CHARLAND, LOUIS, arpenteur, fonctionnaire, architecte et officier de milice, né le 6 avril 1772 à Québec, fils d’Alexis Charland et de Marie Poulin ; le 17 janvier 1803, il épousa à l’île Perrot, Bas-Canada, Marie-Joseph Fearson, puis le 22 février 1810, à Montréal, Sarah Jones ; décédé le 3 septembre 1813 à Montréal.

Louis Charland entre au petit séminaire de Québec en 1785 et y termine ses études en juin 1792. Peu de temps après, il s’initie à l’arpentage avec un dénommé Jones. Dès 1793, il est nommé arpenteur provincial adjoint par Samuel Johannes Holland, arpenteur général du Bas-Canada. C’est également cette année-là qu’il fait profiter le public de ses connaissances scientifiques en répondant dans la Gazette de Québec à des questions relatives à la géométrie et à l’arpentage. Charland reçoit sa commission d’arpenteur en août 1795 et, jusqu’en 1799, il travaille dans la région de Québec où il semble avoir été très peu actif d’après le nombre limité de procès-verbaux effectués dans cette région.

À cette époque, l’entretien des chemins et des rues à Montréal faisait l’objet de nombreuses plaintes de la part des citoyens. Aussi, en 1799, une loi de la chambre d’Assemblée du Bas-Canada avait-elle été votée en vue de modifier une mesure adoptée trois ans plus tôt relativement à la construction et à l’entretien des chemins dans le Bas-Canada. Cette loi de 1799 stipulait entre autres que le gouvernement nommerait un inspecteur à Québec et un à Montréal qui seraient placés, moyennant un salaire de £100 par année, sous l’autorité immédiate des juges de paix dont les pouvoirs embrassaient l’administration municipale. Âgé de 27 ans, Charland est le premier à occuper le poste d’inspecteur des grands chemins, rues et ruelles de Montréal, où il s’établit en permanence pour y poursuivre en outre sa carrière d’arpenteur. D’ailleurs, il signe de nombreux procès-verbaux de bornage ou de mesurage de terrains tant à Montréal que dans les environs. Parfois ces documents sont accompagnés de plans d’une facture particulièrement soignée.

Comme inspecteur des chemins, Charland a la responsabilité de surveiller l’entretien des chemins, des rues et des ponts, de recruter la main-d’œuvre nécessaire aux travaux de réparation et de prélever les amendes. Il occupera ce poste sans interruption depuis sa première nomination en juin 1799 jusqu’à sa mort en 1813. C’est à ce titre qu’il dresse, en 1801, le « Plan de la ville et cité de Montréal avec les projets d’accroissements », qui avait pour but de rendre plus conformes à la réalité les limites de l’agglomération urbaine dont les faubourgs se développaient plus rapidement que la ville elle-même.

Le nom de Charland est également associé à la démolition des anciennes fortifications qui, en plus de n’avoir aucune utilité militaire, constituaient une entrave sérieuse au développement de la ville. Suivant les recommandations des commissaires John Richardson*, James McGill et Jean-Marie Mondelet* chargés de la supervision des travaux de démolition, il dresse le plan des fortifications en 1803 afin de servir de point de référence pour de futurs aménagements. Sur le chantier, il s’occupe de l’inspection des travaux, comme le prolongement des rues et la réparation des quais, signe les autorisations de paiement et procède à l’arpentage de nombreux terrains sur lesquels se trouvaient les murs des fortifications, afin de les remettre à leurs propriétaires légitimes. Ces tâches, qui lui procurent un revenu supplémentaire, se poursuivront jusqu’à son décès. D’ailleurs, l’ensemble des travaux de démolition ne sera terminé qu’en 1817. Durant les années qu’il passe à Montréal, Charland prépare en outre un nombre indéterminé de plans d’édifices publics, parmi lesquels on compte le palais de justice de Montréal (1799), la prison de Montréal (1808), dont il dirigera les travaux, et les bâtiments de la place du Marché (1809).

Parallèlement à sa carrière de fonctionnaire, Charland entreprend d’autres projets dont certains connaissent du succès. En collaboration avec l’arpenteur et imprimeur William Vondenvelden, il dresse une carte intitulée A new topographical map of the province of Lower Canada [...]. Publiée à Londres en 1803, elle ne sera dépassée que 12 ans plus tard par celles de l’arpenteur général Joseph Bouchette*. Pour accompagner la carte de 1803, Charland et Vondenvelden publient la même année à Québec un ouvrage intitulé Extraits des titres des anciennes concessions de terre en fief et seineurie [...]. Charland peut également concevoir des projets fort ambitieux ; ainsi, le 27 février 1812, il fait paraître une annonce dans la Gazette de Québec avisant la population qu’il a l’intention de réclamer le droit exclusif d’ouvrir un canal entre Montréal et Lachine.

Charland avait eu moins de succès dans ses tentatives en vue d’obtenir du gouvernement des terres dans les Cantons de l’Est. En 1796, avec un groupe d’associés, il demande 64 000 acres dans la région du lac Mégantic, qui lui sont refusées ; sa requête pour l’octroi de 5 000 acres près des cantons de Brompton et d’Orford est aussi rejetée cette année-là. Dans ce dernier cas, les terres finissent entre les mains d’un autre arpenteur, Samuel Gale*. De 1801 jusqu’à sa mort, Charland est officier de milice : en avril 1812, il obtient le poste d’adjudant puis, six mois plus tard, celui d’adjoint au quartier-maître général de la milice de Montréal.

Louis Charland a été plus qu’un « bon fonctionnaire » comme on a déjà écrit à son sujet. Ses contemporains lui ont certainement fait confiance si on en juge par le nombre de fonctions qu’il a cumulées. La qualité de ses travaux cartographiques et de ses plans est également reconnue. Jacques Viger*, son successeur au poste d’inspecteur des chemins, pourrait en témoigner, lui qui eut de la difficulté à se faire payer à la suite d’une commande pour un plan de Montréal qui se rapprochait trop, semble-t-il, des travaux de Charland.

Gilles Langelier

Les procès-verbaux de l’arpenteur Louis Charland sont déposés aux ANQ-M sous la cote CA1-16 et recoupent les années 1793 à 1813. Avec William Vondenvelden, Charland est l’auteur d’une carte intitulée A new topographical map of the province of Lower Canada compiled from all the former as well as the latest surveys [...] (Londres, 1803), et le compilateur d’un ouvrage intitulé Extraits des titres des anciennes concessions de terre en fief et seineurie, faites avant et depuis la Conquête de la Nouvelle France par les armes britanniques dans la partie actuellement appellée le Bas-Canada [...] (Québec, 1803).

ANQ-M, CN1-16, 25 juill. 1809.— APC, MG 30, D1, 7 ; RG 1, E15, A, 280 ; 290 ; 317 ; E17 ; L3L : 29603–29610 ; RG 4, A1 : 21716–21718 ; B33, 18 ; RG 8, I (C sér.), 1203 1/2G : 13.— ASQ, Fichier des anciens ; Fonds Viger-Verreau, Sér. O, 0165–0171 (copies aux APC).— La Gazette de Québec, 7, 14 févr., 7 mars, 4 avril 1793, 20 août 1795, 20 juin 1799, 27 févr., 23 avril 1812, 16 sept. 1813.— Almanach de Québec, 1795–1813.— Bouchette, Topographical description of L.C. J.-C. Marsan, Montréal en évolution : historique du développement de l’architecture et de l’environnement montréalais (Montréal, 1974), 160.— É.-Z. Massicotte, Faits curieux de l’histoire de Montréal (Montréal, 1922), 62s.— Albertine Ferland-Angers, « La citadelle de Montréal (1658–1820) », RHAF, 3 (1949–1950) : 509.— P. Scribe, « Louis Charland », BRH, 34 (1928) : 330–336.

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Gilles Langelier, « CHARLAND, LOUIS », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 5, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 28 nov. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/charland_louis_5F.html.

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Auteur de l'article:    Gilles Langelier
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Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1983
Année de la révision:    1983
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