BOSTWICK, JOHN, arpenteur, fonctionnaire, officier de milice, homme politique, juge de paix et homme d’affaires, né le 24 février 1780 à Great Barrington, Massachusetts, fils de Gideon Bostwick et de Gesie Burghardt ; vers 1802, il épousa Mary Ryerson, et ils eurent quatre fils et trois filles, puis après 1821 une prénommée Polly ; décédé le 9 septembre 1849 à Port Stanley, Haut-Canada.
En 1788, le père de John Bostwick, ministre de l’Église d’Angleterre, signa avec Edward Jessup* et d’autres personnes une requête en vue d’obtenir une étendue de terre au bord de la rivière des Outaouais, mais leur démarche fut vaine. En 1793, il reçut en concession le canton d’Oxford, dans le sud-ouest du Haut-Canada, mais il mourut la même année avant d’avoir pu quitter Great Barrington. Pionnier plein de ressources, John Bostwick arriva dans le Haut-Canada quatre ans plus tard et s’installa dans la région de Long Point, sur la rive nord du lac Érié. Il devint l’apprenti de l’arpenteur William Hambly, qui délimita entre 1793 et 1812 plus de 30 cantons, dont plusieurs dans le district de London.
Bostwick ne tarda pas à se tailler une place dans la société naissante du district, concentrée dans la région de Long Point, près de Vittoria, capitale du district, et constituée en grande partie de colons d’origine américaine. Sa nomination au poste de constable en chef du district en octobre 1800, puis à celui de shérif adjoint dès avril 1801, témoigne de la rapidité de son avancement. En septembre 1804, il devint propriétaire en titre de 600 acres de terre à l’embouchure du ruisseau Kettle, dans le canton de Yarmouth. La même année, avec trois autres résidants importants du district de London, dont Thomas Talbot*, il fit partie de la commission chargée de proposer un tracé pour la route projetée entre Port Talbot et la région de Long Point. La route Bostwick, comme on l’appelait, ne fut pas achevée, faute d’argent, mais on ouvrit un sentier qui en suivait le tracé. En 1805, à l’âge de 25 ans, Bostwick succéda comme shérif à Joseph Ryerson, grand loyaliste de Charlotteville dont il avait épousé la fille, Mary.
Bostwick se porta volontaire quand la guerre de 1812 éclata. Nommé capitaine d’une compagnie de flancs-gardes du lst Norfolk Militia, il acquit vite de l’expérience en participant à la prise de Detroit en août 1812. En septembre, dans une demande de renforts adressée à Talbot, qui supervisait la milice dans le district de London, le major général Isaac Brock* déclarait : « Vous ne pouvez pas envoyer de meilleur capitaine que Bothwick. » Deux mois plus tard, sa compagnie prenait part à la bataille du ruisseau Frenchman, près du fort Erie (Fort Erie), où elle subissait de lourdes pertes et méritait les louanges du lieutenant-colonel Cecil Bisshopp*. Douze mois plus tard, à Nanticoke, après que les troupes britanniques régulières se furent repliées à l’extrémité ouest du lac Ontario, Bostwick faillit trouver la mort en participant, au sein d’un parti de volontaires commandé par son frère Henry, à la capture d’une bande de maraudeurs.
Après la guerre, Bostwick continua de faire des levés, mais il ne passa son examen officiel d’arpenteur qu’en 1819. En 1816, il avait fait sans supervision deux séries de levés dans le canton de Westminster et sur la route Talbot. L’année suivante, il quitta Long Point pour s’établir sur sa terre de Kettle Creek. Les Bostwick furent les premiers à s’installer à cet endroit et leurs plus proches voisins étaient à huit milles de là, sur la partie est de la route Talbot.
Bostwick demeura shérif du district de London jusqu’en 1818. Deux ans plus tard, avec l’arpenteur Mahlon Burwell, il fut élu député de la circonscription de Middlesex. Tous deux tories et membres de l’oligarchie régionale qui appuyait Thomas Talbot, ils eurent comme adversaires des candidats soutenus par les colons écossais du canton d’Aldborough, à qui Talbot n’avait délivré que quelques titres de propriété. Comme ces colons avaient officiellement très peu de terres, ils n’étaient pas autorisés à voter. Il semble que Bostwick se présenta aux élections de 1824 mais qu’il se retira au cours de la campagne ; il fut défait aux élections de 1830 et de 1836.
Sa première femme, Mary Ryerson, morte en 1821, avait laissé à Bostwick des responsabilités considérables : il avait alors 7 enfants âgés de 5 à 20 ans et son installation à Kettle Creek était encore assez récente. Cependant, toujours en 1821, il reçut une concession de 1200 acres par suite de sa promotion au grade de lieutenant-colonel du 3rd Regiment of Middlesex militia. En 1824, il devint secrétaire du Talbot Dispensatory à St Thomas ; fondé à l’instigation de John Rolph* et de Charles Duncombe*, cet établissement de santé était novateur mais ne devait connaître qu’une brève existence. Par ailleurs, Bostwick reçut en 1829 sa première commission de juge de paix. Devenu colonel de son régiment, il prit part en 1837 à la répression du soulèvement dirigé par Duncombe.
Les activités de Bostwick au port de Kettle Creek, baptisé Port Stanley à la fin des années 1820, étaient en partie celles d’un entrepreneur. Dès 1822, il avait fait construire un petit entrepôt et pratiquait entre autres le commerce des cendres et des céréales. Bostwick était impatient d’assurer au village le rôle qui semblait lui revenir, celui de principal port de la colonie de Talbot. Le fait qu’il hypothéqua à la fin de 1827 certains des lots donnant sur le havre indique que ses besoins financiers étaient alors pressants. Deux ans plus tard, il vendait plusieurs petits lots, dont certains bordaient le ruisseau, pour des sommes allant de £12 10s à £25. Par contre, il refusa de vendre ses autres lots de grève pour moins de £100 chacun. Il se peut que Bostwick n’ait contribué que faiblement à l’essor du village. Le principal homme d’affaires de l’endroit était presque certainement James Hamilton, marchand de St Thomas. Aux yeux d’Edward Ermatinger*, l’un des premiers à raconter l’histoire de l’établissement de Talbot, Bostwick était un homme modeste à l’excès qui « n’avait pas le sens de la spéculation et pas de talent pour faire de l’argent ». En vendant des lots à des prix qui, disait-on, décourageaient le développement commercial et résidentiel, il se vit attribuer par des critiques contemporains des responsabilités plus ou moins grandes dans la croissance lente de Port Stanley. D’autres, par contre, imputaient cette situation aux défauts majeurs que le havre présentait.
Dans les années 1820, les installations du port étaient rudimentaires. Une loi provinciale autorisa en 1827 la construction de quais et le dragage du havre, qui était peu profond. Les appontements furent terminés en 1831, sous la supervision d’une commission où siégeait Bostwick, mais les tempêtes, l’envasement et les coûts excessifs retardèrent la suite des travaux. Bostwick fut nommé receveur du droit de péage en 1831 ; quand Port Stanley fut reconnu comme port d’entrée, trois ans plus tard, il devint receveur des douanes, poste qu’il allait conserver pendant 10 ans. Port Stanley devint peu à peu un centre de commerce transitaire et de production de farine ainsi qu’un point de transit pour les immigrants ; pourtant, l’artiste et naturaliste William Pope se montrait dégoûté en 1835 par son « apparence sale et misérable », et Henry Dalley, du canton de Malahide, n’y voyait qu’un « lamentable fiasco » affligé d’un havre plein de boue.
Dans les années 1840, John Bostwick possédait des biens immobiliers considérables et assumait dans sa famille et dans la collectivité des responsabilités diverses. Il était le chef d’une grande maisonnée, soit 12 personnes selon le recensement de 1842. Il avait fait don d’une terre pour la construction d’une église anglicane en 1826, mais ce n’est qu’en 1836 qu’une congrégation fut organisée. Tenace, Bostwick présida au début des années 1840 le comité de construction de la Christ Church ; l’église fut achevée en 1845. Dans l’ensemble, les terres qu’il possédait dans plusieurs cantons n’étaient pas préparées pour la culture, car il s’était surtout occupé de Port Stanley. Le commerce y connut un essor remarquable au cours des années 1840, mais la perspective d’une liaison ferroviaire entre London, Toronto, Montréal et New York venait déjà menacer la vocation commerciale des petits établissements riverains comme Port Stanley. Décédé en 1849, Bostwick ne vit pas le chemin de fer s’installer dans sa région. Il laissait peu de biens, peut-être parce qu’il avait dispersé ses préoccupations et ses énergies au lieu de ne viser qu’à devenir un entrepreneur prospère.
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Alan G. Brunger, « BOSTWICK, JOHN », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 7, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 28 nov. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/bostwick_john_7F.html.
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Éditeur: | Université Laval/University of Toronto |
Année de la publication: | 1988 |
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