BOUCAULT DE GODEFUS, GILBERT, marchand, notaire royal, né vers 1709 dans la région de Paris, fils de Nicolas-Gaspard Boucault, huissier commissaire au Châtelet à Paris, et de Françoise-Anne Devene, décédé probablement en France à une date inconnue.

La carrière de Gilbert Boucault de Godefus fut loin d’être aussi fructueuse que celle de son frère Nicolas-Gaspard Boucault qui, de simple secrétaire de l’intendant Michel Bégon devint lieutenant-général de l’Amirauté de Québec. Nous ignorons en quelle année Gilbert Boucault arriva en Nouvelle-France. Son frère, qui était dans la colonie depuis 1719, se rendit en France en 1726, pour revenir en 1728. Il est fort possible que Gilbert, alors âgé de 19 ans, accompagna son frère en Amérique, mais à aucun moment Nicolas-Gaspard ne mentionna que Gilbert l’ait accompagné sur l’Éléphant, arrivé à Québec en septembre 1728. Quoi qu’il en soit, le 29 juillet 1729, Gilbert Boucault signait devant le notaire Jean-Étienne Dubreuil* son contrat de mariage, dans lequel il se déclarait écrivain de la Marine. Le 7 janvier suivant il épousait à Sainte-Foy Marie-Madeleine de Lajoüe, de 12 ans son aînée et veuve de Pierre Frontigny.

À cette époque, en plus d’occuper sa charge au bureau de la Marine à Québec, Boucault faisait du commerce. Les documents qui mentionnent ce fait ne nous laissent deviner que très peu de chose mais l’activité commerciale de Boucault semble quand même avoir été d’une certaine importance. En 1731, l’intendant Hocquart* lui ordonnait de remettre plus de 1 169# en marchandises et 537# en argent à Nicolas Lanoullier de Boisclerc. De plus, en 1734, il habitait une maison rue Saint-Pierre ; une autre maison, sise sur la rue Saint-Charles, lui appartenait. Il semble qu’il conserva toujours un certain intérêt pour le commerce ; par la suite, il se préoccupa davantage de faire une carrière judiciaire mais il n’y connut que très peu de succès.

Le 27 août 1736, l’intendant Hocquart lui octroyait une commission de notaire royal, pour remplacer Henry Hiché, nommé procureur à la Prévôté et à l’Amirauté de Québec. Le 17 octobre 1739, il succédait à Jacques Barbel* comme juge bailli de la seigneurie de Beaupré, qui appartenait alors au séminaire de Québec. En plus de ces deux fonctions, Boucault fut praticien, remplaçant ou assistant les plaideurs dans leur cause devant les tribunaux. Il remplit à l’occasion la charge d’assesseur à la Prévôté de Québec.

En 1745, la vie familliale des Boucault fut troublée par la hardiesse de Catherine Frontigny, née du premier mariage de Mme Boucault. La demoiselle Frontigny, âgée de 27 ans, s’adressa au lieutenant général de la Prévôté pour obtenir la permission « de faire » à son beau-père et à sa mère « les sommations et soumissions respectueuses » afin de pouvoir se marier. En effet, ces derniers s’opposaient au mariage de leur fille, alléguant qu’elle avait un « caractère indocile [...] loin de suivre les préceptes et l’éducation que la dame sa mère et le d. Me Boucault se sont efforcés de lui donner, [elle] veut par un caprice et un entêtement sans pareil se faire un état et établissement par un mariage ». Malgré l’opposition et les imprécations de ses parents, Catherine Frontigny se présenta au domicile des Boucault et, les 9, 10, Il septembre, selon la forme prescrite par la loi, pria ses parents de consentir à son mariage, ce à quoi ces derniers s’opposèrent. Nonobstant ce refus, Catherine Frontigny épousa Jacques Mourongeau le 14 septembre suivant à Québec.

Boucault subit aussi d’autres revers au cours de sa vie. Les autorités ne lui reconnaissaient que peu de compétence pour occuper des charges importantes. L’intendant Bigot* en témoigna, en 1749, lorsque Nicolas-Gaspard Boucault démissionna de son poste de lieutenant-général de l’Amirauté en faveur de son frère. L’intendant écrivit au ministre Maurepas que le notaire n’était « propre [...] pour occuper aucune place de judicature », et Boucault demeura notaire royal et juge seigneurial.

En 1753, Gilbert Boucault perdit son épouse et, par la suite, sa situation financière se détériora. Au début de 1756, ses créanciers saisirent l’une de ses maisons et, à l’automne de la même année, Boucault quitta la Nouvelle-France. Sa carrière fut médiocre et marquée par l’insuccès. Même s’il fit au tout début quelques gains financiers, c’est sans le sou qu’il repartit pour la France.

Michel Paquin

AN, Col., C11A, 68, f.34 ; 93, f.259.— ANQ, Greffe de Gilbert Boucault de Godefus, 17361756 ; Greffe de J.-É. Dubreuil, 29 juill. 1729.— Recensement de Québec, 1744 (RAPQ).— Les « sommations respectueuses » autrefois, RAPQ, 19211922, 67ss.— Lucille Labrèque, Inventaire de pièces détachées de cours de justice de la Nouvelle-France (16381760), RANQ, 1971, 5.— Létourneau et Labrèque, Inventaire de pièces détachées de la Prévôté de Québec, RANQ, 1971, 182, 203, 208, 269, 272, 300, 315, 331, 365, 367, 374, 393, 412.— P.-G. Roy, Inv. coll. Pièces jud. et not., I : 126, 186, 188 ; II : 334, 355 ; Inv. jug. et délib., 1717–1760, III, IV, V, VI, passim ; Inv. ord. int., II : 98, 209.— Tanguay, Dictionnaire.— J.-E. Roy, Histoire du notariat, I : 357.

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Michel Paquin, « BOUCAULT DE GODEFUS, GILBERT », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 3, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 1 déc. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/boucault_de_godefus_gilbert_3F.html.

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Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 3
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1974
Année de la révision:    1974
Date de consultation:    1 décembre 2024