BEMISTER, JOHN, marchand, homme politique et fonctionnaire, né en 1815 à Carbonear, Terre-Neuve, fils de William Willis Bemister et d’Ann Howell ; le 3 janvier 1839, il épousa au même endroit Jane Taylor, et ils eurent quatre filles ; décédé le 19 décembre 1892 à Harbour Grace, Terre-Neuve.

Aîné d’une famille de sept enfants, John Bemister entra au service de la société commerciale de son père, la William Bemister and Company, à Carbonear, au poste de commis et teneur de livres. En 1841, on l’envoya gérer la succursale de New Perlican, dans la baie Trinity, où la compagnie venait d’acheter des locaux. Bemister continua à travailler dans l’entreprise familiale à New Perlican et à Carbonear jusqu’en 1860 mais, après son entrée en politique, il laissa de plus en plus à ses frères la direction quotidienne des affaires.

En 1852, Bemister fut élu député conservateur de Conception Bay. Son expérience dans le commerce constitua un atout : en janvier 1853, on le désigna pour faire partie d’un comité chargé de « vérifier [...] solder et clore les comptes des receveurs des droits ». Le mois suivant, il fut nommé membre du conseil d’administration de la Newfoundland Savings’ Bank. Les libéraux, majoritaires à la chambre d’Assemblée, insistaient fortement pour obtenir la responsabilité ministérielle [V. Philip Francis Little] et, lorsqu’ils y parvinrent en 1855, le nombre de députés augmenta. L’année même, Bemister se fit élire dans le nouveau district de Bay de Verde. Quatre ans plus tard, il serait réélu sans opposition mais, dans les deux cas, lui et ses collègues conservateurs, sous la gouverne de Hugh William Hoyles*, allaient demeurer dans l’opposition.

Après les élections de 1859, les relations entre les libéraux et le gouverneur sir Alexander Bannerman* avaient commencé à se détériorer. Au début de 1861, le gouverneur avait dissous le gouvernement libéral et demandé à Hoyles d’en former un nouveau. Croyant que seule une représentation confessionnelle équilibrée au sein de l’exécutif pourrait réduire les conflits sectaires, Hoyles invita Bemister, wesleyen et représentant du principal district méthodiste de l’île, à devenir membre du Conseil exécutif. Bemister conserva ce poste après les élections générales de mai. Nommé receveur général au mois de février suivant, il assuma ainsi la responsabilité des finances à un moment où la colonie était au bord de la faillite. Les recettes baissaient et, même après avoir entrepris de réduire les dépenses, Bemister jugea vite nécessaire de hausser les tarifs douaniers, en particulier sur le rhum et d’autres spiritueux.

Hoyles démissionna en 1865 pour accepter la charge de juge en chef de Terre-Neuve. Frederic Bowker Terrington Carter le remplaça comme premier ministre et, en incitant les libéraux catholiques John Kent* et Ambrose Shea* à faire partie d’un gouvernement de coalition, il réussit là où son prédécesseur avait échoué. Réélu sans opposition en novembre dans Bay de Verde pour la troisième fois, Bemister fut nommé peu après secrétaire de la colonie ; sa correspondance à ce poste révèle que le gouvernement était une fois de plus assailli par les difficultés financières. À plusieurs reprises, il refusa d’accorder des secours aux pauvres parce que « la colonie n’en a[vait] vraiment plus les moyens et [... ne pouvait] se permettre des secours que pour sauver des vies ».

À la fin des années 1860, la question de la Confédération allait dominer le débat politique à Terre-Neuve. Comme tous les marchands importants de Conception Bay [V. Robert Stewart Munn], Bemister était un ardent partisan de la Confédération. Durant la campagne électorale de 1869, qui portait sur cette question, les hommes politiques se rangèrent en deux clans : les fédéralistes, dirigés par Carter, et les antifédéralistes, menés par Charles James Fox Bennett*. De nouveau candidat, Bemister ne figura pas au nombre des principaux porte-parole des fédéralistes. Il avait comme adversaire dans Bay de Verde Robert Reader, instituteur et magistrat stipendiaire à Old Perlican. La population de Bay de Verde, qui élisait ses représentants sans opposition depuis plus de dix ans, se laissa apparemment gagner par la fièvre électorale. Reader allait plus tard soutenir que, dans plusieurs localités, les partisans de Bemister avaient recouru à « l’intimidation, la brutalité et l’influence du clergé ». Néanmoins, Bennett et les adversaires de la Confédération l’emportèrent et seulement neuf fédéralistes, dont Bemister, furent réélus.

Malgré sa victoire personnelle, Bemister choisit cette occasion pour mettre fin à sa carrière politique. Avant que le nouveau cabinet n’entre en fonction, on le nomma shérif du district du Nord et on l’affecta à Harbour Grace. Les antifédéralistes crièrent alors à l’infamie en affirmant que « depuis des mois [Bemister] détenait par écrit la promesse de cette nomination ». Bemister assuma ses fonctions à Harbour Grace dans une relative obscurité durant plus de 20 ans, jusqu’à ce que la maladie l’oblige à prendre sa retraite en 1891. Il y mourut l’année suivante.

Quoique John Bemister ait occupé des postes importants dans deux gouvernements, il ne fut pour aucun un membre clé. Wesleyen bien en vue, il avait plutôt profité de nominations fondées sur des motifs confessionnels tant sous Hoyles que sous Carter.

Paul F. Kenney et Robert H. Cuff

Carbonear United Church (Carbonear, T.-N.), Reg. of baptisms and burials for the Wesleyan Methodist Church, 1817–1867 ; Reg. of marriages, 1806–1867 (mfm aux PANL).— MHA, Gertrude Crosbie, « Names in the newspapers, 1825–67 » (s.d.).— PANL, GN 2/1/A, 1865–1869 ; GN 9/1, 1855–1869.— Courier (St John’s), janv. 1864, sept. 1869–févr. 1870.— Evening Telegram (St John’s), 20 déc. 1892.— Newfoundlander, 1852–1855.— Royal Gazette and Newfoundland Advertiser, nov. 1852–févr. 1853.— St. John’s Daily News and Newfoundland Journal of Commerce, 1861.— E. C. Moulton, « The. political history of Newfoundland, 1861–1869 » (thèse de m.a., Memorial Univ. of Nfld., St John’s, 1960).— James Murphy, Murphy’s old Carbonear (St John’s, 1916).— Arthur Pittman, « History and description of New Perlican », Newfoundland Quarterly (St John’s), 35 (1935–1936), no 3 : 17–18.

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Paul F. Kenney et Robert H. Cuff, « BEMISTER, JOHN », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 12, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 28 nov. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/bemister_john_12F.html.

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