BIGOT, JACQUES, prêtre, jésuite, missionnaire des Abénaquis, frère de Vincent, né à Bourges, en France, le 26 juillet 1651, mort à Québec en avril 1711.

Jacques Bigot était entré au noviciat de la Compagnie de Jésus, à Paris, le 9 septembre 1667. Arrivé au Canada en 1679, il fut affecté à la mission algonquine de Sillery, près de Québec, où les Abénaquis se réfugiaient, fuyant devant la menace anglaise. Sillery ne suffit bientôt plus à accueillir ces immigrants. La terre, mal cultivée par ses anciens habitants, était épuisée et le bois de chauffage était désormais trop éloigné des demeures. Le père Bigot installa les Abénaquis aux environs du saut de la Chaudière, sur une terre qu’il se fit concéder, le 1er juillet 1683, par Le Febvre* de La Barre et l’intendant de Meulles.

Cette nouvelle mission, baptisée Saint-François de Sales, devint la plus fervente de l’Amérique du Nord. Le missionnaire écrivait dans sa relation de 1684 : « De l’aveu de tout le monde de ce pays, on n’a point encore vu ici une nation recevoir avec tant de docilité les instructions de nos mystères ». Chaque année, le père allait faire une excursion apostolique chez les Abénaquis restés en Acadie. En 1687, il fut chargé par Denonville [Brisay] de se rendre dans la région de Boston afin d’inviter les Abénaquis à s’établir à sa mission pour en augmenter le nombre d’habitants et se joindre aux Français en cas d’attaque. Deux ans plus tard, le village de la Chaudière ne comptait pas moins de 600 âmes. En 1690, dans un mémoire à Seignelay [Colbert], Denonville se réjouissait que « la bonne intelligence qu’il a eu avec ces sauvages par les soins des Jésuites et surtout les deux Pères Bigot frères a fait le succès de toutes les attaques qu’ils ont faites sur les Anglais ».

À l’automne de 1691, le père Bigot passa en France, emportant le vœu de ses Abénaquis à Notre-Dame de Chartres et une grande ceinture de porcelaine pour les chanoines de la cathédrale. En retour, ces derniers lui donnèrent, pour les Abénaquis, une grande chemise en reliquaire qu’il rapporta à Québec au printemps de 1694.

En septembre 1698, Bigot alla remplacer pour quelques mois son frère Vincent, malade, à Naurakamig, village abénaquis d’Acadie. Le mois suivant, il accompagnait les Abénaquis au bord de la mer pour traiter de la paix avec le capitaine d’un vaisseau anglais. Ces négociations n’aboutirent à rien, le capitaine du vaisseau ayant proposé aux Indiens de chasser les missionnaires français pour les remplacer par des ministres protestants. Il était de retour à Québec au printemps de 1699.

Les terres du saut de la Chaudière devenues stériles pour la culture du blé d’Inde, le père Bigot décida, en 1700, de transférer la mission sur les bords de la rivière Saint-François, où un certain nombre de Socoquis et d’Abénaquis s’étaient fixés dès 1676 au moins. Il s’y fit concéder pour ses Indiens une bonne partie des seigneuries de Saint-François et de Pierreville. La vie qu’il mena au milieu d’eux était tout à fait apostolique, selon le témoignage de Bacqueville de La Potherie [Le Roy], qui le visita dans sa cabane d’écorce en 1701. L’ivrognerie fut le grand mal qu’il eut à combattre. Comme ce vice avait pour cause le vagabondage, il s’efforça d’amener ceux qui s’y adonnaient à s’établir dans la mission. Le spectacle de la vie réglée qu’on y menait, de la ferveur même qui y régnait, et les exhortations des bons chrétiens contribuaient plus encore que les efforts du missionnaire à ramener les débauchés dans le droit sentier.

Bigot dut quitter la mission de Saint-François à l’automne de 1707 ou au début de 1708. Atteint par une maladie de langueur, il se retira à Québec, où il mourut en avril 1711.

Thomas Charland

AN, Col., C11A, 8, ff.108, 129, 132, 132v., 176, 177, 183,193v., 235,238,239v. ; 9, ff.121,130v., 159,159v. ; 11, 185v.— NYCD (O’Callaghan et Fernow), IX : 354, 440.— [Jacques Bigot], Relation de ce qui sest passé de plus remarquable dans la mission Abnaquise de Sainct Joseph de Sillery, et dans lestablissement de la Nouvelle Mission de Sainct François de Sales, de lannée 1684. Par le RPJacques Bigot de la Compagnie de Jésus (Manate [New York], 1857) ; Relation de ce qui sest passé de plus remarquable dans la mission Abnaquise de sainct Joseph de Sillery, et de sainct François de Sales, lannée 1685. Par le RPJacques Bigot, de la Compagnie de Jesus (Manate [New York], 1858) ; Copie dune lettre escrite par le père Jacques Bigot de la Compagnie de Jésus lan 1684, pour accompagner un collier de pourcelaine envoié par les Abnaquis de la mission de Sainct François de Sales dans la Nouvelle-France au tombeau de leur sainct patron à Annecy (Manate [New York], 1858) ; Relation de la mission Abnaquise de StFrançois de Sales lannée 1702, par le Père Jacques Bigot, de la Compagnie de Jésus (New York, 1865).— Documents inédits con cernant la Compagnie de Jésus, Auguste Carayon, édit. (28 vol., Poitiers et Paris, 1863–1874), XI : 277.—JR (Thwaites), LXII , LXIII et LXIV. La lettre du père Bigot donnée comme du 26 octobre 1699 par Carayon et Thwaites serait plutôt du 26 octobre 1698, d’après A.-Léo Leymarie, Exposition rétrospective des colonies françaises de lAmérique du Nord. Catalogue illustré (Paris, 1929), 278.— J.-A. Maurault, Histoire des Abénakis depuis 1605 jusquà nos Jours (Sorel, 1866).— Rochemonteix, Les Jésuites et la N.-F. au XVIIe siècle, III : 226–229, 289s., 377, 395s., 407,437–439.

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Thomas Charland, « BIGOT, JACQUES », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 2, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 28 nov. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/bigot_jacques_2F.html.

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Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1969
Année de la révision:    1991
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