SUZOR (Suzor de Bièvre), FRANÇOIS-MICHEL, médecin, né le 26 mai 1756 à Romorantin-Lanthenay, France, fils de François Suzor, négociant, et de Marie-Anne Grougnard ; décédé le 15 décembre 1810 à Saint-Vallier, Bas-Canada.
Contrairement à son père et à deux de ses frères, François-Michel Suzor s’intéresse davantage à la chirurgie qu’au commerce et à la finance. Venu dans les colonies américaines avec l’armée du marquis de La Fayette, il s’engage le 26 août 1778 comme aide-chirurgien dans le 7e régiment du Massachusetts. Le 11 novembre suivant, des Iroquois faisant partie d’un détachement commandé par un officier des forces britanniques, Walter Butler*, le capturent lors de l’attaque de Cherry Valley (New York) et le conduisent au fort Niagara (près de Youngstown, New York). Accusé, semble-t-il, de chercher à corrompre les marins canadiens de ce poste, il est par la suite transféré à Montréal, puis à Québec.
À cette époque, une forme particulière de syphilis, connue sous le nom de maladie de Baie-Saint-Paul [V. Philippe-Louis-François Badelard ; James Bowman*], fait des ravages dans plusieurs paroisses de la province de Québec. Jugeant que les aptitudes de Suzor pourraient être utiles, les autorités coloniales décident de l’envoyer à Baie-Saint-Paul pour servi, sous les ordres du docteur Badelard, à titre d’aide-chirurgien. Le 6 mai 1780, il s’embarque donc pour cette localité où il demeurera deux ans et demi. Quelque temps après son arrivée, il quitte l’hôpital temporaire qu’on y avait établi et décide de pratiquer la médecine à son compte dans la région.
Suzor décide de rester dans la colonie et, à la fin de 1782, il choisit de s’établir à Pointe-aux-Trembles (Neuville), qui est sans chirurgien depuis la mort de Bernard Planté, survenue la même année. Il acquiert d’ailleurs de la succession de ce dernier une partie des livres, tous les instruments de chirurgie et tous les médicaments. Son mariage avec Marie-Anne Larue, le 3 mars 1783, et la concession d’un terrain dans le village de Pointe-aux-Trembles, six mois plus tard, complètent son établissement. Pourtant, au début de 1784, il quitte cet endroit pour aller s’installer à Saint-Antoine-sur-Richelieu. Le 12 juin 1784, les notables de la région demandent au gouverneur Haldimand d’accorder une commission de notaire à Suzor « qui par le zel, la charité et l’humanité qu’il possède » leur paraît digne d’occuper cette fonction. Selon toute apparence, elle lui aurait été refusée. Quelque temps après le décès de sa femme, survenu le 3 juillet 1785, Suzor revient dans la région de Québec, s’établit à Cap-Santé et se marie le 28 août 1787 avec Louise Laflèche. Il réside dans cette localité jusqu’à 1794 au moins, passe ensuite un certain temps à Québec, s’installe à l’île d’Orléans et revient finalement à Cap-Santé vers 1801. À sa mort, en 1810, sa famille y demeure toujours.
On ne connaît pas le genre de formation qu’a reçue Suzor, mais son écriture et le style qu’il emploie témoignent d’une bonne éducation. Le fait que des notables l’aient proposé comme notaire en est une preuve. Sa compétence est reconnue officiellement le 30 décembre 1788 lorsqu’il reçoit une licence qui l’autorise à exercer la profession de chirurgien et de pharmacien. Son expérience à Baie-Saint-Paul, où il aurait guéri plusieurs dizaines de malades, l’a fortement marqué, puisqu’il proclame à plusieurs reprises qu’il « guérit fort bien toutes sortes de maladies Vénériennes, et autres maladies de toutes espèces, avec un secret particulier pour guérir cette maladie contagieuse si préjudiciable à la santé des sujets de sa Majesté Britannique, connue sous le nom du Mal des Éboulements et de la Baie St. Paul ». Il se dit également très bon dentiste.
La mort de François-Michel Suzor laisse sa seconde femme seule avec sept enfants dont cinq sont encore mineurs. Aucun des quatre garçons ne prendra la relève du père.
ANQ-M, CE1-13, 3 juill. 1785.— ANQ-Q, CC1, 8 oct. 1813 ; CE1-1, 28 août 1787 ; CE1-8, 22 avril 1793, 11 févr. 1801 ; CE1-10, 25 mai 1797 ; CE1-11, 19 juin 1798 ; CE1-15, 3 mars 1783, 25 mai 1797 ; CE2-8, 17 déc. 1810 ; CN1-21, 1er juill. 1828, 20 juin 1829, 18 mai 1830 ; CN1-25, 17 sept. 1783 ; CN1-83, 8 janv., 21 févr. 1783, 25 août 1787 ; CN1-230, 14 sept. 1802.— APC, MG 11, [CO 42] Q, 39 : 80 ; RG 4, A1 : 16496–16504, 16942–16954, 17151 ; B28, 47 : 74–76.— BL, Add. mss 21732 : f.411 ; 21843 : f.54 ; 21845/2 : f.309 ; 21879 : ff.194–195 (copies aux APC).— La Gazette de Québec, 3 oct. 1782, 8 sept. 1796.— F. B. Heitman, Historical register of officers of the Continental Army during the war of the revolution [...] (Washington, 1893).— Inventaire des registres paroissiaux de l’île de France (île Maurice), Compagnie des Indes, 1722–1767, R.-O. Béchet, édit. (Port-Louis, île Maurice, 1951), 392.— Albert Lamier, « Suzor », L’Hebdo de Portneuf (Saint-Raymond, Québec), 4 déc. 1978 : 8. –« Nécrologie », Le Courrier du Canada (Québec), 23 mai 1877 : 2.
Renald Lessard, « SUZOR (Suzor de Bièvre), FRANÇOIS-MICHEL », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 5, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 28 nov. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/suzor_francois_michel_5F.html.
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Titre de la publication: | Dictionnaire biographique du Canada, vol. 5 |
Éditeur: | Université Laval/University of Toronto |
Année de la publication: | 1983 |
Année de la révision: | 1983 |
Date de consultation: | 28 novembre 2024 |