Provenance : Lien
BOULTON, CHARLES ARKOLL, officier dans l’armée et dans la milice, arpenteur, homme d’affaires, homme politique, auteur, fermier et fonctionnaire, né le 17 avril 1841 à Cobourg, Haut-Canada, fils de D’Arcy Edward Boulton, avocat et officier de milice, et d’Emily Heath ; le 4 février 1874, il épousa à Orillia, Ontario, Augusta Latter, et ils eurent sept enfants ; décédé le 15 mai 1899 à Russell, Manitoba.
Arrière-petit-fils du juge D’Arcy Boulton*, Charles Arkoll Boulton venait d’une famille étroitement liée à l’élite militaire et politique du Haut-Canada. En 1854, il entra à l’Upper Canada College. Suivant la tradition familiale, il opta pour une carrière militaire et recruta des hommes pour avoir droit au grade d’enseigne dans ce qui devint le 100th Foot, où il obtint son brevet d’officier le 23 juin 1858. Promu lieutenant le 25 mai 1861, il acheta son grade de capitaine le 15 juin 1866. Pendant son service, il passa quatre ans à Gibraltar, fit un bref séjour à Malte et vécut deux ans, de 1866 à 1868, à Montréal. Il vendit son brevet en 1868 et, par la suite, on le nomma major du 46th (East Durham) Battalion of Militia, en Ontario.
En 1869, Boulton se joignit au groupe qui, sous les ordres de John Stoughton Dennis*, devait procéder à l’arpentage des terres de la colonie de la Rivière-Rouge (Manitoba), en prévision de l’affluence de colons qui viendraient s’établir dans cette région lorsqu’elle ferait partie du Canada. La résistance des Métis de Louis Riel* à la domination canadienne incita Dennis à charger Boulton de regrouper des volontaires pour contrer le soulèvement. Au début de décembre, environ 50 d’entre eux se barricadèrent dans un bâtiment qui appartenait à John Christian Schultz. Boulton ne réussit pas à les convaincre de sortir et les Métis les capturèrent le 7 décembre pour les emprisonner ensuite à Upper Fort Garry (Winnipeg). Dennis quitta la colonie peu de temps après. Boulton, qui avait espéré faire reconnaître l’autorité du Canada, perdit son sang-froid après la capture des 50 volontaires, et décida de passer l’hiver à Portage-la-Prairie, où vivaient surtout des Canadiens. À la mi-février, quelques-uns de ceux qui avaient échappé aux Métis et s’étaient réfugiés en cet endroit décidèrent de marcher sur Upper Fort Garry pour libérer les autres prisonniers. Boulton tenta, en vain, de retenir ce groupe de « têtes brûlées », dont Charles Mair* et Thomas Scott*. Pour éviter que ces hommes ne s’attirent des ennuis, il en vint progressivement à prendre le commandement du groupe, qui prévoyait s’unir à un autre dirigé par Schultz. Les Métis n’eurent aucune difficulté à contenir ces Canadiens indisciplinés et ils les firent prisonniers pour la plupart, y compris Boulton. Avec trois autres personnes, ce dernier fut condamné à mort mais il eut la vie sauve grâce à l’intervention de certains leaders de la Rivière-Rouge. Sorti de prison le 16 mars 1870, il retourna en Ontario.
Par la suite, Boulton exploita une scierie près de Lakefield, fit partie de la milice, fut élu conseiller municipal puis président du conseil en 1874. Trois ans plus tard, l’effondrement des marchés du bois de sciage les accula à la faillite, lui et son associé Roland Strickland. Quelque temps plus tard, il allait se tourner de nouveau vers l’Ouest. En 1880, Boulton s’établissait en effet dans une ferme rudimentaire de la vallée de la rivière Shell (Manitoba). La vie de colon s’avéra toutefois extrêmement difficile pour cet homme qui, s’il avait un penchant marqué pour la spéculation, des intérêts dans une scierie et certaines ambitions politiques, devait, avec de maigres moyens financiers, subvenir aux besoins de sa nombreuse famille. En 1881, on intégra au Manitoba la vallée de la Shell, et on établit un régime de gouvernement de comtés. À titre de premier préfet du comté de Russell, Boulton fit pression auprès des gouvernements fédéral et provincial pour obtenir une liaison ferroviaire, qu’il estimait vitale, avec la région de Russell-Shellmouth. En 1881, tentant d’accéder à un poste plus important, il posa sa candidature dans la circonscription de Birtle aux élections provinciales, mais il fut défait. On le nomma cependant président du conseil judiciaire du district de l’Ouest cette année-là.
Quoiqu’il ait partagé la colère des Manitobains devant le peu de cas que le gouvernement fédéral faisait de l’Ouest, Boulton ne remettait pas en question l’autorité canadienne dans cette région. Dès que les nouvelles de la rébellion dans les Territoires du Nord-Ouest arrivèrent, à la fin de mars 1885, il offrit ses services au commandant de la milice canadienne, le major général Frederick Dobson Middleton ; il se trouvait alors à Winnipeg. Nommé officier, il retourna tout de suite dans la région de Russell pour former deux troupes d’éclaireurs qui, connues sous le nom de Boulton’s Scouts, jouèrent un rôle majeur à la bataille de Fish Creek (Saskatchewan) et menèrent le gros des troupes canadiennes dans la marche sur Batoche. Après la bataille, Boulton demeura dans le secteur et pourchassa le chef cri Gros Ours [Mistahimaskwa*] jusqu’à ce qu’il se rende à la Police à cheval du Nord-Ouest.
Boulton espérait tirer profit de ses exploits militaires en publiant rapidement un récit de ses activités, Reminiscences of the North-West rebellions [...], et en faisant pression auprès du gouvernement fédéral pour obtenir des faveurs. Ainsi fit-il de longs voyages à Winnipeg et à Ottawa en laissant sa femme, d’une patience à toute épreuve, veiller sur la famille et tenter de venir à bout de leurs éternels problèmes financiers. Amère déception pour cet homme qui croyait avoir bien mérité de la patrie, aucune de ses nombreuses démarches en vue d’obtenir un poste qui lui convienne n’aboutit.
Dans l’attente d’une récompense, Boulton s’adonna à l’agriculture et exploita un magasin général. En 1886, il participa à la fondation de la Manitoba Dairy Association, dont il devint vice-président en 1888 et président deux ans plus tard. Franc-maçon actif, partisan de la tempérance, il fut aussi officiant laïque de l’Église anglicane. Comme il s’intéressait toujours à la politique, il se porta candidat du parti conservateur dans la circonscription fédérale de Marquette en 1887, mais sans succès. Deux ans plus tard, il reçut enfin la faveur qu’il estimait lui être due depuis longtemps : sa nomination au Sénat. Là, malgré ses liens avec le parti conservateur, il préconisa énergiquement le libre-échange et la construction de nouveaux chemins de fer. En 1895, il assista au congrès annuel des Patrons of Industry et fut nommé vérificateur principal des comptes. Le Russell Chronicle and Free Trade Advertiser, journal qu’il avait fondé en 1893, appuya le programme de réforme de ce groupe de pression agrarien.
L’importance de Charles Arkoll Boulton réside dans le rôle, toutefois inégal, qu’il a joué sur le plan militaire, et dans les luttes qu’il a menées pour promouvoir l’Ouest canadien. S’il n’a pas su s’imposer auprès de ses hommes durant la rébellion de 1869–1870, il a eu plus de succès en 1885, mais ce fut pour constater le peu d’honneurs que son pays réservait à ses chefs militaires. Quoiqu’on l’ait choisi pour participer aux célébrations du jubilé de diamant de la reine Victoria, à Londres en 1897, il fut très peu acclamé au Manitoba et dans l’ensemble du pays. Sa vie professionnelle et sa conception des choses reflètent celles de beaucoup de ses concitoyens du Manitoba. Sur la scène publique, Boulton fut constamment tiraillé entre les exigences de son affiliation conservatrice et les protestations des citoyens irrités de l’Ouest. Comme nombre de Canadiens de cette région, il a démontré les limites de l’opposition aux lignes de conduite fédérales par sa réaction sans équivoque à la rébellion du Nord-Ouest. Ses difficultés financières furent celles de bien d’autres habitants des Prairies, pris entre l’enthousiasme de leurs premières attentes et la réalité de la vie de pionnier dans l’Ouest.
Charles Arkoll Boulton est l’auteur de : Reminiscences of the North-West rebellions, with a record of the raising of Her Majesty’s 100th Regiment in Canada, and a chapter on Canadian social & political life (Toronto, 1886). Une réimpression de cet ouvrage avec une introduction d’Heather Robertson a été publiée sous le titre de I fought Riel : a military memoir (Toronto, 1985).
AN, MG 26, A ; RG 8, I (C sér.), 184 : 28 ; 1020 : 62–65.— AO, MS 575.— PAM, MG 3, B15 ; B16 ; D1 ; MG 14, B20.— St Peter’s Anglican Church Arch. (Cobourg, Ontario), Reg. of baptisms (mfm aux AO).— Brandon Sun (Brandon, Manitoba), 1897–1899.— Observer (Birtle, Manitoba), 1884–1889.— Canadian men and women of the time (Morgan ; 1898).— CPC, 1897.— Hart’s army list, 1858–1869.— Major Charles Arkoll Boulton (s.l., 1981).— Keith Wilson, Charles Arkoll Boulton (Winnipeg, 1984).— B. R. McCutcheon, « The Patrons of Industry in Manitoba, 1890–1898 », Manitoba, Hist. and Scientific Soc., Trans. (Winnipeg), 3e sér., no 21(1965–1966) : 7–25.
Kenneth Stephen Coates et Ruth Swan, « BOULTON, CHARLES ARKOLL », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 12, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 28 nov. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/boulton_charles_arkoll_12F.html.
Information à utiliser pour d'autres types de référence bibliographique:
Permalien: | http://www.biographi.ca/fr/bio/boulton_charles_arkoll_12F.html |
Auteur de l'article: | Kenneth Stephen Coates et Ruth Swan |
Titre de l'article: | BOULTON, CHARLES ARKOLL |
Titre de la publication: | Dictionnaire biographique du Canada, vol. 12 |
Éditeur: | Université Laval/University of Toronto |
Année de la publication: | 1990 |
Année de la révision: | 1990 |
Date de consultation: | 28 novembre 2024 |