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BELL, JOHN WILLIAM, instituteur, agriculteur et homme politique, né le 18 mars 1838 à Desmond, comté de Lennox and Addington, Haut-Canada, fils aîné de Daniel Fraser Bell et de Christian (Christy) Mowbray ; le 4 décembre 1869, il épousa Julie Purcell, et ils eurent trois fils et deux filles ; décédé le 5 juillet 1901 sur la ferme familiale à Desmond.
John William Bell étudia à la Newburgh Academy, non loin de Desmond, et y obtint un certificat d’instituteur de première classe. Après dix ans d’enseignement, il entreprit l’exploitation d’une terre à côté de la propriété familiale, dans le canton de Camden, occupation qu’il allait poursuivre jusqu’à sa mort. Fervent méthodiste et militant de la tempérance, il enseignait à l’école du dimanche et dirigeait un groupe d’étude biblique. Il exerça plusieurs fonctions dans l’administration municipale : conseiller du canton de Camden en 1872–1873, il présida le conseil municipal en 1874–1876, 1878–1879 et 1881, fut vice-président en 1877 et préfet du comté de Lennox and Addington en 1879. C’est pendant ce dernier mandat qu’eut lieu l’enquête sur le scandale financier qui déboucha, la même année, sur la démission du trésorier du comté, Edmund John Glyn Hooper*.
En 1882, Bell passa sur la scène fédérale en se faisant élire, sous la bannière conservatrice, député de la circonscription d’Addington. Réélu en 1887, 1896 et 1900 (il perdit en 1891), il n’était cependant pas un député de premier plan : il ne s’adressa aux Communes que trois fois. En plus de la distribution habituelle des faveurs, il s’occupa d’obtenir des subventions et des prolongements de ligne pour le Chemin de fer de Napanee, Tamworth et Québec, qui passait dans sa circonscription.
Bell connut néanmoins un moment de gloire nationale. En mars 1889, il fut du groupe des « nobles treize », qui soutint la motion dans laquelle William Edward O’Brien réclamait que le gouvernement fédéral refuse de reconnaître l’Acte relatif au règlement de la question des biens des jésuites [V. D’Alton McCarthy*]. Cette loi du gouvernement de Québec répugnait particulièrement aux orangistes ontariens parce qu’elle autorisait le pape à prendre part au processus de décision concernant les biens confisqués. De grandes assemblées de protestation se tinrent dans tout l’Ontario ; le Toronto Daily Mail [V. Christopher William Bunting*l fit frapper une médaille en l’honneur des treize députés qui avaient eu le courage de défier le caucus de leur parti. La lettre que Bell adressa au premier ministre, sir John Alexander Macdonald*, le 21 mars, avant le vote, montre dans quel dilemme il était : « Si j’appuie le gouvernement [et me prononce] contre [...] la motion [...] je me trouverai dans une position très inconfortable par rapport à mes frères orangistes [...] de qui ma majorité dépend en premier lieu. » Toutefois, Bell n’avait rien à craindre, car la veille, Macdonald avait clairement laissé entendre à O’Brien qu’il n’y aurait pas de sanctions contre les députés récalcitrants. De fait, le mois suivant, le premier ministre accorda à Bell une autre subvention ferroviaire.
En 1896, Bell prit de nouveau ses distances par rapport à son parti. Bien qu’officiellement les conservateurs se soient déclarés favorables à restaurer, par voie législative, les droits des catholiques du Manitoba en matière d’écoles [V. McCarthy], il se présenta aux élections en tenant une position contraire. Encore une fois, il ne risquait pas grand-chose puisque près de la moitié des candidats conservateurs s’opposaient ouvertement à un projet de loi réparatrice. Pour Bell, le danger aurait été de défier la loge orangiste de son district, dont les membres avaient juré de « ne soutenir aucun homme » qui préconiserait une loi réparatrice, et qui, cet été-là, rassembla 10 000 personnes à Napanee pour la célébration du 12 juillet, anniversaire de la bataille de la Boyne. Grand maître de l’est de l’Ontario de 1895 à 1897, Bell exprima ainsi, à l’assemblée annuelle de la loge à Picton en 1897, son opposition aux écoles séparées et aux mesures réparatrices : « Je suis très frappé de voir que, lorsque le clergé d’une secte quelconque entreprend, en tant que corps constitué, d’obtenir pour son propre bénéfice une loi spéciale, il se montre plus désireux d’assurer sa domination sur terre que de préparer sa place au ciel. »
Dans ses dernières années, Bell connut une ascension rapide au sein de l’ordre d’Orange. Il fut élu vice-président du Triennial Grand Orange Council of the World à Glasgow en 1897 et président du World Council à New York en 1900. Cependant, il n’était pas destiné à terminer son mandat. Il mourut subitement d’une attaque d’apoplexie en 1901, nouvelle que le Weekly Intelligencer de Belleville annonça sous le titre : « Décès du principal chef de l’orangisme mondial ». Environ 3 000 personnes assistèrent à ses funérailles, à Desmond, dont 400 orangistes de tous les coins de l’Ontario et du Québec. Sir Mackenzie Bowell* et Nathaniel Clarke Wallace, tous deux ex-présidents du conseil triennal et amis personnels de Bell, prononcèrent une allocution sur sa tombe.
La foule présente aux obsèques témoignait de l’immense popularité de John William Bell, homme dont la carrière illustre à quel point l’ordre d’Orange était puissant dans l’Ontario rural à la fin de la période victorienne.
Plusieurs photographies de John William Bell sont au Lennox and Addington County Museum Library and Arch. (Napanee, Ontario). Une photo figure aussi dans le texte de K. F. Reid, « The life and career of John William Bell, M.P. », Lennox and Addington Hist. Soc., Papers and Records (Napanee), 17 (1987) : 42–54. Cette étude a été préparée en 1970 comme travail de 13e année sous la supervision de l’auteur. Le journal de Bell, dont il y est fait mention, a été égaré depuis par ses descendants. [j. e.]
AN, MG 26, A.— Lennox and Addington County Museum Library and Arch., Lennox and Addington Hist. Soc. coll., T. W. Casey scrapbooks, J. W. Bell à Casey, 24 sept. 1899.— Loyal Orange Assoc. of British America Arch. (Toronto), Information on medallion struck in 1889 commemorating opposition of the « noble thirteen » to the Jesuits’Estates Act.— Daily British Whig, 1882, 24 janv. 1887, 1896.— Napanee Beaver, 15 oct. 1888, 20 janv., 26 juin, 17 juill. 1896, 1900, 1er juin 1901 ; ainsi qu’une copie dactylographiée, en possession de l’auteur, de l’hommage funèbre de T. W. Casey à Bell extraite du numéro du 12 juill. 1901, qui n’existe plus.— Sentinel (Toronto), 25 mars, 23 juill. 1897.— Weekly Intelligencer (Belleville, Ontario), 11 juill. 1901.— W. M. Alkenbrack, « The financial crisis in Lennox and Addington County, 1879–1880 : the Hooper investigation », Lennox and Addington Hist. Soc., Papers and Records, 14 (1972) : 23–37.— F. T. Bell et Mary Donovan, History of the Bell family, 1772–1960 (miméographie, Centreville, Ontario, s.d. ; copie au Lennox and Addington County Museum).— Canada, Chambre des communes, Débats, 1883–1884, 1886, 1889–1890, 1897–1898, 1900–1901.— L. C. Clark, « The Conservative party in the 1890’s », SHC Rapport, 1961 : 58–74.— CPG, 1885, 1891.— Grand Orange Lodge of British America, Report (Toronto), 1901.— W. S. Herrington, History of the county of Lennox and Addington (Toronto, 1913 ; réimpr., Belleville, 1972).— Lennox and Addington, County Council, Minutes (Napanee), 1863–1885.— J. F. O’Sullivan, « Dalton McCarthy and the Conservative party, 1876–1896 » (thèse de
James A. Eadie, « BELL, JOHN WILLIAM », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 13, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 28 nov. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/bell_john_william_13F.html.
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Auteur de l'article: | James A. Eadie |
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Titre de la publication: | Dictionnaire biographique du Canada, vol. 13 |
Éditeur: | Université Laval/University of Toronto |
Année de la publication: | 1994 |
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