SKEAD, JAMES, entrepreneur, marchand de bois et homme politique, né le 31 décembre 1817 à Calder Hall, Moresby (comté de Cumbria, Angleterre), fils aîné de William Skead et de Mary Selkirk ; en 1842, il épousa Rosena MacKey, et ils eurent six enfants ; décédé le 5 juillet 1884 à Ottawa.

James Skead fit ses études à Moresby et, en 1832, il vint au Canada avec son père, qui était veuf, et deux de ses frères. La famille s’installa d’abord dans une ferme située à l’île Jésus, Bas-Canada, à l’embouchure de la rivière des Outaouais. Au bout de plusieurs années, les Skead remontèrent la rivière pour s’établir à Bytown (Ottawa), Haut-Canada, localité en plein essor qui devenait le centre des affaires dans la vallée de l’Outaouais, d’où provenait la plus grande partie de ce nouveau produit principal d’exportation de l’Amérique du Nord britannique, le bois équarri. James Skead entreprit bientôt des opérations forestières, et, en 1842, il investit des fonds dans divers établissements sur les rives de la Madawaska, y compris dans une ferme tenant lieu de dépôt. Il n’obtint au début que des résultats modestes, et, en 1843, il ne tira des terres de la couronne en bordure de la Madawaska qu’un train de flottage contenant 33 500 pieds cubes de pin rouge. Toutefois, son entreprise se développa rapidement et, deux ans plus tard, il produisit 88 000 pieds cubes de bois et 200 000 pieds cubes additionnels en association avec William Rogerson.

Pour réduire les frais d’exploitation et accroître la production, Skead et les principaux marchands de bois de la région de Bytown formèrent, en 1844, la Madawaska River Improvement Company, une entreprise coopérative ayant pour but de construire des barrages, des « glissoires » , des estacades et d’autres ouvrages sur cette rivière turbulente. Grâce à cette association et aux relations qu’il entretenait avec son beau-frère, William MacKey, qui avait bâti une glissoire aux chutes des Chaudières en 1835, Skead devint un expert en ouvrages fluviaux. En 1845, il se laissa convaincre par le bureau des Travaux publics (devenu, après 1846, le département des Travaux publics) de construire à Bytown la glissoire Victoria. Il conçut alors un ouvrage où s’agençaient les plans inclinés et les paliers de décélération, ce qui constituait un progrès considérable par rapport aux anciennes et dangereuses glissoires à une seule pente. En 1846, le gouvernement fit de nouveau appel à Skead pour construire des glissoires et d’autres ouvrages en divers endroits de la rivière Madawaska.

Dans les années 1840, Skead continua d’agrandir son entreprise forestière, notamment sur les rivières Madawaska et Mississippi dans le Haut-Canada. En 1851, il y employait une centaine d’hommes, et il avait ouvert un magasin de fournitures à Bytown. En 1861, il assurait du travail à 150 hommes, et la production moyenne annuelle de l’entreprise était de 600 000 pieds cubes de pin et de 16 000 billes ; à l’occasion, il recevait aussi des contrats du département des Travaux publics en vue de construire des ouvrages fluviaux.

Il semble que Skead, vers 1851, ait érigé un moulin à scier sur la rivière des Outaouais, à plusieurs milles en amont de Bytown. Il comptait probablement expédier du bois scié vers le marché qui se développait au nord-est des États-Unis, mais, après quelques années, le moulin fut détruit par un incendie. En 1871, il tenta une nouvelle fois de diversifier ses opérations en construisant, près de l’emplacement de son premier moulin, une vaste scierie à vapeur munie de la plus récente machinerie. Cette scierie, évaluée à $42 500, était en mesure de produire annuellement sept millions de pieds de bois, 500 000 bardeaux et 500 000 lattes. C’est autour d’elle que grandit la petite localité de Skead’s Mills (plus tard nommée Britannia et maintenant partie d’Ottawa). En 1876, Skead devint l’un des principaux promoteurs et le premier président de la Compagnie manufacturière de fer et d’acier d’Ottawa, qui fabriquait de la machinerie pour les scieries et d’autres objets en fer. Il avait la conviction que les industries de transformation étaient seules capables d’assurer le plein rendement de l’économie canadienne. Par malheur, la récession du commerce international, qui se produisit pendant les années 1873–1878, porta un dur coup aux entreprises de Skead. En 1878, il devait au gouvernement fédéral des arrérages de $10 000 en droits d’utilisation des glissoires seulement, et, cette année-là, il fut traduit en justice par la Banque d’Union du Bas-Canada en vertu de la loi concernant la faillite. Les difficultés financières de Skead ruinèrent son empire commercial, sans toutefois compromettre sa situation au sein de l’élite de la capitale.

Durant sa carrière, Skead ne cessa jamais de promouvoir des travaux, publics et privés, visant à stimuler l’industrie forestière, à attirer des fermiers dans la vallée de la rivière des Outaouais et à faire de cette rivière la principale route commerciale entre les lacs Supérieur, Michigan et Huron et les ports de Montréal, Québec et New York. Au cours des années 1860 et 1870, il préconisa la canalisation du réseau des rivières Mattawa et French et il devint l’un des administrateurs de la Caughnawaga Ship Canal Company et de la Georgian Bay Ship Canal Company. En outre, avec William Goodhue Perley et Henry Franklin Bronson, il contribua à la mise sur pied de l’Upper Ottawa Steamboat Company (dont il devint le président) qui devait constituer un moyen sûr et peu coûteux d’approvisionner les chantiers d’exploitation forestière situés en amont d’Ottawa. Skead reconnut également, après 1860, les avantages que le commerce du bois pouvait retirer du transport par chemin de fer. Il fut vice-président de la Compagnie du chemin de fer du Canada central et de la Compagnie du chemin de fer de jonction entre Montréal et la cité d’Ottawa, et il plaça des fonds dans l’Ottawa and Prescott Railway et dans l’Ottawa, Waddington and New York Railway and Bridge Company. En même temps, il contribua à regrouper les entrepreneurs forestiers d’Ottawa en une association destinée à exercer des pressions auprès des organismes du gouvernement et à faciliter l’échange de renseignements entre les compagnies. Skead fut au nombre des fondateurs et des administrateurs de l’Ottawa Association of Lumber Manufacturers, créée en 1862, et il fut membre du conseil d’administration de cet organisme jusqu’à la dissolution de celui-ci en 1868. Pendant ce temps-là, il devint président de l’Ottawa Board of Trade en 1865 et demeura membre du conseil de cette association jusqu’en 1883. En 1871–1872 et en 1876, il fit partie du comité exécutif de la Chambre de commerce de la Puissance et il en fut le président en 1879–1880 et en 1884.

Comme il était l’un des citoyens éminents d’Ottawa, Skead se fit également le promoteur de diverses sociétés, après 1860, telles la Bytown Consumers Gas Company (devenue en 1865 l’Ottawa Gas Company), l’Ottawa Immigrant Aid Society, les sociétés d’agriculture du comté de Carleton et de la ville d’Ottawa, le Rideau Club, la St George’s Society d’Ottawa et l’Ottawa Rifle Association. Il s’intéressa à l’agriculture et fit l’élevage de bêtes à cornes ayrshire et durham qui furent primées. Il fut aussi le président de l’Ottawa Agricultural Insurance Company, de l’Agricultural and Arts Association of Ontario et de l’Ontario Fruit Growers’ Association.

Skead fut élu au conseil municipal d’Ottawa en 1861, et, l’année suivante, il fut élu sans opposition au Conseil législatif à titre de représentant conservateur de la division de Rideau. Il demeura au Conseil législatif jusqu’à la Confédération, puis fut nommé au sénat. En 1867, il chercha à se faire élire député provincial du comté de Carleton sous la bannière conservatrice, mais il fut défait par Robert Lyon. En raison de ses difficultés financières, Skead quitta le sénat en janvier 1881 ; au cours de la même année, toutefois, il réintégra son siège à la suite d’une décision du gouvernement de sir John Alexander Macdonald*.

Skead avait un tempérament actif et dynamique, comme l’indique la diversité de ses intérêts. Il fut profondément affecté, néanmoins, par la faillite commerciale qu’il connut à la fin des années 1870. En 1882, il tomba d’une voiture en marche. Il dut prendre sa retraite et succomba à une maladie pulmonaire en juillet 1884.

Sandra Gillis et Robert Peter Gillis

APC, MG 26, A ; RG 11, sér.ii, 18, file 5 405 ; 21, file 220 ; 23, file 6 403 ; 27, file 8 143 ; 28, file 8 438 ; 88, files 55 048, 78 533 ; 177 ; RG 31, A1, 1851, Ottawa, East Ward :169 ; 1861, Ottawa, Victoria Ward : 215 ; 1871, Nepean Township, 3rd division, schedule 6.— Canada, prov. du, Assemblée législative, App. to the journals, 1844–1845, I, app.P. ; 1846, III, app.C.C. ; 1852–1853, IX, app.M.M.M.M. ; Parl., Sessional papers, 1861, II, n4, app.F.— Bytown Gazette ([Ottawa]), 28 sept. 1848.— Free Press, 5 juill. 1884.— Boyd’s combined business directory for 1875–6 [...] of Montreal, Toronto, Hamilton, Ottawa, London & Kingston [...] (Montréal, s.d.).— Canadian biog. dict., I.— Canadian directory of parl. (J. K. Johnson).— CPC, 1862–1863.— Cyclopædia of Canadian biog. (Rose), I.— Ottawa directory, 1863–1884.— Westboro, Ottawa’s Westmount, Bower Lyon, compil. (Ottawa, 1913).— [Charlotte Whitton], A hundred years a-fellin’ [...] 1842–1942 (Ottawa, s.d.), 54.

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Sandra Gillis et Robert Peter Gillis, « SKEAD, JAMES », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 11, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 28 nov. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/skead_james_11F.html.

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Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 11
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1982
Année de la révision:    1982
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