BURN, WILLIAM SCOTT, commerçant, comptable, juge de paix, officier de milice, professeur et auteur, né le 8 mars 1797 dans la paroisse d’Inveresk, Écosse, fils de David Burn, marchand de bois, et de Helen Scott ; il se maria et eut au moins un fils et deux filles ; décédé le 30 septembre 1851 à Toronto.

William Scott Burn fit des études en lettres à l’University of Edinburgh de 1811 à 1813, après quoi il reçut peut-être une formation en comptabilité à Édimbourg, qui était un centre important pour cette profession. Toutefois, dès 1825 il était établi comme marchand de bois dans la ville avoisinante de Leith. En 1833, il immigra dans le Haut-Canada. Il était porteur d’une lettre au lieutenant-gouverneur sir John Colborne*, écrite par le sous-secrétaire parlementaire du ministère des Colonies, John George Shaw-Lefevre, dans laquelle ce dernier le présentait comme un « gentilhomme d’expérience en matière de commerce et d’agriculture ». L’année suivante, il s’établit dans le canton de Barton, près de Hamilton, et, d’après ce qu’on dit, il s’engagea dans le commerce des grains, ainsi que dans d’autres entreprises commerciales. Il devint membre du conseil d’administration de la Gore Bank en 1836 et, environ un an plus tard, commissaire responsable d’un projet de route reliant Hamilton et Brantford. En 1838, il reçut une commission de juge de paix et fut nommé officier payeur dans la milice. Bien que baptisé dans l’Église presbytérienne, il fut secrétaire de la congrégation anglicane de Barton.

À la fin de l’année 1839, pour des raisons obscures, Burn eut de sérieuses difficultés financières. Au début des années 1840, son travail comme comptable et ses autres entreprises n’étaient pas rentables. Il fut obligé de mettre en vente sa maison et sa ferme, appelées Chedoke, par l’intermédiaire de syndics (David Burn en 1842 et, plus tard, Judah George Joseph de Toronto), et, l’année suivante, il alla s’installer à Toronto. Une poignée de comptables y travaillaient, mais il n’y avait pas suffisamment de clients pour qu’ils soient occupés à temps plein ; la plupart des bureaux combinaient donc la comptabilité avec les faillites et le travail qui se faisait habituellement dans les agences où l’on s’occupait de finance. La clientèle de Burn s’accrut lentement, si tant est qu’elle se soit accrue, puisqu’il fit faillite au printemps de 1844. Il remplaça temporairement James Duffy, professeur d’anglais à l’Upper Canada College, en 1844–1845.

C’est de toute évidence pour le cours de comptabilité de ce collège, cours qu’il donna vraisemblablement, que Burn rédigea The principles of book-keeping [...], un des premiers manuels de comptabilité écrits au Canada [V. Joseph Laurin*]. L’ouvrage, qui était encore en usage au collège après 1856, est une simple introduction à la comptabilité élémentaire, dans lequel l’auteur insiste particulièrement sur les façons de procéder. Conçu pour être utilisé en classe, il contient des exemples de transactions, avec des espaces réservés au travail des élèves. Les principes de Burn n’étaient pas du tout révolutionnaires, bien qu’il ait proposé une simplification des travaux effectués ordinairement pour établir les balances des grands livres.

En 1845, Burn ajoutait à son manuel un autre ouvrage intitulé The principles of book-keeping, by double entry ; exemplified in their application to real business [...]. Présenté en deux parties, ce dernier était accompagné de quelques notes sur les méthodes d’enseignement, sujet qui suscitait l’intérêt de Burn. On trouve dans la première partie une série d’exercices standard ayant trait au commerce de détail et destinés aux élèves qui ont dépassé le premier niveau. C’est dans la deuxième partie que Burn présente des innovations. Il y soutient que des changements à la structure du livre de caisse, notamment l’insertion de colonnes supplémentaires, rendraient possible l’inscription de toutes les transactions d’une entreprise et leur justification dans le livre de caisse, en utilisant la méthode de comptabilité en partie double. Mais pour toutes ses innovations, Burn se montra bien meilleur vulgarisateur que théoricien. En 1846, le Cobourg Star vantait Principles ; « le meilleur et le plus clair travail que nous connaissons sur ce sujet. M. Burn est évidemment non seulement un marchand d’expérience à l’esprit pratique, mais aussi un homme d’une profondeur philosophique et d’un talent littéraire hors du commun ; il possède cet heureux don de rendre sa matière intéressante et à la portée de gens aux aptitudes les plus ordinaires. Si on réfléchit à l’argent et au temps perdus par les hommes en affaires par suite de leur ignorance d’une méthode de comptabilité claire et exacte, un petit livre comme celui de M. Burn devient inestimable. » La plupart des transactions d’affaires, même personnelles, étaient basées sur le crédit, et une tenue négligée des livres de comptes devenait non seulement un inconvénient, mais pouvait aussi conduire à un désastre.

Comme d’autres comptables de l’époque victorienne, Burn était convaincu que les merveilles de la civilisation britannique du xixe siècle avaient pour fondement les affaires et le commerce. En 1845, il fit deux communications sur ce sujet devant la Literary and Historical Society of Toronto ; la même année, elles furent publiées sous forme de brochure. Dans son explication de l’utilité sociale du commerce, il déclare : « Avec le plein développement de la société, survient la diffusion de la richesse, avec la richesse apparaît le désir d’une aisance luxueuse, et l’aisance luxueuse tombe naturellement dans l’indolence [...] Mais ici, l’esprit commercial s’interpose et arrête la progression de la décadence ; il maintient la société en mouvement, élevant l’humble et abaissant l’orgueilleux, comblant chaque rang de nouveaux prétendants à la distinction. »

La réputation de Burn comme comptable repose sur le travail qu’il fit à l’intérieur du mouvement des sociétés immobilières à Toronto [V. Joseph Davis Ridout*]. Créées en Angleterre au début du xixe siècle, ces sociétés agissaient comme intermédiaires financiers afin d’investir en toute sécurité, dans une propriété immobilière ou des hypothèques, les contributions mensuelles relativement petites de ses membres. La société était aussi une source de capital d’emprunt. Lorsque les contributions accumulées étaient suffisantes, les membres pouvaient emprunter de leur société, contre une garantie de première hypothèque, des fonds pour des projets de construction ou un achat d’immeuble. Ces emprunts étaient limités au montant des contributions versées par les membres. Quand les contributions et les profits accumulés étaient suffisants pour libérer les sommes investies, soit d’habitude au bout de huit à dix années, la société cessait ses activités. Elle remboursait aux membres investisseurs leurs contributions et les profits accumulés, et tenait pour acquittées les dettes des membres emprunteurs. Étant donné leurs intérêts variés et le grand nombre de transactions en jeu, la comptabilité de ces sociétés était complexe. Ce mouvement des sociétés immobilières fut particulièrement vigoureux dans le Haut-Canada. Au moins 30 sociétés existèrent, dont 7 à Toronto, et probablement un citadin adulte sur 12 en détenait des actions.

Burn devint conseiller de la Church of England and Metropolitan Building Society, une de ces sociétés immobilières constituées juridiquement dans le Haut-Canada après que la loi autorisant leur création eut été adoptée en 1846. Deux ans plus tard, Burn était aussi vérificateur de la Toronto Building Society ; en mars 1850, un groupe comprenant Joseph Curran Morrison* et Judah George Joseph forma la County of York Building Society et nomma Burn secrétaire-trésorier, poste qu’il détint jusqu’à sa mort. Le British Colonist, en annonçant sa nomination, lui attribua la conception de la méthode de comptabilité généralement utilisée par ces sociétés. Ces fonctions dans les sociétés immobilières fournirent probablement à Burn un revenu régulier permettant de couvrir les frais généraux de son entreprise de comptabilité. Parmi ses clients se trouvait en 1850 la Toronto, Simcoe, and Lake Huron Union Rail-Road Company, pour laquelle lui et d’autres importants comptables de Toronto préparèrent le rapport de prévisions financières contenu dans le prospectus de la compagnie.

Durant la plupart des années où William Scott Burn travailla à Toronto, sa femme et ses filles tinrent une maison de laine de Berlin et d’ouvrages d’agrément. Ce commerce fut une réussite artistique, puisque Mme Burn remporta un prix pour un ouvrage en laine de Berlin à l’exposition de l’institut des artisans, en 1851 ; par contre, on ne sait pas si son atelier eut le même succès sur le plan commercial. Burn mourut à Toronto le 30 septembre 1851, d’un cancer de l’estomac, et fut enterré dans le cimetière St James.

Philip Creighton

William Scott Burn est l’auteur de : The principles of book-keeping ; explained in an address to a student of Upper Canada College ; and an elementary course of book-keeping by double entry (Toronto, 1844) ; The principles of book-keeping, by double entry ; exemplified in their application to real business : in two sets, consequent to the elementary set already published [...] (Toronto, 1845) ; et The connection between literature and commerce ; in two essays, read before the Literary and Historical Society of Toronto (Toronto, 1845).

APC, RG 1, L3, 473 : S21/46 ; RG 5, Al :71741–71742, 97813–97814, 98654–98657, 104081, 106217, 108022–108024, 110347, 110917–110920, 113177, 114300–114302, 115915–115916, 119152, 119526–119527, 122798–122800, 123275–123279, 125378–125380, 128514–128518, 128519–128528, 129528–129531, 136872 ; RG 31, AI, 1842, Barton Township (mfm aux AO) ; RG 68, General index, 1651–1841 : 571.— CTA, RG 5, F, St George’s Ward, 1844, n° 169 ; 1846, n° 195 (mfm aux AO).— Edinburgh Univ. Library, Special Coll. Dept., Matriculation records, 1811–1813.— GRO (Édimbourg), Inveresk, reg. of births and baptisms, 8, 20 mars 1797.— HPL, Clipping file, Hamilton biog., Land family : 990 ; Scrapbooks, Historic houses in Hamilton, 1 : 55.— St James’ Cemetery and Crematorium (Toronto), Record of burials, 30 sept. 1851.— Wentworth Land Registry Office (Hamilton, Ontario), Abstract index to deeds, Barton Township, concession 4, lot 19 (mfm aux AO, GS 1408).— Canada Gazette, 13 avril 1844 : 1222.— The roll of the pupils of Upper Canada College, Toronto, January, 1830, to June, 1916, A. H. Young, édit. (Kingston, Ontario, 1917), 46, 50, 146.— Toronto Building Soc., Annual statement of the funds and effects of the Toronto Building Society ([Toronto]), 1850–1854 ; The Toronto Building Society ; incorporated in accordance with an act of the provincial legislature, in 1846 [...] (Toronto, 1846).— British Colonist (Toronto), 19 juin 1846, 21 déc. 1849, 19 mars, 4 juin 1850, 14 oct. 1851.— Church, 23 sept. 1842.— Cobourg Star, 17 juin 1846.— Globe, 7 oct. 1851.— Herald (Toronto), 20 mars 1848.— Toronto Patriot, 7 mai 1844.— A compilation of the laws and amendments thereto relating to building societies, loan companies, joint stock companies, and interest on mortgages, and other acts pertaining to monetary institutions [...], N. S. Garland, compil. (Ottawa, 1882).— DHB.— Edinburgh and Leith directory, 1825–1826.— W. H. Smith, Canada : past, present and future, 1 : 48.— Toronto directory, 1846–1847 : 10 ; 1850–1851 : xlvi, 19.— V. Ross et Trigge, Hist. of Canadian Bank of Commerce, 1 : 179.

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Philip Creighton, « BURN, WILLIAM SCOTT », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 8, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 28 nov. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/burn_william_scott_8F.html.

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Auteur de l'article:    Philip Creighton
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Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1985
Année de la révision:    1985
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