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BARSS, JOSEPH, capitaine de navire, corsaire et homme d’affaires, né le 21 février 1776 à Liverpool, Nouvelle-Écosse, deuxième des 14 enfants de Joseph Barss et d’Elizabeth Crowell ; décédé le 3 août 1824 près de Kentville, Nouvelle-Écosse.
Encore enfant, le père de Joseph Barss avait été amené de la Nouvelle-Angleterre à l’établissement de pionniers de Liverpool. Avec le temps, il devint l’un des chefs de file du canton et son député à la chambre d’Assemblée. Dès l’âge de 14 ans, Joseph naviguait comme homme d’équipage sur un bateau qui appartenait à son père et qui faisait la pêche au saumon le long des côtes du Labrador. En 1797, il était capitaine d’un des bâtiments de son père et, l’année suivante, lieutenant en second à bord d’un gros corsaire, le Charles Mary Wentworth. En octobre 1799, on lui confia le commandement d’un corsaire plus petit ; le Lord Spencer. Après que le Lord Spencer se fut emparé d’un navire aux Antilles et que celui-ci eut été envoyé en Nouvelle-Écosse, trois membres de l’équipage furent blessés au cours d’un accrochage avec des corsaires français. Le bâtiment heurta par la suite un récif, et l’équipage dut être secouru par un corsaire ami. Barss navigua alors à bord d’une prise, mais rien ne laisse croire qu’il eut du succès. En janvier 1801, il quitta Liverpool à bord du corsaire Rover, dont il avait le commandement. Il trouva peu de bâtiments à capturer (des rumeurs de paix circulaient à cette époque), mais il envoya tout de même trois prises à Liverpool avant de rentrer à son port d’attache en mai.
La course demeura infructueuse jusqu’à la guerre de 1812, et c’est pourquoi, de 1801 à 1812, Barss commanda des navires qui faisaient le commerce côtier dans les Maritimes et en Nouvelle-Angleterre. L’un de ses navires était l’Eliza, qu’il avait acheté de Simeon Perkins*. De juillet 1803 à mars 1804, on retrouve Barss et son sloop aux Antilles ; il travaillait probablement pour le gouvernement et gagnait, semble-t-il, 1 500 piastres espagnoles par mois. Barss songeait alors à se marier, puisqu’il revint à Liverpool le 24 mars et qu’il obtint, le 12 avril suivant, un certificat pour son mariage avec Olivia DeWolf, fille d’Elisha DeWolf, personnage en vue du canton de Horton. Le couple s’établit à Liverpool et Barss continua à faire du commerce côtier, achetant et vendant pour son propre compte aussi bien que pour le compte d’autrui. En outre, il était membre d’un groupe de courtiers de la région qui assuraient les navires de Liverpool et leur cargaison.
Le 28 juin 1812, le Liverpool Packet arriva à Liverpool, en provenance de Halifax, apportant la nouvelle qu’un conflit venait d’éclater entre la Grande-Bretagne et les États-Unis. Ce schooner, petit et rapide, construit d’abord pour faire la traite des esclaves, avait été acheté par Enos Collins* et trois autres résidents de Liverpool, dont deux frères de Barss, John* et James, à titre d’actionnaires. Avant l’ouverture des hostilités, ce bâtiment faisait la navette entre Halifax et Liverpool, transportant des passagers, des marchandises et du courrier. Le 22 août, le lieutenant-gouverneur sir John Coape Sherbrooke avait déjà donné l’autorisation « d’arrêter, de saisir et de capturer tout navire, tout vaisseau ou toutes marchandises appartenant auxdits États-Unis », même s’il n’avait reçu aucune instruction des autorités britanniques à ce sujet. Au début de septembre, le Liverpool Packet prit la mer avec, à son bord, Joseph Barss en qualité de commandant en second. Pendant le premier voyage qu’effectua le navire, le commandement passa de John Freeman à Joseph Barss, probablement parce qu’une discipline plus efficace s’imposait. Ce dernier continua à commander le bâtiment au cours des voyages subséquents.
Quand Sherbrooke reçut en novembre un arrêté en conseil autorisant la saisie de navires américains, d’autres corsaires mirent le cap sur la côte américaine mais, grâce à la rapidité du Liverpool Packet et à l’habileté de Barss, celui-ci prit la tête du groupe. Il concentra ses attaques aux abords de Boston et surtout près du côté nord de la presqu’île du cap Cod. La réputation de Barss se répandit dans les ports de la Nouvelle-Angleterre, et une forte récompense fut offerte pour sa capture. Le sort de 33 prises effectuées sous son commandement fut décidé par la Cour de vice-amirauté à Halifax. Bien qu’il se soit emparé de plusieurs autres bâtiments, quelques-uns ne valaient pas la peine d’être ramenés, tandis que certains jouissaient d’un sauf-conduit des autorités britanniques. D’autres encore périrent dans des tempêtes en gagnant Halifax et, enfin, un certain nombre furent repris par des corsaires américains.
Toutefois, le 11 juin 1813, Barss dut livrer bataille à un corsaire américain puissamment armé, le Thomas, qui venait de Portsmouth, dans le New Hampshire, et il fut contraint de se rendre. L’équipage fut renvoyé peu après en Nouvelle-Écosse lors d’un échange de prisonniers, mais Barss fut gardé en détention surveillée à Portsmouth. Des amis influents, tels Collins et son associé Joseph Allison, demandèrent à Sherbrooke d’intervenir en faveur du prisonnier. Après des mois, Barss put enfin retourner chez lui, ne jouissant toutefois que d’une liberté conditionnelle. Néanmoins, en 1814, il conduisit aux Antilles le Wolverine (l’ancien Thomas capturé en 1813), transformé en navire marchand armé, et revint à Liverpool le 20 août. Selon un article publié le 28 octobre dans un journal de Boston et repris le 12 novembre dans l’Acadian Recorder, Barss, ayant « manqué à sa parole à un certain moment », avait été arrêté et emprisonné de nouveau. Quoi qu’il en soit, il était de retour à Liverpool en mars 1815. Sa santé s’était sans doute détériorée par suite de sa captivité, et sa vie en mer touchait à sa fin. Les profits tirés du Liverpool Packet en 1812, fruits de 18 prises, s’élevaient à £21 814 ; de cette somme Barss toucha probablement £1 000.
En 1817, Joseph Barss acheta une ferme aux environs de Kentville, près de l’endroit où habitaient des parents de sa femme et loin de la mer. C’est là qu’il vécut avec sa famille qui ne cessa de s’agrandir (il eut neuf enfants en tout). Il mourut relativement jeune, à l’âge de 48 ans.
Liverpool, N.-É., Simeon Perkins, dianes (transcriptions aux PANS).— PANS, MG 1, 819, no 1 ; 825 ; MG 4, 77 (copie dactylographiée).— C. H. J. Snider, Under the red jack : privateers of the Maritime provinces of Canada in the War of 1812 (Toronto, [1927]), 17–52.— T. H. Raddall, Joseph Barss, Jr.— a famous privateer captain », Liverpool Advance, 26 juill. 1972 : 3.
Catherine Pross, « BARSS, JOSEPH », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 6, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 28 nov. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/barss_joseph_6F.html.
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Auteur de l'article: | Catherine Pross |
Titre de l'article: | BARSS, JOSEPH |
Titre de la publication: | Dictionnaire biographique du Canada, vol. 6 |
Éditeur: | Université Laval/University of Toronto |
Année de la publication: | 1987 |
Année de la révision: | 1987 |
Date de consultation: | 28 novembre 2024 |