BEST, THOMAS HENRY, homme d’affaires, né le 17 avril 1850 à Perrytown, Haut-Canada, fils de John Best et d’Ellen (Elonor) Cory ; le 22 août 1876, il épousa à Collingwood, Ontario, Clara Melissa Wiggins, et ils eurent trois fils et six filles ; décédé le 1er août 1928 à Toronto.

Venus de Newry (Irlande du Nord), les parents de Thomas Henry Best s’établirent d’abord dans une ferme de la région de Port Hope, dans le Haut-Canada, puis, au cours des années 1850, dans une ferme située près de Dunedin, au sud de Collingwood. À l’âge de 18 ans, Thomas Henry se rendit à Chicago et à Buffalo, dans l’État de New York, où, employé dans un magasin à rayons, il acquit de l’expérience en matière de vente au détail, de mise en marché et de publicité. Dès 1871, il était de retour à la ferme familiale et travaillait comme commis de magasin, probablement à Collingwood. Il finit par y diriger le plus gros magasin de la région, la Melville Fair Company. En 1876, il épousa Clara Melissa Wiggins, fille d’un marchand local de tissus et d’articles de mercerie. En 1891, il avait son propre commerce de tailleur. À Collingwood, il appartint au conseil municipal, au Public School Board et au conseil d’administration de l’église presbytérienne. En outre, il fut secrétaire de la Collingwood Reform Association et surintendant de la bibliothèque du Mechanics’ Institute, à laquelle il consacra beaucoup de temps. Selon une histoire locale, il fut « toujours porté sur la littérature, lecteur assidu et grand amateur de livres ».

En 1891, pour des raisons obscures, Best élut domicile à Toronto, où il ouvrit un commerce de tailleur avec John Stone dans la rue Yonge. Déjà, à cette époque, il souhaitait aider les Canadiens à mieux connaître les affaires publiques et la production littéraire de leurs compatriotes. En mars 1893, il contribua au lancement du Canadian Magazine of Politics, Science, Art and Literature, dont le directeur était James Gordon Mowat. L’éditeur de ce mensuel était l’Ontario Publishing Company Limited, entreprise organisée expressément dans ce but, constituée juridiquement en mai et ayant Best comme administrateur délégué. Bien que, au début, le président de l’entreprise, James Colebrooke Patterson, ait été le ministre de la Milice et de la Défense et que l’un des vice-présidents, Thomas Ballantyne*, ait occupé la présidence de l’Assemblée législative de l’Ontario, il faut attribuer la santé financière et la longévité de la revue à Best, qui sut y appliquer des méthodes de gestion efficaces et lui assurer un soutien publicitaire. Durant 35 ans, l’édition et l’imprimerie seraient son univers.

La fin du xixe siècle était un moment peu propice à la publication d’un magazine au Canada. Comme Best le savait sans doute, les revues canadiennes ne pouvaient pas concurrencer les périodiques américains au Canada même, elles trouvaient peu de débouchés aux États-Unis, et les droits de douane, de plus en plus élevés, rendaient les frais de production prohibitifs. Le Canadian Magazine coûtait 25 cents le numéro. Ce prix était assez élevé mais identique à celui de deux revues new-yorkaises qui servaient de modèles au Canadian Magazine, soit le Scribner’s et le Harper’s. Dès le début, les fondateurs promirent que « chaque mois paraîtr[aient] des articles actuels, rédigés par d’éminents hommes d’État et écrivains de diverses tendances politiques et portant sur des thèmes politiques et autres questions d’intérêt public ». De plus, le magazine entendait « cultiver le patriotisme canadien et [promouvoir] les intérêts du Canada ».

Des annonces publicitaires en abondance, des dessins au trait, de bonnes reproductions de photographies et de peintures, des articles sur la politique, les voyages, les sciences et les arts, des morceaux choisis de poésie et de fiction : cette « formule éprouvée », pour reprendre l’expression de l’historien de la littérature Carl Frederick Klinck, explique également la survie du Canadian Magazine. La diversité des sujets, qui deviendrait l’une des caractéristiques de la revue, se voit dès le premier volume. Par exemple, James Wilberforce Longley, un des administrateurs de l’Ontario Publishing Company, y consacre un texte au charbon et à la culture fruitière en Nouvelle-Écosse ; John Joseph Mackenzie, aux bactéries ; William Hamilton Merritt*, à la sidérurgie canadienne ; George Monro Grant*, à la Politique nationale ; le révérend William Schenck Blackstock, à la criminologie et à la régénération ; James Laughlin Hughes*, à l’humour dans les salles de classe.

En 1897, pendant le mandat du directeur John Alexander Cooper* et à l’issue de rudes négociations probablement menées par Best, l’Ontario Publishing Company absorba le Massey’s Magazine de Toronto [V. Walter Edward Hart Massey*] afin d’encourager « un magazine puissant et purement canadien ». À la suite de ce rachat, qui permit au Canadian Magazine de doubler son tirage, Best fit savoir que, « en raison de cet accroissement de pouvoir », le tarif publicitaire grimperait de 50 % le 1er juin 1897. En contrepartie, croyait-il, la transaction ferait du Canadian Magazine le « meilleur véhicule publicitaire » au pays, un périodique qui pourrait s’enorgueillir de réserver une plus grande place au talent artistique et à la publicité étrangère « que toute autre paire de publications au Canada ». De plus, la revue publierait des brochures de promotion pour solliciter de la « publicité judicieuse » et faire connaître les auteurs et sujets des volumes futurs. Les numéros suivants contiendraient des réclames d’une grande variété de clients : banques, compagnies d’assurance, écoles et collèges, chemins de fer, producteurs détenant des marques de commerce.

Comme le Canadian Magazine se portait bien, Best se mit à explorer d’autres avenues. En 1901, l’Ontario Publishing Company assuma la publication du Canada Lancet de Toronto, le plus prestigieux périodique médical au pays. De plus, elle ouvrit un bureau à Londres. Best étudia aussi les économies que l’entreprise pourrait réaliser en faisant elle-même ses travaux d’imprimerie. En 1911 – à cette date, un des fils de Best, Thomas Wilbur, était représentant itinérant pour l’entreprise –, l’Ontario Publishing Company acheta l’imprimerie Newton and Treloar et la rebaptisa T. H. Best Printing Company. Suivant la décision de Best, qui voulait que les deux sociétés soient gérées séparément, la Best Printing s’aventura en dehors de l’impression des périodiques. Ainsi, elle entra en conflit avec les entreprises de Hugh Cameron MacLean* et de William Southam*, qui, aux yeux de Best, étaient à la tête d’un cartel d’imprimeurs. La Macmillan Company of Canada Limited sauva la Best Printing en lui confiant la production de tous ses manuels scolaires.

À compter de l’année 1913, où Best acheta de l’équipement de reliure, la production de livres représenta une part de plus en plus lucrative de ses activités. Huit ans plus tard, la Best Printing absorba officiellement l’Ontario Publishing Company ; Best assuma alors la présidence et son fils, la vice-présidence. Malgré son âge, Best tenait à surveiller lui-même la croissance de cette nouvelle imprimerie. En 1922, il vendit sa part du Canadian Magazine, dont le tirage atteignait alors 30 000 exemplaires. Six ans plus tard, il mourut à son domicile du chemin Dunvegan à Toronto.

Grâce à son sens des affaires et à son goût pour la culture, Thomas Henry Best avait été l’âme de l’un des rares magazines canadiens à grand tirage qui connut le succès et était devenu le propriétaire de l’une des plus grosses imprimeries de l’Ontario. Celle-ci resterait d’ailleurs dans sa famille durant deux autres générations. Capable d’innover en matière de méthodes de gestion et de vente, Best représentait la tranche de la classe d’affaires pour qui le gain financier récompensait les vertus d’efficacité, d’épargne, de souci du bien public et de progrès.

Molly Pulver Ungar et Vicky Bach

Les renseignements sur la famille nous ont été aimablement donnés par J. Kirby Best, d’East Lyme, au Connecticut, arrière-petit-fils du sujet, à l’occasion d’une entrevue réalisée en mars 2000. [m. p. u. et v. b.]

AO, RG 22-305, nº 60383 ; RG 80-5-0-60, nº 9889.— BAC, RG 31, C1, 1871, Nottawasaga Township, Ontario, div. 1 : 30 ; 1891, Collingwood, Ontario, div. 2 : 28.— North York Central Library, Canadiana coll., John Alexander Cooper papers.— Daily Mail and Empire (Toronto), 2 août 1928.— Globe (Toronto), 2 août 1928.— Annuaire, Toronto, 1892–1928.— Canadian Magazine, mars 1893–sept. 1924.— Canadian men and women of the time (Morgan ; 1912).— Canadian Printer and Publisher (Toronto), déc. 1895 : 1 ; mai 1958 : 75.— Dict. of Toronto printers (Hulse).— Huron Institute, Papers and records (3 vol., Collingwood, Ontario, 1909–1939), 2 : 18.— Ontario Gazette (Toronto), 1893 : 626.— G. L. Parker, The beginnings of the book trade in Canada (Toronto, 1985).— « Profile », Quill & Quire (Toronto), 25 juill. 1969 : 4s.— Standard dict. of Canadian biog. (Roberts et Tunnell), 2.— H. E. Stephenson et Carlton McNaught, The story of advertising in Canada ; a chronicle of fifty years (Toronto, [1940]).— Fraser Sutherland, The monthly epic : a history of Canadian magazines, 1789–1989 (Markham, Ontario, 1989).

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Molly Pulver Ungar et Vicky Bach, « BEST, THOMAS HENRY », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 15, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 28 nov. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/best_thomas_henry_15F.html.

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Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    2005
Année de la révision:    2005
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