BALDWIN, AUGUSTUS WARREN, officier de marine et homme politique, né le 1er octobre 1776 à la ferme « Russell Hill », près de Lisnegatt (comté de Cork, République d’Irlande), sixième des 16 enfants de Robert Baldwin, père, et de Barbara Spread, décédé à « Russell Hill », sa propriété près de Toronto, Haut-Canada, le 5 janvier 1866.

Augustus Warren Baldwin entra dans la marine marchande comme apprenti en janvier 1792. En mai 1794, il fut en mesure de faire partie de l’équipage du sloop La Trompeuse, où il obtint bientôt une commission de midshipman, grâce au capitaine, J. Erskine Douglas, un ami de sa famille. Baldwin servit sous les ordres de Douglas pendant plusieurs années, naviguant surtout entre les stations de la métropole et de Halifax ; de 1798 à 1804, il servit sur le Boston qui, ironie du sort, pourchassa en 1799 le navire qui amenait sa famille en Amérique, le prenant pour un navire français. Il fut nommé lieutenant en 1800, participa au bombardement de Copenhague en 1807 et, l’année suivante, reçut une médaille d’or et une commission de commandant pour avoir contribué à la capture du navire russe Sewolod. En février 1812, après quatre ans d’inactivité, il prit le commandement du brick Tyrian qui croisait surtout dans la Manche. Ses activités semblent avoir été lucratives : après une mission au large de Spithead, il reçut £100 pour avoir repris un navire tombé en la possession d’un corsaire français.

Nommé capitaine en janvier 1817 et retiré de ses fonctions de commandant, Baldwin alla s’établir dans le Haut-Canada. Il acheta d’Elizabeth Russell, demi-sœur de Peter Russell*, une propriété de 200 acres située à l’est de « Spadina », la résidence de son frère, William Warren Baldwin*. C’est là qu’Augustus construisit « Russell Hill » et qu’il s’établit comme gentilhomme terrien. Il fut nommé magistrat du district de Home en 1822 et, en 1823, commissaire pour entendre les plaintes résultant de la guerre de 1812. Le 4 octobre 1827, il épousa Augusta Mary Melissa Jackson, fille du réformiste John Mills Jackson* ; ils perdirent un fils et deux filles, morts durant leur adolescence.

Baldwin ne tarda pas à participer aux affaires financières de la communauté. Probablement sous l’égide de ses frères, William Warren et John Spread Baldwin, il investit de fortes sommes dans la Bank of Upper Canada et dans la Desjardins Canal Company. Il consentit également un prêt de £1 000 à l’entreprise du marchand Quetton* de Saint-Georges, à laquelle s’associa John Spread, et, en 1824–1825, se joignit à d’autres membres de sa famille dans une affaire de construction navale.

À l’encontre de son frère William Warren, Augustus était un tory et lorsque sir John Colborne augmenta le nombre des membres du Conseil législatif en 1831, il y fut nommé. Durant la crise constitutionnelle de mars 1836, alors que son neveu Robert Baldwin* et le reste du Conseil exécutif démissionnèrent à la suite d’une dispute avec le lieutenant-gouverneur sir Francis Bond Head*, Augustus, probablement par sens du devoir, fut l’un de ceux qui acceptèrent de les remplacer. Il demeura membre des deux conseils jusqu’en juin 1841, date à laquelle il fut nommé au nouveau Conseil législatif de la province du Canada. Cependant, sa démission suivit presque immédiatement, probablement parce que ses fonctions l’auraient amené à voyager à Kingston. Head, dans A narrative, résume ainsi le rôle décoratif de Baldwin en politique : « sa loyauté et son caractère doux et aimable constituent les traits dominants d’une personnalité estimée de tous les partis ».

Vers la fin de sa vie, Baldwin fit figure de patriarche à Toronto. À plusieurs reprises entre 1832 et 1856, il fut l’un des administrateurs de la Bank of Upper Canada et occupa les mêmes fonctions à la British America Assurance Company. Il vendit une partie de sa propriété entre 1850 et 1857. Membre de l’Église d’Angleterre, il fut l’un des fondateurs de l’église St Paul et le premier marguillier nommé par le rector en 1842–1844. Bien qu’il se retirât officiellement de la marine le 1er octobre 1846, il fut promu successivement contre-amiral, vice-amiral et amiral de l’escadre blanche en 1851, 1857 et 1862.

Baldwin demeura malheureusement trop fidèle à ses premiers investissements. Lorsqu’il mourut en janvier 1866, sa propriété, à l’exclusion du terrain, était évaluée à $16 512, dont quelque $10 500 en actions et en dépôts à la Bank of Upper Canada, qui fit faillite peu de temps après ; de plus, ses actions dans la Desjardins Canal Company avaient une valeur plutôt limitée. Le terrain, cependant, prit rapidement de la valeur ; il fut légué aux héritiers de Robert Baldwin et à William Augustus Baldwin, neveu d’Augustus Warren, mais la veuve de ce dernier en gardait l’usufruit. La carrière de Baldwin illustre deux points souvent oubliés, à savoir que tous les Baldwin n’étaient pas réformistes et qu’ils ont œuvré dans d’autres domaines que la politique.

Frederick H. Armstrong

APC, RG 68, 1, General index, 1651–1841, pp.138, 192, 445, 450, 670s.— MTCL, Robert Baldwin papers ; William Warren Baldwin papers.— PRO, Adm. 196/3.— York County Surrogate Court (Toronto), will of Augustus Warren Baldwin, 14 août 1850, and inventory of the estate, 17 janv. 1866.— F. B. Head, A narrative (Londres, 1839), 454, 456s.— Globe, 6, 10 janv. 1866.— Armstrong, Handbook of Upper Canadian chronology, 14, 35.— John Marshall, Royal naval biography [...] (6 tomes en 4 vol. et 2 vol. suppl., Londres, 1823–1835).— Morgan, Sketches of celebrated Canadians, 155s.— O’Byrne, Naval biographical dictionary (1849), 42.— Wallace, Macmillan dictionary, 30, 343.— R. M. et Joyce Baldwin, The Baldwins and the great experiment (Don Mills, Ont., 1969).— T. W. Acheson, John Baldwin : portrait of a colonial entrepreneur, OH, LXI (1969) : 153–166.

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Frederick H. Armstrong, « BALDWIN, AUGUSTUS WARREN », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 9, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 28 nov. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/baldwin_augustus_warren_9F.html.

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Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 9
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1977
Année de la révision:    1977
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