BARSALOU (Barçalo, Barsolou, Barsoloy, Bersalou, Borsalou), JEAN-BAPTISTE (baptisé Jean), voyageur et marchand-tanneur, né à Montréal, le 9 septembre 1706, fils de Gérard Barsalou et de Marie-Catherine Legras, décédé dans la même ville, le 18 mars 1776.
Le père de Jean-Baptiste Barsalou était allié, par sa mère, à Charles Nolan* Lamarque, un des marchands importants de Montréal. En épousant, le 6 mai 1700, la fille du marchand Jean Legras, Gérard Barsalou se trouvait à renforcer ses liens avec le monde du négoce. Le 19 avril précédent, il avait passé un contrat devant notaire pour établir une tannerie avec Charles Delaunay*, marié à une autre fille de Legras. Delaunay apportait le capital tandis que Barsalou fournissait son expérience de maître tanneur. L’association dura six ans, après quoi Barsalou s’établit à son compte, faubourg Sainte-Catherine. L’endroit, bien pourvu de ruisseaux, lui permettait d’aménager les réservoirs indispensables à son métier. Cependant, la rareté de la main-d’œuvre et la difficulté à se procurer des peaux semblent lui avoir causé des problèmes. Gérard Barsalou mourut prématurément en 1721, laissant 11 enfants, presque tous en bas âge, et une veuve, qui se remaria la même année avec le notaire Nicolas-Auguste Guillet* de Chaumont.
Après son mariage, en août 1723, l’aîné des fils Barsalou, Joseph, eut la jouissance, pour tout le temps de sa minorité, de la tannerie, d’un moulin à scier – récemment construit en association avec son oncle Jean-Baptiste Neveu* – et autres dépendances, à condition de prendre en charge six de ses frères et sœurs, dont Jean-Baptiste, tandis que sa mère et son beau-père prenaient avec eux les quatre autres enfants. Plus tard, soit en 1735, Jean-Baptiste aura des démêlés avec son beau-père qui, devant le tribunal de Montréal, accusera le jeune homme d’avoir tenté de le tuer.
Jean-Baptiste Barsalou débuta dans le monde du travail en faisant quelques voyages au pays des fourrures pour le compte de son oncle Neveu et pour celui du marchand Ignace Gamelin, fils. Cependant, dès le début des années 1730, il prit en main la direction de la tannerie, passant des ententes avec des bouchers de Montréal afin de réserver les peaux de bœuf, de vache et de veau, et avec des cordonniers pour fixer le prix des cuirs préparés dans son atelier. Associé à son frère Jean-François, également marchand-tanneur, Jean-Baptiste faisait compétition à deux autres familles de tanneurs de Montréal, les Lenoir, dit Rolland, et les Plessy, dit Bélair [V. Jean-Louis Plessy*, dit Bélair]. De 1747 à 1765, Barsalou diversifia ses activités en achetant et revendant des terres dans le faubourg Saint-Laurent. Soucieux de défendre ses intérêts, il interdit à l’acheteur de l’un de ces terrains d’y effectuer tous travaux de tannerie, allant même jusqu’à poser des dalles sur le ruisseau qui le traversait.
En mai 1733, Barsalou avait épousé Marie-Jeanne Becquet dont il avait déjà eu une fille, née au mois de janvier précédent et déclarée de père et mère inconnus au moment du baptême. Il en reconnut la paternité lors de la signature de son contrat de mariage, le 10 mai. Marie-Jeanne Becquet mourut en 1743, à la naissance d’un neuvième enfant, et Barsalou épousa l’année suivante Geneviève Bouchard, dit Dorval, veuve de Pierre Forestier. Il devait se marier de nouveau, en 1763, avec Élisabeth Urtebise.
L’inflation que connut le commerce canadien durant les dernières années du Régime français et les pertes subies lors de la liquidation de l’argent de papier, après la Conquête, affectèrent grandement les affaires de Barsalou. Lui qui avait travaillé ferme pour consolider l’entreprise paternelle et la léguer à ses fils, la vit se détériorer graduellement et ses efforts se soldèrent finalement par un échec. Son inventaire après décès révèle l’état déplorable de son commerce. Il ne possédait plus que sa maison, sa tannerie, quelques outils et n’avait aucun argent comptant. Ses fils s’étaient faits voyageurs ; le nom de Barsalou allait disparaître du domaine de la tannerie. Un siècle plus tard, cependant, un de ses petits-neveux, Joseph Barsalou, allait faire sa marque dans un secteur connexe, en fondant la première et fort importante industrie canadienne-française du savon dans la province de Québec.
ANQ-M, État civil, Catholiques, Notre-Dame de Montréal, 6 mai 1700, 10 sept. 1706, 6 nov. 1721, 4 mai 1744, 8 janv. 1763 ; Greffe de J.-B. Adhémar, 30 nov. 1718, 21 déc. 1731, 7 sept. 1749 ; Greffe de Pierre Raimbault, 10 mai 1733.— Godbout, Nos ancêtres, ANQ Rapport, 1953–1955, 492.— P.-G. Roy, Inv. jug. et délib., 1717–1760, III : 260, 309 ; IV : 41 ; V : 273s., 276, 294, 296, 298 ; VI : 2.— Tanguay, Dictionnaire, II : 132.— J.-N. Fauteux, Essai sur l’industrie, II.— É.-Z. Massicotte, Un notaire dans une ménagerie, BRH, XLII (1936) : 132–135.
Yves-Jean Tremblay, « BARSALOU (Barçalo, Barsolou, Barsoloy, Bersalou, Borsalou), JEAN-BAPTISTE (baptisé Jean) », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 4, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 28 nov. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/barsalou_jean_baptiste_4F.html.
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Titre de la publication: | Dictionnaire biographique du Canada, vol. 4 |
Éditeur: | Université Laval/University of Toronto |
Année de la publication: | 1980 |
Année de la révision: | 1980 |
Date de consultation: | 28 novembre 2024 |