CAMBRIDGE, JOHN, agent foncier et homme d’affaires, né le 13 décembre 1748 en Angleterre ; le 16 janvier 1775, il épousa Mary Winchester, et ils eurent dix enfants, dont quatre seulement atteignirent l’âge adulte ; décédé le 26 décembre 1831 à Bristol, Angleterre.
Avant l’arrivée de John Cambridge à l’île Saint-Jean (Île-du-Prince-Édouard) en 1784, les documents sont presque muets à son sujet. Selon un rapport du Conseil privé de Londres, daté de 1791, Cambridge était « autrefois un obscur chaisier de la ruelle St Martin », mais quelques indices laissent supposer que, dès 1777, il était associé à un groupe de marchands qui projetaient de faire du commerce avec l’île Saint-Jean et d’y promouvoir la colonisation. Le colonisateur quaker Robert Clark* appartenait à ce groupe, et c’est peut-être leur allégeance religieuse qui rapprocha les deux hommes. À l’île Saint-Jean, Cambridge était connu comme quaker et refusait de prêter serment en cour en raison de ses convictions religieuses. Il ne faisait toutefois pas partie de la Société des Amis. En fait, il écrivit en 1793 que, malgré « une adhésion totale aux principes des Amis », il n’était pas « uni à la Société ». Il en devint probablement membre après son retour en Angleterre, car il fut inhumé comme un quaker.
Cambridge fut nommé représentant de Clark en 1783 et entra en fonction au printemps suivant lorsqu’il vint s’installer dans l’île avec sa famille. En 1786, il fut appelé à défendre les intérêts de son employeur contre l’establishment de l’île, par suite d’une tentative pour confirmer la saisie de certaines terres de Clark, ordonnée par le gouverneur Walter Patterson* en 1781 pour non-paiement de redevances foncières. Ce faisant, Cambridge s’aliéna certains fonctionnaires de l’île, avec qui il aurait plus tard des rapports tendus et des conflits.
Mais être seulement le représentant de Clark ne suffisait pas à John Cambridge. En 1785, appuyé par des marchands londoniens, dont son beau-frère, William Winchester, il se lança lui-même en affaires. Il acquit des terres dans la région du havre Murray, au sud-est de l’île, et put raconter quatre ans plus tard qu’il avait construit deux grands bricks, tous deux partis en voyage de commerce, l’un aux Antilles et l’autre au Portugal. Les registres maritimes indiquent qu’il possédait aussi un certain nombre de bâtiments plus petits. Ces navires, des schooners pour la plupart, assuraient une liaison commerciale avec Terre-Neuve. Il construisit une grande scierie au havre Murray et possédait des maisons à cet endroit et à Charlottetown.
En 1788, Cambridge était devenu l’associé de William Bowley, autre résident de l’île. Bowley avait pris à son compte les dettes de Clark et Cambridge, de son côté, avait une grosse somme d’argent à réclamer pour ses honoraires et ses dépenses à titre de représentant de Clark. Bowley et Cambridge intentèrent donc une poursuite commune contre lui : le procès, qui s’ouvrit en 1789, se compliqua de contre-poursuites et d’appels, de sorte que le litige traîna jusqu’à la fin du siècle. Cependant, même avant la fin de cette bataille juridique, Cambridge réussit à avoir la mainmise sur les biens et les terres de Clark, devenant ainsi un marchand aisé.
Toutefois, les relations de Cambridge avec les membres du gouvernement colonial n’étaient pas bonnes. En 1786, à l’arrivée du lieutenant-gouverneur Edmund Fanning*, il avait soutenu celui-ci contre la fragile faction de Patterson, mais son appui, fondé sur une solution rapide du problème causé par les expropriations illégales de Patterson, ne dura pas longtemps. À l’égard des fonctionnaires subalternes, Cambridge se montra intolérant à l’excès. C’était un homme déterminé qui, dès qu’il s’estimait déconsidéré, faisait tout le nécessaire pour obtenir ce qui, à ses yeux, était justice. En 1787, il porta plainte auprès du gouverneur et du Conseil de l’île Saint-Jean contre Isaac Swan, partisan peu important de Patterson, et deux ans plus tard, il parvint à convaincre le conseil de renvoyer le shérif en chef Walter Berry pour irrégularités. Mais il eut moins de succès quand il porta des accusations contre le procureur général Joseph Aplin* – initiative malheureuse, car Aplin gagnait généralement devant les tribunaux, quelle que soit la loi. Marchand perspicace, Cambridge était informé de toute apparence de faveur consentie à ses concurrents. Ainsi, quand il apprit que William Townshend*, receveur des douanes, permettait aux navires de passer par les îles de la Madeleine pour éviter de payer des droits de douane, il ne tarda pas à ébruiter l’affaire. De fait, il précipita un affrontement : Townshend répliqua en saisissant plusieurs des navires de Cambridge et de Bowley pour contrebande. Cette fois, le procès traîna pendant trois ans, et Cambridge se plaignit de ne pouvoir obtenir justice devant les tribunaux de l’île. Le litige ne se régla qu’en 1791, mais les plaintes de Cambridge avaient pris alors une telle ampleur qu’elles visaient presque tous les membres du gouvernement de la colonie.
En 1791, de concert avec John Hill*, autre marchand de l’île, Cambridge et Bowley déposèrent devant le Conseil privé de Londres des accusations de malversation contre Townshend, Fanning, Aplin et le juge en chef Peter Stewart*. Cambridge porta ces plaintes en Angleterre dans une pétition que, à son instigation, un certain nombre de propriétaires absentéistes avaient accepté de signer. En gros, les fonctionnaires étaient accusés d’avoir formé une coalition illégale pour régenter l’île et opprimer tous leurs adversaires. Parmi les griefs de moindre importance, dont certains remontaient à l’époque de Patterson, on retrouvait la partialité dans les tribunaux, des irrégularités aux élections et des harcèlements mineurs. Hill déclara plus tard que, dans son exposé des accusations, Cambridge s’était trop attardé sur la vie politique de la colonie et avait négligé complètement les faits allégués. Une grande partie des difficultés de Cambridge provinrent de ce que 12 des 18 signataires, dont Bowley, firent rayer leur nom avant le dépôt des accusations. Cambridge et Hill demeurèrent donc les seuls propriétaires résidents dont le nom figurait sur le document, et tous deux semblaient prospères, même s’ils n’étaient pas dans les bonnes grâces des fonctionnaires. Mal exposées, les accusations furent réfutées par l’émissaire personnel de Fanning, Robert Gray, et l’affaire fut classée l’année suivante.
En octobre 1792, ces dernières nouvelles étaient déjà parvenues jusqu’à l’île, et Cambridge commença à avoir des problèmes pour de bon. L’avis de Londres ayant été rendu public, ses appuis et sa crédibilité chutèrent. La chambre d’Assemblée le convoqua pour qu’il vienne expliquer les allégations qu’il avait faites à l’endroit de certains de ses membres et, par suite d’une enquête, elle ordonna que « les paroles fausses et malveillantes [...] soient brûlées au pied du gibet par le sergent d’armes ». La même année, les quatre fonctionnaires concernés intentèrent contre lui et Bowley des actions totalisant £55 000 pour poursuites abusives. Cambridge tenta de faire instruire les procès en Nouvelle-Écosse, vu la partialité des tribunaux de l’île. Il reçut la permission du lieutenant-gouverneur, mais il ne parvint pas à réunir les garanties nécessaires en cas de décision non favorable. Les procès se tinrent donc dans l’île, devant des juges qui avaient des intérêts financiers dans l’affaire. Après que des verdicts favorables à Aplin et à Townshend eurent été prononcés en 1793, Cambridge accepta un règlement extrajudiciaire concernant les dépenses de Fanning et de Stewart. Les dommages-intérêts obtenus s’élevèrent en tout à £2 480. Cambridge affirma plus tard que, en comptant ses frais personnels, ses plaintes à Londres lui avaient coûté plus de £10 000. Il dut passer quelque temps en prison avant de réussir à convaincre les fonctionnaires de sa capacité de payer.
Comme le règlement aurait épuisé rapidement les ressources de Cambridge, les fonctionnaires, plus intéressés à se faire payer qu’à se venger, acceptèrent de l’aider à recouvrer une partie des fonds auprès de Hill et de Bowley. On demanda à chacun d’eux de verser le tiers de la somme et, par suite de leur refus, on les poursuivit en justice. En 1793, les poursuites préparées par Aplin aboutirent à la saisie des biens qu’ils avaient dans l’île. En quelques jours, la propriété de Hill, qui était alors absent de l’île, et le riche domaine de Greenwich, propriété de Bowley et de ses enfants, furent vendus aux enchères par le shérif et devinrent la propriété de Cambridge. Bowley lui-même dut s’enfuir à la faveur de la nuit pour éviter la prison. En 1794, les tribunaux et le lieutenant-gouverneur en conseil refusèrent tout pourvoi en appel et, en 1796, Bowley fut forcé de s’adresser au Conseil privé pour obtenir que le procès soit rouvert dans l’île. Hill dut lui aussi intenter à Londres une poursuite contre son ancien associé ; il eut gain de cause mais, avant qu’il n’ait pu faire quoi que ce soit, les biens de Cambridge avaient été confiés à un fiduciaire. Apparemment, Hill n’alla pas plus loin, mais la poursuite de Bowley dura encore près d’un demi-siècle. Par sa longueur et sa complexité, l’affaire opposant Bowley et Cambridge rivalisa avec le célèbre procès Jarndyce, dans le roman Bleak House de Charles Dickens, qui ne se termina qu’au moment où les frais judiciaires eurent englouti tous les biens de la succession.
Aux problèmes juridiques de Cambridge vinrent s’ajouter des revers financiers. En 1794, il perdit l’appui de ses bailleurs de fonds, en Angleterre, et les quelques biens qui lui restaient furent saisis par des créanciers. La même année, les Français capturèrent son schooner Endeavour sur la route des Antilles, et Cambridge se retrouva sans capitaux pour rebâtir son entreprise. La défection de ses répondants londoniens marqua le point le plus critique de sa carrière. Ayant appris que même William Winchester, son beau-frère, s’était joint aux rangs de ses créanciers, il songea à quitter la colonie pour se rendre aux États-Unis. Il s’avéra cependant que Winchester l’avait soutenu et que la poursuite avait été intentée par les autres associés ; dès lors, Cambridge et sa femme résolurent de demeurer dans l’île. Le lieutenant-gouverneur et ses principaux fonctionnaires les y encouragèrent. Dans une lettre au marchand montréalais Alexander Ellice*, dont il était le représentant, Cambridge écrit : « les gens de l’île en général nous sont très attachés, déplorent notre échec et espèrent que nous retournerons en affaires ». S’il fut en mesure de le faire, ce fut grâce à une heureuse précaution. Il appert que Cambridge avait confié ses affaires à un fiduciaire « en tant que propriété d’un failli » mais qu’il ne déclara pas faillite. De toute façon, cette manœuvre suffit à le sortir de son embarras financier et lui permit de recommencer à neuf. Il conserva cette base sûre qu’était le havre Murray et se relança dans l’expédition de bois et de bétail à Terre-Neuve.
Si Cambridge put se réorganiser, c’est principalement parce qu’il avait conservé plusieurs grandes terres, souvent obtenues par des poursuites en justice. Il semble qu’il s’efforça de peupler ses terres, évitant ainsi les attaques de ceux qui auraient voulu les lui faire confisquer pour non-paiement de redevances. Grâce à ces biens-fonds, il put continuer à se consacrer à la colonisation et au commerce du bois. Ses moulins sciaient le bois qui provenait de ses propres terres et qui était ensuite envoyé à Terre-Neuve sur ses propres navires. En 1801, il avait regagné le contrat d’approvisionnement de la garnison en bois de chauffage et construisait un navire pour la première fois en dix ans. Celui-ci fut lancé l’année suivante, et Cambridge écrivit alors à sa femme que le navire, après s’être rendu à Liverpool avec une cargaison de bois, irait en Irlande chercher un groupe de protestants « afin de préserver [les] terres [des Cambridge] de la confiscation ». C’est peut-être la nouvelle menace d’une confiscation qui, en 1805, poussa Cambridge à signer avec Charles Worrell* et William Townshend un mémoire adressé au lieutenant-gouverneur Joseph Frederick Wallet DesBarres dans lequel étaient exposés les efforts que lui et d’autres propriétaires, dont John MacDonald* of Glenaladale et lord Selkirk [Douglas*], avaient faits pour établir des colons sur leurs terres et pour favoriser la prospérité de l’île. En 1806, l’Assemblée loua Cambridge pour ses efforts en ce sens.
Cambridge devait sa fortune au commerce du bois et cette prospérité rejaillissait sur toute la colonie. Au début, le commerce se limitait au golfe du Saint-Laurent et la plupart des chargements allaient à Terre-Neuve. Expédier le bois en Grande-Bretagne coûtait trop cher et il fallait souvent faire de longues recherches pour trouver une cargaison de retour. Entre 1803 et 1807, seulement deux chargements environ quittèrent l’île chaque année pour traverser l’Atlantique. La situation commença à changer en 1807, le blocus de Napoléon Ier dans les ports de la Baltique ayant ouvert la voie au commerce du bois venu de l’Amérique du Nord britannique. Par sa configuration, l’île répondait parfaitement à la demande : comme il s’y trouvait de nombreux petits havres où les arbres poussaient près de la côte, le bois pouvait facilement être transporté et embarqué. En 1808, il y eut 41 navires qui quittèrent l’île avec des cargaisons pour la Grande-Bretagne et, l’année suivante, leur nombre passa à 78 même si, en raison d’« une saison exceptionnellement mauvaise », selon les mots de Cambridge, on avait dû abandonner le bois à cause de l’épaisseur de la neige. Mais ce commerce créa une pénurie de main-d’œuvre dans la colonie et fit grimper les prix. Les bœufs, élevés d’ordinaire pour l’alimentation, étaient utilisés dans les bois et l’approvisionnement des navires rendait les vivres rares. Les échanges avec Terre-Neuve chutèrent d’une façon dramatique.
Comme les navires constituaient un élément essentiel de son entreprise, Cambridge en construisait et en acquérait sans cesse. À compter de 1808, rares furent les années où il n’en fit pas inscrire un nouveau dans les registres et, souvent, il en inscrivit plusieurs. Quand le commerce du bois se stabilisa, après 1817, Cambridge continua à faire de bonnes affaires en se lançant dans une nouvelle forme de commerce qui combinait l’exportation du bois à la construction et à la vente de navires ; en cela, il fut imité plus tard par James Yeo*. En 1824, Cambridge enregistra quatre navires et, l’année suivante, deux fois plus. Dans la plupart des cas, il s’agissait de bâtiments de plus de 300 tonneaux, complètement gréés ; le Cambridge (536 tonneaux), lancé en 1826, fut l’un des plus gros navires jamais construits dans l’île. Dans son testament, rédigé en 1829, Cambridge confiait à ses fils qu’il avait découvert que « le moyen le plus efficace d’acquitter [ses] dettes [... était] de construire chaque année un navire et de le charger de bois », puis de vendre les deux au Royaume-Uni. La correspondance familiale révèle que, malgré sa prospérité, la compagnie n’était jamais loin d’une crise financière, car le commerce au long cours ne pouvait se faire sans un recours constant au crédit.
D’autres activités de la compagnie de Cambridge semblaient aussi réussir. En 1808, il se vanta que sa scierie du havre Murray était peut-être la première à utiliser une scie à 18 lames pouvant couper 7 000 pieds de madriers par jour. Il entreprit aussi de construire une brasserie aux moulins du ruisseau Bird Island (ruisseau Wrights), près de Charlottetown. Malheureusement, ce ne fut pas un succès, en partie parce que la pénurie de vivres avait fait monter le prix de l’orge dans l’île.
En 1808, Cambridge, qui faisait participer sa famille à toutes ses affaires, s’associa à son fils Lemuel et à son gendre George Wright*, fils de l’arpenteur général Thomas Wright*. Mais George n’étant pas doué du même sens des affaires que les autres membres de sa belle-famille, l’association fut dissoute en 1813 lorsque Cambridge fit entrer son autre fils, Artemas, dans la compagnie, alors baptisée Cambridge and Sons. Dans les quelques années qui suivirent, elle fut de plus en plus dirigée par ses fils qui, selon le lieutenant-gouverneur Charles Douglass Smith*, étaient « des jeunes gens très bien et d’excellente réputation ».
Comme ses affaires étaient devenues assez stables et que ses fils s’occupaient de son entreprise dans l’île, Cambridge, pressé par sa femme qui l’avait remplacé chaque fois qu’il se trouvait en Angleterre, décida d’aller s’occuper du commerce transatlantique de la compagnie à partir de la Grande-Bretagne. Il s’installa apparemment à Bristol en 1814 et ne revint plus dans l’île. Au moment de son départ, il semble qu’il avait fait la paix avec le gouvernement de la colonie. En 1809, il avait été nommé shérif en chef mais, comme il avait décliné l’offre en raison de ses convictions de quaker, ce fut son fils Lemuel qui exerça ces fonctions. En 1813, il passait pour un ami intime du juge en chef Cæsar Colclough.
Lorsque Cambridge mourut en 1831, à l’âge de 83 ans, il possédait 102 000 acres de terre, soit près du dixième de la superficie totale de l’île. En outre, lui et sa famille étaient propriétaires d’une quantité considérable de moulins, d’installations pour la construction navale et de magasins ; de plus, le domaine de Cambridge était habité par au moins 5 000 personnes, dont plusieurs étaient locataires. À l’époque, Cambridge était sans aucun doute le plus gros propriétaire terrien de l’île, mais son empire, comme bien d’autres, était édifié sur le crédit. Il avait lourdement hypothéqué ses terres afin d’avoir du capital pour construire des navires et étendre son entreprise. Sept ans après sa mort, Samuel Cunard* et d’autres achetèrent l’hypothèque pour £12 000 (cours d’Angleterre) et, en 1841, acquirent tout le domaine. La même année, la Cour de la chancellerie de l’île rendit enfin son jugement dans le procès opposant Bowley et Cambridge. Après avoir été porté deux fois à l’attention du Conseil privé et après la mort des deux parties, le litige fut tranché ainsi : le tribunal divisa également la succession de Bowley entre les requérants.
John Cambridge n’était guère représentatif des marchands de son époque. Ses croyances religieuses gouvernaient dans une large mesure ses actes et même ses transactions commerciales. En 1793, après avoir perdu le procès intenté par les quatre fonctionnaires gouvernementaux, il avait écrit : « Je me suis appliqué à toujours éviter d’offenser Dieu d’abord et à ne donner à mon prochain aucun motif juste de se scandaliser [de ma conduite]. » Pourtant, c’était un marchand peu scrupuleux, qui se servait des tribunaux comme d’une arme contre tous ceux qui osaient s’opposer à lui et même contre les avocats qui ne gagnaient pas ses causes. Il affronta avec ténacité des revers devant lesquels d’autres abandonnèrent pour retourner en Angleterre. Ce que l’on sait de lui vient surtout de jugements formulés par ses ennemis : l’amertume engendrée par des conflits serrés et prolongés y transparaît. Toutefois, quand on examine ses lettres et ses actes, Cambridge apparaît comme un homme attaché à ses principes, vivant au sein d’une société qui ne savait guère apprécier cette qualité.
John Cambridge est l’auteur de : A description of the Island of St. John, in the Gulf of St. Laurence, North America [...] by a person many years resident there (Londres, [1798]) (V. PRO, T1/4144 : 17–26). Les PANS possèdent une copie de l’édition de 1805 intitulée A description of Prince Edward Island [...] by a person many years resident there.
Peu de papiers d’affaires de John Cambridge existent aujourd’hui, mais ceux que l’on trouve jettent un éclairage valable sur l’activité financière du début du dix-neuvième siècle. Les PAPEI conservent deux registres de correspondance couvrant les périodes 1793–1801 (Acc. 2984/4) et 1808–1809 (RG 6, Supreme Court, case papers, 1808–1809). Le premier registre fournit des détails sur la lutte entre Cambridge et les fonctionnaires coloniaux et sur les batailles juridiques qui en découlèrent ; le deuxième est extrêmement utile pour les renseignements qu’il contient sur le commerce du bois à l’Île-du-Prince-Édouard. Un registre de correspondance de Mary Cambridge, la femme de John, couvrant la période 1811–1812 se trouve avec les papiers Charles Wright, pages 17 à 114, documents qui sont la propriété de Mme J. T. McIntyre de Calgary ; des photocopies sont disponibles aux APC, MG 24, B133. D’autres lettres de Cambridge à Alexander Ellice se trouvent dans les papiers Ellice à la NLS, Dept. of mss, mss 15113–15126, disponibles également sur microfilm aux APC, MG 24, A2.
Il est souvent fait mention des affaires de Cambridge dans la correspondance du ministère des Colonies. Les références les plus utiles sont : PRO, CO 226/9 : 176 ; 226/10 : 29, 135–137, 234, 238, 252–293 ; 226/11 : 17 ; 226/12 : 12, 27 ; 226/13 : 21–45, 207, 218–219, 280–282, 377–378 ; 226/14 ; 226/15 : 172 ; 226/16 : 186 sqq., 248 ; 226/17 : 107–148 ; 226/18 : 162–206 ; 226/19 : 72–74, 204 sqq., 233, 347, 352 ; 226/20 : 106–108, 142 ; 226/21 : 110 ; 226/23 : 65–74 ; 226/27 : 78–83 ; 226/28 : 53, 220–222 ; 226/29 : 67–71, 115 ; 226/30 : 177–180 ; 226/34 : 391–399 ; 226/39 : 49–54, 260, 416–422 ; 226/42 : 132 ; 226/47 : 166. Les procès-verbaux du Conseil exécutif de l’Île-du-Prince-Edouard sont déposés aux PAPEI, RG 5 et ils contiennent des références à Cambridge aux dates suivantes : 12 avril 1787, 15 déc. 1788, 12, 16, 19–20, 23–24 mars, 6, 27 avril, 5 mai 1789, 26 avril, 17 juill. 1790, 7, 30 oct. 1792, 23 févr. 1793, 25 oct. 1796, 6 août 1799.
On trouve des renseignements sur la propriété de navires des membres de la famille Cambridge aux APC, RG 42, E1, 1658 ; aux PAPEI, RG 9, 2 ; et dans le Prince Edward Island Register, 3 janv. 1826, 16 janv. 1827, 29 janv. 1828, 13 janv. 1829 et 9 févr. 1830. Les Prince Edward Island court records (PAPEI, RG 6), que nous avons dépouillés pour toute la période, constituent une autre bonne source d’information sur Cambridge. Ces documents s’avèrent particulièrement détaillés dans le rapport du procès qui opposa William Bowley à Cambridge, 1793–1841 (RG 6, Court of Chancery papers, box 1). La documentation concernant les appels au Conseil privé de Londres se trouve au PRO, PCl/64/B.30 ; 1/65/B.33, 35, 38 ; 1/66/B.40. Ces collections jettent un éclairage sur la nature procédurière de Cambridge. Des informations sur les possessions foncières de Cambridge sont éparpillées dans PAPEI, RG 16, land registry records. Le testament de Cambridge est déposé dans Estates Division of the Supreme Court of P.E.I. (Charlottetown), liber 2 : fo 198.
Les études les plus utiles pour cet article sont : Canada’s smallest prov. (Bolger), 37–94 ; Warburton, Hist. of P.E.I., 255–265 ; et W. S. MacNutt, « Fanning’s regime on Prince Edward Island », Acadiensis (Fredericton), 1 (1971–1972), no 1 : 37–53. [h .t .h.]
Arch. privées, George Wright (Charlottetown), Cambridge family Bible.— PAPEI, Acc. 2984/4, Cambridge à [Flowden], 28 sept. 1793 ; Cambridge à B [William Winchester], [vers 1793] ; Cambridge à Alexander Ellice, 26 nov. 1794 ; RG 3, journals, 18 déc. 1806 ; RG 6, Supreme Court, case papers, 1789, Cambridge, Bowley & Co. v. Clark ; 1790, Townshend v. the Adventure ; 1790, Townshend v. the Elizabeth ; minutes ; RG 16, land registry records, conveyance reg., liber 8 : f° 94 ; liber 49 : f° 203.— Bristol Gazette, and Public Advertiser (Bristol, Angl.), 29 déc. 1831.— Bristol Mirror, 31 déc. 1831.— Felix Farley’s Bristol Journal, 31 déc. 1831.— Royal Gazette (Charlottetown), 28 févr. 1832.
Harry Tinson Holman, « CAMBRIDGE, JOHN », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 6, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 28 nov. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/cambridge_john_6F.html.
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Auteur de l'article: | Harry Tinson Holman |
Titre de l'article: | CAMBRIDGE, JOHN |
Titre de la publication: | Dictionnaire biographique du Canada, vol. 6 |
Éditeur: | Université Laval/University of Toronto |
Année de la publication: | 1987 |
Année de la révision: | 1987 |
Date de consultation: | 28 novembre 2024 |