CARMICHAEL, JOHN EDWARD, officier et fonctionnaire, né vers 1790, probablement en Grande-Bretagne ; le 7 juillet 1814, il épousa Frederica Ubrica Charletta Catherina Smith, et ils eurent deux filles et un fils ; décédé le 20 novembre 1828 à Port Glasgow, Écosse.
Le 13 octobre 1808, John Edward Carmichael, dont les antécédents sont tout à fait obscurs, s’enrôla dans les New Brunswick Fencibles (plus tard le 104th Foot) comme enseigne et, en 1810, il fut promu lieutenant. En 1813, pendant qu’il était cantonné à Charlottetown, il devint secrétaire particulier du lieutenant-gouverneur de l’Île-du-Prince-Édouard, Charles Douglass Smith*. L’année suivante, il épousa une des filles de celui-ci. Le 1er avril 1816, il fut nommé receveur général intérimaire des redevances foncières, et c’est sans doute peu après qu’il quitta l’armée. Depuis son arrivée dans la colonie en juillet 1813, Smith insistait pour que les redevances foncières soient perçues mais, comme le receveur général John Stewart était absent et que le ministère des Colonies n’avait pas donné de directives précises, rien n’avait été fait. Au début de 1818, Smith ordonna à Carmichael d’exiger les paiements ; en six mois, celui-ci récolta plus de redevances qu’il n’en avait été perçu depuis 26 ans. Mais en mai, le secrétaire d’État à la Guerre et aux Colonies, lord Bathurst, ayant reçu une avalanche de protestations de la part de propriétaires absentéistes, blâma Smith d’avoir agi avec trop de hâte, avant d’avoir reçu un nouveau tarif. Même si la dépêche de Bathurst contenait de nouvelles dispositions tarifaires, Carmichael ne fit aucun effort sérieux pour récolter des redevances foncières avant que Smith ne le lui ordonne, en 1822.
En novembre 1818, la chambre d’Assemblée reprocha à Smith d’avoir perçu illégalement des redevances. Le 15 décembre, Carmichael se rendit encore plus impopulaire en voulant forcer l’Assemblée à ajourner, tentant en cela d’appliquer l’ordre de Smith. D’après un témoignage, Carmichael leva le poing vers le président Angus Macaulay et lança : « si vous demeurez dans ce fauteuil une minute de plus, [...] la chambre sera dissoute ». L’Assemblée passa outre et ajourna seulement après que Smith fut intervenu personnellement. Même si, par son arrogance, Carmichael se fit peu d’amis à l’Assemblée, Smith le nomma, en septembre 1819, secrétaire de la colonie, receveur de l’enregistrement et, à la mort de Thomas Desbrisay*, greffier du Conseil de l’Île-du-Prince-Édouard. Le 26 juin 1822, suivant les instructions de Smith, Carmichael donna un nouvel avis exigeant le paiement des redevances. L’avis n’ayant pas été observé, il le promulgua de nouveau en novembre et décembre ; en janvier et février, il intenta des poursuites judiciaires contre deux propriétaires résidents, Donald McDonald* et John Stewart, de même que contre un grand nombre de locataires du comté de Kings. Au milieu de l’hiver, nombre de ces derniers se rendirent à Charlottetown, où ils vendirent leurs maigres biens pour payer leurs arrérages. Carmichael les traita avec un mépris mal déguisé.
Les agissements de Carmichael déclenchèrent une série d’événements qui aboutirent en 1824 au rappel de Smith et à son remplacement par John Ready*. Charles Joseph Briscoe fut nommé receveur général des redevances foncières par le gouvernement britannique et, le 14 juillet 1824, il remplaça Carmichael, dont la nomination intérimaire n’avait jamais été confirmée. Malheureusement pour celui-ci, une vérification de ses comptes révéla un déficit qu’il ne pouvait combler. Au début de l’année suivante, l’Assemblée, à l’instigation du nouveau président John Stewart, condamna Carmichael pour avoir perçu des redevances « d’une manière illégale, arbitraire et oppressive » ; de plus, le nouveau procureur général, William Johnston qui venait de réintégrer son poste après avoir été renvoyé par Smith, poursuivit Carmichael pour recouvrer les honoraires qu’il avait touchés comme receveur général intérimaire. Carmichael se mit à boire beaucoup afin, devait-il dire plus tard, de « noyer le souvenir du très [...] barrassant dilemme dans lequel l’avaient plongé les poursuites vindicatives et vexatoires intentées contre lui ». En octobre 1827, Ready rapporta que, en raison d’une « ébriété constante et habituelle », Carmichael était incapable de remplir les devoirs de sa charge et, en mai 1828, il le destitua de ses fonctions. Presque sans ressources, Carmichael se rendit à Londres plus tard dans l’année afin de demander d’être réintégré ou d’avoir un poste moins important. Ready et le ministère des Colonies compatirent à ses malheurs, mais il mourut d’une « fièvre cérébrale » avant que quelque mesure n’ait pu être prise. Son beau-frère, Ambrose Lane*, subvint aux besoins de sa femme et de ses trois enfants, qui avaient été laissés sans héritage.
John Edward Carmichael était un homme aux talents limités qui avait obtenu des fonctions importantes par népotisme. Il n’était pas coupable de toutes les accusations excessives que l’on porta contre lui et, comme il le souligne légitimement dans son propre plaidoyer, il n’avait fait qu’obéir aux ordres du lieutenant-gouverneur Smith. Néanmoins, à cause de l’arrogance et de l’arbitraire dont il fit preuve dans l’application de ces instructions, il contribua non seulement au vaste mécontentement populaire que Smith créa à l’Île-du-Prince-Édouard, mais aussi à sa propre disgrâce.
PRO, CO 226/31 : 126–128 ; 226/32 : 41, 150 ; 226/34 : 15–23, 31–33 ; 226/35 : 69, 255 ; 226/36 : 237–238 ; 226/38 : 137 ; 226/39 : 126–127, 131, 141–142 ; 226/40 : 113–114 ; 226/41 : 93–94, 121–123, 421–454 ; 226/42 : 194–195, 363–364 ; 226/43 : 195–203 ; 226/44 : 105–107 ; 226/45 : 159–160, 173–174, 237–238, 303–323 ; 226/46 : 37–38 ; 227/7 : 69–73.— St Paul’s Anglican Church (Charlottetown), Reg. of baptisms, marnages, and burials (mfm aux PAPEI).— Î.-P.-É., House of Assembly, Journal, 21 mars 1825.— Petitions from Prince Edward Island, [...] (Londres, [1824]), 7–8, 27.— Prince Edward Island Register, 27 janv. 1829.— G.-B., WO, Army list, 1809–1817.— Duncan Campbell, History of Prince Edward Island (Charlottetown, 1875 ; réimpr., Belleville, Ontario, 1972), 66.— Canada’s smallest prov. (Bolger), 86–91.— Frank MacKinnon, The government of Prince Edward Island (Toronto, 1951).— W. A. Squires, The 104th Regiment Foot (the New Brunswick Regiment), 1803–1817 (Fredericton, 1962), 79, 188.— Islander (Charlottetown), 27 oct. 1848.
Phillip Buckner, « CARMICHAEL, JOHN EDWARD », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 6, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 28 nov. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/carmichael_john_edward_6F.html.
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Auteur de l'article: | Phillip Buckner |
Titre de l'article: | CARMICHAEL, JOHN EDWARD |
Titre de la publication: | Dictionnaire biographique du Canada, vol. 6 |
Éditeur: | Université Laval/University of Toronto |
Année de la publication: | 1987 |
Année de la révision: | 1987 |
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