BRECKEN, JOHN, homme d’affaires, homme politique et fonctionnaire, né le 23 février 1800 à Charlottetown, fils aîné de Ralph Brecken et de Matilda Robinson ; le 20 juin 1826, il épousa dans sa ville natale Margaret Leah de St Croix, et ils eurent une fille et trois fils dont Frederick de St Croix Brecken* ; décédé le 2 novembre 1847 au même endroit.

John Brecken était le petit-fils d’un loyaliste du même nom qui avait quitté Shelburne, en Nouvelle-Écosse, en 1784 pour venir s’installer à l’île Saint-Jean (Île-du-Prince-Édouard). Établi comme marchand, il prospéra rapidement et prit Ralph, le père de John, à son emploi. Ralph Brecken mourut alors que John n’avait que 13 ans et laissa une succession estimée à près de £25 000, en grande partie sous forme de sommes dues à l’entreprise. L’héritage ne fut pas distribué aux enfants et le commerce continua ses activités sous son nom. La direction semble avoir été entre les mains de sa veuve et de leur fils John. Jusqu’à la mort de Matilda Brecken en 1842, la Cour d’enregistrement et d’examen des testaments procéda périodiquement au partage du capital et des revenus de la succession. Des sept enfants, c’est John qui retira le plus de ces distributions qui, ajoutées à une rente laissée par son grand-père en 1827, semblent avoir constitué un fonds de capital qu’il conserva et augmenta peut-être.

En utilisant ses fonds personnels ainsi que ceux que détenait sa mère, Brecken commença à faire office de banquier pour beaucoup de gens dans la colonie. Pendant un certain nombre d’années, il servit à titre de trésorier adjoint de la colonie et fut en quelques occasions trésorier par intérim. En 1836, il fut nommé administrateur pour l’île de la Banque de l’Amérique septentrionale britannique. Contrairement à d’autres riches marchands et financiers, les biens que possédait Brecken n’étaient pas directement associés à la propriété foncière. Il ne détenait que quelques parcelles de terre léguées par son grand-père et rien ne permet de croire qu’il se soit engagé dans la spéculation foncière ou ait prêté de l’argent sur hypothèque.

En plus de la sécurité financière, Brecken hérita d’un rang relativement élevé dans la structure sociale de l’île. Sa mère était la fille de l’homme politique Joseph Robinson*, et sa femme, l’unique enfant du docteur Benjamin de St Croix et de Margaret Desbrisay, petite-fille de l’ancien lieutenant-gouverneur Thomas Desbrisay*. La plupart des sœurs de John firent également des mariages prestigieux et avantageux, de sorte que dès 1840 il s’était formé un réseau économique et social au centre duquel se trouvait Matilda Brecken. Ce réseau était constitué de liens politiques tout autant que sociaux et économiques.

Ralph Brecken avait été membre de la chambre d’Assemblée pendant quelques années et y avait servi à titre de président en 1812. Les activités politiques de John débutèrent en 1829, lorsqu’il défit James Bardin Palmer* dans une élection complémentaire à Charlottetown ; il allait conserver son siège l’année suivante. En janvier 1834, il fut nommé au Conseil de l’Île-du-Prince-Édouard par le lieutenant-gouverneur Aretas William Young*. En 1839, lorsque le lieutenant-gouverneur sir Charles Augustus FitzRoy* divisa le conseil en deux parties, exécutive et législative, Brecken fut membre des deux. Il était donc, en tant que tel, l’un des personnages visés par la proposition de l’Assemblée de 1841 au sujet des « alliances de famille » au sein du Conseil exécutif et des « alliances et de l’influence » au Conseil législatif. Au moment où cette proposition fut adoptée, Brecken siégeait au Conseil exécutif avec deux de ses beaux-frères, Thomas Heath Haviland*, secrétaire de la colonie, et James Ellis Peake, le plus grand constructeur de navires de l’île. Un autre de ses beaux-frères, l’important propriétaire foncier Donald McDonald*, siégeait avec lui au Conseil législatif. Il avait aussi des liens de parenté, quoique plus éloignés, avec d’autres membres des deux organismes. Bien qu’on ne puisse mettre en doute l’existence d’un véritable family compact dans la colonie, rien ne laisse croire que Brecken se soit engagé dans une activité concertée en vue d’en retirer un avantage personnel direct. Aucun incident grave ne vint d’ailleurs marquer sa vie politique.

La notice nécrologique de John Brecken fut plutôt sommaire. Dès 1847, la richesse et les relations familiales qui avaient délimité son champ d’action avaient été en grande partie supplantées par de nouvelles forces politiques et sociales.

Harry Tinson Holman

Arch. de la Banque de Montréal, Court Committee of Directors, minute-book no 1 (mfm aux APC).— PAPEI, RG 6.2, Probate Court records, inventaire des biens de Ralph Brecken.— PRO, CO 226/51 : 12, 15, 103.— Supreme Court of P.E.I. (Charlottetown), Estates Division, estate of Ralph Brecken.— Î.-P.-É., House of Assembly, Journal, 23 avril 1841.— Prince Edward Island Register, 9, 16 juin 1829.— Royal Gazette (Charlottetown), 7, 28 sept., 12 oct. 1830, 4 févr. 1834, 18 oct. 1836, 7 janv. 1840, 9 nov. 1847.— An Island refuge : loyalists and disbanded troops on the Island of Saint John, Orlo Jones et Doris Haslam, édit. (Charlottetown, 1983). I. L. Rogers, Charlottetown : the life in its buildings (Charlottetown, 1983).

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Harry Tinson Holman, « BRECKEN, JOHN », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 7, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 28 nov. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/brecken_john_7F.html.

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Année de la publication:    1988
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