FORBES (fforbes), JOHN, officier, né le 5 septembre 1707 (ancien style) à Édimbourg, Écosse, fils d’Elizabeth Graham et fils posthume du lieutenant-colonel John Forbes de Pittencrief, Fifeshire, décédé célibataire à Philadelphie, Pennsylvanie, le 11 mars 1759.
John Forbes abandonna la médecine pour embrasser la carrière militaire ; il acheta une commission de cornette dans le régiment Scots Greys, portant la date du 16 juillet 1735. À la bataille de Fontenoy (Belgique) en mai 1745, il servit en qualité de capitaine et d’aide de camp de sir James Campbell, commandant de la cavalerie britannique. Il fut, la même année, promu major et lieutenant-colonel de l’armée. Il participa en 1745 à la répression du soulèvement en Écosse et prit part à la bataille de Culloden. Il servit de nouveau dans les Flandres en qualité d’aide de camp de sir John Ligonier, lors de la désastreuse défaite de Lawfeld (Laaffelt, Belgique), le 2 juillet 1747. L’année suivante, il devint quartier-maître général dans l’état-major personnel du duc de Cumberland et en 1750 il fut promu lieutenant-colonel dans les Scots Greys.
Forbes arriva à Halifax au cours de l’été de 1757 en qualité de colonel du 17e régiment d’infanterie et de chef d’état-major pour lord Loudoun [John Campbell] ; c’est à ce titre qu’il dirigea la mise aux arrêts de lord Charles Hay. Forbes fut promu général de brigade le 28 décembre et, en mars de l’année suivante, vraisemblablement sur la recommandation de Ligonier, on lui confia son premier commandement autonome, l’expédition contre le fort Duquesne (Pittsburgh, Penn.). Cette même mission, trois ans plus tôt, avait mené à la catastrophe une armée de 2 500 hommes sous les ordres du soldat chevronné qu’était le maréchal de camp Edward Braddock.
Forbes passa la plus grande partie du printemps et de l’été de 1758 à Philadelphie afin de réunir des fonds et recruter des hommes pour l’expédition. De fâcheux retards survinrent par suite de la difficulté d’obtenir des troupes coloniales, des munitions et des chariots, et aussi parce que Forbes ressentit les premières attaques de la maladie qui l’emportera. Les rivalités commerciales et territoriales entre les colonies se réveillèrent lorsqu’il s’agit de décider de la route à prendre ; Forbes suivrait-il la route empruntée par Braddock, comme le prônaient les Virginiens, ou se fraierait-il une nouvelle route à l’ouest de Raystown (Bedford) en Pennsylvanie, comme l’en pressait vivement cette colonie ? La distance, le problème des provisions et des munitions, le risque d’inondation à différents points du trajet suivi par Braddock amenèrent Forbes à opter pour la nouvelle route et il n’en démordit point. Les forces enfin réunies se composaient de 5 000 hommes de la milice coloniale, de 1 400 highlanders de Montgomery, de 400 Royal Americans et de 40 artilleurs.
Forbes était convaincu que le service de ravitaillement de Braddock avait été si déficient en 1755 que même victorieux celui-ci aurait dû battre en retraite, aussi était-il décidé à construire une voie de ravitaillement jalonnée de palissades et de forts distancés d’au plus 40 milles. Il affirmait avoir puisé cette règle de stratégie dans Essai sur l’art de la guerre de Turpin de Crissé mais il avait certes dû l’expérimenter de façon concluante en Écosse et à titre de quartier-maître général dans les Flandres. La route fortifiée qu’il construisit fut une éloquente mise en application de cette théorie. L’expédition ne fut pas une simple incursion mais une conquête définitive et le parcours suivi, comme l’avaient craint les Virginiens, se révéla une voie de communication durable entre la Pennsylvanie et l’Ohio.
La responsibilité des travaux de construction de la route et des postes avancés retomba sur un officier capable, le colonel Henry Bouquet, lorsque Forbes fut aux prises avec « un flux de sang ». Ce dernier déclara en septembre que sa santé s’améliorait mais il ne put toutefois voyager qu’étendu sur une litière suspendue entre deux chevaux. Sans qu’il en eût donné l’ordre, une première prise de contact avec les défenseurs du fort Duquesne survint le 14 septembre lorsque ceux-ci repoussèrent un parti d’avant-garde de 800 hommes sous le commandement du major James Grant. Pendant dix semaines il sembla aux Français que cette victoire avait consolidé leur position, et la garnison sous l’autorité de François-Marie Le Marchand de Lignery fut réduite pour l’hiver.
Bien que harassé par le mauvais temps et les éternelles récriminations de ceux qui prétendaient que la route de Braddock eût été plus rapide, Forbes fit bon usage de cette période. Après l’aventure de Grant, il n’y eut pas d’autre contact avec le fort Duquesne avant la tenue d’une conférence entre les officiers coloniaux et les Indiens à Easton, Pennsylvanie, en octobre 1758 ; cette conférence que Forbes avait prônée acquit la neutralité des Delawares, des Chaouanons et des Mingos. L’automne qui progressait rendait plus difficile l’avance des Anglais, mais il affaiblissait aussi les Français car les détachements étaient beaucoup moins à couvert pour effectuer leurs raids et ceux qui restaient de leurs alliés indiens ne songeaient qu’à regagner leurs territoires de chasse pour l’hiver. En rivalisant de patience avec ses adversaires, Forbes réussit une conquête sans effusion de sang. Le 24 novembre, au moment où ses troupes étaient à moins d’une journée de marche de son objectif, la garnison française fit sauter le fort et leva le camp. Forbes prit possession d’un emplacement en cendres et le renomma Pittsburgh ; il avait parcouru 193 milles, cinq mois s’étaient écoulés depuis qu’il avait entrepris sa route et il ne restait plus que cinq jours avant l’expiration de la période de service des troupes coloniales qu’on lui avait cédées.
En construisant une route fortifiée, Forbes voulait qu’il fût possible de la défendre contre les incursions indiennes ou françaises ; les raids qui seront menés au cours de l’hiver suivant aboutiront tous à des échecs. La route était sûre et les établissements frontaliers terrorisés par les attaques surprises, venues du fort Duquesne depuis la défaite de Braddock, se sentaient maintenant à l’abri. Les Indiens du haut de l’Ohio avaient conclu la paix avec les vainqueurs. Par sa prudence, sa conscience professionnelle et sa ténacité, Forbes avait réussi ; il avait mis la région supérieure de l’Ohio sous la domination anglaise.
Forbes retourna à Philadelphie en janvier 1759, portant les marques visibles de l’aggravation de sa maladie. Il mourut le 11 mars, à l’âge de 51 ans, et la colonie lui rendit les dernirs honneurs avec la solennité qu’on réserve aux héros. Il fut inhumé dans le chœur de Christ Church à Philadelphie.
BM, Add. mss, 21 630–21 660 (Bouquet papers.).— Henry E. Huntington Library (San Marino, Calif.), Abercromby papers, Loudoun papers.— PRO, CO 5/50 ; WO 34/44, 34/76.— Scottish Record Office (Edinbourg), Dalhousie Muniments, GD 45/2.— Knox, Historical journal (Doughty).— The papers of Col. Henry Bouquet, II : the Forbes expedition, S. K. Stevens et al., édit. (Harrisburg, 1951).— Pennsylvania Gazette (Philadelphie), 15 mars 1759.— Writings of General John Forbes, A. P. James, édit. (Menasha, Wisc., 1938).— DAB.— DNB.— J. W. Fortescue, History of the British army (13 vol., Londres, 1899–1930), II.— D. S. Freeman, George Washington : a biography (7 vol., New York, 1948–1957), II.— Gipson, British empire before the American revolution, VII.— A. B. Hulbert, Historic highways of america (16 vol., Cleveland, Ohio, 1902–1905), V.— Parkman, Montcalm and Wolfe, II.— Lancelot Turpin de Crissé, Essai sur l’art de la guerre (2 vol., Paris, 1754).
I. K. Steele, « FORBES (fforbes), JOHN », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 3, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 1 déc. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/forbes_john_1707_1759_3F.html.
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Auteur de l'article: | I. K. Steele |
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Titre de la publication: | Dictionnaire biographique du Canada, vol. 3 |
Éditeur: | Université Laval/University of Toronto |
Année de la publication: | 1974 |
Année de la révision: | 1974 |
Date de consultation: | 1 décembre 2024 |