CHENNEQUE, MARTIN (il signait aussi Dechennequi ou de Chennequi, Chennequy et Chineque), marin, milicien, commerçant et propriétaire de navires, né vers 1734, peut-être dans la paroisse Saint-Pierre-d’Irube, France, fils de Martin d’Echenic, charpentier, et de Marie d’Urcudoy ; le 24 juin 1760, il épousa à Québec Susanne Rollete (décédée en 1764), puis le 8 février 1768, dans la même ville, Marie-Louise Grenete (décédée en 1773), et ils eurent une fille et un fils, Martin Chinic*, et finalement le 9 mai 1774, toujours à Québec, Élizabeth Pelerin ; il eut d’autres enfants, mais on ne sait pas précisément de quel mariage ; décédé le 11 novembre 1825 à L’Ancienne-Lorette, Bas-Canada.
Martin Chenneque, qui n’était probablement pas l’« intrépide marin espagnol » comme le décrivait son petit-fils Charles-Paschal-Télesphore Chiniquy*, arriva peut-être en Nouvelle-France dès son enfance. Il apprit tôt à maîtriser les difficultés de la navigation sur le bas Saint-Laurent, où les marées, les forts courants, les hauts-fonds changeants et les glaces pouvaient réserver de mauvaises surprises. Dès la fin des années 1750, il était pilote dans cette partie du fleuve et dans le golfe du Saint-Laurent.
En septembre 1758, dans la baie de Gaspé, Chenneque entra au service de l’escadre britannique de sir Charles Hardy*. L’année suivante, avec Augustin Raby* et d’autres pilotes, il conduisit la flotte de Charles Saunders* jusqu’à Québec. Pendant les quatre années suivantes, Chenneque guida de nombreux bâtiments de la marine qui arrivaient dans la nouvelle colonie britannique ou la quittaient. Contrairement à Raby et à Théodose-Matthieu Denys* de Vitré, Chenneque « refusa », affirma-t-il plus tard, de toucher une pension pour ces services, car il était « alors jeune et capable de vivre de son travail ».
Au cours des années 1760, Chenneque guida aussi des navires de commerce britanniques et fut attaché pendant plusieurs années à Samuel Johannes Holland*, qui faisait des levés dans la région du golfe. Il reprit du service sur les navires de la marine entre 1774 et 1778, à l’époque de la Révolution américaine ; en 1775, il faisait partie de la milice canadienne à Québec. Après 1778, il continua à travailler comme navigateur, pilote et capitaine « au service de Sa Majesté et du commerce ». Depuis 1769 environ, année où on avait commencé à réglementer le pilotage conformément à une ordonnance provinciale, Chenneque faisait partie du comité chargé d’examiner les marins aspirant au titre de pilote. En 1786–1787, à la demande du comité du Conseil législatif sur le commerce et la police, Chenneque, James Frost* et deux autres personnes établirent des règlements détaillés sur le pilotage, lesquels allaient servir de base à un important décret de réglementation en 1788. De plus, Chenneque vendait des marchandises de temps à autre et possédait au moins un navire.
Il semble que Chenneque travailla comme pilote jusqu’en 1813 au moins. En 1803, il avait déposé une requête en vue d’obtenir une terre ; deux ans plus tard, lui et sa famille recevaient une concession de 2 000 acres dans le canton d’Acton. Selon une liste dressée en 1805, il était le plus ancien des 49 pilotes autorisés à parcourir le Saint-Laurent entre Québec et la station de pilotage la plus éloignée, l’île du Bic ; de ce nombre, 14 vivaient à Québec. Le 12 juin 1805, il fut nommé examinateur adjoint des pilotes de la Maison de la Trinité de Québec [V. François Boucher*]. Sept ans plus tard, il demanda au conseil d’administration de cet organisme de le rémunérer, mais celui-ci conclut que « ses services [...] n’[avaient] été que rarement nécessaires ou requis », qu’il avait déjà reçu une concession et que, « s’il n’[était] pas en mesure d’exercer son métier de pilote et [avait] besoin d’assistance, il [aurait] droit à une allocation du fonds d’aide aux vieux pilotes ». Le 21 juin 1822, il devint syndic de la Maison de la Trinité de Québec.
En 1823, Chenneque prétendit que des bâtiments de guerre britanniques avaient saisi deux de ses navires de commerce et les marchandises qui se trouvaient à bord, lesquelles devaient servir à équiper des expéditions de traite de fourrures et de pêche. Ce malheur, qui venait s’ajouter à d’autres, le poussa en avril de la même année à présenter de nouveau une requête pour services rendus à la couronne, où il rappelait une promesse d’indemnisation que lui avait faite le général James Wolfe* et qui était tombée dans l’oubli depuis longtemps. Il obtint apparemment une compensation car, à l’époque de sa mort, un de ses contemporains affirmait qu’il « recevait une petite pension du gouvernement en reconnaissance des services rendus dans le passé en guidant la flotte qui [avait] en[é] l’armée de Wolfe à Québec ». Le même témoignage le décrivait comme « un petit vieillard robuste ».
Étant donné l’expérience de Martin Chenneque et d’autres marins chevronnés, le gouverneur lord Dalhousie [Ramsay*] se montra injuste lorsqu’il déclara en 1827 que les pilotes de la colonie ne connaissaient pas leur métier. Par contre, les remarques qu’il fit à la même occasion au sujet du pilotage n’étaient pas loin de la vérité : « Ce pourrait être un excellent débouché ou refuge pour les vieux marins britanniques, et plusieurs s’y sont essayés, mais ils ont sans cesse été repoussés par les Canadiens, qui considèrent ce domaine comme le leur et ne veulent y voir entrer aucun étranger. »
ANQ-Q, CE1-1, 24 juin 1760, 8 févr. 1768, 9 mai 1774 ; CE1-2, 14 nov. 1825 ; CN1-207, 6 févr. 1768, 8 mai 1774 ; CN1-251, 23 juin 1760.— APC, RG 1, L3L : 16292, 29979–29989 ; RG 8, I (C sér.), 600 : 144–149 ; 1714 : 14, 121 ; RG 42, sér. I, 183 : 12 ; RG 68, General index, 1651–1841 : 5, 698.— Arch. de Ports Canada (Québec), Maison de la Trinité de Québec, procès-verbaux, 1 : 15–21 ; 2 : 130–131 ; sér. pilotage, certificat de pilotage de Martin Chinique, 25 juill. 1761 ; « List of pilots for and below the harbour of Quebec agreeable to seniority » [ 1811 ].— Arch. du monastère de l’Hôtel-Dieu de Québec, Reg. des malades, 1740–1751 : 22.— Arch. municipales, Saint-Pierre-d’Irube (France), certificat de naissance de Jean d’Echenic, 1720 ; certificat de sépulture de Martin Etchenique, 1764.— PRO, CO 42/50 : 168, 179, 232–240 (mfm aux APC).— « Les Dénombrements de Québec » (Plessis), ANQ Rapport, 1948–1949 : 28, 78, 126, 178.— John Knox, An historical journal of the campaigns in North America for the years 1757, 1758, 1759, and 1760 [...], A. G. Doughty, édit. (3 vol., Toronto, 1914–1916 ; réimpr., New York, 1968).— « Ordinances made for the province of Quebec by the governor and Council of the said province, from 1768 until 1791 [...] », APC Report, 1914–1915 : 10–14, 212–215, 233–234.— Ramsay, Dalhousie journals (Whitelaw), 3 : 162, 207–208.— La Gazette de Québec, 24 août 1769, 17 juill. 1777, 1er oct. 1789, 28 janv. 1790, 31 mars 1791, 21 mars 1799, 14 juin 1804, 27 juin 1805, 2 juill. 1807, 16 févr. 1815.— Almanach de Québec, 1788 : 56.— Mariages de N.-D. de Québec (1621–1980), B. Pontbriand, compil. (7 vol., Québec, 1963–1981), 1 : 156.— P.-G. Roy, Inventaire des contrats de mariage du Régime français conservés aux Archives judiciaires de Québec (6 vol., Québec, 1937–1938), 2 : 35.— Tanguay, Dictionnaire, 3 : 52.— Canadian pilotage : a profile (s.l., [1982]), 12, 15.— [C.-P.-T.] Chiniquy, Fifty years in the Church of Rome (6e éd., Toronto, 1886), 12.— International Maritime Pilots Assoc., Profil du pilotage au Canada (Québec, 1982).— Wilbrod Leclerc, « Canadian pilotage – past and present » (document de travail, univ. d’Ottawa, 1982).— P.-G. Roy, la Ville de Québec sous le Régime français (2 vol., Québec, 1930), 2 : 317–318 ; « la Famille Chinic », BRH, 45 (1939) : 207 ; « les Traîtres de 1759 », Cahiers des Dix, 1 (1936) : 48.
David Roberts, « CHENNEQUE (Dechennequi, Chennequi, Chennequy, Chineque), MARTIN », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 6, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 28 nov. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/chenneque_martin_6F.html.
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Auteur de l'article: | David Roberts |
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Titre de la publication: | Dictionnaire biographique du Canada, vol. 6 |
Éditeur: | Université Laval/University of Toronto |
Année de la publication: | 1987 |
Année de la révision: | 1987 |
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