BARKER, WILLIAM, mineur et prospecteur, baptisé le 7 juin 1817 à March, Angleterre, fils de Samuel Barker et de Jane Brighton ; le 31 octobre 1839, il épousa à Earith, Angleterre, Jane Lavender, née Young (décédée en 1850), puis le 13 janvier 1863, à Victoria, Elizabeth Mary Collyer ; décédé le 11 juillet 1894 au même endroit.
William (Billy) Barker n’est pas né en Cornouailles, comme on l’a prétendu, mais bien dans le Cambridgeshire, où on le baptisa à l’église St Wendreda, dans la ville de March. À l’instar de son père, il exerça le dur métier de batelier à bord des chalands qui naviguaient sur les canaux entre March et King’s Lynn, dans le comté de Norfolk. Le 31 octobre 1839, il épousa une veuve, Jane Lavender, et leur fille unique, Emma Eliza, naquit au mois de mai suivant. L’avènement du chemin de fer, au milieu des années 1840, réduisit à l’inactivité de nombreux travailleurs des canaux et il semble que Barker ait décidé alors de chercher fortune aux États-Unis, en laissant sa famille dans l’indigence.
On ne sait à peu près rien de ce que fit Barker pendant son séjour aux États-Unis sauf qu’il se joignit à la ruée vers les gisements aurifères de la Californie. Il devait, d’ailleurs, passer le reste de sa vie à chercher de l’or, ce qui l’amena en Colombie-Britannique en 1858, année de la ruée vers l’or du fleuve Fraser. C’est là qu’en septembre 1859 on lui délivra un certificat de mineur indépendant, après quoi, associé à plusieurs autres Anglais, il exploita d’abord une concession située à la barre Canada, près de Lillooet. La saison suivante, en partie à cause d’un litige concernant des droits de captation d’eau, il décida de vendre sa part dans cette affaire, après avoir jalonné des concessions plus en amont. À l’été de 1860, l’évêque George Hills rencontra Barker à l’occasion de sa tournée des terrains aurifères du Fraser et tous deux s’entretinrent avec nostalgie de la « vieille Angleterre ». À cette époque, Barker avait perdu le contact avec sa famille (sa femme était décédée en 1850 au Union Workhouse à Doddington, dans le Cambridgeshire) mais, comme l’évêque insistait, il renoua avec sa cille.
Au début de l’année 1861, on signala que certaines zones se prêtaient à l’exploitation le long de nombreux ruisseaux dans la partie nord de la région accidentée de Cariboo. Barker se joignit donc à une centaine d’autres mineurs qui décidèrent de tenter leur chance au ruisseau Williams. Avec cinq autres hommes, il forma la société Barker and Company qui, le 15 août, fit enregistrer officiellement ses premières concessions sur le ruisseau Williams. Comme beaucoup d’autres, Barker et ses associés trimèrent tout l’été sans faire de découverte importante. Avec l’ardeur qui semble avoir caractérisé toute sa carrière, il persuada plusieurs mineurs de se joindre à lui la saison suivante pour jalonner des concessions bien en aval du canyon Black Jack, près de la ravine Stouts. Vers la même époque, il vendit les intérêts qu’il avait dans la première concession ; ironie du sort, ses anciens partenaires trouvèrent un bon filon quelques jours plus tard. Bien des gens le jugèrent alors téméraire, estimant que la deuxième concession était trop en aval pour renfermer de l’or. De fait, la société de Barker fut obligée de creuser des puits plus profonds que tous ceux des groupes installés dans cette région éloignée mais, après deux vaines tentatives, le 17 août 1862, Barker et ses sept compagnons découvrirent de riches gisements à une profondeur de 40 pieds. L’évêque Hills relata le fait en ces termes : « Entendu parler du filon qu’on a découvert sur la concession de Barker, au ruisseau Williams, où je suis allé il y a plusieurs jours. D’emblée, chaque associé estime la valeur de sa part à vingt mille dollars. Tous « font la fête » depuis plusieurs jours. »
Devenu riche, Barker confia l’exploitation de la concession à l’un de ses associés et alla passer un agréable hiver à Victoria. C’est là qu’au début de janvier il épousa Elizabeth Mary Collyer, veuve fraîchement arrivée d’Angleterre à bord du Rosedale. À l’été de 1863, elle accompagna son mari au ruisseau Williams, où on lui délivra à son propre nom un certificat de mineur indépendant. Une ville champignon, qu’on appela bientôt Barkerville, surgissait déjà autour du riche gisement découvert par Barker et ses associés. Après une autre fructueuse saison pendant laquelle on exploita trois puits sur la concession de Barker, le couple revint à Victoria.
Il n’existe pas de preuve à l’appui de l’histoire selon laquelle la femme de Barker l’aida à dépenser sa fortune puis le quitta une fois l’argent épuisé. Leur mariage, de courte durée, se termina par la mort d’Elizabeth, âgée de 38 ans, le 21 mai 1865. L’année précédente, Barker avait vendu sa part dans la concession qui l’avait rendu célèbre, car on en avait extrait la plus grande partie des sables aurifères. Il se croyait peut-être assez riche pour vivre à l’aise et investir encore des capitaux dans d’autres projets, mais la chance tourna ; sa générosité notoire fut peut-être aussi pour quelque chose dans ce déclin.
Par la suite, Barker n’obtint pas de succès avec ses autres entreprises. Sa deuxième concession, située entre les ruisseaux Williams et Valley, semblait prometteuse en 1869, mais la boue qui inonda le puits réduisit tout espoir à néant. Dans les années 1870, Barker dirigea plusieurs équipes de prospection dans la région de Horsefly, contrée montagneuse qui s’étend au sud-est de Quesnel Forks. En 1875, le gouvernement de la Colombie-Britannique reçut une pétition qui réclamait la désignation de Barker à la tête d’une nouvelle expédition de prospection. Bien qu’infructueuse, cette pétition, qui parut dans le Cariboo Sentinel du 30 janvier, montre l’estime qu’on avait pour Barker, ce mineur « connu à la grandeur de la province, une personne d’une expérience reconnue et d’une compétence indiscutable ». En 1876, il prit part à une ruée vers le ruisseau Black à titre de membre d’une société minière dirigée par John Butson, vieux camarade avec qui il avait déjà travaillé sur les bords du Fraser. Une montagne et un ruisseau de la région de Horsefly portent le nom de Barker.
On a prétendu que, dans les années subséquentes, Barker devint cuisinier au sein d’une équipe d’hommes employés à construire des routes, mais cette fausse assertion semble tirer son origine dans une erreur d’identité. Barker continua à s’occuper de prospection et d’exploitation minière jusqu’à la dernière année de sa vie. Dans les années 1880, il résida principalement à Clinton, où il passait l’hiver au Dominion Hotel. En 1891, cependant, d’après les données du recensement, il était de retour au ruisseau Lightning, dans la région de Cariboo, où il vivait avec deux autres mineurs dans une cabane d’une seule pièce. Quelques années plus tard, comme il souffrait d’un cancer de la mâchoire, on le persuada de chercher refuge à l’Old Men’s Home à Victoria, où il mourut le 11 juillet 1894. On l’inhuma dans une fosse commune au cimetière Ross Bay.
Si William Barker ne parvint pas à acquérir une fortune durable, il occupe tout de même une place unique dans l’histoire des chercheurs d’or de la Colombie-Britannique. À la fin de sa vie, la ville qui portait son nom était à son déclin mais, en 1959, après d’importants travaux de restauration, Barkerville est devenu un parc historique provincial et, en 1962, on a posé à l’endroit de sa sépulture une plaque commémorative.
Arch. privées, Ken Mather (Vernon, C.-B.), Ken Mather, « William « Billy » Barker : myth and reality ».— EEC, Provincial Diocese of New Westminster Arch. (Vancouver), George Hills, diaries, 1860–1862 (mfm aux PABC).— GRO (Londres), Marriage certificate, William Barker et Jane Lavender, parish of Bluntisham, Huntingdonshire, 31 oct. 1839 (copie).— PABC, GR 216, 35 ; GR 224, list of free miners’ certificates, 26 sept. 1859 ; claims recorded, 21 nov. 1859 ; GR 1372, F 524, Thomas Elwyn to colonial secretary, 3 janv., 14 mars, 14 avril 1860, 22 août 1862 ; Vert. file, William Barker.— Cariboo Sentinel (Barkerville, C.-B.), 20 nov. 1869, 22 août 1870, 30 janv. 1875.— Daily Colonist (Victoria), 14 janv. 1863, 12–13 juill. 1894.— T. W. Paterson, « Billy Barker of Barkerville », Pioneer days in British Columbia : a selection of historical articles from « BC Outdoors » magazine, A. [G.] Downs, édit. (Surrey, C.-B.), 1 (1973) : 95–96.— Richard Wright, Discover Barkerville (Vancouver, 1984).
Sylvia M. Van Kirk, Ken Mather et Dorothy A. Sweet, « BARKER, WILLIAM », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 12, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 28 nov. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/barker_william_12F.html.
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Titre de la publication: | Dictionnaire biographique du Canada, vol. 12 |
Éditeur: | Université Laval/University of Toronto |
Année de la publication: | 1990 |
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