BOUCHER, FRANÇOIS, navigateur, marchand et fonctionnaire, né le 10 décembre 1730 à Québec, fils aîné de François Boucher, navigateur, et de Marie-Anne Martel, cabaretière ; le 12 février 1759, il épousa dans la paroisse Saint-Louis (à Saint-Louis-de-l’Isle-aux-Coudres, Québec) Marie-Joseph Tremblay, et ils eurent sept garçons et quatre filles ; décédé le 3 mai 1816 à Québec.

Dès son enfance, François Boucher côtoie le milieu maritime par l’intermédiaire de sa mère qui tient une auberge à proximité du port de Québec. Son père, capitaine sur des bateaux de pêche, lui transmet probablement le goût et les rudiments du métier de navigateur, puisqu’en 1758 François Boucher loue déjà ses services à un armateur comme capitaine en haute mer, à raison de 200# par mois.

Durant les années 1760, Boucher entreprend, en marge de ses occupations de capitaine de navire, une carrière de pilote lamaneur sur le fleuve Saint-Laurent. Il est impossible d’établir précisément la date de son entrée en fonction comme pilote, mais le fait qu’il habite l’île aux Coudres, lieu d’embarquement des pilotes qui conduisent les navires océaniques à Québec, permet de croire qu’il fait partie de la vingtaine d’aspirants qui reçoivent pour la première fois une licence en 1769 et qui sont seuls habilités à piloter ce type de navires. On sait, par ailleurs, qu’il enseigne la navigation à Joseph Bonnet, apprenti pilote de l’île aux Coudres, lequel obtiendra sa licence en 1777, et que son nom figure, le 13 juin 1780, sur la première liste connue de pilotes.

En 1781, l’expérience de Boucher dans le domaine de la navigation intérieure est mise à profit, puisqu’il est choisi par le gouverneur Haldimand pour siéger, avec Peter Napier, Augustin Raby* et Martin Dechinique*, au sein du comité chargé d’examiner les aspirants au titre de pilote lamaneur sur le Saint-Laurent. Quatre ans plus tard, il fait même partie des examinateurs qui décernent une licence de pilote à son fils Pierre.

En 1784, Boucher vend sa propriété de l’île aux Coudres pour la somme de 800# et s’installe à Québec. Durant les années qui suivent, il semble concentrer ses efforts sur le transport et l’échange de marchandises. Ainsi, de 1792 à 1797, il fait soit l’acquisition ou la location de goélettes afin d’effectuer le commerce de la farine et de divers produits. Ses transactions le conduisent sur les deux rives du Saint-Laurent et parfois dans des endroits plus éloignés comme la baie des Chaleurs et Halifax. Pour assurer la croissance de ses affaires, il s’associe avec son fils, Louis-Michel, et ensemble ils établissent un magasin, à Québec, un autre à Saint-Thomas-de-la-Pointe-à-la-Caille (Montmagny) et un troisième à Kamouraska, puis une distillerie à Saint-Roch-des-Aulnets (Saint-Roch-des-Aulnaies). Le 17 octobre 1799, la société cesse son activité à la suite de certaines difficultés financières attribuables notamment au naufrage d’un de ses navires ; elle doit alors une somme de £5 318, dont £3 700 à la George Davison and Company de Londres. Ne pouvant faire honneur à leurs échéances, les deux commerçants doivent abandonner certains de leurs biens meubles et immeubles à John Blackwood, mandataire des créanciers. Cette faillite semble avoir emporté les propriétés de François Boucher à Québec, puisqu’en 1800 il devient locataire d’une maison en pierre de deux étages pour £25 par année et que, six ans plus tard, il en loue une autre, beaucoup plus grande, de Jean-Baptiste Le Comte Dupré moyennant £90 par année.

Le 12 août 1803, sir Robert Shore Milnes*, lieutenant-gouverneur du Bas-Canada, accorde à Boucher l’important poste de capitaine du port de Québec, afin de remplacer James Frost décédé le 18 juin précédent. Devant la complexité des tâches visant à assurer le bon fonctionnement et l’amélioration de la navigation sur le Saint-Laurent, le gouvernement du Bas-Canada institue, en 1805, la Maison de la Trinité de Québec, selon le modèle anglais des trinity houses fondées en 1514 et ayant atteint au début du xixe siècle un haut niveau de respectabilité dans le domaine maritime. Boucher est reconduit dans ses fonctions à l’intérieur de cet organisme sous le nouveau titre de maître du havre. En plus de ce poste, la Maison de la Trinité comprend un maître, un maître adjoint, un surintendant des pilotes, de même que cinq gardiens ou syndics choisis parmi les marchands de Québec et de Montréal. Ceux-ci doivent veiller notamment au mouillage des bâtiments, à la construction des quais et des phares, ainsi qu’au curage de la voie maritime ; ils peuvent édicter en outre des règlements concernant la sécurité navale et recommander l’admission de pilotes.

L’augmentation soudaine du trafic dans le port de Québec en 1810, comme en témoignent les 600 navires arrivés cette année-là, incite François Boucher à réclamer les services d’un assistant afin de s’acquitter plus efficacement de ses tâches. Le 18 mai 1811, le lieutenant-gouverneur Francis Nathaniel Burton* accepte sa demande et autorise la Maison de la Trinité à embaucher un assistant au maître du havre. Néanmoins, le 30 mai suivant, Boucher démissionne de ses fonctions. En raison de ses longues années de service, il recevra une pension annuelle de £150 et demeurera membre honoraire de la Maison de la Trinité. John Lambly, également navigateur chevronné, prendra immédiatement la succession au poste de maître du havre.

Roch Lauzier

ANQ-Q, CN1-178, 29 janv. 1806 ; CN1-207, 6 oct. 1758, 2 mars 1759 ; CN 1–256, 11 sept., 29 oct. 1792, 9 juin 1795 ; CN1-262, 17 oct. 1799.— Arch. du port de Québec (Québec), Corr., Paul Boucher à Louis Beaudry, 8 févr. 1943 ; Maison de la Trinité de Québec, Lettres patentes, 6 mai 1805 ; Procès-verbaux, I : 541 ; II : 42, 47s.— BL, Add. mss 21805 : 14 ; 21879 : 248 ; 21882 : 44 (copies aux APC).— B.-C., Statuts, 1805, c.12.— « Les dénombrements de Québec » (Plessis), ANQ Rapport, 1948–1949 : 32, 82, 131, 185.— « Ordonnances édictées pour la province de Québec par le gouverneur et le conseil de celle-ci, de 1768 à 1791 [...] », APC Rapport, 1914–1915 : 11–14.— Québec, Conseil législatif, Ordonnances, 1768, c.5.— Le recensement de Québec, en 1744 », ANQ Rapport, 1939–1940 : 122.— « Le recensement du gouvernement de Québec en 1762 », ANQ Rapport, 1925–1926 : 141.— La Gazette de Québec, 31 oct. 1799, 23 juin, 25 août 1803, 16 mai 1805, 6 juin 1811, 20 juin 1816.— P.-G. Roy, Inventaire des jugements et délibérations du Conseil supérieur de la Nouvelle-France, de 1717 à 1760 (7 vol., Beauceville, Québec, 1932–1935), 3 : 197.— Tanguay, Dictionnaire, 2 : 379, 387.— « Le pilotage sur le Saint-Laurent », BRH, 19 (1913) : 117.

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Roch Lauzier, « BOUCHER, FRANÇOIS », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 5, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 28 nov. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/boucher_francois_5F.html.

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Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 5
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1983
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