, qui lui inculqua le respect de ses traditions : évangélisme, soutien de l’Église par des contributions volontaires, intérêt pour les missions et la réforme morale. En 1853, deux amis de sa famille, qui vivaient aux États-Unis, lui offrirent une aide financière afin qu’il puisse y étudier la théologie ; il accepta. Au bout de quatre ans, il obtenait une licence ès arts du Hanover College (qui lui décerna plus tard une maîtrise ès arts et un doctorat en théologie), après quoi il fréquenta le Princeton Theological Seminary, où il eut comme professeur Charles Hodge, défenseur de l’orthodoxie calviniste. Cochrane reçut l’autorisation de prêcher en février 1859 ; ordonné le 7 juin, il s’installa dans une église de Jersey City, au New Jersey.
Après être retourné en Écosse pour se marier, Cochrane alla visiter le village haut-canadien de Brantford en 1861. La congrégation Zion Presbyterian de l’endroit fit bientôt appel à ses services ; il acquiesça et entra en fonction en mai 1862. « Plein d’aversion pour le sensationnalisme et le verbiage », Cochrane prêchait « l’Évangile dans sa simplicité et sa pureté », dans un langage « animé et impressionnant ». C’est en partie grâce à sa réputation de « vigoureux prédicateur évangélique » et à ses remarquables talents d’organisation que la congrégation Zion Presbyterian devint nombreuse et florissante. Elle vit ses fidèles augmenter sans cesse, organisa des cours bibliques et soutint des missions.
Secrétaire de son synode et de son consistoire, Cochrane acquit une réputation d’envergure nationale. Avec Robert Ure, il forma en 1873 la commission qui, au terme d’un voyage au Manitoba, recommanda qu’on déplace le collège presbytérien de Kildonan à Winnipeg. L’année précédente, on l’avait nommé président du Home Mission Committee (section ouest), poste qu’il conserva jusqu’à sa mort. Cochrane fit à ce titre des tournées missionnaires dans le nord de l’Ontario, au Manitoba et en Colombie-Britannique ; en 1882, avec James Robertson*, il prit part à la fondation d’un organisme important : le Church and Manse Building Fund of Manitoba and the North-West. En 1875, il avait donné son appui enthousiaste à l’union de congrégations presbytériennes du Canada. Peu après, pendant la controverse soulevée par Daniel James Macdonnell, qui mettait en doute la doctrine de la damnation éternelle, Cochrane joua un rôle majeur dans l’élaboration d’un compromis qui permit à ce dernier de demeurer ministre sans aggraver le désaccord entre orthodoxes et libéraux. Élu modérateur de l’assemblée générale en 1882, Cochrane représenta sa congrégation à trois réunions de la Pan-Presbyterian Alliance : à Belfast en 1884, à Londres en 1888, et à Glasgow en 1896.
Même s’il avait été formé à Princeton, Cochrane n’était pas d’une orthodoxie inflexible. L’idée d’engager un chef de chœur et d’utiliser un harmonium avait déclenché tout un débat dans la congrégation Zion Presbyterian ; Cochrane, quant à lui, trouvait « terriblement partiaux » ceux qui refusaient de laisser entrer la musique au temple. Il comprenait que l’industrialisation, les découvertes scientifiques et les interrogations des spécialistes de la Bible remettaient en question la théologie traditionnelle et l’enseignement social du christianisme. Selon Cochrane, les pratiquants couraient le « risque de perdre toute foi dans les vérités fondamentales », et l’Église se méprenait en considérant l’augmentation du nombre des fidèles et l’expansion des missions comme des signes de force interne. Consterné de voir que beaucoup de Nord-Américains n’accordaient pas de valeur sociale à la pratique religieuse, il prônait une observance plus stricte du dimanche. Il affirmait en outre que les ministres se devaient de « présenter les vérités de l’Écriture en des phrases neuves qui les adaptent le mieux possible à l’époque ». Même s’il prônait une attitude plus libérale, Cochrane crut toujours que l’Écriture était d’inspiration divine et il soutenait qu’il fallait préserver les fondements du christianisme évangélique, en particulier la doctrine du sacrifice expiateur du Christ et la nécessité de la repentance. « Toute édulcoration de doctrines de ce genre, souligna-t-il en 1892 dans un opuscule, est déshonorante chez un maître chrétien et mérite la plus sévère condamnation. »
En chaire, Cochrane faisait rarement allusion à l’actualité ; ses discours publics, par contre, traduisirent de plus en plus son inquiétude à l’égard de la pauvreté urbaine et des conflits dus à l’industrialisation. Préoccupé d’éducation, il collabora en 1874 à la fondation du Young Ladies’ College de Brantford, dont il fut administrateur et professeur de philosophie. Par ailleurs, il présida longtemps l’institut des artisans de Brantford. En politique, il était libéral et partisan de George Brown*, et il fustigea la « corruption éhontée » des gouvernements dirigés par sir John Alexander Macdonald. Cochrane partageait en grande partie les préjugés anticatholiques des protestants de l’époque victorienne et approuvait, semble-t-il, le programme de la Protestant Protective Association [V. Oscar Ernest Fleming*] qui, dans les années 1890, préconisa l’abolition des écoles séparées.
Cochrane demeura ministre de la congrégation Zion Presbyterian jusqu’à sa mort. Il cherchait à gagner des âmes au Christ et à fortifier et réconforter les fidèles. Même s’il multipliait ses visites aux malheureux, aux malades et aux mourants de sa congrégation, il déplorait souvent dans son journal que le fardeau des affaires ecclésiastiques lui laissait peu de temps pour les tâches pastorales et le progrès spirituel. Il se demandait si rédiger des rapports et assister à des réunions constituaient le « bon genre de travail pour un ministre de l’Évangile », et vers la fin de sa vie il jugeait que sa tâche était « en train de devenir aussi profane que religieuse ».
Même s’il était beaucoup sollicité, William Cochrane écrivait souvent des lettres et des articles dans divers journaux ; de plus, à compter de 1871, il produisit plus d’une dizaine de livres et d’opuscules, dont beaucoup s’inspiraient de ses sermons et de ses discours. Sa réalisation la plus ambitieuse fut, au début des années 1890, la direction de la publication des quatre premiers volumes d’un ouvrage biographique qui parut sous le titre de The Canadian album [...]. Apparemment, Cochrane rédigea lui-même un grand nombre des résumés biographiques et veilla à ce que chaque personnage en vérifie le contenu. L’ouvrage se voulait utile aux gens d’affaires, car chacun des portraits décrivait le « caractère et les capacités » du sujet, ce qui, aux yeux de Cochrane, importait autant que les résultats financiers et professionnels ; les photographies insérées illustraient le « lien intime entre physionomie et expression du visage et qualités et habitudes de l’esprit ». Mais par-dessus tout The Canadian album représente un véritable monument à l’esprit victorien – manifeste dans les ouvrages précédents de Cochrane – qui veut que la réussite repose sur l’effort personnel et l’élévation morale.
La liste complète des ouvrages publiés de William Cochrane se trouve dans Canadiana, 1867–1900. En plus de Canadian album, sa publication la plus importante, qui parut à Brantford, Ontario, de 1891 à 1896 en cinq volumes (le dernier édité par John Castell Hopkins*), signalons : The heavenly vision ; and other sermons (1863–73) (Toronto, 1874) ; Christ and Christian life ; sermons preached in Zion Church, Brantford, 1875 (Toronto, 1876) ; Warning and welcome ; sermons preached in Zion Presbyterian Church, Brantford, during 1876 (Toronto, 1877) ; The church and the commonwealth : discussions and orations on questions of the day, practical, biographical, educational, and doctrinal, written during a twenty years ministry (Brantford, 1887) ; et The negative theology and the larger hope (Brantford, 1892).
AO, MS 409.— R. N. Grant, Life of Rev. William Cochrane, D.D. [...] (Toronto, 1899).— PCC Acts and proc., 1899.— Presbyterian Record for the Dominion of Canada (Montréal), 13 (1888) : 16.— Canadian biog. dict.— Canadian men and women (Morgan ; 1898).— Cyclopædia of Canadian biog. (Rose et Charlesworth), 1.— D. G. Burley, « Making the self-made man : business and social mobility in mid-nineteenth-century Brantford, Ontario » (communication faite au congrès annuel de la CHA, Winnipeg, 1986).— J. S. Moir, Enduring witness : a history of the Presbyterian Church in Canada ([Hamilton, Ontario, 1974]).— J. R. Miller, « Anti-Catholic thought in Victorian Canada », CHR, 66 (1985) : 474–494.— J. T. Watt, « Anti-Catholic nativism in Canada : the Protestant Protective Association », CHR, 48 (1967) : 45–58.
David B. Marshall, « COCHRANE, WILLIAM (1831-1898) », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 12, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 28 nov. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/cochrane_william_12F.html.
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Auteur de l'article: | David B. Marshall |
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Titre de la publication: | Dictionnaire biographique du Canada, vol. 12 |
Éditeur: | Université Laval/University of Toronto |
Année de la publication: | 1990 |
Année de la révision: | 1990 |
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