CAMPBELL, lord WILLIAM, officier de marine et administrateur colonial, né vers 1730, quatrième fils de John Campbell, 4e duc d’ Argyll, et de Mary Bellenden, décédé le 4 septembre 1778 à Southampton, Angleterre.

En tant que plus jeune fils de pair, William Campbell ne possédait pas de revenus héréditaires ; il entra donc dans la marine royale afin d’y faire carrière. De 1752 à 1760, il servit sur le théâtre des opérations en Inde, prenant part à deux combats contre la flotte du comte d’Aché, ainsi qu’à la bataille de Plassey. En août 1762, il était capitaine. Campbell passa ensuite plusieurs années dans les eaux américaines puis, alors qu’il était capitaine du Nightingale, il se rendit en Caroline du Sud. Ce fut là, le 7 avril 1763, qu’il épousa Sarah Izard, fille d’un des principaux planteurs de la colonie. De cette union naquirent deux filles et un garçon.

En 1764, Campbell fut élu député de la circonscription électorale de sa famille, l’Argyllshire, mais il donna sa démission deux ans plus tard après avoir été nommé gouverneur de la Nouvelle-Écosse, nomination due en grande partie à l’influence que sa famille avait à la cour. Le gouverneur précédent, Montagu Wilmot*, étant mort en mai 1766, il devenait nécessaire que Campbell assumât rapidement ses fonctions. Il arriva à Halifax le 26 novembre et, le jour suivant, remplaçait le lieutenant-gouverneur Michæl Francklin qui agissait comme gouverneur intérimaire.

Dans un rapport au gouvernement britannique, qu’il présenta peu après son arrivée, Campbell indiquait que la Nouvelle-Écosse avait £23 000 de dettes et contribuait peu à ses dépenses annuelles. Comme on avait reçu des plaintes concernant Francklin, Campbell, suivant les instructions, fit également des observations quant à l’aptitude du lieutenant-gouverneur à occuper cette charge. Il critiqua « l’influence arrogante » de Francklin et son habileté à « se faire juge et arbitre dans des cas où son propre intérêt [était] directement engagé », mais le crédit dont ce dernier jouissait à Londres le protégea.

À la fin de 1767, l’Assemblée adopta un projet de loi qui augmentait l’accise sur le rhum fabriqué dans la région et qui diminuait la taxe sur les spiritueux importés. Campbell avait appuyé cette mesure afin de fournir à la population du rhum à meilleur compte et de rompre le monopole de John Butler et John Fillis sur le commerce du rhum dans la province. Ces derniers eurent recours à Joshua Mauger à Londres ; celui-ci, avec l’appui de plusieurs autres marchands, adressa une requête au Board of Trade pour qu’il abroge le texte de loi qui, selon eux, nuirait au commerce prétendument considérable de la Nouvelle-Écosse avec les Antilles. Malgré une « déclaration habile et convaincante » de Campbell pour justifier son action, le Board of Trade accepta les arguments des marchands et ordonna que la loi fût annulée.

En 1767, par suite de la permission qu’on lui avait accordée de retourner en Angleterre afin de ramener son épouse, Campbell put se présenter en personne devant le Board of Trade pour faire valoir sa cause. Il fut absent de la Nouvelle-Écosse d’octobre 1767 à septembre 1768 et, à son retour, alla à Boston pour un mois. Ses nombreuses absences – au total près de deux années sur les sept qu’il passa comme gouverneur – n’empêchèrent pas Campbell de s’intéresser vraiment au bien-être de la province. Il en inspecta une bonne partie pour juger par lui-même de la situation, ce qui l’amena à prier instamment le gouvernement britannique de financer la construction de routes pour relier les divers établissements et cantons. Il signala aussi qu’il serait souhaitable de favoriser le développement de cette « colonie nouveau-née ».

Mais alors que Campbell croyait que la province pouvait devenir avec une aide appropriée « égale à n’importe laquelle des colonies de Sa Majesté sur le continent », des contraintes économiques imposées par les autorités de la métropole l’empêchèrent, dans bien des cas, de gouverner avec efficacité. En 1767, il se vit refuser la permission d’utiliser les mines de charbon de l’île du Cap-Breton ou le revenu des redevances sur les terres pour financer la construction des routes et, en 1768, il fut forcé de dépenser £100 de son propre argent pour louer un schooner afin de surveiller les îles françaises Saint-Pierre et Miquelon. Campbell mit néanmoins à profit sa visite à Londres pour convaincre le Board of Trade de ne pas diminuer davantage la subvention parlementaire. Il réussit également à obtenir une subvention de £500 pour payer la construction de routes mais, à son retour, il découvrit que Francklin avait contracté, de sa propre initiative, £423 de dettes pour cette construction. Quoique la demande du gouverneur pour la reconstruction des fortifications délabrées de Halifax eût été rejetée, la menace d’une guerre avec l’Espagne, en 1770, assura l’autorisation de faire des réparations. D’autre part, le déplacement de la garnison de Halifax à Boston en 1768 fut un objet de préoccupations pour Campbell ; il souligna que, du fait de « la région peu colonisée », la Nouvelle-Écosse était alors plus exposée aux attaques de l’ennemi.

Les difficultés que Campbell avait connues depuis quelque temps à cause de sa mauvaise santé et de sa vue déclinante devinrent, en 1771, de plus en plus grandes. Il reçut permission d’aller dans le sud pour se faire soigner : il séjourna à Boston d’octobre 1771 à juillet 1772. Le traitement semble avoir eu des résultats car il reprit le travail avec ardeur. Il insista en vain auprès du gouvernement britannique pour créer des patrouilles maritimes dans le détroit de Canso et dans la baie des Chaleurs afin de protéger la pêche et empêcher la contrebande. Par contre, pendant l’hiver de 1772–1773, Campbell organisa sa propre enquête au sujet de la contrebande à Halifax et sur la rivière Saint-Jean (Nouveau-Brunswick).

Malgré son intention notoire de demeurer en Nouvelle-Écosse, Campbell avait par deux fois demandé d’être nommé au poste vacant de gouverneur de la Caroline du Sud ; en juin 1773, son vœu fut exaucé. Il quitta Halifax en octobre et, après avoir passé plus d’une année en Angleterre, il arriva à Charleston en juin 1775. Le gouverneur fut accueilli avec hostilité, car la Révolution américaine était déjà bien avancée, et ses tentatives pour s’assurer la collaboration de l’Assemblée demeurèrent vaines. Il passa les quatre derniers mois de son mandat, de septembre 1775 à janvier 1776, sur un bateau de guerre britannique dans le port de Charleston. En juin 1776, il prit part à l’attaque britannique sur la ville à titre de commandant d’une batterie sur le Bristol. Blessé au combat, il alla en Angleterre pour se rétablir mais mourut deux ans plus tard des suites de ses blessures.

Les historiens ont décrit comme peu mouvementée la période pendant laquelle Campbell fut gouverneur de la Nouvelle-Écosse ; il ne fait guère de doute que son mandat ne fut pas marqué par la controverse comme celui de son successeur Francis Legge. Les rapports de Campbell avec l’Assemblée et le Conseil de la Nouvelle-Écosse furent bons dans l’ensemble, et il était populaire parmi les habitants en général. Il fut l’un des gouverneurs qui déploya le plus d’énergie pour tenter d’améliorer les communications et la défense, et pour favoriser la colonisation ; la malchance voulut que le climat économique ne fut guère favorable à la réalisation de ses projets.

Francis A. Coghlan

PANS, F.-J. Audet, Governors, lieutenant-governors, and administrators of Nova Scotia, 1604–1932 (copie dactylographiée, s.d.).— PRO, CO 217/44, ff.11–19, 157–159, 167–168 ; 217/45, f.245 ; 217/46 ; 217/47, ff.23–24 ; 217/48, ff.41–43, 45, 140.— Burke’s peerage (1927).— DAB. Murdoch, History of N.S., II : 463, 468–472, 474, 478, 480, 488–494.— J. S. Macdonald, Memoir, Lieut.-Governor Michael Francklin, 1752–1782, N.S. Hist. Soc., Coll., XVI (1912) : 7–40.

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Francis A. Coghlan, « CAMPBELL, lord WILLIAM (mort en 1778) », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 4, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 28 nov. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/campbell_william_4F.html.

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Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1980
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