BRIDGE, THOMAS FINCH HOBDAY, ministre de l’Église d’Angleterre, né le 20 décembre 1807, deuxième fils de Thomas Bridge, de Harwich, Angleterre, capitaine dans la marine royale ; en 1835, il épousa Sarah Christiana Dunscombe, fille de John Dunscombe, aide de camp du gouverneur sir Thomas John Cochrane*, et ils eurent neuf enfants ; décédé à St John’s le 28 février 1856.
Issu d’une famille liée de longue date à la marine royale, Thomas Finch Hobday Bridge ne put, en raison de sa santé, perpétuer la tradition. Il fit ses études à la Charterhouse, dans la ville de Londres, puis au Christ Church College d’Oxford, où il « trouvait son travail trop facile et menait une vie mondaine trop active ». Il obtint une licence ès lettres sans grande distinction et étudia le droit à la Lincoln’s Inn de Londres. Cependant, en 1831, il changea d’avis au sujet de sa carrière et fut ordonné ministre de l’Église d’Angleterre. Après avoir été vicaire à Norfolk, Bridge se rendit à Terre-Neuve en 1832 comme aumônier du gouverneur Cochrane et précepteur de son fils.
Après le départ de Cochrane en 1834, Bridge resta à St John’s, car le révérend Frederick Hamilton Carrington lui avait promis sa succession s’il acceptait entre-temps un poste de vicaire. Déjà membre de la Society for Promoting Christian Knowledge, organisme plutôt traditionaliste, Bridge adhéra alors à la Temperance Society, de tendance plus évangélique, et à la Bible Society. Il donna ainsi l’impression de devenir un vrai ministre de tendance low church. À la mort de Carrington en 1839, Bridge, fort de l’appui des fidèles qui avaient signé une pétition en sa faveur, sollicita avec succès le poste vacant auprès de l’évêque Aubrey George Spencer*. À la fin de l’année 1840, ce dernier envoya Bridge en Angleterre dans le but de réunir les fonds nécessaires à la construction d’une cathédrale à St John’s, dont le coût était évalué à £4 000. Durant les quelque six mois qu’il passa là-bas, Bridge réussit à amasser près de la moitié de cette somme. Pendant cette période, il eut d’ailleurs d’autres activités ; il obtint sa maîtrise ès lettres d’Oxford et prononça un sermon à Islington (Londres) en faveur de la Newfoundland School Society. Ce sermon fut publié dans le Pulpit de Londres, un des plus importants journaux de tendance évangélique en Angleterre à cette époque.
De retour à Terre-Neuve au début de 1841, Bridge devint le principal adjoint de Spencer, cumulant les fonctions de conseiller en théologie, de vicaire général et de commissaire ecclésiastique. Plus tard cette année-là, l’évêque réussit à obtenir la mainmise sur la Newfoundland School Society, et Bridge en devint surintendant, poste qu’il allait occuper jusqu’en 1849. En 1843, Spencer fit un séjour aux Bermudes, autre secteur faisant partie de son diocèse, et laissa à Bridge la responsabilité de Terre-Neuve. Peu après, à l’occasion de la translation de Spencer à l’évêché de la Jamaïque, Bridge se porta candidat à l’épiscopat de Terre-Neuve, mettant de l’avant sa détermination à suivre les « principes scripturaires de l’Église réformée d’Angleterre » que Spencer avait professés. Il mit également en garde les autorités de la Society for the Propagation of the Gospel in Foreign Parts contre les intrigues de son rival, Charles Blackman, directeur du Theological Institute et titulaire de St Thomas. Néanmoins, sa demande n’empêcha pas le gouverneur sir John Harvey et Spencer de croire qu’il essayait d’obtenir non pas le poste d’évêque mais celui d’archidiacre. Quoi qu’il en soit, Edward Feild* fut nommé évêque.
Feild arriva à Terre-Neuve en 1844 et éprouva rapidement de l’antipathie envers Blackman et Bridge, deux des ministres anglicans les plus en vue de l’île, les considérant comme « égocentriques et intéressés ». Feild estimait que ses tendances tract-ariennes poussaient Blackman à s’opposer à lui et que Bridge, en revanche, prenait son parti par intérêt personnel. Il savait également très bien que les deux hommes étaient capables de modifier leur opinion pour s’adapter à toute nouvelle situation. Cependant, Bridge démontrait beaucoup d’efficacité et de zèle, et ses idées se rapprochaient de plus en plus de celles du nouvel évêque, si bien que Feild en vint bientôt à le reconnaître comme son principal adjoint. Président du comité chargé d’administrer la Newfoundland Church Society, Bridge travailla très fort à recueillir des fonds. Cet argent fut distribué, selon les besoins, au clergé de l’île qui dépendait directement des fidèles sur le plan financier. Cela permit du même coup de réduire la dépendance du clergé et d’assurer une certaine autonomie à l’Église par rapport à la Society for the Propagation of the Gospel. Ces activités ainsi que la défense publique des doctrines tract-ariennes modérées firent de Bridge l’homme tout désigné pour le poste d’archidiacre en 1850.
Au début des années 1850, Bridge se lassa de Terre-Neuve et affirma dans des lettres envoyées au pays natal qu’il devait partir parce que le climat et la somme de travail l’exténuaient. Le séjour qu’il fit en Angleterre aux frais de sa congrégation lui permit de se reposer et de revenir ensuite dans la colonie. Toutefois, il continua en vain à chercher d’autres postes, et sa charge de travail augmenta. Il devint président du conseil scolaire protestant de St John’s et siégea au conseil d’administration de la Church of England Academy, tout en conservant la présidence de la Newfoundland Church Society et, à ce titre, la responsabilité des questions financières du diocèse. Il joua un rôle prépondérant dans le conflit qui opposa Feild et le gouverneur Ker Baillie* Hamilton sur ce que Feild considérait comme une intervention exagérée du gouvernement dans les affaires de l’Église. De plus, comme rector de la cathédrale St John the Baptist, il devait s’acquitter de ses devoirs paroissiaux, diriger quatre offices et prononcer trois sermons chaque dimanche, et cela sans l’aide d’un vicaire. Lorsqu’une épidémie de choléra s’abattit sur St John’s en 1855–1856, Bridge travailla parmi les malades, mais il était si affaibli par le surmenage et les soucis d’argent (la Society for the Propagation of the Gospel avait tellement diminué son salaire qu’il ne pouvait plus subvenir aux besoins de sa nombreuse famille) qu’il attrapa un rhume au début de 1856 en transportant du bois. Il mourut le 28 février, après avoir célébré l’office du soir.
Regrettant son premier jugement, Feild fit l’éloge de Thomas Finch Hobday Bridge en le qualifiant « d’archidiacre le plus affectueux, le plus fidèle et le plus efficace qu’un évêque puisse avoir » ; il l’appelait aussi son « Iron Bridge ». Le Newfoundlander parla de son travail parmi les pauvres, et John Kent*, homme politique catholique qui allait devenir premier ministre en 1858, loua le caractère dénué de sectarisme de ses œuvres de charité. À l’occasion de ses funérailles, une foule nombreuse et silencieuse s’était rassemblée. Les travaux de la chambre d’Assemblée furent ajournés, les drapeaux mis en berne et les magasins fermés. L’historien Daniel Woodley Prowse* a dit de Bridge qu’il était « le plus aimé de tous les ministres anglicans qui vinrent dans [le] pays et que personne n’avait jamais pu le remplacer ». Bridge fut certainement un des ministres de l’Église d’Angleterre les plus influents à Terre-Neuve ; sous les évêques Spencer et Feild, il joua un rôle de premier plan pour établir le diocèse anglican sur des bases solides.
Thomas Finch Hobday Bridge est l’auteur de : A letter to Peter Winser, Sr., esq., in reply to his reasons for leaving the church of his fathers and of his baptism (St John’s, 1847), dont une copie est conservée à l’USPG, C/CAN/Nfl., 5 ; et The two religions : or, the question settled, which is the oldest church, the Anglican or the Romish ? a sermon [...] (Londres, 1841). Son sermon prononcé devant la Newfoundland School Society a paru dans le Pulpit (Londres), 38 (1840) : 444–450.
PRO, CO 194/117–142.— USPG, C/CAN/Nfl., 5 ; D9A ; D9B.— Newfoundlander, 3 mars 1856.— Public Ledger, 4 mars 1856.— Prowse, Hist. of Nfld. (1896).— Frederick Jones, « The early opposition to Bishop Feild of Newfoundland », CCHS, Journal (Glen Williams, Ontario), 16 (1974) : 30–41.
Frederick Jones, « BRIDGE, THOMAS FINCH HOBDAY », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 8, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 28 nov. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/bridge_thomas_finch_hobday_8F.html.
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Titre de la publication: | Dictionnaire biographique du Canada, vol. 8 |
Éditeur: | Université Laval/University of Toronto |
Année de la publication: | 1985 |
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