PLESSY (Plessis), dit Bélair, JEAN-LOUIS, marchand tanneur de Montréal, né en 1678, fils de Jean Plessy, dit Bélair, maître tanneur, et de Françoise Mathusson, originaire de Metz en Lorraine (France) ; le 27 février 1713 il épousa à Montréal Marie-Anne Petit Boismorel, qui lui donna 20 enfants dont 13 moururent jeunes ; inhumé à Montréal le 21 mars 1743.
Le surnom de Bélair donné à Jean-Louis Plessy ne peut avoir fait allusion qu’à son apparence physique, car les tanneries étaient si malodorantes qu’on les établissait nettement en dehors des villes. Toutefois, si le métier de tanneur offrait peu d’attrait, cela était compensé par l’appât du gain. Bien qu’il fallût un capital important pour mettre sur pied une tannerie, beaucoup de gens de la Nouvelle-France s’y essayèrent, et, en raison de la qualité inférieure du cuir que fabriquaient ceux qui manquaient d’expérience, l’intendant fut obligé, au début du xviiie siècle, de limiter cette profession à un petit nombre de tanneurs ayant fait leurs preuves. C’est ainsi qu’à Montréal Charles Delaunay* et Gérard Barsalou eurent le monopole presque exclusif de cette profession lucrative. En vue d’encourager un accroissement de la concurrence et de la productivité, l’intendant Jacques Raudot* autorisa Jean-Louis Plessy, en 1710, à exploiter une tannerie dans cette même ville et déclara : « faisons Deffences auxd. Delaunay et Barsaloup de le troubler dans l’exercice de son metier ».
Jean-Louis Plessy était venu au Canada en qualité de recrue des troupes de la Marine et avait été licencié alors qu’il avait une vingtaine d’années. Fils et petit-fils de maîtres tanneurs de Metz, il avait travaillé en France avant de s’enrôler. Les documents et témoignages fournis à l’intendant en 1710 établissent que Plessy « a eu pendant deux ans la conduitte de la tannerie de Jean Larche [L’Archevêque] une des plus considerable de ce pays, et qu’il a travaillé mesme dans toutes les autres tanneries ». Cependant, Plessy n’avait pas les moyens de s’établir à son compte. Il s’associa avec un boucher, du nom de Joseph Guyon Després, qui accepta de faire construire et d’équiper une tannerie et d’en financer l’exploitation pendant la première année. Il est évident que Plessy entretenait de bons rapports avec la famille de son bailleur de fonds car en 1713 il épousa la belle-sœur de Després. Sa contribution aux biens du ménage s’éleva à 1000# qu’il avait gagnées en travaillant comme tanneur. Un de ses amis nommé Jacques Thibierge, arquebusier du roi à Montréal, signa comme témoin lors de son contrat de mariage.
En 1714, Plessy estima qu’il était maintenant en mesure d’établir sa propre tannerie. Au moyen de 2 200# d’économies et d’emprunts, il acheta un terrain sur lequel il fit construire par un charpentier une tannerie de 37 pieds sur 21, un moulin à tan, une maison et des dépendances. Plessy connut une modeste prospérité ; il fit construire d’autres édifices, loua une maison, et acheta un esclave panis qu’il mit en apprentissage chez un cordonnier. Il passa des contrats avec des bouchers pour leur acheter des peaux écrues et il trouva parmi les cordonniers de la région un marché prêt à écouler son cuir.
Après la mort de Jean-Louis Plessy, dit Bélair, en 1743, Charles, son fils aîné, reprit son affaire qu’il exploita jusqu’en 1749. Un autre de ses fils, Joseph-Amable, devint forgeron et fut le père d’un des plus illustres descendants de Plessy, Mgr Joseph-Octave Plessis*.
ANQ, Greffe de François Genaple de Bellefonds, 8 févr. 1707 ; NF, Documents de la juridiction de Montréal, VI : 193–195 ; XI : 67v.s. ; XII : 40–43 ; NF, Ord. int., IV : 27–28.— ANQ-M, Greffe de Jacques David, 31 oct. 1721, 13 sept. 1722, 4 avril 1723 ; Greffe de Michel Lepailleur, 24 févr. 1713, 21 mai 1716, passim ; Greffe de J.-C. Raimbault, 19 oct. 1727 ; Greffe de Pierre Raimbault, 27 mars 1710 ; Documents judiciaires, 2 juill. 1728 ; Registres des audiences, VII : 793, 835.— Édits ord., II : 265s.— L’île de Montréal en 1731 (A. Roy), 43.— P.-G. Roy, Inv. jug. et délib., 1717–1760, I : 101, 126, 128, 235 ; II : 25 ; Inv. ord. int., I : 17, 48, 96.— Tanguay, Dictionnaire, I : 478 ; VI : 390.— J.-N. Fauteux, Essai sur l’industrie, 419–421, 426, 436, 443.
Peter N. Moogk, « PLESSY (Plessis), dit Bélair, JEAN-LOUIS », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 3, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 28 nov. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/plessy_jean_louis_3F.html.
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Auteur de l'article: | Peter N. Moogk |
Titre de l'article: | PLESSY (Plessis), dit Bélair, JEAN-LOUIS |
Titre de la publication: | Dictionnaire biographique du Canada, vol. 3 |
Éditeur: | Université Laval/University of Toronto |
Année de la publication: | 1974 |
Année de la révision: | 1974 |
Date de consultation: | 28 novembre 2024 |