CLARKE, LAWRENCE, trafiquant de fourrures de la Hudson’s Bay Company et fonctionnaire, né le 26 juin 1832 à Fermoy (République d’Irlande) ; en 1859, il épousa Jane Bell (décédée en 1870), fille de John Bell*, et ils eurent cinq enfants, puis, en 1874, Catherine (Katherine) McKay, et de ce mariage naquirent neuf enfants ; décédé le 5 octobre 1890, à Prince Albert (Saskatchewan).

Lawrence Clarke entra au service de la Hudson’s Bay Company à Montréal, en 1851, après un séjour de plusieurs années aux Antilles. On l’envoya immédiatement au fort McPherson (Fort McPherson, Territoires du Nord-Ouest), sur la rivière Peel, et il y obtint un emploi de commis. En 1863, il fut déplacé à Fort-à-la-Corne (Saskatchewan), où se trouvait le quartier général de la Hudson’s Bay Company dans la région du cours inférieur de la Saskatchewan. Nommé chef de poste au fort Carlton (Fort Carlton) au bout de quatre ans, il devint agent (factor) en 1868 et agent principal de la traite en 1875. Trois ans plus tard, il alla travailler à Prince Albert en qualité d’agent principal du district de Saskatchewan et il demeura à cet endroit jusqu’à sa mort. Pendant son séjour au fort Carlton, Clarke était devenu membre honoraire de la Smithsonian Institution de Washington, société à laquelle il expédia une grande quantité d’objets façonnés par les Indiens. Des voyageurs, tels que sir William Francis Butler*, le comte de Southesk [Carnegie], sir Sandford Fleming* et le marquis de Lorne [Campbell*], qui visitèrent les Territoires du Nord-Ouest, le considérèrent comme un hôte généreux. En 1875, il fournit une aide précieuse à la Police à cheval du Nord-Ouest dont c’était le premier hiver à la Saskatchewan-Nord.

Occupant un poste élevé à la Hudson’s Bay Company, Clarke se considérait comme l’homme le plus important du district de Saskatchewan ; loin de s’en tenir au trafic des fourrures, il prit part aux activités culturelles et commerciales. En 1879, il s’efforça de trouver des appuis à l’évêque John McLean qui voulait fonder à Prince Albert l’Emmanuel College, institution qui allait devenir, espérait-on, une université. Il donna une somme d’argent qui servit à construire le collège et à constituer des bourses d’études. Il encouragea également l’établissement d’un service de navires à vapeur sur la Saskatchewan-Nord et il fournit une aide financière qui permit d’amener le télégraphe et le chemin de fer à Prince Albert. Clarke atteignit le point culminant de sa vie publique en 1881, lors de son élection au Conseil des Territoires du Nord-Ouest à titre de représentant du nouveau district de Lorne, devenant ainsi la première personne de ces territoires à occuper une fonction législative. Le conseil ne siégea que pendant 17 jours, au cours des deux années que dura le mandat de Clarke ; ce dernier joua un rôle actif, mais il ne fit qu’une seule intervention véritablement importante en présentant une résolution demandant au gouvernement fédéral d’abolir les droits fonciers des Métis. C’est grâce à lui, estime-t-on généralement, qu’un bureau de cadastre fut établi un peu plus tard à Prince Albert.

Clarke s’intéressait depuis longtemps à la question des titres de biens-fonds et, jusqu’au moment où la rébellion éclata en 1885 [V. Louis Riel], il poursuivit ses efforts en vue de résoudre cette affaire qui causait du mécontentement parmi les colons blancs et les Métis. Toutefois, plusieurs de ses contemporains estimaient qu’en raison de son tempérament arrogant et autoritaire, Clarke n’était pas en mesure de traiter avec les Indiens et les Métis qui, dans son district, étaient nombreux et remuants. Beaucoup de gens l’avaient ouvertement en aversion, et on le soupçonnait même de vouloir spéculer sur les certificats octroyant des concessions, qui devaient être distribués aux Métis par le gouvernement si ses efforts étaient couronnés de succès. Il semble que de tels soupçons n’étaient pas justifiés. Néanmoins, les bonnes dispositions de Clarke se limitaient de toute évidence aux Indiens et aux Métis qui avaient abandonné l’existence nomade pour s’établir dans des fermes et vivre à la manière des Blancs. Il éprouvait toujours une vive méfiance à l’égard des tentatives faites par les Métis en vue de s’organiser ; il eut, par exemple, une réaction excessive lorsqu’en 1875 Gabriel Dumont* essaya de former un « gouvernement » métis officieux. À cause des craintes de Clarke, on avait dépêché à cette occasion au fort Carlton 50 agents de la Police à cheval du Nord-Ouest, et Dumont dut s’y rendre pour expliquer ses actions devant un groupe de magistrats, dont Clarke lui-même. Si les relations entre les Blancs et les Métis se détériorèrent au cours de la décennie, celles de Clarke avec les activistes au sein du groupe des Métis suivirent la même évolution. En fait, bien des gens ont estimé, dans les Territoires du Nord-Ouest, que son comportement téméraire fut en partie responsable du soulèvement de 1885. En particulier, deux rumeurs compromettantes pour lui circulèrent. Premièrement, d’après plusieurs Métis, il aurait adopté une attitude provocante envers eux en les avertissant que la réponse du gouvernement à leurs pétitions allait être non pas de corriger la situation mais de renforcer le détachement de la Police à cheval du Nord-Ouest. Clarke repoussa toujours cette accusation, mais les historiens modernes admettent qu’elle était probablement fondée. Deuxièmement, on a soutenu que ce fut, dans une large mesure, à la suite de ses recommandations que le surintendant Lief Newry Fitzroy Crozier* marcha sur l’établissement du lac aux Canards (Duck Lake) sans attendre l’arrivée du colonel Acheson Gosford Irvine avec les renforts de la Police à cheval du Nord-Ouest. Clarke ne fit aucun commentaire sur cette accusation. Il assista aux premières phases de l’affrontement qui suivit, mais s’enfuit précipitamment dès le début du combat. Tout de suite après cet événement, sa santé se mit à décliner ; on le nomma officier de ravitaillement des troupes canadiennes chargées de réprimer la rébellion, mais il ne put remplir ses fonctions.

En 1883, Clarke s’était abstenu de se présenter comme candidat lors de l’élection des membres du Conseil des Territoires du Nord-Ouest. En 1881, ses liens avec la Hudson’s Bay Company avaient été mis en question, et, en 1883, on le soupçonnait fortement d’utiliser son influence politique en vue de convaincre le gouvernement d’installer le nouveau bureau de cadastre et la station télégraphique sur les terrains de la compagnie plutôt qu’à Prince Albert même. En novembre, la question de la localisation du bureau du télégraphe aboutit en une émeute. De 1887 à 1889, Clarke occupa la présidence du Board of Trade de sa localité, mais il ne recouvra pas la santé et il mourut en 1890 à l’âge de 58 ans.

Stanley Gordon

APC, MG 26, A ; MG 27, I, C4.— Glenbow-Alberta Institute, C. D. Denney papers (mfm).— PAM, HBCA, D.20/35.— Saskatchewan Arch. Board (Regina), Campbell Innes papers.— Prince Albert Times and Saskatchewan Rev. (Prince Albert), 1882–1890.— Saskatchewan Herald (Battleford, Saskatchewan), 1878–1890.— McPhillips’ alphabetical and business directory of the district of Saskatchewan, N.W.T. [...], [H. T. McPhillipps, compil.] (Qu’Appelle, Saskatchewan, 1888).— G. W. D. Abrams, Prince Albert : the first century, 1866–1966 (Saskatoon, Saskatchewan, 1966).— N. F. Black, History of Saskatchewan and the North-West Territories (2 vol., Regina, 1913 ; 2e éd., 1 vol., 1913).— J. K. Howard, Strange empire ; a narrative of the northwest (New York, 1952).— D. G. Lent, West of the mountains : James Sinclair and the Hudson’s Bay Company (Seattle, Wash., 1963).— Stanley, Birth of western Canada.— George Woodcock, Gabriel Dumont : the Métis chief and his lost world (Edmonton, 1975).

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Stanley Gordon, « CLARKE, LAWRENCE », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 11, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 28 nov. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/clarke_lawrence_11F.html.

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Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1982
Année de la révision:    1982
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