WETHERALL, sir GEORGE AUGUSTUS, officier, né en 1788 à Penton, Hampshire, Angleterre, fils unique du général sir Frederick Augustes Wetherall et de sa première femme, Elizabeth Mytton ; il épousa Frances Diana Denton en 1812 ; décédé le 8 avril 1868 à Sandhurst, Angleterre.

George Augustus Wetherall fréquenta la Hyde Abbey School, à Winchester, et le collège militaire de Farnham. À l’âge de sept ans, il était déjà officier puisqu’il avait reçu un brevet de lieutenant dans le 7e régiment des fusiliers le 29 juillet 1795. Il entra dans le service actif à Halifax en 1803 en rejoignant le régiment d’infanterie de milice de la Nouvelle-Écosse récemment levé par son père. Promu capitaine le 13 mai 1805, il fut muté au 1er régiment d’infanterie (les Royals), et partit servir ensuite aux Antilles, le 27 novembre 1806.

Le capitaine Wetherall rejoignit l’état-major de son père comme major de brigade au cap de Bonne-Espérance en 1809. Il servit comme aide de camp de son père lors de la conquête de Java en 1811 et devint major de son régiment en décembre 1819. De 1822 à 1826, il fut secrétaire militaire du gouverneur de Madras, puis il devint adjoint au juge-avocat général en Inde. Le 7 août 1828, il fut promu lieutenant-colonel des Royals. Il commanda le 2e bataillon des Royals, à Madras jusqu’en 1831, puis au Royaume-Uni de 1831 à 1836, et enfin au Canada de 1836 à 1843.

Au début de l’automne de 1837, Wetherall commandait la garnison de Montréal, mais il reprit le service régimentaire le 1er novembre. À Montréal, les tensions entre les partisans de Louis-Joseph Papineau* et de son mouvement patriote et les défenseurs du gouvernement menaçaient de dégénérer en un véritable conflit, et une atmosphère d’angoisse régnait sur la ville. Le 16 novembre, des mandats d’arrêt furent émis contre Papineau et 25 de ses principaux partisans, dont le docteur Wolfred Nelson. La plupart s’étaient enfuis de la ville, mais l’armée était alors autorisée à intervenir légalement en faveur du pouvoir civil. La même nuit, lorsqu’une troupe de la Royal Montréal Cavalry qui ramenait des prisonniers parmi les Patriotes fut attaquée par des hommes armés près de Longueuil, le mépris du pouvoir avait tourné pour bien des gens à la rébellion.

Wetherall fut un des premiers officiers supérieurs appelés à agir. Dans la matinée du 18 novembre, il quitta Montréal avec quatre compagnies de son propre bataillon, un détachement d’artillerie doté de deux canons, quelques cavaliers de la Royal Montréal Cavalry, en plus des représentants des magistrats, et un volontaire, le major Bartholomew Conrad Augustus Gugy*, quartier-maître général adjoint de la province, avec des instructions pour marcher sur le fort Chambly sur la rive gauche du Richelieu. Pendant ce temps, le commandant des forces armées, sir John Colborne, terminait ses plans d’encerclement de Saint-Denis et de Saint-Charles. Ces villages représentaient les quartiers généraux respectifs de Nelson, un des meilleurs lieutenants de Papineau, et de Thomas Storrow Brown*, le « général » récemment nommé par l’association patriotique de Montréal, les Fils de la liberté. Le colonel Charles Stephen Gore, quartier-maître général adjoint pour l’Amérique du Nord britannique, devait diriger l’expédition en attaquant Saint-Charles par le nord, en venant de Sorel, tandis que Wetherall avancerait sur Saint-Charles par le sud. Le mauvais temps et la vigilance des éclaireurs patriotes empêchèrent sérieusement Colborne de communiquer avec ses commandants de campagne. Les troupes se mirent quand même en marche pour réaliser le plan d’attaque tel que convenu. La route vers Saint-Charles, qu’empruntèrent Wetherall et ses renforts composés d’une compagnie du 66e régiment, s’était transformée en un bourbier traître à cause des premières grosses pluies hivernales, et les ponts avaient été coupés ; à l’aube du 23 novembre, la colonne de Wetherall n’avait accompli que la moitié du chemin vers Saint-Hilaire (Mont-Saint-Hilaire). La nouvelle de la défaite de Gore atteignit Saint-Hilaire vers minuit, ce qui amena Wetherall à penser qu’il aurait probablement à affronter au moins 3 000 Patriotes à Saint-Charles. Aucun ordre ne lui parvint. Tôt dans la journée du 25, ses troupes atteignant alors environ 350 hommes avec une compagnie de réserve additionnelle des Royals étaient en route vers Saint-Charles.

Thomas Storrow Brown, qui avait passé la semaine précédente à terroriser les loyalistes et à confisquer leur grain, leur bétail et leurs armes, avait sérieusement négligé la défense de sa place forte dans le village. D’autre part, les troupes de Brown s’étaient dispersées, et il restait avec environ 100 mousquets et une quarantaine d’hommes armés de la façon la plus primitive. Wetherall fit halte hors de portée des barricades érigées par Brown et envoya un prisonnier informer Brown que les troupes gouvernementales étaient en route vers Saint-Denis et qu’il n’y aurait pas de blessés ni de représailles si on les laissait passer par Saint-Charles. Dans son désespoir et sa confusion, Brown finit par répondre qu’il leur céderait le passage si les Britanniques déposaient leurs armes le long de la route. Pendant ce temps Wetherall, dont la patience était à bout, s’était avancé jusqu’aux barricades dans l’espoir de voir apparaître un drapeau blanc ou un messager. Il fut accueilli par une salve de coups de feu. Ses canons ripostèrent alors, causant de gros dommages à la barricade, et il donna l’ordre de charger ; les Patriotes se battirent courageusement, mais l’affaire fut réglée en moins d’une heure. Brown s’était enfui au nord, vers Saint-Denis, au début du combat. Les Britanniques qui comptaient trois morts et 18 blessés dénombrèrent 56 corps de Patriotes et soupçonnèrent en avoir tué beaucoup d’autres.

L’opération de nettoyage continua pendant toute la journée du 26. Bon nombre de maisons avaient été incendiées pendant la bataille et celles qui avaient abrité des tireurs et appartenaient soit à des Patriotes, soit à des loyalistes qui avaient pris la fuite, furent brûlées le lendemain. Le 30 novembre, Wetherall fit une entrée triomphale à Montréal, ramenant 30 prisonniers et la colonne de la Liberté de Saint-Charles surmontée du bonnet rouge.

S’étant rendu maître du district de Richelieu, Colborne décida alors de s’occuper de Saint-Eustache, situé à quelque 18 milles au nord-ouest de Montréal, et d’où les chefs patriotes Amury Girod* et le docteur Jean-Olivier Chénier* contrôlaient une bonne partie de la riche région agricole au nord du lac des Deux-Montagnes ; Colborne quitta Montréal le 13 décembre avec deux brigades totalisant près de 2 000 hommes commandés par John Maitland, lieutenant-colonel du 32e, et Wetherall des Royals, un puissant détachement d’artillerie et quelques cavaliers volontaires, et le Montréal Volunteer Rifle Corps. Ils atteignirent Saint-Eustache le 14 décembre avant midi. Colborne commença par diriger ses canons contre un groupe de grosses maisons de pierre ; peu de temps après, Wetherall reçut l’ordre de descendre la rue principale pour attaquer la citadelle des Patriotes : l’église, le presbytère et le couvent.

Girod s’était enfui au début du combat et Chénier était dans une situation désespérée ; bien qu’environ 1 000 Patriotes aient défilé pendant la journée du 13, il ne lui restait plus qu’environ 200 combattants dont 70 ou 80 étaient en garnison dans l’église. Les canons de Wetherall avaient peu d’effet sur l’église, et l’infanterie britannique était gênée par le tir meurtrier des Patriotes. Finalement, le fils du colonel Wetherall, le lieutenant Edward Robert Wetherall des Royals, força le presbytère et l’incendia ainsi que l’église ; le couvent avait déjà été mis à feu.

L’heure du massacre avait sonné. Les hommes qui fuyaient l’église en désespoir de cause avaient peu de chances d’échapper à la mort. À cinq heures de l’après-midi, le docteur Chénier et 70 de ses hommes avaient été tués, et 118 faits prisonniers. Les Britanniques et les volontaires avaient subi des pertes négligeables : un mort et neuf blessés. Cette nuit-là, la mise à feu et à sac de Saint-Denis et de Saint-Charles fut répétée mais d’une façon encore plus systématique. Les soldats, et en particulier ceux du 32e, étaient résolus à venger la mort de leur camarade, le lieutenant George Weir, qui avait été assassiné à Saint-Denis le 23 novembre [V. Charles Stephen Gore], et les volontaires avaient plus d’une raison de régler leur compte aux Patriotes. En plus des édifices religieux, quelque 60 à 70 maisons furent détruites. Il n’existe pas de témoignage indiquant que Wetherall ait participé d’aucune façon à ces représailles, et, le 17 décembre, il regagna Montréal avec Colborne, lequel était satisfait d’avoir maté la rébellion à Saint-Eustache.

Le 13 juin 1838, Wetherall fut créé compagnon de l’ordre du Bain et, le 28 juin, il reçut un brevet de colonel en reconnaissance des services qu’il avait rendus. Quatre ans plus tard il fut nommé aide de camp de la reine. Wetherall commanda une garnison au Haut-Canada, à London, de 1840 jusqu’au milieu de 1843, alors qu’il regagna Montréal comme adjudant général adjoint. En juin 1850, il fut rappelé en Angleterre pour y devenir quartier-maître général adjoint au ministère de la Guerre. Promu major général en 1851, Wetherall devint adjudant général en décembre 1854 et général en octobre 1863. Il fut créé chevalier commandeur de l’ordre du Bain en 1856 et grand-croix du même ordre en 1865. De 1860 à 1865, il fut officier général commandant du district nord de la Grande-Bretagne. Il reçut sa dernière nomination en 1866, alors qu’il fut nommé gouverneur du Royal Military College, à Sandhurst.

Sir George Augustus Wetherall fut incontestablement un officier de grand mérite et l’un des rares officiers britanniques servant en Amérique du Nord qui atteignirent un poste élevé dans l’échelon supérieur de direction au ministère de la Guerre. En tant qu’individu, il s’acquit à la fois la popularité et le respect.

John W. Spurr

PRO, WO 17/1 540–1 554 (mfm aux APC).— Gentleman’s Magazine, CCXXIV (janv.-mai 1868) : 690.— Montreal Gazette, 28 nov.–16 déc. 1837.— Boase, Modern English biog., III : 1 291.— DNB.— G.-B., WO, Army list, 1795–1839.— Hart’s army list, 1840–1868.— The regimental records of the Royal Scots, J. C. Leask et H. M. McCance, compil. (Dublin, 1915), 421–426.— L.-N. Carrier, Les événements de 1837–1838 (Québec, 1877), 78–82, 91s.-Christie,History of L.C., V : 2–9.— [C.-A.-M. Globensky], La rébellion de 1837 à Saint-Eustache précédé d’un exposé de la situation politique du Bas-Canada depuis la cession (Québec, 1883).— Joseph Schull, Rebellion : the rising in French Canada, 1837 (Toronto, 1971), 63s., 78–84, 113–123.— J. H. Stocqueler [J. H. Siddons], A personal history of the Horse-Guards, from 1750 to 1872 (Londres, 1873), 251s.—H. S. Thomas, The story of Sandhurst (Londres, 1961), 119.

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John W. Spurr, « WETHERALL, sir GEORGE AUGUSTUS », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 9, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 1 déc. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/wetherall_george_augustus_9F.html.

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Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 9
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1977
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