BAKER, CHARLES, arpenteur, fonctionnaire, juge de paix et juge, né le 5 octobre 1743 en Virginie, fils de William Baker et de sa première femme, Susannah Rice ; vers 1770, il épousa, apparemment au fort Cumberland (près de Sackville, Nouveau-Brunswick), Ann Barron, fille du capitaine Edward Barron, et ils eurent sept enfants ; décédé le 10 février 1835 à Amherst, Nouvelle-Écosse.
Ayant d’abord été instruit à la maison par son père, qui était « un fin lettré anglais », Charles Baker aurait fait ses études au College of New Jersey, mais son nom n’apparaît pas sur les registres existants. En 1756, la famille vivait, semble-t-il, en Pennsylvanie. La même année, à cause des raids menés par les Indiens à la suite de la défaite qu’avait essuyée en 1755 le major général Edward Braddock près du fort Duquesne (Pittsburgh), elle alla s’installer à Carlisle, le « chef-lieu du comté », où William Baker fut embauché par Adam Hoops, pourvoyeur de l’armée. Deux ans plus tard, le général de brigade John Forbes* construisait une route à travers les montagnes pour que ses troupes puissent attaquer le fort Duquesne. Charles Baker raconta plus tard : « s’étant pris d’affection pour mon père et étant disposé à l’aider, il [Forbes] me fit entrer dans l’armée à raison de un dollar par jour, plus les rations ».
On sait que Baker arriva dans la région de Chignecto, en Nouvelle-Écosse, en 1765, mais il était probablement venu auparavant pour faire de l’arpentage le long de la rivière Petitcodiac (Nouveau-Brunswick). En effet, Adam Hoops, avec qui il était lié, et le colonel Frederick Haldimand* avaient obtenu la concession du nouveau canton de Hopewell, situé dans cette région. Une tradition familiale veut que Baker soit venu en Nouvelle-Écosse parce qu’il s’était épris de la fille d’Edward Barron à Québec et qu’il ait suivi la famille à l’isthme Chignecto, où Barron avait reçu une concession de terre. À son arrivée, Baker fut nommé arpenteur adjoint et, pendant un certain temps, il travailla sous la direction du capitaine John Huston, arpenteur du comté. Quelques années plus tard, il rapporta à l’arpenteur général Charles Morris* que Huston l’avait obligé à faire des révisions de bornage qu’il savait inexactes. Baker servit aussi d’intermédiaire entre les propriétaires et les habitants des villages de la rivière Petitcodiac. Après la mort de Hoops, son neveu le nomma régisseur de ses propriétés du canton de Hillsborough. On ignore où Baker vivait à cette époque, mais certains indices laissent croire qu’il habitait le canton de Monckton.
Les activités de Baker pendant la Révolution américaine sont peu connues. En août 1775, il rapporta toutefois à Halifax que des rebelles de la Nouvelle-Angleterre avaient dégagé une route entre la rivière Saint-Jean et la région de Shepody (Nouveau-Brunswick), en prévision d’une attaque contre le fort Cumberland. Le gouvernement provincial faisait face à une vive opposition dans le comté de Cumberland, mais il ne fait pas de doute que Baker, tout comme son beau-père, demeura fidèle à la couronne pendant l’invasion de la Nouvelle-Écosse par Jonathan Eddy* en 1776. Après la guerre, Morris l’engagea avec plusieurs autres arpenteurs adjoints pour l’installation des loyalistes. De 1783 à 1785, il travailla le long de la rivière Petitcodiac ainsi que dans les régions de Ramsheg (Wallace), de Cobequid Road, de Westchester et de River Philip, dans le comté de Cumberland. Morris trouvait les plans de Baker « bien exécutés » et « très joliment finis », mais il lui faisait souvent des remontrances au sujet de ses comptes. Ainsi, le 22 février 1784, il se plaignait en ces termes : « des cinquante adjoints qui sont présentement à notre service, vous êtes celui qui fait ses comptes de la manière la plus inusitée et, si [les autres] suivaient votre exemple, les dépenses annuelles d’arpentage pour les loyalistes s’élèveraient au moins à soixante livres ». D’ailleurs, Baker connut bientôt des difficultés financières : il devait à ses aides plus d’argent qu’il ne pouvait en recevoir du gouvernement, en partie parce qu’il versait apparemment des salaires plus élevés que les allocations gouvernementales. Afin d’acquitter les dettes qu’il avait contractées « en cherchant des terres et en faisant des travaux d’arpentage pour les réfugiés de West Chester », il dut vendre les concessions qu’il avait obtenues en 1784 dans les cantons de Monckton et de Hillsborough.
À la fin de 1785, Baker se préparait à aller s’établir dans le canton d’Amherst. En 1788, il y obtint une concession de 800 acres, même s’il était d’avis que « la terre n’[était] que médiocre ». Amherst Corner (Amherst) s’affirma peu à peu comme le centre du canton : c’est là que se trouvaient sa propriété et le terrain qu’il donna pour l’emplacement d’une église et d’un cimetière anglicans. Le 22 juillet 1785, Baker avait été nommé juge de paix du comté de Cumberland, où il occupa aussi la charge de greffier de la Cour des sessions trimestrielles. Il devint juge à la Cour inférieure des plaids communs du canton d’Amherst le 15 avril 1802, puis il fut nommé à celle du comté de Cumberland le 22 mai 1810. Avant le mois de mai 1778, il avait été désigné greffier à l’homologation des testaments ; le 22 janvier 1799, il succéda à son beau-père, qui exerçait cette fonction pour l’ensemble du comté de Cumberland, et occupa probablement ce poste jusqu’en 1831. À la même époque, il fut l’assistant de Joseph Frederick Wallet DesBarres, qui lui avait donné en 1782 une procuration pour gérer ses propriétés de Memramcook (Nouveau-Brunswick) et de la rivière Petitcodiac. Il semble que les deux hommes étaient en bons termes. Après 1812, DesBarres vint habiter Amherst et, pendant son séjour, il discuta avec Baker de l’aménagement de ses terres.
Dans ses lettres à son fils Edward, qui fut député du canton d’Amherst de 1806 à 1818, Charles Baker apparaît comme un père attentif aux questions morales, intéressé par les affaires publiques et animé de solides convictions religieuses. Ainsi fait-il valoir à son « cher Neddy » que « les regards de la population sont maintenant tournés vers [lui], [que] toutes [ses] paroles et tous [ses] actes seront passés au crible », non seulement par « [son] prochain » mais par « [son] juge céleste ». En 1826 et 1833, Baker et sa femme se départirent d’une partie de leurs terres du comté de Cumberland en faveur de leur fils William, car leur « grand âge » et leur « mauvaise santé » les empêchaient de les administrer. En retour, William s’engagea à leur fournir « tous les vêtements convenables, le blanchissage, le chauffage et les soins dont ils pourr[aient] raisonnablement avoir besoin ». À la mort de Baker, le Novascotian, or Colonial Herald lui consacra un long article dans lequel il était décrit comme « un magistrat rigoureux, un fonctionnaire honnête et fidèle », qui s’était distingué par « son naturel aimable ». Le service funèbre fut célébré par le ministre baptiste Charles Tupper*, même si Baker avait été membre de l’Église d’Angleterre.
PANS, MG 1, 106 ; MG 9, no 34 : 15–16 ; no 45 : 289 ; no 184 : 25 ; RG 1, 168 : 173, 472 ; 169 : 124–125 ; 172 : 86, 118, 143, 152, 211 ; 173 : 33, 36, 43, 69–70, 131, 394, 448 ; 394 : 33, 105, 147, 225 ; 395 : 21, 40, 42, 70 ; RG 20A, 16, 1786, no 8 ; 20, 1788, no 6 ; 30, 1809, pétition de Charles Baker ; RG 20C, 86, nos 5–7, 37, 43, 50, 52 ; RG 34–309, P, 1.— Novascotian, or Colonial Herald, 26 févr. 1835.— Esther Clark Wright, The Petitcodiac : a study of the New Brunswick river and of the people who settled along it (Sackville, N.-B., 1945).
Phyllis R. Blakeley, « BAKER, CHARLES », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 6, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 28 nov. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/baker_charles_6F.html.
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Titre de la publication: | Dictionnaire biographique du Canada, vol. 6 |
Éditeur: | Université Laval/University of Toronto |
Année de la publication: | 1987 |
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